Poetics of punctuation in Tristan Corbière's Les Amours jaunes

Les découvertes de l’album Louis Noir en 2010 et de l’« album des communards » en 2021 ont attiré l’attention des chercheurs sur la picturalité de l’œuvre de Tristan Corbière, plus que jamais « pittore-poëta », ainsi qu’il se présente sur le registre d’un hôtel de Capri en 1869. La présente thèse se propose d’étudier la picturalité du recueil Les Amours jaunes en se centrant sur l’usage du caractère ponctuant. Le geste ponctuant de Corbière ouvre un dialogue entre peinture et poésie, en ce que l’usage des signes non verbaux outrepasse largement le rôle que leur attribuent traditionnellement linguistes et grammairiens. Cette quête de fusion entre le lisible et le visible, contemporaine de la révolution mallarméenne, bouleverse l’horizon poétique, en remettant en cause des notions telles que le lyrisme, les liens entre poésie et musique, l’Ut pictura poesis ou encore l’idée persistante que la poésie est faite pour être chantée ou tout du moins oralisée : autant de notions sur lesquelles les différentes générations romantiques ont posé leur sceau. Ainsi, au-delà de la question de la picturalité du caractère ponctuant, l’usage de la ponctuation permet à Corbière d’affirmer une poétique qui lui est propre : points, tirets, italiques et autres ponctèmes sont les traces d’une persona diffractée cherchant à se saisir dans la petitesse d’un « point . » qu’elle aspire à être dans l’album Louis Noir. Si la ponctuation des Amours jaunes met du désordre dans la phrase, la versification et, du côté du lecteur, dans l’intelligibilité et l’oralisation des textes, elle n’en demeure pas moins un champ de la langue dont Corbière entend révéler et travailler la poéticité.The discovery of the Louis Noir album in 2010 and the “Communards album” in 2021 led researchers to study further the pictorial dimension of the work of Tristan Corbière, “pittore-poëta”, as he identified himself on the register of an Italian hotel in 1869. This thesis is a study of Les Amours jaunes’s pictorial dimension that focuses on non-verbal signs. Corbière’s punctuation opens a dialogue between painting and poetry, as the use of non-verbal signs oversteps to a great extent the role that grammarians and linguists traditionally give them. This quest for a fusion between legibility and visibility, at the time when Mallarmé started a revolution, disrupted poetry by questioning concepts such as lyricism, relations between poetry and music, Ut pictura poesis or the persistent idea that poetry is meant to be sung or then at least to be pronounced : many notions that were coined by generations of poets of the Romantic area. Therefore, beyond the pictorial dimension of punctuation, its use allows Corbière to assert a peculiar poetics : full stops, dashes, italics and other marks reveal a complex persona aiming to hold itself in a “dot .”, as one can read in the Louis Noir album. Even if punctuation disrupts sentences, verses, and, as far as the reader is concerned, the intelligibility and reading aloud of the texts; non-verbal signs still remain a linguistic domain of which Corbière means to reveal the poetic property