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L'engagement du pÚre Georges-Henri Lévesque dans la modernité canadienne-française, 1932-1962 : contribution à l'histoire intellectuelle du catholicisme et de la modernité au Canada français
Tableau dâhonneur de la FacultĂ© des Ă©tudes supĂ©rieures et postdoctorales, 2015-2016Entre 1932 et 1962, l'engagement du pĂšre Georges-Henri LĂ©vesque, o.p., dans la modernitĂ© canadienne-française se dĂ©cline sur quatre plans principaux: modernitĂ© Ă©conomique, modernitĂ© sociale, modernitĂ© Ă©pistĂ©mologique et modernitĂ© culturelle. Ă chacun de ces plans correspond un Ă©pisode plus ou moins conflictuel de la carriĂšre intellectuelle du pĂšre LĂ©vesque. Dans cette thĂšse, nous analysons ces Ă©pisodes en les inscrivant dans la tension gĂ©nĂ©rale entre l'Ăglise et la sociĂ©tĂ© moderne depuis la RĂ©volution française. Face aux changements qui affectent le Canada français Ă compter de la Crise des annĂ©es 1930, l'engagement du dominicain consiste surtout en un effort de rĂ©solution des contradictions apparentes de la modernitĂ©. Dans la crise Ă©conomique des annĂ©es 1930, LĂ©vesque se fait promoteur de la coopĂ©ration pour conjuguer les intĂ©rĂȘts individuels au bien de la collectivitĂ©. Sur le plan social, anticipant le divorce de l'Ăglise et de la sociĂ©tĂ© canadienne-française, il dĂ©fend la non-confessionnalitĂ© des coopĂ©ratives comme un moyen de les rĂ©concilier. Doyen de la FacultĂ© des sciences sociales de l'UniversitĂ© Laval Ă partir de 1938, il s'efforce de distinguer la science sociale de la doctrine sociale catholique pour mieux les unir en vue d'une action proprement catholique sur la sociĂ©tĂ© canadienne-française. Membre de la Commission royale d'enquĂȘte sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences au Canada au tournant des annĂ©es 1950, le pĂšre LĂ©vesque distingue entre nationalisme et patriotisme pour mieux repenser la rĂ©fĂ©rence nationale canadienne-française en fonction des impĂ©ratifs de la modernitĂ© culturelle. Ă travers l'analyse de ces moments marquants, nous tentons non seulement de mieux comprendre l'Ă©volution de la pensĂ©e de Georges-Henri LĂ©vesque, mais aussi de mettre au jour les stratĂ©gies qu'il dĂ©ploie pour faire valoir ses idĂ©es dans l'entrelacs Ă©pineux des champs clĂ©rical, universitaire et politique dans lequel il se trouve engagĂ©. Au fil de ce rĂ©cit se rĂ©vĂšle une sensibilitĂ© religieuse rĂ©solument optimiste, tournĂ©e vers l'avenir et valorisant l'engagement de tous les croyants hic et nunc en fonction d'une analyse rationnelle du monde contemporain.Between 1932 and 1962, Father Georges-Henri LĂ©vesqueâs, O.P., implication in French Canadian modern society was based on four main fronts: economic, social, epistemological and cultural modernity. Each of these fronts corresponds to a more or less conflictual period in Father LĂ©vesqueâs intellectual career. These periods will be analysed by interpreting them in the context of the general tensions between the Church and modern society since the French Revolution. Faced with the changes that affected French Canada since the Great Depression, Father LĂ©vesqueâs efforts consisted mainly in resolving the apparent contradictions of the modern era. During the economic crisis of the 1930s, LĂ©vesque promoted the co-operative movement as a way of reconciling individual interests for the greater good of the community. On the social front, anticipating the separation of French Canadian society from the Church, LĂ©vesque supported neutral (non-confessionnelles) co-operative organisations as a way of reunifying both sides. Dean of Laval Universityâs Faculty of Social Sciences as of 1938, LĂ©vesque strived to differentiate social sciences from religious instruction in the interest of better uniting both teachings. This was done in the hope of attempting to solve problems afflicting French Canadian society in a most Catholic manner. Member of the Royal Commission on National Development in the Arts, Letters and Sciences in Canada in the early 1950s, Father LĂ©vesque made the distinction between nationalism and patriotism, in turn provoking the transformation of French Canadian nationalism according to the imperatives of cultural modernity. Through the analysis of these defining moments, this thesis not only tries to improve understanding of the evolution of Father George-Henri LĂ©vesqueâs thought, but also to bring light to the strategies he used to implement his ideas in the context of the sensitive, interweaved clerical, academic and political fields he was engaged in. Throughout the dissertation, Father LĂ©vesqueâs religious sensibility is analysed. It is an optimistic, forward-looking approach valuing the involvement of all believers, hic et nunc, based on the rational analysis of the contemporary world
Les douaniers de la modernitĂ©Â : lâengagement des intellectuels dominicains dans la crise de confessionnalitĂ©, 1940-1946
En dĂ©cembre 1945, le pĂšre dominicain Georges-Henri LĂ©vesque publie dans Ensemble un article afin dâexpliquer le principe de la non-confessionnalitĂ© promu par le Conseil supĂ©rieur de la coopĂ©ration depuis 1940. Loin de passer inaperçue, cette clarification soulĂšve une vive polĂ©mique au sein du clergĂ© catholique canadien-français au cours de lâhiver 1946. LâĂcole sociale populaire et certains membres de lâĂ©piscopat voient dans la non-confessionnalitĂ© une porte ouverte sur la neutralitĂ© religieuse. Pressant leurs pairs de sâadapter au contexte changeant du QuĂ©bec moderne, LĂ©vesque et son supĂ©rieur, Pie-Marie Gaudrault, affirment quant Ă eux la nĂ©cessitĂ© de dĂ©sengager lâĂglise de certains secteurs dâactivitĂ© socio-Ă©conomiques. Ainsi, sous son vernis thĂ©ologique, le dĂ©bat met en jeu les tenants de deux paradigmes concurrents luttant pour la dĂ©finition lĂ©gitime de la nature et du rĂŽle de lâĂglise catholique dans la modernitĂ© canadienne-française.In December 1945, Dominican Father Georges-Henri LĂ©vesque published an article in Ensemble explaining the principle of non-confessionality that had been promoted by the Conseil supĂ©rieur de la coopĂ©ration since 1940. Far from going unnoticed, this clarification triggered fierce debate within the French-Canadian Catholic clergy during the winter of 1946. The Ăcole sociale populaire and some members of the episcopate saw in non-confessionality an opening to religious neutrality. Pressing their colleagues to adapt to the changing nature of modern Quebec, LĂ©vesque and his superior, Pie-Marie Gaudrault, affirmed the need to disengage the Church from some sectors of socioeconomic activity. This debate, conducted in theological terms, saw the proponents of two competing paradigms fight for the legitimate definition of the nature and role of the Catholic Church within French-Canadian modernity
Un virage amĂ©ricain? : lâacculturation disciplinaire des premiers diplĂŽmĂ©s de la FacultĂ© des sciences sociales de lâUniversitĂ© Laval
Entre 1941 et 1944, les frontiĂšres europĂ©ennes Ă©tant fermĂ©es par la guerre, quatre des diplĂŽmĂ©s les plus prometteurs de lâĂcole des sciences sociales, politiques et Ă©conomiques de lâUniversitĂ©Â Laval sont envoyĂ©s aux Ătats-Unis pour parfaire leur formation. Dans lâhistoire de lâinstitutionnalisation des sciences sociales quĂ©bĂ©coises, ce moment amĂ©ricain est souvent perçu comme un point dâincurvation de la trajectoire disciplinaire qui conduit de la normativitĂ© religieuse Ă la rationalitĂ© scientifique. Dans sa forme la plus radicale, ce schĂ©ma interprĂ©tatif a pu conduire lâhistoriographie Ă croire que la dimension catholique de lâenseignement des sciences sociales lavalloises nâavait Ă©tĂ© quâune stratĂ©gie dâintĂ©gration de la discipline dans le champ universitaire, stratĂ©gie progressivement abandonnĂ©e Ă partir du retour des premiers diplĂŽmĂ©s de leur voyage aux Ătats-Unis. En mettant au jour lâeffort dâacculturation disciplinaire de ces Ă©tudiants pendant leurs sĂ©jours, lâanalyse de leur correspondance avec le pĂšre Georges-Henri LĂ©vesque, directeur de lâĂcole, illustre bien lâesprit ambivalent, Ă la fois scientifique et chrĂ©tien, dans lequel le pĂšre LĂ©vesque a fondĂ© son Ă©cole et Ă©rigĂ© sa facultĂ©. Renforçant les constats dĂ©jĂ posĂ©s par Jean-Philippe Warren, elle montre ainsi que, si les sciences sociales lavalloises ont pu reprĂ©senter une menace pour les autoritĂ©s religieuses par leur potentiel critique inhĂ©rent, elles se sont nĂ©anmoins dĂ©veloppĂ©es avec la religion, et non contre elle.In 1941, some of the most promising first graduates from Laval Universityâs Ăcole des sciences sociales, politiques et Ă©conomiques were sent abroad by the schoolâs founder, Father Georges-Henri LĂ©vesque, to different American universities. They were to complete their education with a masterâs degree and come back home to pursue a teaching social sciences at Laval. Their stay in the United States has long been interpreted as a turning point in the history of social sciences in Quebec, one that would have seen the discipline begin to abandon all pretense of religious conformity to adopt the rational, secularized point of view it holds today. However, as shown by their correspondence with Father LĂ©vesque, three of these students have struggled to overcome the cultural clash between their initial training and the American academic and scientific culture. This correspondence sheds a more nuanced light on the evolution of the discipline, as it exposes the ambiguous spirit, both religious and scientific, in which Father LĂ©vesque founded his school and his faculty
De l'obéissance calvinienne à la résistance monarchomaque : apologie de la violence politique dans les textes justificatifs des insurgés calvinistes de 1559 à 1581
Tableau dâhonneur de la FacultĂ© des Ă©tudes supĂ©rieures et postdoctorales, 2009-2010Ă la mort d'Henri II, en 1559, les sujets protestants de France se sont trouvĂ©s sous l'autoritĂ© hĂ©sitante de rois en bas Ăąge, entourĂ©s de conseillers influents Ă la lĂ©gitimitĂ© contestable. Aux injonctions ambivalentes d'obĂ©issance politique de Calvin, les apologues du prince de CondĂ©, Ă la tĂȘte du mouvement rĂ©formĂ© français, ont alors substituĂ© une rhĂ©torique de ferme allĂ©geance aux coutumes constitutionnelles du royaume et au jeune roi. Interdite par Calvin, la violence politique des rĂ©formĂ©s Ă©tait soudainement placĂ©e sous le signe de l'honneur nobiliaire. Or, Ă partir de la seconde guerre (1567-1568) la justification de la violence des rĂ©formĂ©s prendra aussi appui sur une conception contractualiste de l'Ătat monarchique qui appelait au rĂ©tablissement des institutions intermĂ©diaires dans leurs anciennes fonctions limitatives du pouvoir royal. MalgrĂ© une certaine parentĂ© conceptuelle, cette Ă©volution ne peut cependant ĂȘtre parfaitement assimilĂ©e Ă la thĂ©orisation dite «monarchomaque» de la rĂ©sistance au roi devenu tyran, parvenue Ă maturitĂ© aprĂšs le massacre de la Saint-BarthĂ©lĂ©my (1572)
Faire lâĂ©conomie du savoir. Usages et reprĂ©sentations du financement public des universitĂ©s du QuĂ©bec, de lâaprĂšs-guerre Ă la RĂ©volution tranquille (1950-1968)
Le prĂ©sent article retrace les principales manifestations de la culture politique dans laquelle se sont implantĂ©es les premiĂšres politiques publiques de financement universitaire au QuĂ©bec entre 1950 et 1968. Les annĂ©es 1950-1960 sont marquĂ©es par un faible degrĂ© de normalisation et un manque de planification du dĂ©veloppement universitaire. Les institutions dâenseignement supĂ©rieur sont alors considĂ©rĂ©es par le pouvoir dâun point de vue humaniste, au mĂȘme titre que les organismes culturels. Bien quâelles tendent Ă produire de nouvelles Ă©lites, ces institutions demeurent vouĂ©es Ă la reproduction de lâordre social traditionnel. Durant la RĂ©volution tranquille, lâenseignement supĂ©rieur est davantage pris en charge par lâappareil Ă©tatique quĂ©bĂ©cois, qui sâoutille pour pourvoir aux besoins grandissants dâune population en croissance et dâun Ătat en expansion. Cette pĂ©riode est marquĂ©e par des efforts de systĂ©matisation du mode de financement, mais ceux-ci demeurent teintĂ©s dâune culture discrĂ©tionnaire persistante. La reprĂ©sentation humaniste de lâuniversitĂ© cĂšde progressivement le pas Ă une idĂ©e dâuniversitĂ© qui la dĂ©peint comme un rouage essentiel du dĂ©veloppement socioĂ©conomique.This article describes the most important manifestations of the political culture within which Quebecâs first policies on public funding for universities were developed between 1950 and 1968. The 1950s were marked by a low degree of standardization and a lack of long-term planning. At the time, the provinceâs elites viewed universities through a humanist lens, in the same way as cultural institutions. Although they tended to produce new elites, these institutions remained dedicated to the reproduction of the traditional social order. During the Quiet Revolution, the Quebec government, which was acquiring the tools necessary to meet the growing needs of both an expanding population and an expanding state, began to play a more significant role in higher education. Although this second period was characterized by efforts to develop a more systematic funding model, these efforts still bore the mark of a persistent discretionary culture. Over time, humanist perceptions of the university gradually gave way to the idea of universities as an essential component of socio-economic development