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    Les palais royaux à Paris à la fin du Moyen Age (XIe-XVe siècles)

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    L'article de propose de synthétiser l'état de l'art sur les palais royaux à Paris, avec une interrogation sur le sens de leur multiplication après 1300. L'espace royal a toujours été éclaté au Moyen Age, puisque les regalia se trouvaient dès les origines à Saint-Denis ; toutefois cette tendance à la dispersion s'accentue brutalement aux XIIIe et XIVe siècles et, au delà des circonstances particulières, il est évident que cette multiplication des lieux de pouvoirs dans la capitale est un effet de l'affirmation de la royauté. Non pas que le berceau historique du pouvoir, dans la Cité, ait épuisé ses capacités d'expansion, mais l'expression de sa puissance passe par le déploiement de la majesté royale à travers l'espace parisien. Le réseau des palais royaux atteint son apogée sous Charles V, à la fin du XIVe siècle. Le roi sage semble hésiter entre un usage différencié de ses résidences parisiennes, matérialisant les facettes de la fonction royale - la résidence privée à Saint-Pol, l'exercice de la justice dans la Cité, le gouvernement à Vincennes ou au Louvre - et la volonté de rassembler toutes ces fonctions autour de sa personne, mise en scène par une étiquette rigoureuse, dans des bâtiments polyvalents. On peut se demander si Charles V a instauré un système palatial durable, tant l'usage que font les princes des bâtiments qui sont à leur disposition varie en fonction de leurs fantaisies. La seconde partie de la guerre de Cent apparaît en outre comme une parenthèse désenchantée qui interrompt brutalement ce mouvement séculaire de développement des palais royaux tout en perturbant l'organisation de leur réseau. Pourtant, force est de constater que son fils suit son exemple au début de son règne, avant de sombrer dans la folie et que ses successeurs de la fin du XVe siècle conservent l'habitude de loger dans des hôtels princiers strictement civils, tandis que le Louvre et Vincennes servent de matrice architecturale à bien d'autres demeures. Le XIVe siècle est donc une période fondatrice en matière d'architecture palatiale, qui inaugure une double tradition : celle d'une organisation en appartements du logis royal et celle de la résidence dans des demeures non fortifiées qu'on ose à peine qualifier de palais. Ces deux innovations structurent l'habitat princier jusqu'au XVIIIe siècle . Ces tendances au dévoilement et au repliement peuvent paraître contradictoires puisque la spécialisation des pièces est le produit d'une mise en scène de la personne royale, tandis que le goût pour les résidences civiles semble manifester un refus de cette liturgie politique - mais il est clair que cette banalisation de la résidence royale n'est que la contrepartie nécessaire d'une transformation profonde de la conception du pouvoir, comme si la raideur de l'étiquette devait trouver son antidote dans la simplicité d'une vie ordinaire. Cette nouvelle conception de la politique met en avant la majesté royale des rituels dans un cadre architectural complexe, s'appuyant sur un réseau d'escaliers, de galeries et de décors recherchés, qui est, comme d'habitude, le plus fidèle auxiliaire du pouvoir

    Joutes bourgeoises à Paris, entre rêve et réalité (XIIIe-XIVe s.)

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    Cet article analyse le phénomène des joutes bourgeoises à travers la relation d'un tournoi imaginaire écrit par Pierre Gencien et la narration des joutes réelles dans les chroniques. Les relations de tournois traditionnelles enjolivent le récit des exploits des tournoyeurs en y ajoutant des personnages ou des épisodes inspirés des romans courtois. L'œuvre de Pierre Gencien mêle aussi réel au rêve, mais dans un but opposé. Ce bourgeois ne se sert pas de l'imaginaire pour sublimer le monde, mais pour s'en moquer. On touche ici un trait de la sensibilité bourgeoise qui associe avec jubilation, à travers la parodie, un goût manifeste pour le concret et pour le rire. Si l'on tente de relier cette œuvre à son contexte historique, on serait tenté d'en tirer plusieurs conclusions. Il est très probable, tout d'abord, que les bourgeois de Paris ont pratiqué les joutes avant 1305, date de la première joute non-noble attestée à Paris, car cette œuvre des années 1270-1280 ironise manifestement sur des pratiques déjà en vigueur. On peut en conclure ensuite que l'opposition à la noblesse, que l'on devine à travers ces joutes, ne se traduit pas par un complexe d'infériorité des bourgeois de Paris qui voudraient l'imiter pour mieux faire oublier leur prétendue macule roturière. Il semble bien qu'aux XIIIe et XIVe siècles les bourgeois de Paris aient été suffisamment sûrs et fiers de leur position sociale pour jouter aux yeux de tous comme des nobles, tout en gardant leur identité bourgeoise . Les joutes entre bourgeois à Paris s'inscrivent dans une tradition politique (le dialogue avec le prince par la fête) et culturelle (le goût pour le spectacle total, qui implique toute la ville) propre à la civilisation urbaine de l'espace flamand auquel la capitale appartient ; mais elles s'en singularisent par une chronologie resserrée sur un demi-siècle. On n'a plus trace de joutes non-nobles à Paris après 1332, tandis qu'elles perdurent en Flandre durant tout le XVe siècle. On peut toujours invoquer le défaut de sources, puisque la Chronique anonyme s'achève en 1339, mais il est plus sérieux d'incriminer un retournement de la conjoncture économique et politique. Selon le rythme observé au XIVe siècle, de nouvelles joutes auraient dû avoir lieu dans les années 1350 et on devine les raisons qui les ont ajournées : à la guerre qui touche l'Ile de France en 1346 succèdent la peste noire de 1348, la capture du roi Jean en 1355, puis la rébellion d'Etienne Marcel en 1358. Cette révolte, ainsi que celle des Maillotins en 1382, affectent durablement les relations entre le roi et ses bourgeois, ce qui explique que le début de règne brillant de Charles VI, qui avait pourtant le goût de la fête, n'ait pas donné lieu à des joutes autres que nobiliaires . La guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons n'a guère été favorable à de telles réjouissances et, lorsque la conjoncture politique et économique redevient favorable dans la seconde partie du XVe siècle, les temps ont changé et les bourgeois conquérants des XIIIe et XIVe siècles ont, entre-temps, laissé le devant de la scène aux juristes savants. Les joutes bourgeoises à Paris marquent donc un moment privilégié de la civilisation urbaine médiévale : l'apogée de son premier essor, qui est en même temps son chant du cygne

    Putting an End to the Concept of Aristocratic Quarters in Paris

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    Léonard Dauphant, Le Royaume des quatre rivières. L’espace politique français (1380-1515)

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    Le livre de Léonard Dauphant renoue avec la réflexion de Fernand Braudel sur l’identité de la France tout en prolongeant l’histoire de l’État et de la nation revivifiée dans les années 1980 par Bernard Guenée, Françoise Autrand ou Colette Beaune, et en l’inscrivant dans un cadre résolument géographique. L’objet du livre est de comprendre comment l’autorité de l’État se déploie dans l’espace (3e  partie), ce qui suppose de saisir en amont les modalités pratiques de contrôle (1re partie) et de ..

    Jean Wirth, L’Image à la fin du Moyen Âge

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    Le livre de J. Wirth est le troisième et dernier volume d’une synthèse sur l’image au Moyen Âge, après l’Image à l’époque romane et l’Image à l’époque gothique. Plus qu’un manuel, il s’agit d’une synthèse érudite, étayée par les travaux de l’auteur, d’où un certain tropisme vers l’art germanique, mis en regard de l’art italien et de l’art flamand. Si l’on ne trouvera pratiquement rien sur l’art en Espagne ou en Angleterre, les régions considérées sont assez riches pour pointer l’unité artisti..

    Une sombre affaire de teinturerie : organisation corporative et territoires de production à Saint-Denis à la fin du xive siècle

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    La documentation relative aux métiers du drap à Saint-Denis contient deux textes qui, bien que contemporains et émanant de la même autorité seigneuriale, sont contradictoires. L’un est une ordonnance de métier de 1374 autorisant la teinture des draps à partir de racine de noyer ; l’autre est une enquête de 1383 montrant que cette technique a toujours été prohibée à Saint-Denis. Il ressort de la confrontation que les deux textes s’accordent pour dessiner un territoire productif de Saint-Denis, non polarisé par Paris, associant villes et campagnes entre Seine, Oise et Marne, qui pourrait bien être un district industriel. L’organisation du travail qui prévaut à Saint-Denis a de fortes affinités avec celle des villes de Normandie, avec une division du travail limitée, une organisation supra-corporative et une association villes/campagnes. Il y a donc un troisième modèle d’organisation professionnelle, entre la sophistication corporative des grands centres industriels et l’absence de règlement dans les campagnes. La contradiction entre ces deux pièces met aussi en évidence la fragilité de la norme corporative au Moyen Âge : faute d’une légitimité technique, le seigneur ecclésiastique enregistre, impuissant, le bras de fer entre teinturiers partisans et adversaires de la teinture de noyer.The essay focuses on two documents which are quite contradictory but produced by the same manorial authority – the abbey of Saint-Denis – at the end of the fourteenth century : the first is a statutes of 1374 allowing to dye wool or woollen cloth with bark’s walnut ; the second is an inquiry of 1383 demonstrating that dying with bark’s walnut has never been authorised in the city of Saint-Denis. Both texts allowed nevertheless to draw the drapers’ working territory, which is not polarized by Paris but rather turned toward boroughs and country between the Seine, the Oise and the Marne, and this area might be an industrial district. The labour organization of Saint-Denis is very much like the one of Norman cities, with a limited division of labour, a supra-corporative organization over craft companies and a strong bound to country workers. The contradiction between the two documents points to the fragility of statutes, which are only a snapshot of the balance between the economic actors, because the lord has in fact no legitimacy to define technical rules for craftsmen ; he can only register social consensus

    Noblesse indigène, noblesse d'Etat et bourgeoisie anoblie : les mutations de l'aristocratie parisienne, XIIe-XVe siècle

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    La permanence de la présence de nobles dans Paris masque une diversité et un renouvellement profond de cette catégorie de la population. Tous les étages de la noblesse sont représentés à Paris, mais force est de noter que l'on a bien du mal à apercevoir les chevaliers du castrum de Paris aux XIe-XIIe siècles. Au regard d'une documentation clairsemée on en est réduit à déduire leur existence de celle de chevaliers de pays liés à la ville à cette époque-là. Cette chevalerie indigène s'éloigne progressivement de la ville au XIIIe siècle pour disparaître au XIVe siècle. L'originalité de Paris, c'est aussi la présence dès le XIIe siècle d'une noblesse de service possessionnée en ville, dont le poids ne cessera de se renforcer aux XIIIe et XIVe siècles avec le développement de l'État. Elle est rattrapée à cette époque par la grande noblesse aulique attirée par la restauration de l'autorité du roi. Cependant, cette noblesse de service a, dans la majorité des cas, un rapport distancié à la ville, qu'elle considère comme un cadre de vie temporaire. Le provisoire peut durer des dizaines d'années dans le cas de certains officiers de l'administration centrale, il demeure que le point de fuite de leur vie n'est pas Paris. Faut-il en conclure qu'il n'y a pas de noblesse authentiquement parisienne ? Non, car une fraction non négligeable de cette noblesse d'État s'intègre à la société parisienne. Sous réserve de la découverte d'une antique chevalerie urbaine, on peut donc considérer que le développement de l'État a eu pour effet de susciter la naissance à la fin du Moyen Âge d'une noblesse authentiquement urbaine. Cette noblesse est cependant bien différente des précédentes : elle est récente, elle résulte du basculement d'une fraction du patriciat urbain dans la noblesse et ses membres se recrutent autant dans la grande bourgeoisie de Paris que dans les élites citadines non-nobles de province. Sa culture est de ce fait beaucoup moins homogène que celle de la noblesse traditionnelle, fondée sur les armes : cette nouvelle noblesse doit sa promotion à ses compétences financières ou intellectuelles, qu'elle n'abandonne pas tout de suite. La ville est donc le terreau où prospère une nouvelle noblesse d'État qui partage avec la noblesse traditionnelle une culture curiale, sans toujours tourner le dos à son ancienne culture au début du XVe siècle

    "Du proche au lointain : essais de restitution de l'espace vécu à Paris à la fin du Moyen Âge"

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    Cet article est la synthèse d'une journée d'études organisée dans le cadre du séminaire sur l'histoire de Paris. Elle visait à tenter de cerner la perception de l'espace au Moyen Âge à travers différentes sources. Il se dégage de la confrontation des dossiers l'impression qu'il y a des usages sociaux très sélectifs de l'espace urbain, même si il faut compter aussi avec un effet de source, puisque chacune met en avant une dimension de la vie et que l'existence en comporte plusieurs. Les parcours individuels découpent des zones plus ou moins linéaires qui dessinent un espace en étoile coïncidant mal avec le périmètre urbain défini par les remparts ou les cartes des historiens. Les pérégrinations des demandeurs de lettres de rémission sont à ce titre éclairantes. Il est probablement exagéré d'évoquer un usage exclusivement nodal, en archipel, de l'espace urbain comme dans la ville contemporaine, mais la notion rassurante de quartier entendu comme village urbain qui serait caractéristique de l'Ancien Régime mériterait d'être questionnée. Des quartiers existent certainement, mais forment-ils la trame de tout l'espace urbain ? Rien n'est moins sûr : il faudrait s'assurer d'abord que toutes les zones ont une identité, et ensuite que leurs habitants n'ont pas d'intérêts significatifs en dehors. Sous cet angle, le Paris de la fin du Moyen Âge pourrait peut-être se rapprocher d'une ville contemporaine. Les réseaux s'inscrivent-ils dans un espace dominé par des contraintes physiques ou par l'horizon interpersonnel de chacun, c'est-à-dire la géographie humaine de la ville ? Il y a une dialectique temporelle complexe entre ces deux données, puisque la répartition des artisans est fonction des ressources naturelles et humaines dont ils ont besoin, mais des circonstances exceptionnelles montrent qu'ils peuvent surmonter l'éloignement physique avec leurs collaborateurs ou leurs ressources. Pour eux, la Seine est un obstacle surmontable ; tandis que pour tous ceux qui en vivent, marchands, propriétaires de vignes rurales ou bateliers, elle est un axe de circulation et une mère nourricière. D'une manière générale, il est fort probable que la Seine a le même statut ambigu à l'époque médiévale qu'à l'époque moderne, où elle est tout à la fois une frontière et un pôle d'attraction dont l'influence se fait sentir loin dans l'espace parisien . L'espace vécu est donc très fragmentaire, mais l'espace imaginaire semble être plus vaste et plus cohérent : les éloges de Paris ou les farces le dessinent à l'échelle de la rive, voire même de la ville entière. L'étude des itinéraires des processions pourrait aller dans ce sens, car il semble qu'un certain nombre d'entre elles traversent le fleuve et sortent même des murs, contribuant ainsi à ressouder les morceaux de la ville . La circulation officielle du roi, qui entre dans Paris par la porte Saint-Denis mais en sort par la porte Saint-Antoine , participe du même phénomène. Tout se passe comme si les rituels politiques et religieux ou les cérémonies ludiques qui unifient l'espace parisien étaient les contrepoints nécessaires à l'éclatement de l'espace vécu réel

    Molecular mechanisms of cell death: recommendations of the Nomenclature Committee on Cell Death 2018.

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    Over the past decade, the Nomenclature Committee on Cell Death (NCCD) has formulated guidelines for the definition and interpretation of cell death from morphological, biochemical, and functional perspectives. Since the field continues to expand and novel mechanisms that orchestrate multiple cell death pathways are unveiled, we propose an updated classification of cell death subroutines focusing on mechanistic and essential (as opposed to correlative and dispensable) aspects of the process. As we provide molecularly oriented definitions of terms including intrinsic apoptosis, extrinsic apoptosis, mitochondrial permeability transition (MPT)-driven necrosis, necroptosis, ferroptosis, pyroptosis, parthanatos, entotic cell death, NETotic cell death, lysosome-dependent cell death, autophagy-dependent cell death, immunogenic cell death, cellular senescence, and mitotic catastrophe, we discuss the utility of neologisms that refer to highly specialized instances of these processes. The mission of the NCCD is to provide a widely accepted nomenclature on cell death in support of the continued development of the field

    Les rois médiévaux sont-ils Parisiens ? Essai de synthèse des itinéraires royaux médiévaux de Philippe Auguste à Louis XI (1180-1483)

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    International audience. Il paraît opportun, avant d'étudier les modalités du rapport entre Paris et la cour, de mesurer la présence de la cour dans la ville. On sait que la ville compte de nombreux hôtels aristocratiques dès 1300 1 , mais ces hôtels étaient-ils occupés en permanence ? Seule une étude précise des circulations permet de le dire, ce qui clarifiera, au passage, un vieux débat entre deux évidences contradictoires qui traversent l'historiographie : la première veut que le roi soit à Paris, puisque c'est la capitale du royaume ; la seconde veut que l'itinérance soit pour les rois médiévaux une nécessité politique – réchauffer le lien politique par un contact direct – autant qu'économique – consommer le produit de leurs domaines. Pour mesurer la fréquentation de Paris par les gens de cour, il faut savoir où est celle-ci et pour cela, on fera l'hypothèse que là où est le roi, là est la cour – la réalité est probablement plus complexe, mais on partira de cette proposition simple dans la mesure où notre perspective est ici quantitative et non qualitative. Cette hypothèse liminaire est d'autant plus nécessaire que le roi est presque le seul membre de la cour dont on connaisse les déplacements – et encore, avec pas mal d'incertitudes du fait de la nature de la documentation. Curieusement, la mobilité du roi de France a été peut étudiée pour la période qui nous intéresse, au contraire du haut Moyen Âge et de la période moderne 2
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