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IntĂ©rĂȘt du Triage Âź
Le nombre de conduites addictives par usage de produits illicites ne
cesse d'augmenter, tout comme celui des intoxications
médicamenteuses. Parmi ces derniÚres, la plupart sont
polymédicamenteuses et le paracetamol en fait fréquemment partie. La
recherche urinaire de toutes ces substances, paramĂštre par
paramĂštre, est longue Ă mettre en oeuvre et parti
culiÚrement onéreuse. C'est pour toutes ces raisons qu'il nous a
paru utile d'Ă©tudier les performances du nouveau Triage
TOX Drug Screen associé au lecteur de fluorescence
Triage MeterPro (Biosite). Ce systĂšme permet la
recherche simultanée de 11 paramÚtres : methadone, opia
cés, cocaïne, cannabis, amphétamine, méthamphétamine,
phencyclidine, benzodiazepines, barbituriques, antidépresseurs
tricycliques et paracetamol. Son évaluation a été effec
tuée ci partir de 100 échantillons urinaires provenant de patients
traités par la methadone ou la buprénorphine. Les résultats
étaient comparés à ceux obtenus par méthode CEDIA. Les
discordances éventuelles étaient analysées par méthodes
chromatographiques.
Les résultats de cette étude ont révélé une absence de
résultats faussement positifs et seulement 2 résultats
faussement négatifs, concernant les opiacés et la cocaïne. La
lecture en fluorescence et le rapport d'impression pour le patient augmentent considérablement la sécurité des résultats par
rapport Ă une lecture visuelle. Par ailleurs, le nombre de cas
positifs au paracetamol (46%) confirme bien tout l'intĂ©rĂȘt de
rechercher plus systématiquement ce paramÚtre et tout particuliÚrement en toxicologie hospitaliÚre. En conclusion, les bonnes
performances observées dans cette étude montrent que le
Triage TOX Drug Screen est un systĂšme de
dĂ©pistage urinaire pouvant ĂȘtre trĂšs utile dans bon
nombre d'applications telles que la prise en charge des patients
dans les services d'urgence hospitaliers, la recherche de conduites
addictives en milieu professionnel, la conduite automobile sous influence de
stupéfiants ainsi que dans le cadre du suivi des patients
bénéficiant d'un traitement de substitution
(HS) et micro-extraction en phase solide (SPME). Théorie et applications
Les techniques headspace et la micro-extraction en phase solide sont
individuellement des modes de prĂ©paration dâĂ©chantillon trĂšs utilisĂ©s dans de nombreux
domaines industriels et en biologie. Leur association permet dâaugmenter la sensibilitĂ©
des analytes recherchĂ©s et quantifiĂ©s et ainsi dâabaisser les limites de quantification et
de dĂ©tection. La technique headspace ou espace de tĂȘte est basĂ©e sur la
volatilitĂ© de lâanalyte recherchĂ© dans une matrice complexe non chromatographiable. Elle
peut prendre deux aspects, soit statique, oĂč le prĂ©lĂšvement se fait dans lâespace de tĂȘte
directement avec un volume constant, soit dynamique aprĂšs piĂ©geage de lâanalyte sur un
support que lâon dĂ©sorbe par un choc thermique. La micro-extraction permet de piĂ©ger des
analytes avec une aiguille rĂ©tractable recouverte dâune phase adaptĂ©e aux analytes dans un
milieu ambiant ou confinĂ© (par exemple un espace de tĂȘte). Cette aiguille est introduite Ă
lâintĂ©rieur dâun injecteur et les analytes sont dĂ©sorbĂ©s thermiquement ou Ă©luĂ©s en
fonction de la technique analytique utilisée. Deux applications sont présentées : le
dosage des alcools dans le sang total et le suivi des esters dâĂ©thyle dans le whisky. La
diversitĂ© de ces deux exemples illustre bien lâĂ©cclectisme de ces deux types de
prĂ©paration dâĂ©chantillon. Il sâagit donc de deux mĂ©thodes de prĂ©paration simples et
rapides qui permettent de doser les substances volatiles. Associées, elles permettent
dâaugmenter la sensibilitĂ© et donc dâabaisser les limites de quantification et de
détection
PrĂ©paration dâĂ©chantillons pour analyses en immunochimie
Introduction : MalgrĂ© lâessor des techniques chromatographiques couplĂ©es Ă
la spectromĂ©trie de masse, lâimmunoanalyse revĂȘt toujours une importance capitale dans les
laboratoires hospitaliers et de médecine légale. Nous nous attacherons ici à décrire quels
pourraient ĂȘtre les protocoles Ă mettre en Ćuvre pour utiliser ces tests immunochimiques
sur des matrices non conventionnelles (sang total laquĂ©, cheveuxâŠ) et sur les prĂ©parations
nécessaires pour analyser ces échantillons. Méthodes : Différentes techniques
immunochimiques avec leur aptitude Ă accepter des matrices dites alternatives seront
Ă©voquĂ©es. Une application utilisant une dĂ©fĂ©cation du sang total avec de lâacĂ©tone est
proposée. Quatre paramÚtres importants en toxicologie (paracétamol, phénobarbital,
digoxine et valproate de sodium) ont été testés sur plasma et sur sang total avec cette
technique. Les corrélations entre les résultats obtenus sont présentées. Un point
particulier est fait sur la prĂ©paration dâĂ©chantillons en vue de lâanalyse de matrices
alternatives (cheveux, humeur vitrĂ©e, saliveâŠ) avec des mĂ©thodes immunochimiques.
RĂ©sultats : La procĂ©dure prĂ©sentĂ©e ici pour lâanalyse du paracĂ©tamol, du
phénobarbital, de la digoxine et du valproate de sodium dans le sang total par méthode
CEDIA donne de bons résultats avec des corrélations satisfaisantes entre les valeurs
obtenues sur plasma le jour du prélÚvement et les valeurs obtenues sur sang total quelques
semaines aprĂšs. Conclusion : Les avantages des tests immunochimiques sont
bien connus; ils peuvent ĂȘtre automatisables, permettent une grande cadence et un rĂ©sultat
rapide. Leur utilisation en toxicologie médico-légale reste compliquée par la nature des
Ă©chantillons disponibles. Sâils peuvent ĂȘtre utiles dans un but de screening, une
confirmation par méthode chromatographique reste indispensable
Le risque accidentogÚne d'une consommation de stupéfiants est-il bien établi ?
Une Ă©tude multicentrique cas-tĂ©moins, rĂ©alisĂ©e rĂ©cemment en France, a montrĂ© que la frĂ©quence des accidents corporels de la voie publique Ă©tait multipliĂ© par 2,5 (odds-ratio) avec un usage rĂ©cent de cannabis et par 8,2 lorsque la morphine Ă©tait prĂ©sente dans le sang des conducteurs. Ces rĂ©sultats confirment les donnĂ©es obtenues par de trĂšs nombreuses Ă©tudes de prĂ©valence rĂ©alisĂ©es en France et dans de nombreux autres pays. Ce risque de survenue d'accidents induit par une consommation rĂ©cente de stupĂ©fiants n'est cependant pas mis en Ă©vidence uniquement par ces Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques. Il existe en effet de nombreux autres arguments scientifiques. Le cannabis, les amphĂ©tamines, la cocaĂŻne et les opiacĂ©s sont des substances psychoactives, modifiant de maniĂšre significative la libĂ©ration et/ou la recapture de certains neurotransmetteurs au niveau des synapses neuronales, ce qui se traduit par une altĂ©ration des fonctions cognitives et motrices. Les consĂ©quences de ces dysfonctionnements neuronaux (notamment les troubles de la vision, de la vigilance et de l'Ă©quilibre) peuvent ĂȘtre objectivĂ©es par des tests comportementaux. Par ailleurs, les Ă©tudes rĂ©alisĂ©es sur simulateurs de conduite ou sur circuits montrent que l'usage de ces stupĂ©fiants augmente le risque d'erreurs de conduite. Prenant en compte l'ensemble de ces arguments, les auteurs en concluent que le risque accidentogĂšne liĂ© Ă une consommation de stupĂ©fiants est aujourd'hui bien Ă©tabli et qu'une large information auprĂšs des conducteurs et en particulier auprĂšs des jeunes est dĂ©sormais nĂ©cessaire et urgente
Détermination des teneurs en atropine et scopolamine de différentes espÚces sauvages et ornementales du genre
Introduction : Le genre Datura fait partie de la famille
des solanacĂ©es, vaste de plusieurs milliers dâespĂšces. Ce genre se caractĂ©rise par une
production importante dâalcaloĂŻdes tropaniques : hyoscyamine, atropine et scopolamine.
Lâobjectif de cette Ă©tude est dâapprĂ©cier la dangerositĂ© de certaines espĂšces ornementales
par rapport aux espÚces sauvages en déterminant leurs concentrations respectives en
atropine et scopolamine. MĂ©thodes : Cinq plants dâorigine sauvage
(Datura stramonium et inoxia) et deux plants
ornementaux (Datura wrightii) ont été récoltés. Les alcaloïdes ont été
extraits de chaque partie de la plante par du dichlorométhane puis analysés par
chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse. Résultats : Les
concentrations en atropine et scopolamine varient selon les espĂšces, les parties de la
plante ainsi quâen fonction de la pĂ©riode de rĂ©colte. Pour les espĂšces sauvages, de fortes
concentrations en atropine sont observées dans les feuilles et les graines de
Datura stramonium. En revanche les concentrations en atropine sont
faibles pour lâespĂšce Datura Inoxia mais cette espĂšce prĂ©sente les plus
fortes concentrations en scopolamine. Pour lâespĂšce ornementale Datura wrightii
les concentrations en atropine retrouvées sont relativement faibles mais les
concentrations en scopolamine sont plus élevées que chez Datura
stramonium. Conclusion : Ces résultats montrent que les variétés
ornementales de Datura peuvent ĂȘtre dangereuses puisque les
concentrations en alcaloĂŻdes tropaniques y sont importantes. Lâingestion dâune quantitĂ©
relativement faible de feuilles de Datura wrightii pourrait entraĂźner
lâapparition de symptĂŽmes anticholinergiques. Il semblerait donc utile dâintervenir auprĂšs
des responsables communaux pour empĂȘcher la plantation de ces espĂšces dans les espaces
publics
Pertinence de l'immunochimie pour les services d'urgence hospitaliĂšre
Qu'il s'agisse de médicaments ou de stupéfiants, grùce aux
progrĂšs de l'immunochimie, de nombreux paramĂštres peuvent
aujourd'hui ĂȘtre analysĂ©s dans les milieux biologiques en un temps
parfaitement compatible avec les exigences cliniques en terme de prise en
charge des patients. Il n'en demeure pas moins que compte tenu des nouvelles
contraintes budgétaires qui s'imposent à tous les hÎpitaux
français publics et privés, le rapport bénéfice/coût
doit ĂȘtre pris en considĂ©ration. Cela implique que la dĂ©cision
de pratiquer ou non telle ou telle recherche toxicologique doit s'appuyer
sur des arguments pertinents, prenant en compte les symptĂŽmes cliniques,
le contexte et les résultats biologiques éventuels. Cela implique
Ă©galement une parfaite connaissance des performances des tests
pratiqués et tout particuliÚrement en ce qui concerne la
sensibilité et la spécificité. Cette connaissance des limites de
l'immunochimie fait partie de la coopération indispensable entre les
cliniciens et les biologistes. D'autre part, il est rappelé que dans
tous les cas, des prélÚvements conservatoires (sang et urine si
possible) devront ĂȘtre pratiquĂ©s afin de pouvoir ultĂ©rieurement
procéder à des confirmations éventuelles et/ou à des
investigations toxicologiques complémentaires
Cannabis sativa var. indica : une plante complexe aux effets pervers
Cannabis sativa var. indica appartient Ă la famille des Cannabinaceae et Ă l'ordre des Urticales. Parmi les 60 cannabinoĂŻdes contenus dans la plante, essentiellement dans les feuilles et les sommitĂ©s fleuries, le delta-9-tĂ©trahydrocannabinol (THC) constitue le principal responsable des effets observables chez l'homme. La teneur en THC est trĂšs variable selon les conditions de culture, pouvant dĂ©passer 20 % dans le cas de cultures sous serre aux conditions parfaitement contrĂŽlĂ©es. AprĂšs inhalation, le THC pĂ©nĂštre dans la circulation sanguine puis, trĂšs lipophile, va se fixer sur les tissus riches en lipides et en particulier au niveau du cerveau. Ses effets chez l'homme reposent sur l'existence des rĂ©cepteurs CB1 (essentiellement au niveau central) et CB2 (surtout prĂ©sents au niveau pĂ©riphĂ©rique). Tandis que la prĂ©sence du THC dans le sang n'est observable que pendant 2 Ă 3 heures aprĂšs inhalation, des travaux trĂšs rĂ©cents chez l'homme et chez l'animal nous ont permis de montrer qu'il restait fixĂ© dans la plupart des structures cĂ©rĂ©brales pendant de trĂšs nombreuses heures, cela expliquant la persistance importante de ses effets sur le systĂšme nerveux central. Les effets aigus sur le psychisme consistent principalement en des perturbations sensorielles, des troubles thymiques et dissociatifs, une diminution des performances intellectuelles, motrices et cognitives, des perturbations de la mĂ©moire Ă court terme. Lors d'un usage important, rĂ©gulier et prolongĂ©, on note frĂ©quemment l'apparition de crises d'angoisse aiguĂ« et d'un syndrome amotivationnel. Si les risques pour soi-mĂȘme liĂ©s Ă son usage sont loin d'ĂȘtre nĂ©gligeables, les consĂ©quences pour autrui peuvent ĂȘtre considĂ©rables lorsque les consommateurs sont des conducteurs d'automobiles, des femmes enceintes ou des travailleurs occupant des postes Ă risque et/ou de sĂ©curitĂ© en entreprise. L'importance du risque est majorĂ©e par un nombre de consommateurs de plus en plus grand. C'est pour cette raison que la France a rĂ©cemment mis en place une lĂ©gislation destinĂ©e Ă sanctionner les conducteurs ayant fait usage de cannabis, sur la base des rĂ©sultats de l'analyse sanguine. C'est aussi pourquoi il serait dĂ©sormais opportun d'instaurer par voie lĂ©gislative des dĂ©pistages chez les personnes occupant des postes Ă risque et/ou de sĂ©curitĂ© dans les entreprises