56 research outputs found

    Les œuvres participatives de l'art underground au Québec (1967-1977) et l'émergence de la démocratie culturelle

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    Les artistes québécois Serge Lemoyne, André Fournelle, Jean Sauvageau, Maurice Demers, Francine Larivée, Melvin Charney et les groupes d'artistes comme ceux de Vive la rue Saint-Denis! ou les Fabulous Rockets ont réalisé, dans les années 1960 et 1970, des environnements participatifs que l'on a qualifiés, à l'époque, d'underground. Cette thèse de doctorat étudie la notion de public visé par ces œuvres, à la lumière des deux principales caractéristiques qui étaient attribuées à celui-ci par les acteurs du monde de l'art de l'époque, artistes, critiques, médiateurs, etc. Le public des environnements participatifs est d'abord présenté comme étant actif et faisant jeu égal avec l'artiste dans le processus de création de l'œuvre. Tous les artistes étudiés considèrent, en outre, que l'art doit jouer un rôle social dans le changement des conditions de vie des membres de ce public et dans l'émancipation de l'être humain en général. L'implication de celles et ceux à qui s'adresse l'œuvre comme coauteurs de celle-ci signifie dès lors qu'elles et ils contribuent à l'avènement d'une nouvelle société. La deuxième caractéristique que l'on associe au public des environnements participatifs est d'être formé de personnes qui n'ont jamais fréquenté les lieux de diffusion de l'art savant. Or, ce public que nous nommons nouveau public dans cette thèse va devenir une préoccupation centrale dans les politiques culturelles des années 1970 qui vont peu à peu se mettre à promouvoir les principes de la « démocratie culturelle ». C'est ainsi que les environnements participatifs, quoique réalisés en marge des institutions officielles, reçoivent une aide instantanée de la part des organismes subventionnaires et de l'État. Les artistes doivent désormais vivre avec le paradoxe qui gît dans le fait qu'ils défendent un art underground avec la bénédiction d'institutions culturelles qui partagent avec eux un ensemble de valeurs humanistes qui transparaissent dans le projet de la démocratie culturelle.\ud ______________________________________________________________________________ \ud MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : démocratie culturelle, démocratisation de la culture, nouveau public de l'art, art underground, néo-avant-garde artistique politisée, institutionnalisation, étatisation, animation socioculturelle, participation ludique, participation créatrice, co-auteur-e

    Écrire l'empêchement : critique d'art et création littéraire chez Samuel Beckett

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    La communication participative au théâtre : le cabaret de la fausse représentation

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    La deuxième et plus importante partie du mémoire est constituée du texte du Cabaret de la fausse représentation, un spectacle théâtral créé en 2004 et en préparation pour être monté de nouveau en novembre 2006. Le Cabaret explore avec humour et ludisme le thème de la communication salle/scène, à l'aide de sketches et de chansons faisant appel à la participation du public, ou portant sur un aspect communicationnel précis, dans le but d'attirer l'attention du spectateur vers l'acte même de la communication. Une captation vidéo accompagne le texte, pour donner une idée de la réaction du public lors des représentations initiales.\ud La première partie comprend d'une part un bref historique de la relation salle/scène au théâtre, afin de démontrer les multiples facettes de la participation du public à travers les siècles, et mettre en évidence la répression qui a mené au calme des salles contemporaines. D'autre part, on y dresse un inventaire non exhaustif des différents moyens de créer un échange, une véritable communication entre ceux qui offrent le spectacle et ceux qui le reçoivent. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Théâtre, Participation, Communication, Interaction, Comédie

    中國大陸當代藝術批評: 理論模式和歷史視角——中國藝術批評家的概念方法

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    Since 1979, mainland China Art critics have accompanied the development of contemporary art, participating in the revival of intellectual life which have been hit hard during the reign of Mao. Art magazines reflect changes in their thinking: ideological discourse fades gradually in favor of a questioning of the concepts and artistic practices. In my dissertation I present at first the intellectual scene in which is constructed criticism of Chinese art, and secondly, after analyzing how concepts move from one language to another, I approach theoretical texts and their reception in academic. Attracted initially by Western thought, a reference field that extends from Plato to Danto, Chinese critics then turned to the classical corpus, or the Book of Changes, to forge tools specific "to China" to rewrite history of Chinese contemporary art delivered from the post-colonial yoke, but at the risk of getting trapped in an insidious nationalism encouraged by the Party. The extensive excerpts I propose deal with the meta-criticism, and the fate of the rise of modernity and postmodernism, historical discourse labeled by Benedetto Croce, abstract art from gestures and tools of calligraphy and qualified by Gao Minglu of "maximalist" ... and that Li Xianting assimilate to Buddhist and ancestral practices. Rejecting Western concepts which are unfit to interpret Chinese art, according to the traditional concepts to establish the School of yi, Gao Minglu offers a critical theory he tries to apply to contemporary works. Conversely Wang Nanming defends an approach to be universal and denounces the artists and critics who brandich their Chinese identity ... So the approaches discussed are varied and sometimes conflicting, but attest to the vitality of contemporary Chinese art criticism. Under the influence of a Marxist conception of art, an art aspiring to serve people and product by artists integrated into society which should highlight the complex transformation of this society and its living conditions, art critics propose theoretical models that are more tools of interpretation than appreciation.Depuis 1979, les critiques d'art en Chine continentale ont accompagné le développement de l’art contemporain, participant à la renaissance de la vie intellectuelle durement éprouvée sous le règne de Mao. Les revues spécialisées en art reflètent l’évolution de leur réflexion : le discours idéologique s’efface peu à peu au profit d’un questionnement sur les concepts et les pratiques artistiques. Dans ma thèse je présente d’une part ce paysage intellectuel dans lequel s’est construite la critique d’art chinoise, et d’autre part, après avoir analysé comment certains concepts passent d’une langue à l’autre, j’aborde les textes théoriques et leur réception dans le milieu académique. Attirés au départ par la pensée occidentale, un champ référentiel qui s’étend de Platon à Danto, les critiques chinois se sont tournés ensuite vers le corpus classique, voire le Livre des mutations, pour forger des outils “propres à la Chine” afin de ré-écrire une histoire de l’art contemporain chinois délivrée du carcan post-colonial, mais au risque de se prendre au piège d’un nationalisme insidieux encouragé par le Parti. Les larges extraits que je propose traitent de la méta-critique, du sort et de l’essor de la modernité et du postmodernisme, de discours historiques marqués par Benedetto Croce, de l’art abstrait émanant des gestes et des outils de la calligraphie et qualifié par Gao Minglu de “maximaliste”... et que Li Xianting rapproche des pratiques bouddhistes et ancestrales. Récusant les concepts occidentaux jugés inaptes pour interpréter l’art chinois, recourant aux concepts classiques pour fonder l’École du yi, Gao Minglu propose une théorie critique qu’il tente d’appliquer aux œuvres contemporaines. À l’inverse Wang Nanming défend une démarche qui se veut universelle et dénonce les artistes et les critiques qui brandissent leur identité chinoise... Ainsi les démarches étudiées sont variées et parfois antagonistes, mais attestent de la vitalité de la critique d’art contemporaine chinoise. Sous l’emprise d’une conception marxiste de l’art, aspirant à un art au service du peuple, produit par des artistes intégrés à la société qui se doivent de mettre en avant les transformations complexes de cette société et de ses conditions de vie, les critiques d’art proposent des modèles théoriques qui sont plutôt des outils d’interprétation que d’appréciation

    Réfléchir l'art et se réfléchir dans l'art : création d'ateliers destinés à l'enseignement des arts plastiques au collégial

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    Le travail qui suit a été réalisé dans le cadre de la maîtrise en art, concentration enseignement et transmission; création. Mes préoccupations concernent la construction et le développement d'une démarche artistique réflexive chez les étudiants en arts plastiques au collégial. Dans mon projet, je propose l'art comme moyen de réflexion, réflexion signifiant à la fois pensée et reflet. Ayant constaté le trop peu d'outils destinés aux enseignants en arts plastiques au collégial et permettant de développer la démarche de création chez leurs étudiants, j'ai décidé de développer une stratégie d'enseignement/apprentissage, des ?uvres pédagogiques qui pourraient aider à la fois enseignants et étudiants. L'identité personnelle et artistique de l'étudiant est amenée à se développer à la fois visuellement dans l'?uvre qu'il réalise et dans la pensée critique, à travers un mouvement alternatif entre théorie et pratique. L'étudiant développe donc des connaissances à la fois sur lui-même et sur l'art contemporain, ce qui l'amène à acquérir une attitude critique. Par le biais de la recherche développement, j'ai effectué de nombreuses lectures et des observations sur le terrain (stage et expérimentations informelles) avant d'aboutir à la création de mon produit. Le tout s'articule en une série de sept ateliers réflexifs et éducatifs qui sont des ?uvres pédagogiques. Destinés aux enseignants, ce sont des mises en situation, des projets de création à faire vivre aux étudiants. Par ailleurs, j'ai moi-même mis à l'essai chaque atelier en effectuant le travail de création demandé. Il s'agit d'une première évaluation, une évaluation subjective. Ainsi, j'ai réalisé sept ?uvres artistiques en lien avec les sept thèmes des ateliers, soit le musée personnel, la culture, les matériaux non traditionnels, l'hybridité entre disciplines, l'interaction avec le spectateur, la notion de lieu, ainsi que l'éphémère et la trace. Par ailleurs, ces sept ?uvres artistiques et ateliers font partie de l'exposition Réflexion : quand les attitudes deviennent formes, présentée à la galerie Espace Virtuel, en mai 2003. Cette exposition, ?uvre de transmission, donne à voir le parcours d'une démarche de création, tout en présentant les spécificités didactico-pédagogiques de chacun des ateliers. Évidemment, les étapes de la mise à l'essai à plus grande échelle, de l'évaluation et de la diffusion du produit éducatif n'ont pas pu être effectuées. Ce sont des opérations que j'ai envisagées, mais elles appartiendront à une recherche ultérieure

    L’Art social de la Révolution à la Grande Guerre

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    Développée en France au lendemain de la Révolution, l’idée d’art social, qui interroge la fonction de l’art dans une société postrévolutionnaire, industrielle et marchande, recouvre des acceptions diverses. Si elle a d’abord participé à l’abolition des classes sociales, contribué au développement de l’éducation populaire et finalement renouvelé le concept même d’art, elle a pu aussi servir, sous la Troisième République, le maintien des hiérarchies existantes et être pensée dans le cadre de la politique artistique de l’État. Ce n’est donc pas une mais des conceptions de l’art social qui ont été défendues, soutenues par des théoriciens politiques, des philosophes et des artistes. Cette notion a fait l’objet d’une recherche menée sous la direction de Neil McWilliam, Catherine Méneux et Julie Ramos, et a débouché sur deux publications : un volume de 23 essais qui permettent de mesurer la diversité et l’originalité des formes qu’a pu revêtir l’idée d’art social (coédition INHA-Presses universitaires de Rennes), et cette anthologie en ligne, riche de plus de 110 textes sources présentés, commentés et illustrés

    L'appropriation de l'art grec dans les écrits de J.-J. Winckelmann

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    Cette thèse en histoire de l’art propose une relecture anthropologique des deux principaux écrits de J.-J. Winckelmann (1717-1768), Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture (1755) et Histoire de l’art dans l’Antiquité (1764). Elle cherche à déplacer les centres de gravité théoriques (le beau, l’imitation, le sublime, « la grandeur sereine »…) retenus par l’historiographie classique afin de mettre en évidence les finalités imaginaires de l'entreprise winckelmanienne. Celles-ci vont transformer l'art grec en objet de désir et le soumettre à une double appropriation : l'appropriation du corps charnel de l'éphèbe grec et l'appropriation d'une culture antique offrant à la Kultur allemande la possibilité de rivaliser avec la civilisation française. Si l’Apollon du Belvédère vérifie le désir d’un corps fantasmé, le Laocoon devient le manifeste d'un désir de « culture ». Il s'agira de montrer que ces visées imaginaires de Winckelmann ne relèvent pas du seul désir idiosyncrasique. Non seulement elles mettent en forme les attentes de toute une génération (celle de Herder, Lessing, Goethe...) mais en plus elle convoque cette science propre au XVIIIe siècle, que l’on appelle déjà l’anthropologie, qui prétend étudier l'être humain aussi bien dans ses aspects physiques (anatomie, pathologie, physiologie...) que culturels (l’histoire des origines, la climatologie, la philosophie politique...). Ainsi les références scientifiques s'engouffrent dans la description de la nudité des corps, dans laquelle Winckelmann fait palpiter les chairs de marbre, relève les mutilations, les points délicieux ou obscènes dans un regard à la fois clinique et amoureux. De même, son exploration de la Grèce antique, qui vise la fondation d'une mémoire culturelle, mêle étroitement un sentiment de tragique et une érudition d'archéologue et d'antiquaire sans pareil. Au-delà du corpus winckelmannien, cette relecture pose des questions à la pratique de l’« anthropologie visuelle » (A. Warburg, G. Didi-Huberman, H. Belting…) qui tout en prétendant renouveler en profondeur les objets et les méthodes de l'histoire de l’art classique laisse intact le fondateur de la discipline et sa définition apollinienne de l'art grec. Il s'agira pour nous, au contraire, de montrer qu'un métissage de contenus traverse de part en part les écrits de Winckelmann et se trouve au fondement de son esthétique. Sa conception du temps et de l’histoire, par exemple, à mille lieux de la thèse humaniste de l’historia magistra, est hantée par le deuil d’un « passé antique mort à tout jamais » et ne cesse de différer le présent d'avec lui-même. Cette lecture mélancolique de l'antiquité, qui multiplie les représentations spectrales, offre une réconciliation inattendue entre l’histoire de l’art et l’anthropologie visuelle.\ud ______________________________________________________________________________ \ud MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Winckelmann, art, histoire, historiographie, anthropologie, antiquité, Grèce, visuel

    François Bon : la fabrique du présent

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    Le travail littéraire de l'auteur contemporain François Bon (né en Vendée en 1953) reçoit une attention critique grandissante, en particulier dans les universités. Il semble pourtant qu'il fasse l'objet de certains malentendus. « Réaliste », « engagée », l'écriture de Bon aurait aussi une visée « mémorielle ». À l'encontre de ces idées reçues, la présente thèse affirme la prédominance d'une esthétique de l'immédiat présent. Alors que, depuis une dizaine d'années, on redécouvre l'hétérogénéité de la temporalité moderne, caractérisée par la coprésence du passé, du présent et du futur, certaines pratiques artistiques contemporaines, dont l'art narratif de Bon est un très bon exemple, concentrent plutôt leur attention sur le seul présent. L'immédiat présent n'étant pas donné immédiatement, il y a à le construire au moyen des mots et des formes. C'est ce travail de construction qu'il s'agit ici d'interroger. Le problème tient à la discontinuité irréductible de l'immédiat présent, c'est-à-dire à l'alternance qu'il impose entre « venue » et « retrait » (Heidegger). Si l'art de la prose réside dans la fabrication du continu (Goux), comment dès lors faire récit d'un temps fondamentalement disjoint? Pour explorer cette question, on parcourra l'essentiel des écrits de Bon de Sortie d'usine (1982) aux expériences numériques les plus récentes, en analysant d'abord les usines et les garages (première partie), puis les paysages (deuxième partie), enfin les villes (troisième partie). Il s'agira chaque fois de révéler les cohérences intrinsèques (inscrites à l'intérieur des textes) et extrinsèques (les rapports qui s'établissent d'un texte à l'autre) de l'écriture du présent de Bon. Tout du long, on mesurera la portée politique de cet effort esthétique qui vise à la réappropriation de la surface temporelle du monde où se joue le plus immédiat de nos pratiques sociales contemporaines. \ud ______________________________________________________________________________ \ud MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : François Bon, Temps, Présent, Esthétique, Récit, Contemporain

    Essai d'approche socio-historique de l'évolution statutaire de l'art et de l'artiste : parcours de construction et de dilution esthétiques de la représentation

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    Ce travail est fondé sur le constat d'un malaise -profond du milieu professionnel de la culture et le postulat de son lien avec la dissolution du concept moderne de l'art. Elle s'accompagne d'une dilution généralisée de ses modalités particulières dans le procès d'esthétisation du monde qui emporte son être même. Sa virtualisation répond à une radicalisation de la représentation, qui était le lieu propre de l'art, assumé en tant que fiction révélatrice. Elle amène l'être humain à se résoudre au statut de pur spectateur; étranger face au spectacle d'un monde ayant renoncé à son ontologie, synthétique et pleinement symbolique. C'est dans une perspective progressive-régressive articulée sur une approche socio-historique qu'est abordé en premier lieu le procès d'autonomisation statutaire de l'artiste et de l'art sous l'égide de la construction de son concept moderne puis celui des multiples appropriations et récupérations dont il fait progressivement l'objet. L'art en tant qu'art exprimait son concept moderne, son lieu particulier, son statut, le fait que, tout comme l'artiste, il était devenu sujet mais dans sa présente diffusion esthétique, on en arrive à penser qu'il est passé au statut de sujet de conversations. Anne Cauquelin évoque l'idée fertile d'une « rumeur théorique » qui les environne et les conversations à propos de l'art et de l'artiste sont nourries, jusqu'à l'indigestion parfois, de traces dont certaines sont très anciennes. Ce travail s'inscrit donc dans une approche socio-historique pour rendre compte d'une accumulation contrastée de sens et d'exploitations divers autour d'un concept central. II souhaite d'abord exprimer le constat que, de manière originale, autour du mot art se préserve un ensemble de théorisations et d'opérationnalisations, complémentaires mais aussi souvent contradictoires, qui ajoutent des dimensions au débat premier. Elles se sont en effet superposées et mélangées plutôt que remplacées et, pour en décrire la puissance ou la vacuité, en pour ou en contre, elles posent toujours la question de la représentation artistique de et dans la société et le monde, de son caractère éventuellement anticipateur, y compris pour décrire leur insaisissable cybernétisation.\ud Dans une partie introductive, il sera traité de la construction du concept moderne de l'art qui demeure un repère essentiel de notre compréhension contemporaine. On verra qu'il porte encore les traces des sens anciens de ce mot et que ce parcours accompagne la définition progressive des figures de l'individu, de la philosophie et de la science telles qu'elles ont été consacrées dans leur autonomie par la pensée des Lumières. Sans méconnaître l'enjeu individuel lié à la reconnaissance plénière du statut de l'artiste, on y recherchera l'une des composantes de la dimension essentiellement institutionnelle de l'évolution de l'art dans la modernité. Pour me permettre de mieux les situer, j'ai fait le choix de traiter chacune des principales étapes de ce parcours dans son contexte privilégié d'émergence, tant géographique, historique que disciplinaire. Le développement sera ensuite articulé autour des différentes appropriations de ce concept, une fois son autonomie solidement fondée. La première partie sera consacrée à ce que l'on pourrait appeler l'épanouissement intellectuel de ce sujet. C'est la philosophie, via la création de la discipline esthétique, qui contribuera d'abord à l'achèvement de son élaboration et aussi à l'ouverture irréductible des débats qui y sont associés dans des approches qui se spécialiseront de plus en plus. Ce mouvement commence principalement par l'interrogation kantienne du jugement de goût qui demeure référentielle même si on oublie souvent qu'elle se situe aussi plus largement dans la réflexion de l'auteur sur un mode d'accès au monde basé sur la raison et séparant ses modalités cognitive, normative et esthétique. Cette rationalisation, et tout le procès d'abstraction qui suivra, est fondamentalement négatrice d'une participation ontologique originelle, de l'humain et non de l'individu, au monde et à la société, réalisée à travers la sensibilité et le symbolique. Pourtant, elle hérite elle-même des apports d'une réflexion millénaire sur les fondements d'une pensée qui s'est déjà penchée, depuis l'Antiquité, sur les principaux thèmes d'une réflexion et d'une étude qui seront porteuses de nombreux débats, voire de conflits. Ils seront exacerbés par le fait qu'ils sont situés dans des contextes culturels et idéologiques auxquels ils participent directement. C'est le cas de cette philosophie allemande, dont l'apport est majeur sur ce sujet et qui se trouve, de même que l'art, au fondement d'une identité nationale reposant sur l'idée d'une culture partagée. Ces questionnements, que l'on pourrait dire culturellement localisés, ont pourtant une portée universelle et sont intimement associés à la stabilisation d'autres institutions modernes telles que l'université. C'est en effet en son sein que se créent des disciplines qui débutent la parcellisation de son étude. Je reprendrais enfin l'idée d'une « rumeur théorique » pour argumenter le caractère doxique de l'accumulation de sens et d'interprétations produite autour des concepts d'art et d'artiste ainsi que sa poursuite pouvant culminer dans l'incertitude du relativisme contemporain. La seconde partie s'intéressera à l'établissement progressif de ce que l'on peut appeler un monde de l'art, ses dimensions, ses enjeux et leur évolution jusqu'à l'époque contemporaine. II sera d'abord traité de la question des avant-gardes en tant que moteur primordial de la novation esthétique et symptôme majeur des mutations d'un questionnement autour de l'art pour l'art. À la stabilisation des critères permettant de cerner socialement la figure de l'artiste, correspond celle des différents acteurs d'un milieu qui s'ouvre, se transforme aussi peu à peu en marché et se trouve soumis à différentes exploitations. Au travers de l'étude de la création d'institutions publiques, et notamment celle d'un ministère spécialisé au sein de l'administration française, on pourra voir comment se construit cette acception spécifique de la notion de culture dans son opposition à celle d'éducation populaire. Elle montre également la subsidiarisation progressive du concept d'art au sein de celui de culture via l'opérationnalisation croissante de ce dernier. L'exemple des politiques culturelles portées par l'UNESCO permettra de considérer sa généralisation et la dilution d'un propre de l'art dans des enjeux périphériques auquel il participe pourtant hautement. Enfin, c'est autour de la question initiée déjà par Hegel que s'achèvera ce parcours. Je tenterai de comprendre pourquoi cette idée de « la mort de l'art », si mal comprise, a tellement d'audience et comment elle peut emporter également les références fondatrices de ce que l'on pourrait appele le « site de l'esthétique ». Le raisonnement sera alors articulé autour de la double question d'une possible dissolution accompagnée d'une dissémination infinie sous la forme d'une esthétisation du monde. La conclusion, après une synthèse de ce parcours de recherche, un retour sur les options théoriques qui l'articulent et une revendication critique de ses limites mêmes, reviendra principalement sur l'un des aspects majeurs de cette étude socio-historique : le thème de la représentation. Elle est la permanente compagne de ce cheminement et ses enjeux sont multiples. Elle interroge directement notre rapport au monde; sa possibilité même. Elle questionne sa construction intellectuelle et sensible mais se présente également comme la proposition de modalités formelles successives et pleines d'influence sur notre conception du réel. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Art, Esthétique, Post-modernité, Représentation, Symbolique

    Bibliothèques et musées / Ville de Neuchâtel

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