148 research outputs found

    L’Histoire brouillée

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    La mémoire du génocide commis par les Khmers rouges de Pol Pot représente un enjeu crucial pour le Cambodge. Deux tendances contradictoires ont été à l’œuvre : gêne et mise à l’écart du côté cambodgien, intérêt grandissant du côté occidental. Du fait des pressions venues de ce dernier (y compris des touristes), les lieux-témoins, et d’abord la prison de Tuol Sleng, sont parfois remis en état et développés. L’ampleur des crimes commis y frappe tout visiteur et les investigations des historiens y trouvent un support essentiel. Néanmoins, un double travestissement menace : la spectacularisation de l’horreur et son rejet du côté d’une monstruosité mi-individuelle, mi-abstraite. L’effet ne pourrait en être que la dissimulation des chaînes de responsabilité et des conséquences du fanatisme idéologique. L’action des communautés locales au Cambodge et le travail mémoriel des réfugiés de la diaspora pourraient participer d’un recours.The memory of the genocide committed by Pol Pot’s Khmer Rouge is a crucial issue for Cambodia. Two contradictory trends have been at work—embarrassment and relegation to past history on the part of Cambodians themselves, and growing interest on the part of the Western world. Because of pressure from the latter (including that exerted by tourists), places bearing witness to the catastrophe—Tuol Sleng prison is a case in point—have often been restored and developed. The horror of the crimes committed there cannot fail to affect visitors, and they are essential to historians’ investigations. There is, however, danger of a dual misrepresentation—spectacularising the horror and rejection of it as a half abstract, half individual monstrosity. The result can only be dissimulation of chains of responsibility and of the consequences of ideological fanaticism. Action taken by local communities in Cambodia, and memorial work on the part of diaspora refugee, might help to correct the situation

    1965 : L’Heure de l’histoire ?

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    Des publications de qualité en nombre important, sur lesquelles cet article fait d’abord le point, ont très largement étendu et renouvelé notre connaissance des événements tragiques de 1965-66, en Indonésie. A côté du constat d’une grande diversité de situations suivant les provinces, quelques tendances générales se dégagent : place partout centrale de l’armée comme incitateur et organisateur des violences et massacres, le plus souvent en partenariat étroit avec les activistes musulmans ; participation populaire importante aux pires atrocités ; fréquence des crimes sexuels ; poids des vols, pillages et prévarications ; effroyables conditions de détention ; extension des violences bien au-delà de 1966. Une seconde partie tente de fournir quelques clés de compréhension : éléments de continuité du dernier Sukarno à Suharto ; effectivité de la tentative de prise de pouvoir par le PKI ; faiblesse et sentiment d’insécurité des deux camps, conduisant au meurtre des généraux aussi bien qu’aux tueries de communistes ; monstrueuse et inexcusable étendue de ces dernières, qui ne constituent cependant pas un génocide ; rôle limité des interventions extérieures.A large number of quality publications, which this article first reviews, have greatly expanded and renewed our knowledge of the tragic events of 1965-66 in Indonesia. Besides the observation of a great diversity of situations according to the provinces, a few general trends emerge : the ubiquitous central place of the Army as the instigator and organizer of violence and massacres, most often in close partnership with Muslim activists ; a significant popular participation in the worst atrocities ; the frequency of sex crimes ; the weight of thefts, lootings and abuses ; the appalling conditions of detention ; the extension of violences well beyond 1966. A second part strives to provide some keys to understanding : elements of continuity from post-1959 Sukarno’s regime to Suharto ; actuality of the PKI’s attempted bid for power ; weakness and insecurity feeling on both sides, leading to the murder of the generals as well as to the killing of communists ; monstrous and inexcusable extent of these, which do not, however, qualify as genocide ; limited role of external interventions

    Japanese Crimes in Nanjing, 1937-38 : A Reappraisal

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    For Chinese of all origins and opinions, the wartime events of Nanjing have become a tragedy of proportions equivalent to Hiroshima, if not Auschwitz. At the same time, there are still many Japanese who try hard, if not to completely deny their army's crimes, at least to minimise them and to find excuses for them. And yet, for whoever bears the pain of going back over the (copious) evidence, the process, responsibilities and dimensions (including the fiercely debated number of victims) are not too difficult to draw, with a reasonable degree of precision. No other single massacre in Asian history has had so many testifying witnesses. But the very centrality of Nanjing in the assessment of the whole 1937-45 war between Japan and China has unfortunately led to much ideologically motivated obscuring, on both sides.Re-establishing the facts is a historian's first duty. Thus there was no indiscriminate massacre in Nanjing, but the victimisation of different groups of Chinese in very different ways, with widely differing results in terms of death rates. The killings were neither the result of a genocidal policy, nor mere unpremeditated excesses. The role of Japan’s 1937 war strategy is here incriminated, as is the country’s drift towards fascism. The emergence of new historical approaches, such as analyses in terms of “war culture”, “brutalisation” or “violence of war”, will be also considered : in that they could influence breakthroughs to a deeper understanding of a terrible tragedy

    People of Virtue: Reconfiguring Religion, Power and Moral Order in Cambodia Today, Alexandra Kent & David Chandler (éds), Copenhague : NIAS Press, 2008, 323 p.

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    Ce fort volume de seize chapitres, écrits par autant d’auteurs, a été dirigé par une anthropologue danoise et un historien d’Australie, le célèbre David Chandler. La thématique en est solidement établie : la situation du bouddhisme au Cambodge, que ce soit théologiquement, anthropologiquement, politiquement ou sociologiquement. La dimension historique, certes pas centrale, est davantage présente cependant que ne l’indique le titre : deux forts articles (Alain Forest et Anne Hansen) se concent..

    Réponse à l’éditorial de Cipango no 15 : contes de la mauvaise foi ordinaire

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    Réponse de Jean-Louis Margolin, auteur de L’armée de l’empereur : violences et crimes du Japon en guerre, 1937-1945, à l’article d’Arnaud Nanta publié dans le numéro 15 de Cipango.Reply from Jean-Louis Margolin, author of the book L’armée de l’empereur : violences et crimes du Japon en guerre, 1937-1945, to Arnaud Nanta’s article published in Cipango No 15

    Constructing Singapore : Elitism, Ethnicity and the Nation-Building Project, Michael D. Barr & Zlatko Skrbis

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    Michael Barr, seul ou en collaboration, est depuis une décennie l’un des auteurs les plus prolifiques et les plus reconnus sur la structuration politique et sociologique du Singapour contemporain. Longtemps attaché à l’université du Queensland (Brisbane), aujourd’hui à Flinders (Adelaide), il est assez représentatif de la nouvelle génération (singapourienne aussi bien qu’étrangère) des spécialistes de la cité-état : fermement critique, et parfois même hyper-critique, elle n’en reconnaît pas m..

    Une réévaluation du massacre de Nankin

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    Pour les Chinois de toutes origines et opinions, Nankin est devenu un drame du même ordre que celui de Hiroshima, ou même d’Auschwitz. En même temps, on voit encore beaucoup de Japonais s’efforcer, sinon de nier complètement les crimes de leur armée, du moins de les minimiser et de leur trouver des excuses. Pourtant, pour quiconque prend la peine de se pencher sur les nombreuses preuves disponibles, le déroulement, les responsabilités et la taille (y compris le nombre de victimes, qui a donné lieu à tant d’empoignades) ne sont pas excessivement difficiles à établir, avec un bon degré de précision. Aucun autre massacre dans l’histoire asiatique n’a eu autant de témoins prêts à déposer et à écrire ! Mais la centralité même de Nankin dans le récit de la guerre sino-japonaise de 1937-45 a malheureusement favorisé les rideaux de fumée inspirés par l’idéologie, et ce des deux côtés. L’établissement des faits est le premier devoir de l’historien. Ainsi il n’y eut pas massacre indéterminé à Nankin, mais ciblage différencié des divers groupes de population chinoise, avec à l’issue des résultats très variables en terme de mortalité. Les tueries ne furent pas le résultat d’une politique génocidaire, mais pas davantage des bavures non préméditées. Ecrire l’histoire, c’est aussi expliquer : la stratégie de guerre du Japon de 1937 est un élément essentiel, de même que la dérive du pays vers le fascisme. Enfin on considérera l’émergence de nouvelles approches historiographiques, telles que les analyses en termes de « culture de guerre », de « violences de guerre » : elles pourraient favoriser les percées dans notre connaissance profonde d’une épouvantable tragédie.

    Maruyama Masao. “Le fascisme japonais (1931‑1945)”

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    Maruyama Masao. “Le fascisme japonais (1931‑1945)” On ne peut que se féliciter de la publication en français de l’ouvrage du grand politologue japonais Maruyama (1914-1996), qui regroupe trois articles importants écrits entre 1946 et 1949. Il en existait déjà une version anglaise, qui comprend d’ailleurs quelques autres articles. En outre, conformément à l’esprit de cet éditeur, longtemps connu principalement pour sa publication d’œuvres antiques, l’appareil critique accompagnant et mettant ..
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