Application d un modèle Age-Période-Cohorte à l analyse des données de mortalité par sclérodermie systémique en France et aux Etats-Unis : 1980-1998

Plusieurs auteurs ont retrouvé une augmentation de l incidence de la Sclérodermie Systémique (SS) chez les femmes aux Etats-Unis depuis une vingtaine d années. Le pronostic de la SS ne s étant pas radicalement modifié dans cette période, les tendances de mortalité sont un bon reflet de l incidence. Nous avons mené une étude incluant tous les décès liés à une SS entre 1980 et 1998, à partir des bases de données nationales française et américaine. Les taux de mortalité par SS ajustés sur l âge chez les femmes américaines ont connu une constante augmentation sur la période, passant de 7,2 /million à 10,3 /million. Ce taux a peu augmenté chez les femmes françaises passant de 3,0 /million à 3,9 /million. Une analyse Age-Période-Cohorte a été menée afin de mesurer l effet d éventuels facteurs temporels. Chez les femmes américaines, celle-ci a retrouvé un effet cohorte croissant pour toutes les cohortes de naissance antérieures à 1940, avec une tendance à la stabilisation pour les cohortes suivantes. Cet effet était également visible chez les femmes françaises, mais de façon moins marquée. Ces résultats suggèrent que l augmentation de l incidence de la SS au cours de la période 1980-1998 devrait se stabiliser car elle concernait surtout les cohortes de femmes nées avant 1940. L effet cohorte croissant avant 1940 fait suspecter l influence de facteurs environnementaux ou des modifications de mode de vie des femmes ayant augmenté le risque de SS. Des analyses rétrospectives complémentaires portant sur des cohortes de femmes nées avant 1940 pourraient contribuer à étayer ces hypothèses dans le futur.PARIS6-Bibl.Pitié-Salpêtrie (751132101) / SudocPARIS-BIUM (751062103) / SudocSudocFranceF

Tolérance et efficacité immunologique de la vaccination chez l immunodéprimé (observation et modélisation)

Cette thèse avait pour objectif de fournir des données sur l efficacité et la tolérance des vaccins dans un contexte d immunodépression chronique, dans diverses situations cliniques et pour différents antigènes vaccinaux. Un premier essai randomisé chez 95 patients infectés par le VIH a ainsi montré que 15% des patients avaient perdu leurs anticorps protecteurs quatre ans après vaccination contre l hépatite A, quel que soit le nombre de doses de vaccin reçues dans le schéma de primo-vaccination (2 ou 3 doses). Puis une revue bibliographique systématique et une méta-analyse étendues aux autres antigènes du calendrier vaccinal et à d autres catégories d immunodépression (hémodialysés et transplantés d organe solide) ont confirmé que la durée de persistance des anticorps après vaccination était plus courte chez ces sujets qu en population générale. La question de la tolérance vaccinale a été abordée au travers de deux études observationnelles : la première n a pas mis en évidence d impact significatif des vaccinations sur l incidence des poussées chez les patients atteint de vascularite systémique, et la seconde a montré que les patients sous corticoïdes rapportaient plus fréquemment des réactions locales modérées ou sévères après vaccination contre la fièvre jaune que les témoins (RR = 8,0 (IC 95% : 1,4 ; 45,9)). Ces différents travaux montrent que la tolérance et l immunogénicité des vaccins présente des particularités chez les personnes immunodéprimées qui nécessitent d être prises en compte par la rédaction de recommandations spécifiques en termes de schémas et de fréquence des rappels vaccinaux.Safety, immunogenicity and durability of responses after vaccination are not well documented in the context of immune suppression. We first present the results of a clinical trial in 95 patients living with HIV comparing the immunogenicity of a reinforced 3-dose vaccine scheme against hepatitis A to the standard 2-dose regimen. Maintenance of seroprotection was not improved in the 3-dose arm since 15% of responders had lost protective antibodies by year 4 after immunization in both arms (p=1). We next extended our work to other categories of immune suppression by performing a systematic review of published works providing original long term (i.e. more than 6 months) immunogenicity data with licensed vaccines in three common conditions increasingly met in clinical practice: HIV infection, end-stage renal disease and solid organ transplantation. A meta-analysis of the estimations confirmed that duration of seroprotection provided by most licensed vaccines was shorter in immunocompromised patients than in otherwise healthy persons. Safety issues have been addressed through two observational studies: the first focused on the impact of immunizations on the course of systemic vasculitis and the second showed that patients on corticosteroids reported moderate/severe local reactions more frequently than controls (Relative Risk (95%CI) = 8.0 (1.4 to 45.9)) to the live-attenuated yellow fever vaccine. Safety and immunogenicity of vaccines in persons with impaired immunity are not comparable to that observed in healthy individuals, calling for specific recommendations in these patients.PARIS-BIUSJ-Biologie recherche (751052107) / SudocSudocFranceF

Abrupt and unexpected stressful life events are followed with increased disease activity in spondyloarthritis: A two years web-based cohort study

International audienceObjectiveThe contribution of environmental factors to spondyloarthritis (SpA) course remains poorly characterized. We previously reported a possible triggering of disease flares by stressful life events and vaccination. The objective of the present study was to specify the types of vaccine and life event that may influence disease activity.MethodsA prospective cohort of adult SpA was followed for two years. Patients logged on to a secured website every month to complete a standardized auto-questionnaire. They reported whether they had been exposed to stressful life events, vaccinations or other environmental factors. Patients were asked to rate the distress resulting from exposure to life events on a numerical rating scale (NRS: 0–10). Primary outcome variable was the variation of Bath Ankylosing Spondylitis Disease Activity Index (BASDAI) measured on two consecutive connections. Months where an event occurred were compared to months without events. The cut-off value of 1 is defined as the minimal clinically important variation for the BASDAI.ResultsThe 272 enrolled SpA patients returned 3,388 questionnaires. Months where an abrupt and unexpected traumatic event occurred were associated with a significant increase of BASDAI of 0.57 [95%CI: 0.29; 0.85] (P < 0.001). The higher the rating of distress, the larger the impact on BASDAI, reaching a clinically meaningful increase of 0.99 [0.17; 1.82] for a VNS ≥ 9. The effect of stressful events on BASDAI persisted during a median of 3 months. No other environmental factor was significantly associated with BASDAI variations.ConclusionAmong stressful life events, abrupt and unexpected events were associated with transient worsening of disease activity in SpA, which reached a clinically meaningful increase for the highest rating of distress. Association between vaccines and disease flare was not confirmed

La survenue brutale et inattendue d’événements stressants est suivie d’une augmentation d’activité de la spondyloarthrite : étude longitudinale en ligne sur deux ans

International audienceObjectifL’effet des facteurs environnementaux sur le cours de la spondyloarthrite (SpA) est encore mal caractérisé. Nous avons rapporté précédemment la possibilité que des poussées de la maladie soient déclenchées par des événements stressants et par la vaccination. L’objectif de la présente étude était de spécifier les types de vaccin et d’événements de la vie pouvant avoir une influence sur l’activité de la maladie.MéthodesUne cohorte prospective d’adultes atteints de SpA a été suivie pendant deux ans. Les patients se sont connectés chaque mois à un site Web sécurisé pour répondre à un autoquestionnaire normalisé. Ils ont indiqué s’ils avaient subi des événements stressants, été vaccinés ou avaient été exposés à d’autres facteurs environnementaux. Ils ont été invités à noter l’angoisse provoquée par ces événements sur une échelle numérique (EN : 0-10). La principale variable d’évaluation était l’indice d’activité de la maladie BASDAI (Bath Ankylosing Spondylitis Disease Activity) enregistré lors de deux connexions consécutives. Les mois où un événement s’était produit ont été comparés aux mois sans événement. Une valeur seuil de 1 a été définie comme la variation minimale cliniquement importante pour le score BASDAI.RésultatsLes 272 patients atteints de SpA recrutés ont rempli 3 388 questionnaires. Les mois durant lesquels un événement traumatisant brutal et inattendu s’était produit ont été associés à une augmentation significative du score BASDAI de 0,57 (IC 95 % 0,29–0,85) (p < 0,001). Plus la note d’angoisse était élevée, plus l’impact sur le score BASDAI était important, atteignant une hausse cliniquement pertinente de 0,99 (0,17-1,82) pour une ENV ≥ 9. L’effet des événements stressants sur le score BASDAI a persisté pendant une durée médiane de trois mois. Aucun autre facteur environnemental n’a été associé de manière significative à des variations du score BASDAI.ConclusionLa survenue brutale et inattendue d’événements stressants a été associée à une dégradation transitoire de l’activité de la SpA, dont l’augmentation était cliniquement pertinente lorsque l’angoisse générée était notée comme maximale. L’association entre vaccins et poussées n’a pas été confirmée

Considerations for de-escalating universal masking in healthcare centers

Three years after the beginning of the COVID-19 pandemic, better knowledge on the transmission of respiratory viral infections (RVI) including the contribution of asymptomatic infections encouraged most healthcare centers to implement universal masking. The evolution of the SARS-CoV-2 epidemiology and improved immunization of the population call for the infection and prevention control community to revisit the masking strategy in healthcare. In this narrative review, we consider factors for de-escalating universal masking in healthcare centers, addressing compliance with the mask policy, local epidemiology, the level of protection provided by medical face masks, the consequences of absenteeism and presenteeism, as well as logistics, costs, and ecological impact. Most current national and international guidelines for mask use are based on the level of community transmission of SARS-CoV-2. Actions are now required to refine future recommendations, such as establishing a list of the most relevant RVI to consider, implement reliable local RVI surveillance, and define thresholds for activating masking strategies. Considering the epidemiological context (measured via sentinel networks or wastewater analysis), and, if not available, considering a time period (winter season) may guide to three gradual levels of masking: (i) standard and transmission-based precautions and respiratory etiquette, (ii) systematic face mask wearing when in direct contact with patients, and (iii) universal masking. Cost-effectiveness analysis of the different strategies is warranted in the coming years. Masking is just one element to be considered along with other preventive measures such as staff and patient immunization, and efficient ventilation

Diagnostic accuracy of non-invasive detection of SARS-CoV-2 infection by canine olfaction

International audienceBackground Throughout the COVID-19 pandemic, testing individuals remains a key action. One approach to rapid testing is to consider the olfactory capacities of trained detection dogs. Methods Prospective cohort study in two community COVID-19 screening centers. Two nasopharyngeal swabs (NPS), one saliva and one sweat samples were simultaneously collected. The dog handlers (and the dogs…) were blinded with regards to the Covid status. The diagnostic accuracy of non-invasive detection of SARS-CoV-2 infection by canine olfaction was assessed as compared to nasopharyngeal RT-PCR as the reference standard, saliva RT-PCR and nasopharyngeal antigen testing. Results 335 ambulatory adults (143 symptomatic and 192 asymptomatic) were included. Overall, 109/335 participants tested positive on nasopharyngeal RT-PCR either in symptomatic (78/143) or in asymptomatic participants (31/192). The overall sensitivity of canine detection was 97% (95% CI, 92 to 99) and even reached 100% (95% CI, 89 to 100) in asymptomatic individuals compared to NPS RT-PCR. The specificity was 91% (95% CI, 72 to 91), reaching 94% (95% CI, 90 to 97) for asymptomatic individuals. The sensitivity of canine detection was higher than that of nasopharyngeal antigen testing (97% CI: 91 to 99 versus 84% CI: 74 to 90, p = 0.006), but the specificity was lower (90% CI: 84 to 95 versus 97% CI: 93 to 99, p = 0.016). Conclusions Non-invasive detection of SARS-CoV-2 infection by canine olfaction could be one alternative to NPS RT-PCR when it is necessary to obtain a result very quickly according to the same indications as antigenic tests in the context of mass screening

Antibiorésistance : outils pour une recherche translationnelle efficace

La crise qui résulte de la montée des résistances bactériennes menace la santé humaine, animale et environnementale. L’impact sanitaire et économique de la crise est massif. Alors que l’alerte est largement donnée et que des mécanismes et des programmes d’aide à l’innovation pour lutter contre l’antibiorésistance ont été mis en place, force est de constater que les nouveaux produits antibiotiques proposés n’arrivent pas à trouver une rentabilité économique leur permettant d’atteindre le marché et d’être au service des patients et de la communauté. Par ailleurs, il est nécessaire de développer des outils/indicateurs pour définir les interventions probantes en matière de lutte contre l’antibiorésistance. Les travaux de réflexion relatés dans cet article sont concentrés sur ces deux aspects de la recherche translationnelle : – la prévention et l’impact en santé de la problématique antibiorésistance, et – les spécificités de la recherche clinique pour innover en matière de lutte contre l’antibiorésistance. Cet article, issu des réflexions d’un groupe d’experts français, propose des solutions directement opérationnelles qui pourraient être mises en place rapidement et transformer radicalement la qualité et la quantité de nos moyens de lutte