238 research outputs found

    La Littérature est-elle morte au vingtième siècle?

    Get PDF
    International audienceI propose analyzing the transformation of the idea of literature in the context of the development of collective artistic practices (such as creative writing workshops and fan fiction) and the controversies surrounding the expansion of the definition of literature outside of its modern realm (Bob Dylan being awarded the 2016 Nobel Prize in literature). By examining recent French literary works and practices, I contend that the deterministic, limited, and intransitive conception of literature has given way to open, inclusive, and transitive practices which generate new literary communities and sensibilities.La Littérature est-elle morte au vingtième siècle? Depuis les années 1980, depuis l'ère formaliste et l'heure structuraliste, sans forcément nous en rendre compte, l'idée même de littérature a connu une mutation stupéfiante, dont il importe de prendre acte. Rappelons-nous des heures ayant suivi l'annonce du prix Nobel de littérature octroyé à Bob Dylan, où se joua un psychodrame culturel international dont la définition même de la littérature fut l'unique enjeu. Fallait-il ou non accorder un prix Nobel à l'auteur de knockin' on heaven's door ? La question, ce fut un intense problème de frontières : d'abord parce qu'une grande partie des débats furent fondés sur des rappels conventionnels de la distinction des arts ou sur une identité artistique opposant le musicien à l'écrivain : « lorsque le comité Nobel accorde un prix littéraire à un musicien, il perd l'opportunité de rendre hommage à un écrivain », écrivit par exemple Anna North dans le New York Times 1. On notera que ce même argument fondé sur la pureté des formes fut habillement récusé par la comparaison avec le théâtre ou par l'invocation d'autres exemples similaires de l'histoire littéraire 2-ce fut d'ailleurs la position officielle de Sara Danius, membre de l'académie Nobel, qui en appela à Homère et Sapho, ou de ceux qui évoquèrent la figure de Rabindranath Tagore, prix Nobel en 1913. Mais l'édifice commun du littéraire fut ébranlé par d'autres débats : pour certains critiques, la « littérarité » de Bob Dylan est à évaluer en termes formels, ce qui est l'un des critères possibles d'une conception esthétique de la littérature et permet la disqualification du musicien : comparant à Bob Dylan, Yeats, ou encore Gide, Tim Stanley expliqua dans le Telegraph « l'ampleur de leur expression et la densité thématique de leurs textes dépassent Dylan par des années-lumière » 3. Cette exigence formelle put être utilisée au contraire pour agréger l'oeuvre de Dylan au littéraire : « La littérature, c'est des mots, le verbe, la langue. Et qui peut dire que Dylan n'a pas inventé́ la langue ? » défendit Serge Kaganski. Notons au passage que l'autre grand critère par lequel la modernité a jugé de la littérarité du littéraire, le mode de référence à la réalité (l'idée 1 Cette distinction fut très souvent invoquée, dans des termes généraux ou des analyses plus techniques : « l'écriture de chanson et la poésie sont des arts entièrement différents, même s'ils ont des similarités mètre, rythme, rime, etc. » avança Bijan Stephen ; « présumer que [ces deux arts] procède de manière identique avec les mots nie les vertus spécifiques de chacune des formes » conclut Matthew Sniper. 2 « Plusieurs se réjouissent de ce choix, qui hissent la chanson au rang d'oeuvre et rappellent que Homère était bassiste » rappelle le traducteur Claro. 3 De même, pour le jeune romancier et poète haïtien Makenzy Orcel : « parler de littérature, c'est parler de travail sur la langue, de construction d'une oeuvre, pas de nasiller quelques chansons »

    Haine de la littérature ou haine de soi ?

    Get PDF
    À propos de William Marx, La haine de la littérature (Paris: Minuit, 2015)

    Reparar a los lectores

    Get PDF
    Lo que importa es que con el mundo hagamos países y lenguas; con el caos, sentido; con los prados, campos de batalla; con nuestros actos, leyendas y esa forma sofisticada de leyenda que es la historia; con los nombres corrientes, un nombre propio.Pierre MICHON, Mythologies d'hiver (contraportada). No paramos de lamentar el fin de la literatura francesa contemporánea y de promulgar la aparición de una “postliteratura”, como dice Richard Millet (2010), la cual no tendría nada en común con lo qu..

    Ce que les réseaux font à la littérature

    Get PDF
    Le microblogging, écriture de soi brève, fluide et asynchrone, n’a pas pris longtemps pour faire de Facebook ou de Twitter des lieux d’écriture littéraire. Détournant leur dispositif, il mène à des formes à contraintes expérimentales. Mieux encore, l’écriture par fragments, avec son univers de flux affectifs en attente d’échos, accompagne la conversion numérique de l’expérience humaine : loin d’être l’empire de la banalité et de l’éphémère, le microblogging pousse la littérature à quitter les espaces pensés pour l’expression littéraire et à s’imposer à l’intérieur des dialogues sociaux.Microblogging—a brief, flowing, asynchronous writing of oneself—has not been a long time making Facebook or Twitter places for a literary writing. Diverting their device, it leads to forms submitted to experimental constraints. Better still, the fragmented writing, with its universe of affective flow awaiting to be echoed, goes together with the numerical conversion of human experience: far from being the empire of triteness and ephemeralness, microblogging induces literature to quit the fields thought for literary expression and intrudes itself on the inside of social relationships

    Echenoz biographe du vide

    Get PDF
    International audienceLes fictions biographiques encombrent désormais les vitrines de nos librairies. Avec sa trilogie, « suite de trois vies » pour la quatrième de couverture de Des éclairs, Ravel (une vie d'artiste, 2006), Courir (une vie de héros, celle du champion tchèque Zatopek, 2008) et Des éclairs (une vie de savant, celle de l'inventeur Nicola Tesla, 2010), Jean Echenoz n'a pas échappé à la mode de ces biographies conjecturales et souvent largement fictionnelles qui constituent un genre de fait du contemporain. Jouant la déconstruction des illustres ou au la magnification des minuscules contre le roman à thèse ou la biographie académique, le genre qui s'est arrogé en régime démocratique le champ d'une écriture égalitaire du l'unique, du singulier, de l'incomparable à travers des vies régies par la liberté de l'imagination, le parcours d'espaces intérieurs nouveaux, la passion pour des solutions existentielles atypiques. Des vies marginales et incertaines, opaques et étranges, aussi fameuses qu'elles soient : tels est le paysage biographique dans lequel je voudrais replacer pour mieux le comprendre les vies imaginaires d'Echenoz. Ainsi recontextualisée, cette trilogie nous confronte d'emblée à un paradoxe de l'histoire littéraire contemporaine : pourquoi le moment formaliste, où la littérature tend à jouer à l'infini de ses procédés, et l'époque postmoderne, où l'histoire littéraire vient constituer le substrat ou l'intrigue du récit, vient recourir au genre biographique, pourtant éminemment transitif, à la structure linaire, surdéterminé par son sujet, où les procédés ne devraient avoir comme finalité que l'accès à un autre, à un tiers ? Je défendrais l'idée que le roman ludique 1 d'Echenoz, si elle refuse la forme d'une série de biographèmes pour proposer des récits continus, cherche délibérément à louper et à vider délibérément le portrait ou la vie qu'il esquisse, à éviter scrupuleusement toute forme de réalisme psychologique, sociologique, ou autre, pour faire ostentation de son excentricité, de son incongruité : en cela par une manière analogique de se dérober, il rend hommage à ce que la vie humaine peut avoir autonome, d'obscure, de fermée. Pour Echenoz l'opacité (ou la fausse transparence) du récit font signe : par un mode de signification indirect mais indiciaire, les fictions biographiques d'Echenoz ne représentent pas la vie de leur personnage, elles mettent en regard de l'obscurité de la condition humaine et l'obscurité du geste esthétique

    Le tournant empirique des études littéraires

    Get PDF

    “On ne sait jamais rien du sort d’un livre” Théorie et pratique des best-sellers

    Get PDF
    Pour s’immuniser des aléas de l’édition, est née avec la littérature industrielle l’idée d’une rationalisation du succès littéraire grand public, qu’elle se nomme plan marketing ou sociologie des règles de l’art. Parallèlement, l’accessibilité inédite du roman à l’ère de l’auto-publication réalise la prophétie de Sainte-Beuve (“avec nos mœurs électorales, industrielles, tout le monde, une fois au moins dans sa vie, aura eu sa page, son discours, son prospectus, son toast, sera auteur”) entrainant la parution d’un nombre considérable de manuels de réussite littéraire, condensés de rhétorique ou nomenclatures de procédés pour page-turners -  jusqu’à la parodie récente d’Arnaud Demanche, Comment devenir le nouveau Marc Levy ? Alors que pointe à l’horizon la production de romans par des intelligences artificielles, la dernière mode est de confier l’objectivation des qualités structurelles, thématiques et stylistiques supposées des best-sellers aux Humanités numériques, ainsi que le proposent Jodie Archer et Matthew L. Jockers dans The Bestseller Code. C’est à un inventaire et un décodage de ces manuels, qu’ils soient descriptifs ou prescriptifs, que cet article voudra procéder

    "Je est tout le monde et n’importe qui” : les Microfictions de Régis Jauffret

    Get PDF
    Les cinq cents récits des Microfictions de Régis Jauffret qui sont autant d’autofictions de deux pages consacrés à des criminels, des fous ou des désespérés sont l’une des tentatives les plus extraordinaires de la littérature française pour expérimenter les limites des possibilités de compréhension d’autrui. En atomisant ainsi le je narratif, la première personne de celui qui parle, comme pulvérisée en des identités terrifiantes et incompossibles, les Microfictions me semblent organiser la liquidation de l’unité du sujet dans la découverte du caractère non seulement fugace et fragile mais avant tout arbitraire de notre identité et de notre être au monde.The five hundred stories in Régis Jauffret’s Microfictions –all two-page long autofictions devoted to criminals, insane or desperate people– represent one of the most extraordinary attempts in French literature to explore the limits of the possibilities of understanding the “other”. In atomizing the narrative “I”, which is broken-up into terrifying and incompatible identities, Microfictions orchestrates the dissolution of the subject’s unity through the discovery of the fleeting, fragile, and above all wholly arbitrary nature of our identity and our being in the world

    Reparar a los lectores

    Get PDF
    International audienc

    Introduction

    Get PDF
    Avec l’après-guerre, “un chapitre de l’histoire littéraire se clôt, dont la prodigieuse inventivité esthétique se sera déployée avec l’ ‘idée’ de figurer la pensée ‘dans notre espace’ ” note Laurent Jenny dans La fin de l’intériorité. Parmi les domaines délaissés par les tournants politiques puis formalistes de la seconde moitié du xxe siècle, la capacité du roman à représenter la vie psychique, aptitude dont Dorrit Cohn a fait le propre de la fiction et Eric Auerbach l’horizon du roman occid..
    corecore