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« De l'angĂ©lus de l'aube Ă l'angĂ©lus du soir » : ĂȘtre militante Ă temps plein dans les syndicats fĂ©minins chrĂ©tiens en France durant l'entre-deux-guerres
In France, female Christian unions were established through the will manifested by
women of Catholic social background to provide female workers and employees
with an autonomous, unmixed union organization, that is, an organization exclusively
for women and solidly Christian. From these female organizations emerged
some strong personalities, revealed to us through an analysis of their militant
careers. Following a biographical method, the author first provides a sociological
portrait of womenâs militantism and secondly chronicles the interwar careers of the
principal leaders of the female Christian unions. These careers are both exceptional,
yet typical of those of many female Christian unionists. In a society based on
unequal gender relations, female unions, as autonomous organizations, offered
women a forum that allowed them to escape the restrictions imposed on them while
encouraging the acquisition of skills that they used to good effect in the wider union
movement.Les syndicats féminins chrétiens en France naissent de la volonté manifestée par
des femmes issues des milieux catholiques sociaux de doter les ouvriĂšres et les
employĂ©es dâune organisation syndicale autonome et non mixte, câest-Ă -dire
regroupant exclusivement des femmes, et nettement chrétienne. De ses organisations
fĂ©minines ressortent des personnalitĂ©s fortes qui nous sont rĂ©vĂ©lĂ©es par lâanalyse
des parcours militants. Nous nous proposons de recourir à la méthode biographique
de façon Ă rendre compte, dâune part, du portrait sociologique du militantisme fĂ©minin
et, dâautre part, de lâitinĂ©raire des principales dirigeantes des syndicats
fĂ©minins chrĂ©tiens durant lâentre-deux-guerres. Ces itinĂ©raires sont Ă la fois exceptionnels
mais aussi exemplaires du parcours de nombreuses militantes féminines
chrétiennes. Dans une société basée sur des rapports sociaux de sexe inégalitaires,
les syndicats fĂ©minins en tant quâorganisations autonomes offrent aux militantes un
cadre qui leur permet dâĂ©chapper aux contraintes imposĂ©es Ă leur sexe tout en
favorisant lâacquisition de compĂ©tences quâelles utilisent de façon positive au sein
du mouvement syndical mixte
Une spiritualitĂ© de combat : des syndicalistes chrĂ©tiennes en France dans les annĂ©es 1900â1930
Le syndicalisme fĂ©minin chrĂ©tien reprĂ©sente un mouvement original dans le paysage syndical français de lâentre-deux-guerres. Pratiquant la nonâmixitĂ©, les organisations fĂ©minines ont favorisĂ© lâĂ©mergence de militantes dont lâaction a marquĂ© le mouvement syndical chrĂ©tien. Leur engagement est vĂ©cu comme un apostolat social au service dâun idĂ©al. Elles nâhĂ©sitent pas Ă proclamer haut et fort leur foi et Ă intĂ©grer, dans lâaction syndicale, les manifestations sensibles de la culture catholique. La mise en Ćuvre de ces discours et de ces pratiques forge leur engagement autour de lâaffirmation dâune foi militante, dans le cadre particulier de lâorganisation syndicale.Christian womenâs labour unions represent an original contribution to the world of French unions in the period between the two World Wars. For women only, these organizations favoured the emergence of a feminine militancy that indelibly marked the Christian labour movement. The activity of these women took the form of a social apostolate in the service of an ideal. They did not hesitate to publicly proclaim their faith and to integrate outward manifestations of their Catholic culture into their union activity. Putting into practice their discourse, they forged their engagement around the affirmation of a militant faith in the framework of a union organization
Les Débuts du syndicalisme féminin chrétien en France
De 1899 Ă 1944 naĂźt et se dĂ©veloppe en France un mouvement original et mĂ©connu, le syndicalisme fĂ©minin chrĂ©tien. Exclusivement fĂ©minines, ces organisations sont animĂ©es par un militantisme oĂč se mĂȘlent foi chrĂ©tienne, apostolat et doctrine sociale de l'Ăglise, centralitĂ© de la famille et refus de la lutte des classes. Tout en Ă©tant affiliĂ©s Ă la CFTC, les syndicats fĂ©minins chrĂ©tiens conservent une large autonomie organisationnelle qui favorise l'Ă©mergence de fortes personnalitĂ©s. Ces militantes dĂ©veloppent un discours et des pratiques axĂ©s sur la dĂ©fense du travail fĂ©minin mais aussi sur la possibilitĂ© pour les femmes mariĂ©es de rester au foyer. Entre conservatisme et modernitĂ©, les syndicalistes chrĂ©tiennes offrent une lecture du rĂŽle et de la place des femmes Ă partir d'un double schĂ©ma rĂ©fĂ©rentiel qui renvoie Ă leur expĂ©rience syndicale et Ă leur foi catholique. Ă la croisĂ©e de l'histoire des femmes et de l'histoire sociale, ce livre propose un regard critique sur une expĂ©rience singuliĂšre dans le paysage syndical français
Chapitre I. Une stratégie syndicale basée sur la signature de conventions collectives
I â Au lendemain de la PremiĂšre guerre mondiale : une action syndicale Ă dĂ©finir Au premier congrĂšs de la FĂ©dĂ©ration française des unions de syndicats professionnels fĂ©minins en fĂ©vrier 1918, les dĂ©lĂ©guĂ©es prĂ©sentes fixent clairement les buts de lâorganisation ainsi que lâaction Ă entreprendre pour les atteindre. Les objectifs des syndicats fĂ©minins visent dâabord Ă assurer un minimum de bien-ĂȘtre matĂ©riel Ă leurs membres, mais aussi Ă dĂ©fendre la dignitĂ© des travailleuses en augmentant leur ..