20 research outputs found

    Underneath the planes lies the « ramp » : sociology of the ground handling workers confronted with the rationalization of work

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    Cette recherche se propose d’analyser, Ă  partir du cas des ouvriers de l’assistance aĂ©roportuaire en piste en Île-de-France, le processus de modernisation du travail qui transforme les rĂ©gulations du travail et de l’emploi dans deux directions apparemment opposĂ©es: 1/ un mouvement de dĂ©rĂ©gulation, initiĂ© par les politiques de libĂ©ralisation du transport aĂ©rien, provoque la fragmentation des structures Ă©conomiques par l’externalisation des activitĂ©s d’assistance au sol et la dĂ©stabilisation des groupes professionnels. Au niveau des sociĂ©tĂ©s d’assistance en piste, la diffusion de l’emploi prĂ©caire et la gestion concurrentielle du personnel segmente le groupe ouvrier et en dĂ©stabilise les rĂ©gulations informelles. 2/ un retour des rĂ©gulations, en premier lieu de contrĂŽle suivant des orientations sĂ©curitaire dans une logique de prĂ©vention des risques et de discipline des salariĂ©s et industrielle selon un principe de flux tendu et une dĂ©marche qualitĂ©. Au niveau informel, se dĂ©veloppent arrangements et loyautĂ©s entre personnels d’exĂ©cution et d’encadrement, en rĂ©ponse Ă  l’intensification du travail et Ă  la prĂ©carisation de l’emploi. De nouvelles formes de solidaritĂ© entre ouvriers, de nature ethnique, gĂ©nĂ©rationnelle ou statutaire tendent Ă  se substituer Ă  la solidaritĂ© de mĂ©tier dĂ©faillante. Nous dĂ©fendrons alors la thĂšse suivante : dans le cadre du secteur libĂ©ralisĂ© et sous-traitĂ© de l’assistance en piste, les sociĂ©tĂ©s soumettent leurs salariĂ©s Ă  un rĂ©gime concurrentiel traduisant des logiques de marchĂ©, en rupture avec la rĂ©gulation prĂ©cĂ©dente. Afin d’éviter les effets contre-productifs de cette gestion du personnel et de garantir aux compagnies clientes une certaine « qualitĂ© de services », le management redĂ©finit une rĂ©gulation de contrĂŽle du travail plus contraignante fondĂ©e sur la responsabilitĂ© individuelle. Dans ce contexte, les ouvriers de piste parviennent Ă  tenir au travail par le biais de dĂ©fenses, de solidaritĂ©s ethniques et d’arrangements informels avec l’encadrement, mais au prix de souffrances individuelles et de la fragmentation du collectif de travail et de la rĂ©gulation autonome dont il est le support.This research aims at analyzing, based on the case of the ramp handling workers on Paris airports, the process of work rationalization which transforms work and employment regulations in two, apparently opposed, directions:1/ a deregulating motion, initiated by air transport liberalization policies, fragments the market structures through outsourcing ground handling services and destabilizes professional groups. The progress of insecure employment and competitive workforce management within ramp handling firms divides the work group and undermine its informal regulations. 2/ a regulatory fallout, first defined by the increase of the managerial control on work on security issues, to ensure risk prevention and workers discipline, and on industrial issues, to implement just in time production and quality management. Informal agreements and loyalties are formed between workers and supervisors to compensate work intensification and job insecurity. New models of solidarities at work of ethnic, generational and positional natures emerged in the context of the decline of the traditional professional culture. We will then defend the following argument: in the liberalized and outsourced sector of ground handling services, the management of the workforce evolved towards a higher degree of competition between employees reflecting the market pressure. So as to prevent the counter-productive effects of this human resources model and to ensure good service quality to the airline companies, managers redefine a more constraining set of work rules based on individual responsibility. Within this context, ramp agents manage to hold on at work by means of psychological defenses, ethnic bonding and informal loyalties with the supervisory staff, but at the price of individual sufferings and the fragmentation of the work group and its regulations

    Précaires sur les pistes aéroportuaires

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    Les politiques europĂ©ennes de dĂ©rĂ©glementation des transports aĂ©riens ont suscitĂ© un mouvement d’externalisation des activitĂ©s d’assistance en escale qui s’est accompagnĂ© d’une prĂ©carisation de l’emploi. En rĂ©ponse Ă  la segmentation des collectifs et Ă  l’incertitude relative Ă  la flexibilitĂ© du travail, les directions mettent en pratique une gestion de la main d’Ɠuvre de nature concurrentielle qui suscite en retour des relations informelles de nature paternaliste. Par ailleurs, le travail en piste est soumis Ă  des contraintes formelles accrues, procĂ©dant de rĂ©gulations sĂ©curitaire et industrielle, afin de garantir le contrĂŽle (mobilisation et qualitĂ©) sur l’activitĂ© des salariĂ©s pĂ©riphĂ©riques prĂ©carisĂ©s.European airline deregulation policies have led to greater outsourcing of ground handling services and caused in turn a casualisation of labour. Facing the segmentation of work groups and given the uncertainty that accompanies flexible work, management has started fomenting greater competition between workers, translating in turn into a return to informal paternalistic relationships. Runway work is also subject to more formal constraints nowadays, reflecting a series of security, safety and industrial regulations. The goal is to maintain mobilisation and quality control over the activities exercised by peripheral and casualised workers.Las polĂ­ticas europeas de desreglamentaciĂłn de los transportes aĂ©reos han suscitado un movimiento de externalizaciĂłn de las actividades de asistencia durante las escalas que ha ido acompañado de una precarizaciĂłn del empleo. Como respuesta a la segmentaciĂłn de los colectivos y a la incertidumbre asociada a la flexibilidad laboral, las direcciones ponen en prĂĄctica una gestiĂłn de la mano de obra de naturaleza competitiva que promueve unas relaciones informales de tipo paternalista. AdemĂĄs, el trabajo en las pistas estĂĄ sujeto a imperativos formales crecientes provenientes de regulaciones de seguridad e industriales, destinados a garantizar el control (movilizaciĂłn y calidad) sobre la actividad de los trabajadores perifĂ©ricos precarizados

    DerriÚre le masque du consensus
 Analyse des divergences syndicales autour des enjeux de santé mentale au travail

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    International audienceThis article questions the dissenting position of trade union organisations for employees on the challenges of mental health in the workplace by referring to the primary results of a sociological survey that was led, at a confederal level, on leaders of occupational health and on the formation of approximately ten trade unions, as well on a study of documents (congress documents, trade union reports, websites). It shows that there are also structural “traditional” fracture lines concerning economic challenges, such as employment and employees. These divisions prove to be minimally effective for understanding the differences and agreements in opinion with regard to mental health, both in the means of noting the factors explaining these health risks – notably the role played by the organisation of work and management – and in identifying the risks themselves. However, these rifts clearly resurface with regard to defining the means of action and, above all, the purposes for which these are taken. The trade union positions are organised according to a timeline from trying to foster agreement with employers to the need to build strong relationships to make meaningful changes in this area.Cet article questionne le positionnement revendicatif des organisations syndicales de salariĂ©s sur les enjeux de santĂ© mentale au travail en mobilisant les principaux rĂ©sultats d’une enquĂȘte sociologique menĂ©e, au niveau confĂ©dĂ©ral, auprĂšs des responsables de la santĂ© au travail et de la formation d’une dizaine de syndicats, ainsi que sur une Ă©tude documentaire (documents de congrĂšs, presse syndicale, sites internet). Il montre qu’aussi structurantes que puissent ĂȘtre les lignes de fracture « traditionnelles » instituĂ©es sur les enjeux Ă©conomiques comme l’emploi ou les salaires, ces oppositions s’avĂšrent peu opĂ©rantes pour comprendre les divergences et convergences en matiĂšre de santĂ© mentale, aussi bien dans la maniĂšre de dĂ©signer les facteurs explicatifs de ces risques de santĂ© – notamment le rĂŽle jouĂ© par l’organisation du travail et le management – que de nommer les risques eux-mĂȘmes. Ces clivages ressurgissent toutefois nettement concernant la dĂ©finition des modalitĂ©s d’action et, surtout, des finalitĂ©s poursuivies Ă  travers elles. Les positions syndicales s’ordonnent alors selon un continuum allant du projet de convergence avec les employeurs Ă  la nĂ©cessitĂ© de construire des rapports de force pour obtenir des avancĂ©es sur le sujet

    À l’assaut du travail rĂ©el. Ce que la santĂ© mentale fait au syndicalisme

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    International audienceCet article questionne le rapport des syndicats français Ă  la santĂ© mentale au travail dans la pĂ©riode 2000-2022. Il s’appuie sur les principaux rĂ©sultats d’une enquĂȘte conduite entre 2020 et 2022, par le biais d’entretiens auprĂšs de responsables en charge de cette question (aux niveaux confĂ©dĂ©ral, fĂ©dĂ©ral et local), par des observations de formations et journĂ©es d’études syndicales, et par une analyse documentaire. Il montre que, depuis les annĂ©es 2000, les syndicats ont largement investi le champ de la santĂ© au travail, s’appropriant, de diverses maniĂšres, des savoirs acadĂ©miques variĂ©s. Tout en veillant Ă  conserver une autonomie face aux « expert·e·s » et aux scientifiques, les organisations d’orientation contestataire s’emploient Ă  mobiliser les analyses du travail rĂ©el et de l’activitĂ© pour transformer leur travail militant dans le sens d’une dĂ©marche « ascendante » . Les organisations de tradition rĂ©formiste mobilisent davantage ces nouvelles compĂ©tences pour mieux influencer les nĂ©gociations avec le patronat. L’article montre ainsi que la santĂ© mentale au travail est progressivement devenue un objet politique Ă  part entiĂšre pour les syndicats français, mais qui demeure vulnĂ©rable aux conjonctures politiques, Ă©conomiques et sociales

    A Soluble Metabolon Synthesizes the Isoprenoid Lipid Ubiquinone

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    International audienceUbiquinone (UQ) is a polyprenylated lipid that is conserved from bacteria to humans and is crucial to cellular respiration. How the cell orchestrates the efficient synthesis of UQ, which involves the modification of extremely hydrophobic substrates by multiple sequential enzymes, remains an unresolved issue. Here, we demonstrate that seven Ubi proteins form the Ubi complex, a stable metabolon that catalyzes the last six reactions of the UQ biosynthetic pathway in Escherichia coli. The SCP2 domain of UbiJ forms an extended hydrophobic cavity that binds UQ intermediates inside the 1 MDa Ubi complex. We purify the Ubi complex from cytoplasmic extracts and demonstrate that UQ biosynthesis occurs in this fraction, challenging the current thinking of a membrane-associated biosynthetic process. Collectively, our results document a rare case of stable metabolon and highlight how the supramolecular organization of soluble enzymes allows the modification of hydrophobic substrates in a hydrophilic environment

    Conflictualités ordinaires au travail

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    Le capitalisme se transforme en permanence, les conflits qui le traversent Ă©voluent en retour : les dĂ©marches scientifiques pour en rendre compte se modifient aussi. C’est plutĂŽt de ces modifications et des changements d’angle de vue dont rend compte le Corpus de ce numĂ©ro de la Nouvelle Revue du Travail. D’une part, il confirme le constat d’un renouveau de l’attention des chercheurs pour la thĂ©matique des conflits du travail et, d’autre part, il alimente le glissement d’une prioritĂ© accordĂ©e aux mouvements sociaux traditionnels gĂ©nĂ©ralement animĂ©s par les syndicats, vers des prĂ©occupations moins visibles telles que les rĂ©sistances aux formes rĂ©novĂ©es de l’organisation du travail ou aux mĂ©thodes managĂ©riales de mobilisation des travailleurs. Ce Corpus interroge comment les rĂ©sistances « inorganisĂ©es » au travail se substituent, s’allient, complĂštent ou prĂ©parent des protestations collectives mieux connues car traditionnelles. Pour ce faire, les articles portent sur les possibles et les contraintes en fonction desquels les rĂ©sistances individuelles et collectives au travail se dĂ©veloppent dans des mondes du travail situĂ©s Ă  distance plus ou moins importante des grandes organisations privĂ©es ou publiques qui ont formĂ© et qui forment encore le contexte d’action et la base sociale du mouvement syndical. Les terrains d’analyse se diversifient pour traiter des petites ou des trĂšs petites entreprises (bĂątiment, coiffure...), des firmes de la nouvelle Ă©conomie (start up, chauffeurs de VTC) ou des employĂ©s de maison. Ce renouveau —qui n’écrase pas l’ancien— prend en compte la diversification croissante des conditions d’exercice du travail : des salariĂ©s titulaires de diplĂŽmes de l’enseignement supĂ©rieur se retrouvent face aux mĂȘmes problĂšmes que des personnels moins qualifiĂ©s ; ils doivent dĂ©jouer des mĂ©thodes de management sans cesse remaniĂ©es pour masquer la subordination au travail (des salariĂ©s comme des travailleurs indĂ©pendants). Les formes de rĂ©sistances ou de contestations individuelles et collectives s’adaptent Ă  ces milieux remodelĂ©s. Comme l’indique la prĂ©sentation du Corpus, « la mise en perspective des recherches rĂ©unies dans ce dossier n’est pas simplement utile pour rendre compte de la diversitĂ© des voies que peuvent emprunter les salariĂ©s pour rĂ©sister Ă  l’emprise de la domination patronale, Ă  dĂ©faut de pouvoir la remettre en cause. Elle est Ă©galement heuristique pour saisir les mĂ©canismes sociaux et organisationnels par lesquels se redĂ©finissent, Ă  l’épreuve des nouvelles conditions d’emploi, les possibilitĂ©s, les formes et les enjeux de ces modes de rĂ©sistance « infra-syndicale » au travail, et les modalitĂ©s de leur articulation aux formes plus classiques de l’action collective ». La Controverse interroge le paradoxe de l’apparition du mouvement #MeToo dans les milieux professionnels des mĂ©dias et la quasi disparition des questions du travail et des relations de travail dans son dĂ©veloppement. Trois sociologues et politistes mettent en perspectives ce mouvement et ses dĂ©clinaisons. Si le monde du travail en est un des foyers, la discussion croisĂ©e entre ces trois contributions souligne que la remise en cause des rapports sociaux de genre dĂ©passe le travail et se dĂ©ploie dans de multiples sphĂšres sociales de la sociĂ©tĂ©. Dans la rubrique Varia, le premier article dĂ©crit la maniĂšre dont l’amĂ©nagement de l’espace et le fonctionnement de quatre nouvelles prisons françaises impactent de maniĂšre significative le travail des personnels de surveillance. En fragilisant les collectifs de travail, la rĂ©organisation du travail, liĂ©e aux nouveaux espaces, suscite de leur part des apprĂ©ciations critiques tant elle a modifiĂ© leurs relations de travail. La rĂ©duction des interactions entre surveillants et dĂ©tenus et la difficultĂ© de l’administration pĂ©nitentiaire Ă  repenser les missions des surveillants sont gĂ©nĂ©ratrices d’un vĂ©ritable mal-ĂȘtre au travail. Le second article soutient la thĂšse que le travail est productif de valeur dans les services monĂ©taires non marchands. Contre des thĂšses plutĂŽt dominantes, l’auteur montre que le travail rĂ©alisĂ© dans ce secteur est productif de valeur qui n’est pas soustraite au secteur marchand, mais qui s’y ajoute. En appliquant le concept de « validation sociale » de Marx, il dĂ©fend l’idĂ©e que ce travail est validĂ© par dĂ©cision collective. L’article discute cette thĂšse contre la conception libĂ©rale et contre la conception marxiste traditionnelle. Le troisiĂšme article prĂ©sente la retraite des cheminots, Ă©lĂ©ment constitutif de leur statut, comme une innovation sociale majeure qui s’est installĂ©e progressivement depuis le XIXe siĂšcle pour assurer la continuitĂ© de leur salaire. Dans le contexte europĂ©en actuel de libĂ©ralisation du secteur ferroviaire, les conservateurs français ont dĂ©cidĂ© de faire disparaĂźtre le statut des cheminots et cette pension : l’auteur considĂšre, au contraire, qu’il y a lĂ  une source d’inspiration pour des droits sociaux Ă  venir. Dans Champs et Contrechamps, le photographe SĂ©bastien Calvet, interrogĂ© par la NRT, souligne combien le mĂ©tier de photographe de presse dans le champ politique ne se limite pas Ă  des prises de vue : il combine des pĂ©riodes d’incertitude, des phases de nĂ©gociations et des moments d’improvisation oĂč il faut faire preuve de talent photographique, de sens des rapports de force et d’intuition de l’instant. Il s’agit d’une pratique sociale autant que d’une pratique photographique : l’anticipation a autant d’importance que l’information, et les logiques Ă©ditoriales l’emportent souvent sur les intentions du photographe. Des photographies de S. Calvet prises durant la campagne Ă©lectorale de François Hollande pour LibĂ©ration confirment l’argumentation dĂ©veloppĂ©e. MatĂ©riaux propose une note de recherche sur un « Observatoire des luttes de la CGT » qui s’est dĂ©veloppĂ© au sein de cette organisation au milieu des annĂ©es 1990. Des conditions de sa crĂ©ation aux raisons pratiques et militantes qui ont entravĂ© sa mise en Ɠuvre et rapidement abouti Ă  son abandon, l’article utilise des sources jamais publiĂ©es. Il donne Ă  voir l’évolution du rapport Ă  l’action collective des dirigeants de la CGT et rĂ©vĂšle Ă©galement leurs difficultĂ©s Ă  se doter d’indicateurs de suivi de l’activitĂ© de leurs militants et Ă  se saisir des conflits ordinaires du travail, pour s’en faire les relais. Ce faisant, cette expĂ©rience illustre l’asymĂ©trie des ressources dont disposent les organisations syndicales et patronales sur le terrain de la production d’expertises Ă©conomiques et sociales. Ce numĂ©ro 15 de la Nouvelle Revue du Travail se termine par pas moins de treize recensions et notes de lecture qui participent au dĂ©bat des idĂ©es

    Quel dialogue social ?

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    Le chamboulement des relations professionnelles en France continue. D’un cĂŽtĂ© l’État dit vouloir moderniser les relations sociales pour les rendre plus efficaces, tout en cherchant Ă  contourner les rĂ©gulations centralisĂ©es, le Code du travail voire les forces syndicales elles-mĂȘmes via le recours accru au rĂ©fĂ©rendum d’entreprise. De l’autre, le patronat qui trouve que les rĂ©formes ne vont jamais assez loin dans la dĂ©rĂ©gulation en matiĂšre de flexibilisation des emplois et de rĂ©duction des coĂ»ts du travail. Enfin, un syndicalisme quelque peu divisĂ©, mais aussi Ă©cornĂ© par des pratiques quotidiennes antisyndicales dans nombre d’entreprises ou d’administration : promotion des cadres syndicaux potentiels, sĂ©grĂ©gation des syndicalistes rĂ©pression... Dans ce chantier permanent, oĂč l’on dĂ©bat aussi de la reprĂ©sentativitĂ© des organisations syndicales des salariĂ©s et des patrons, un empilement de textes rend illisible le principe d’articulation des niveaux de la nĂ©gociation et la possibilitĂ© ou non de dĂ©roger Ă  un accord de niveau supĂ©rieur. Enfin, les gouvernements successifs font glisser les enjeux des nĂ©gociations collectives de branche – lĂ  oĂč la reprĂ©sentation syndicale est instituĂ©e – vers le « dialogue social » d’entreprise, lĂ  oĂč les syndicats sont quelques fois affaiblis, voire inexistants dans les plus petites. Le rejet de la loi Travail en 2016 repose largement sur ce refus du transfert des lieux de nĂ©gociations essentielles : en effet, en France, le syndicalisme d’entreprise est bien moins Ă©tabli que dans les pays anglo-saxons par exemple. Le Corpus de ce numĂ©ro de La Nouvelle Revue du Travail analyse finement les significations de la prioritĂ© accordĂ©e aux nĂ©gociations d’entreprise Ă  partir de quelques cas emblĂ©matiques. Il donne aussi la parole Ă  deux juristes expertes en la matiĂšre avant de proposer un texte inĂ©dit en français de J. T. Dunlop et W. F. Whyte sur les relations professionnelles dans l’AmĂ©rique de l’aprĂšs-guerre. La Controverse a quelques liens avec ce Corpus puisqu’elle traite de la situation structurelle du chĂŽmage en France et de l’éventuel retour vers le plein emploi, en interrogeant la nature de ce plein emploi. Trois Ă©conomistes aux orientations trĂšs contrastĂ©es analysent les causes du chĂŽmage et proposent des issues : des solutions libĂ©rales Ă  celles accompagnant une autre croissance en passant par le keynĂ©sianisme, le lecteur se trouve confrontĂ© Ă  un impossible dialogue. C’est aussi sur l’emploi que porte la rubrique Champs et contrechamps, en dĂ©cortiquant deux documentaires (PĂŽle emploi ne quittez pas et Les RĂšgles du jeu) sur deux services d’aide au retour Ă  l’emploi. Deux modalitĂ©s, l’une publique, l’autre privĂ©e, toutes deux financĂ©es par le service public, avec deux types d’approches et des moyens inĂ©gaux : de quoi percevoir la « modernisation » en cours des services publics et les dĂ©faillances qui en dĂ©coulent pour les agents comme pour les usagers. La rubrique Varia revient, dans deux articles, sur la prĂ©caritĂ© et surtout sur ses fondements puis sur sa gestion dans deux secteurs bien diffĂ©rents : le travail ouvrier sur les pistes aĂ©roportuaires, de plus en plus sous-traitĂ©, et le dĂ©veloppement des indĂ©pendants dans le transport routier en Espagne, lequel conduit l’auteur Ă  dĂ©fendre le concept d’auto-exploitation. Dans MatĂ©riaux, nous interrogeons longuement Jean, ancien cadre dirigeant devenu Ă©bĂ©niste : qu’est-ce que manager dans une multinationale ? Avec une formation de Gadzarts, comment, en mĂȘme temps, faire face aux difficultĂ©s quotidiennes du terrain et affronter PDG et actionnaires ? Enfin une quinzaine de recensions ou de notes de lecture prĂ©sentent des ouvrages que nous avons eu plaisir Ă  discuter
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