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    La force et le charme de la trace : un projet de portrait photographique

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    La recherche présentée dans cette thèse répond à la question fondamentale suivante: que peut-on donner à voir, dans une image, qui ne se livre pas à la vision physiologique directe? Autrement dit, pourquoi regarder une oeuvre plutôt que directement son référent? Question plus délicate encore lorsqu'il s'agit d'une image photographique. La recherche est ordonnée en deux parties. La première, intitulée La force et le charme de la trace, prolégomènes à un projet de portrait photographique, tente de répondre à la sous-question: pourquoi photographier? en proposant une approche apologétique de l'image optique fixe enregistrée, fondée sur une poïétique, c'est-à-dire sur une connaissance phénoménologique sensible qui m'est propre, en tant qu'opérateur. J'ai réservé une place de choix à la machine photographique, en mettant en évidence la sensorialité de l'opérateur, qui «regarde voir» sa machine, découvrant ainsi une fonction haptique visuelle. Le produit de la machine, le tirage, est aussi examiné dans la perspective d'une caractéristique sensorielle peu connue que je nomme la «pâte photographique». La seconde partie, intitulée Un projet de portrait photographique, propose une «chaîne de réflexions» sur le portrait, qui s'allie à la genèse de mon projet et en explicite les fondements, tout en répondant à une deuxième sous-question: pourquoi faire du portrait ? Le premier élément porte sur le portrait, tous médiums confondus, qui dégage les embrayeurs (facteurs moteurs) du portrait en soi et montre comment s'incarne la «pulsion portraiturante» et quels sont ses moyens opératoires; j'examine ensuite sur le portrait sculpté, tel que je l'ai pratiqué, qui m'avait conduit à la découverte de la «gravité», état ontologique plutôt que psychologique, que j'avais pu observer alors sur le visage de mes modèles. Cette gravité, ce «quelque chose» venant du tréfonds, quasi invisible dans la vie courante, avait une double particularité: son universalité et sa répétition. Puis, j'aborde le portrait peint, par le truchement de Giacometti, dont l'apport majeur à mon projet est constitué par sa recherche acharnée de «densification» (accroissement de la présence, de la consistance). Vient ensuite le portrait photographique en soi, tous auteurs confondus, dont je dégage les spécificités, celles-là mêmes qui ont été mises en oeuvre dans mon projet, notamment l'intrusion d'une machine dans un dispositif de portrait et les peurs qu'elle peut engendrer. Le fait qu'elle recueille le «don de photons» du référent dérange autant qu'il fascine, comme en font foi les réflexions des premiers photographiés. La chaîne se termine par l'examen attentif du travail d'un photographe: Davidson, New York, East 100th Street, travail qui constitue un apport majeur à mon projet, entre autres, par le concept opératoire d'installation dans la durée, permettant l'immobilité, donc la non-instantanéité,\ud notion qui institue un lien entre le portrait sculpté et le portrait photographique: il est possible d'abolir l'expression fugitive en photographie, d'y restaurer l'idée de non-événement. Cet apport majeur, en relation avec un événement personnel important et la remémoration de la découverte de la gravité, va donner naissance à mon projet de portrait photographique. Ce projet est essentiellement une quête de la gravité. Ce qui fut une apparition inattendue dans l'atelier du sculpteur s'est métamorphosé en une recherche active, exécutée en photographie, avec des concepts opératoires ayant migré de la sculpture mais avec aussi d'autres concepts propres, créés en lien étroit avec la réflexion sur la photographie dont il est fait état dans les Prolégomènes. Il a d'abord fallu déjouer un paradoxe: avant de pouvoir photographier la gravité, il est nécessaire qu'elle apparaisse sur le visage. Or, la présence autant que les pouvoirs de la machine photographique tendent à occulter cet état profond de l'être, que permettait la vacuité vécue par le modèle du sculpteur. Autrement dit, c'est dans l'inaction qu'apparaissait la gravité, alors que le modèle du photographe -que je nomme, pour cette raison, le référent -est normalement actif par le fait de son auto-inscription sur la surface sensible. Il s'agit donc de déjouer la «volonté d'inscription» par quelques stratégies, dominées par une demande: cesser d'émettre des signes, mais tout en restant présent et conscient de l'opération, ce qui constitue une gageure de la part du photographié et explique en partie la petite quantité de vues répondant aux visées du projet. Pour faire passer la gravité d'un impondérable apparemment fugitif à une réalité plastique inscrite dans la durée, s'incarnant dans un tirage photographique que je nomme la vue majeure, il faut ajouter l'opération de densification, qui devrait se jouer simultanément dans deux registres: une présence accrue de la gravité en tant qu'état du référent, actualisée dans une présence accrue de l'image photographique en tant qu'oeuvre. Neuf vues majeures se dégagent des quelque cinq mille deux cents vues effectuées depuis 1994 avec cinquante et un participants. Concrètement, j'opère au moyen de séances répétées, avec un dispositif volontairement dépouillé (aucune composition : posture rigoureusement frontale; fond neutre ; éclairage normalisé ; vêtements neutres ; aucun bijou), avec la même personne, parfois durant plusieurs mois, voire plusieurs années. La vue majeure pourrait se définir comme étant une image capable de livrer des qualités et des densités plastiques équivalentes aux qualités et à la densité de présence des protagonistes, avec une «métaqualité» : celle d'une monstration de la gravité. Plus précisément, pour montrer : premièrement, l'abolition d'une «distance» (psychique) entre le référent, l'opérateur et la chambre optique; secondement, l'unification de deux éléments-clefs du visage que sont les yeux et la bouche lorsqu'ils sont accordés entre eux, liés dans une même présence. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L'AUTEUR: photographie, portrait photographique, densification, durée, gravité, haptique visuelle, image optique native, non-instantanéité, pâte photographique, peur (de la machine), répétition, sensorialité de l'opérateur, trace (charme et gestion), verre dépoli

    L'APPRENTISSAGE DU VIOLON À LA CROISÉE DE L'ÉCOLE RATIONALISTE FRANÇAISE ET DE L'ÉCOLE PRAGMATISTE SUZUKI

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    The thesis, a volume of 466 pages, including a dozen pages of bibliography is organized in three parts spread over eight chapters, with an introduction and a conclusion. The introduction describes a path at the intersection of music and philosophy, on one side with graduate training in violin, the other in the encounter with phenomenology through the thought of Antonio Banfi in Italy. This dual experience motivates the theoretical impulse of all, leading to build in the first part of an empirical phenomenology which, in the field of art, would be attentive to the execution of works and instrumental technique. This requirement extends, in the thesis, a precise and concrete way through the confrontation of two methods of learning the violin, which are opposite to each other at all levels: on one hand the method of Pierre Baillot and the other that of Shinichi Suzuki. The first outcome of the sphere of the Paris Conservatoire just before the mid-nineteenth century, values the professionalism and selection, written music and playing the score; the other, carried by ancestral values of spirituality, belongs to Japan after the Second World War and advocates music for all, in its ability to transform the lives of everyone. Similar to the mother tongue, with the emotions that this implies, the music is so learned in any other way that where, as in Baillot, an analytical design and discipline prevails: listening, oral and beautiful sound are, in Suzuki, the main springs of the method. The interest of the thesis is however not to stay in generalities about it and getting into sharpened descriptions of all aspects of learning: stages of progression, body postures, taking account of singing and voice are all elements that contribute to the construction of the vis-\ue0-vis between the two methods, in important chapters IV to VI. A huge number of examples is used as a document from the literature of treaties and revived in the light of experience

    Étude comparative de l'accrochage scolaire des enfants placés en France et en Angleterre: La suppléance familiale à l'épreuve de la question scolaire

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    Research has regularly pointed at the poor achievement of Looked after children incomparison with the rest of the population. This comparative research between France and Englandfocuses on residential care: the main dimensions of parenting are attributed to a team composed ofprofessionals. We analyse this social and family reconfiguration in order to apprehend the logic andprocesses which underlie the educational pathways of children in care and their support when undercare. Our interactionist approach uses a comprehensive methodology in order to enhance the analysisand the knowledge on this population, particularly to understand why some of these children achievesuccess at school despite the accumulation of difficulties. We develop the concept of schoolpersistence as the peak of a set of long and complex processes which are combined. The main part ofour data is obtained through a hundred of semi-structured face-to-face interviews and observationwork into eight long-term children's home over a period of several months. This research improves theunderstanding on this organization as a new frame of socialization. We study the practices of, theircommitment in education and towards the development of professional perspectives for children. Carein children's homes tends to confirm and reinforce the children's underachievement from the beginningof the care placement in the sense that it maintains educational inequalities due to its structure andsocialization processes that are distant from those which can be observed at school.Les recherches sur les enfants placés par les services sociaux indiquent qu'ils ont desdifficultés scolaires plus fréquentes et plus importantes que le reste de la population. Cette recherchecomparative entre la France et l'Angleterre se concentre sur les accueils en établissement : lasuppléance familiale est ici exercée par une équipe de professionnels. Nous analysons cettereconfiguration sociale et familiale afin de mieux appréhender les logiques et les processus qui soustendentles parcours scolaires des enfants placés et leur accompagnement dans le cadre du placement.Notre approche, interactionniste, adopte une démarche compréhensive qui permet d'affiner l'analyse etdonc les connaissances sur la population, et notamment de comprendre pourquoi certains réussissentmalgré le cumul des difficultés rencontrées. Nous nous appuyons sur le concept d'accrochage scolairecomme le point culminant d'un ensemble de processus longs et complexes qui se combinent entre eux.La partie principale de notre corpus est composée d'une centaine d'entretiens individuels et semidirigéset d'observations participantes menées sur plusieurs mois au sein de huit établissements enFrance et en Angleterre. Cette recherche permet d'avoir une meilleure compréhension de ce nouveaucadre de socialisation. Nous étudions les pratiques des professionnels, leur investissement sur laquestion scolaire et sur l'élaboration des projets professionnels. Le placement tend à confirmer etconsolider les carrières scolaires des jeunes dès leur entrée dans la prise en charge et à entretenir lesinégalités scolaires par sa structure et par des modes de socialisation éloignés des modes scolaires

    La dépendance moderne de l'homme envers la technique

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    La technique est conaturelle à l'homme. Toute vie en société suppose une activité technique différenciée, source de la division du travail. La technique agit ainsi comme une médiation entre l'apreté de la vie soumise aux aléas du milieu naturel et les besoins humains. Or avec la Modernité, cette tendance médiatrice s'est systématisée. La thèse ici présentée affirmera que cette médiation technique, à partir d'un seuil atteint à partir de la révolution industrielle en Occident, tendra à tomber dans la contre-productivité; les catégories d'action sociales qui jadis étaient rendues possibles par la division du travail technique sont désormais rendues de plus en plus indifférenciées parce que la technique moderne, en vertu de son caractère systémique, tend à faire disparaître les spécificités l'action technique différenciée. Non seulement l'omniprésence du phénomène technique moderne risque de compromettre l'architecture sociale des sociétés modernes mais aussi la possibilité pour l'être humain de faire valoir son ultime spécificité; l'action éthique

    Du sémiotique au somatique : pour une approche neuroesthétique de la lecture empathique

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    Plongé dans une fiction littéraire, le lecteur peut faire l'expérience de sensations somesthésiques. Cette expérience, que nous appelons « lecture empathique », est l'objet de cette thèse. Il est difficile de l'expliquer à l'aide des théories de la lecture et de l'interprétation qui ignorent le rôle du biologique dans les processus de construction de la signification. C'est pourquoi nous proposons d'adopter une approche neuroesthétique dans laquelle le sens émerge de l'interrelation entre la cognition et la sensori-motricité que reconnaissent de nombreux philosophes, neurologues et psychologues contemporains. Cette approche interdisciplinaire constitue un des apports scientifiques de cette thèse, laquelle confronte la pensée littéraire et sémiotique à la complexité d'une réalité empirique ne cadrant pas toujours avec ses théories. À travers cette confrontation, ainsi que par l'analyse d'un corpus réunissant quatre auteurs américains contemporains, la lecture empathique apparaît comme un phénomène dont les aspects varient en fonction des caractéristiques formelles des œuvres qui la suscitent, des prédispositions physiologiques et psychologiques du lecteur, ainsi que du contexte de lecture. Il faut ainsi concevoir la lecture empathique comme un ensemble de pratiques qui s'étendent d'une lecture presque hallucinatoire, où le lecteur s'immerge complètement dans l'univers fictionnel et fait l'expérience étonnante de sensations fantômes, jusqu'à une mobilisation inconsciente du sensori-moteur dans le traitement sémantique du langage écrit. Cette mobilisation inconsciente forme la version faible, diffuse et générale de la lecture empathique. Elle s'explique par le fait que, si l'on en croit les chercheurs défendant une conception incarnée de la cognition, la compréhension d'un concept - et à plus forte raison d'un concept mis en scène dans un récit - implique l'activation de simulations neuronales sensori-motrices. Mais comment passe-t-on de ces simulations inconscientes à l'expérience de sensations fantômes, vécues par un corps hybride faisant interface entre le sémiotique et le somatique? Parce que les sensations peuvent advenir à la conscience sans stimulus en provenance du système nerveux périphérique, il est possible de concevoir que le lecteur empathique puisse entrer en résonance avec les formes sensorielles véhiculées par un texte littéraire. L'intensité de cette expérience empathique dépend notamment du niveau d'implication psychique du lecteur dans cette fiction, de sa capacité et de son désir de s'abandonner au texte, à sa voix et à ses images. Le texte doit, de son côté, créer ce désir puis guider le lecteur à travers un langage riche en sensations. C'est ce qu'accomplit le roman autobiographique de James Frey, A Million Little Pieces. Cette œuvre produit l'équivalent littéraire de la réception des body genres cinématographiques où le corps du spectateur reproduit de manière presque involontaire l'état sensoriel du personnage qu'il contemple. Si la narration de A Million Little Pieces favorise, à travers son expression presque onomatopoiétique de la douleur, une expérience somesthésique de la fiction, le roman Guide, de Dennis Cooper, pousse le lecteur vers un rapport intellectuel et optique (non haptique) aux corps érotiques ou souffrants de ses personnages. De même, et contrairement à sa nouvelle Guts qui met en place une didactique somesthésique efficace, les romans Survivor et Choke, de Chuck Palahniuk, se prêtent mal à la lecture empathique. Pourtant, la perspective d'une littérature capable de toucher physiquement son lecteur apparaît, dans ces œuvres, comme une force capable de contrer la dissolution postmodeme du sens et de la sensation. La perspective de la lecture empathique, et plus généralement celle d'une littérature physicaliste, revêt donc chez Palahniuk un caractère politique. Ce caractère devient métaphysique dans House of Leaves, de Mark Z. Danielewski, un roman que dynamise la possibilité d'une incarnation corporelle de la fiction, incarnation menaçante (puisque prenant la forme d'un monstre métaleptique) qu'il promet à son lecteur en échange de son investissement interprétatif. En mettant l'accent sur l'expérience de ces œuvres littéraires plutôt que sur leur interprétation, le modèle de la lecture empathique développé dans cette thèse permet de repenser la question de leur valeur artistique en termes de puissance sensorielle plutôt que de stimulation cognitive ou d'innovation formelle et générique. Ce modèle fait donc plus que de décrire un phénomène : il revalorise l'effet sensoriel et l'immersion fictionnelle, dessinant ainsi le projet d'une technique de lecture qui vise à intensifier la participation corporelle du lecteur dans son expérience de la fiction littéraire. \ud ______________________________________________________________________________ \ud MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Théorie de la lecture, Neurologie et littérature, Théorie de la fiction, Littérature américaine contemporaine, Cognition incarnée, Empathie, Simulation, Immersio

    Nature humaine et anarchie (la pensée de Pierre Kropotkine)

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    L'ambition qui préside à l'élaboration de ce travail est double : d'abord confronter une lecture précise de Kropotkine (1842-1921) à ce qu'en dit le post-anarchisme, lequel se fait fort de renouveler la compréhension de l'anarchisme à l'aide des outils légués par les auteurs post-modernes français ; ensuite reprendre le dossier de l'antinaturalisme dans la critique sociale. Nous soutenons dans cette thèse que loin de manifester une impasse pour tout discours qui voudrait dessiner les voies d'un changement radical de société, la notion de nature humaine telle que l'emploie Kropotkine offre de nombreux outils pour œuvrer dans cette direction. À la fois géographe et évolutionniste, Kropotkine ouvre la nature humaine en direction de la nature globale, et plus précisément du legs coopératif de l'évolution des espèces, à l'inverse de toute crispation essentialiste. C'est sur ce legs sans cesse retravaillé en fonction des contextes dans lesquels l'humain est conduit à vivre qu'il convient de s'appuyer pour contrer les effets de réductionnismes ruineux tels que le darwinisme social ou la sociobiologie. Conformément à la dimension fondationnaliste de la pensée de Kropotkine, la thèse s'organise de manière systématique autour de la notion de nature humaine . Après avoir posé les bases scientifiques de l'anarchie (I) nous travaillons les thèmes darwiniens de l'œuvre kropotkinienne (II). Le socle théorique est alors consistant afin d'établir des conséquences pratiques, du côté de la politique, de l'économie et de l'urbanisme (III). À l'intérieur du contexte ainsi défini, c'est aux réalisations supérieures de la morale et de l'art que nous finissons par nous intéresser (IV).This work deals with two main issues : first, it focuses on the way post-anarchism, which claims renewing the understanding of anarchism through the use of french post-modernists' concepts, depicts P. Kropotkin's thought ; second, it addresses the anti-naturalistic trend within the frame of social criticism. We argue that far from standing as a hindrance to supporting radical social change, Kropotkin's view of human nature yields many tools in order to fuel such a change. Both a geographer and an evolutionist, Kropotkin includes human nature within the overall frame of nature itself, specifically within the evolution of species' cooperative legacy. This legacy has been continuously shaped within the different living contexts built by human being throughout his history. So there's nothing static about human nature, and the ever-evolving cooperative legacy provides tools to criticize reductionist ways of thinking such as social darwinism or sociobiology. According to Kropotkin's foundationalist bias, the thesis is systematically organized around the notion of human nature . First, we lay the scientific basis of anarchy (Part I), then we focus on darwinian themes (Part II). Once firmly grounded, Kropotkin's thought unfolds more accurately its practical consequences, addressing politics, economy and city planning (Part III). These three domains give shape to the contexts within which ethics and art should bring out the best in human nature (Part IV).LYON-BIU-LSH (693872101) / SudocSudocFranceF
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