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    Retenue de la violence et amour des droits de l’homme et du citoyen (1789-1792)

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    Alors qu’une partie de l’anthropologie et de l’historiographie actuelle, arrimĂ©e Ă  la psychanalyse, fait des rĂ©volutionnaires français des ĂȘtres de pulsions violentes et mortifĂšres, cet article veut montrer que non seulement les rĂ©volutionnaires sont capables de retenue de la violence mais que leur amour de la DĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen est nouĂ©e Ă  un amour de la vie comme belle journĂ©e de la vie et comme vie politique. En s’appuyant sur le journal rĂ©volutionnaire Le moniteur universel, cet article montre que les rĂ©volutionnaires français ont dĂ©sirĂ© une rĂ©volution non violente, qu’ils l’ont rĂ©flĂ©chi, prĂ©parĂ© et agi dans des lieux du politique oĂč la politisation a Ă©tĂ© particuliĂšrement intense. Textes pĂ©titionnaires et fĂȘtes civiques tĂ©moignent de cet amour du droit qui ne dissocie pas les Ă©motions de la raison.Modern anthropology and historiography, with their psychoanalytic influences, have often described the French revolutionaries as having had violent, deadly tendencies. This article attempts to demonstrate that the revolutionaries, in addition to being capable of controlling the violence, had a love for the Declaration of Human and Citizen Rights that was linked to their love of life, as in a beautiful day in someone’s life but also as in political life. Based on an examination of the revolutionary journal Le moniteur universel, this article shows that the French revolutionaries aspired to a non-violent revolution, and that they deliberated, prepared, and acted in political places where the politicization was particularly intense. Petitions and civic festivities bore witness to a love of rights that did not separate emotions from reason.Mientras que una parte de la antropologĂ­a y de la historiografĂ­a actual, estibada en el psicoanĂĄlisis, convierte a los revolucionarios franceses en seres con pulsiones violentas y mortĂ­feras, este artĂ­culo desea mostrar que no sĂłlo los revolucionarios eran capaces de contener la violencia sino que su amor por la DeclaraciĂłn de los derechos del hombre y del ciudadano estaba ligado a un amor por la vida como un hermoso dĂ­a de la vida y como vida polĂ­tica. ApoyĂĄndose en el periĂłdico revolucionario Le Moniteur universel, este artĂ­culo muestra que los revolucionarios franceses habĂ­an deseado una revoluciĂłn non violenta, que habĂ­an reflexionado, preparado y actuado en los espacios de lo polĂ­tico en donde la politizaciĂłn era particularmente intensa. Los textos de peticiĂłn y de fiestas cĂ­vicas demuestran este amor por el derecho que no separa las emociones de la razĂłn

    Résister à la « crise de la conscience historique »

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    Historienne, Sophie Wahnich est chargĂ©e de recherche au Centre national de la recherche scientifique. Labyrinthe a souhaitĂ© la rencontrer car sa pratique dĂ©place les cadres ordinaires de son mĂ©tier. Jeu temporel tout d’abord : spĂ©cialiste de la RĂ©volution française, elle ne s’interdit jamais de confronter son savoir Ă  des enjeux contemporains, qu’il s’agisse des guerres du dĂ©but du xxe siĂšcle, de celles de l’ex-Yougoslavie ou des formes de revendications les plus rĂ©centes. Jeu ensuite avec le..

    L’accĂ©lĂ©rationnisme, manifeste pour un nouveau travail politique exigeant

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    La revue Multitudes dans son numĂ©ro 56 (automne 2014) a proposĂ© une traduction (par Yves Citton) du Manifeste accĂ©lĂ©rationniste Ă©crit par Alex Williams et Nick Srnicek et publiĂ© en anglais en mai 2013. Ce Manifeste avait dĂ©jĂ  connu dans le milieu marxiste Ă©largi un succĂšs international et se proposait de rĂ©cuser en doute le mot d’ordre d’une slow attitude Ă  rĂ©inventer face au monde nĂ©olibĂ©ral, pour prĂŽner au contraire une course de vitesse entre deux modernitĂ©s politiques, celle qui dĂ©truit e..

    Conjurer les discontinuités de la faculté de juger : le salut public par la communauté des affections

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    Face Ă  l’incertitude subjective expĂ©rimentĂ©e en situation, Saint-Just souhaite instituer les affections au fondement du lien social. Il s’agit alors de conjurer les discontinuitĂ©s produites par la lutte des factions ou d’une maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale par la sĂ©quence de la terreur. La voix de la vĂ©ritĂ© Ă©tait celle de l’intuition sensible, mais le carambolage des temps rĂ©volutionnaires conduit Ă  une fragilitĂ© de l’expĂ©rience sur laquelle doit reposer la dĂ©cision souveraine. L’intuition sensible comme boussole nĂ©cessaire peut ĂȘtre elle-mĂȘme dĂ©tournĂ©e, pervertie, abĂźmĂ©e. Pour autant, la responsabilitĂ© individuelle demeure le noyau valorisĂ© de l’expĂ©rience sensible. Faire des sentiments sociaux des institutions civiles conduit Ă  rendre les citoyens responsables mĂȘme de leurs Ă©motions. C’est Ă  ce titre que l’expĂ©rience est vouĂ©e Ă  ĂȘtre retraduite dans les lois et dans les mƓurs.Faced with the concrete experience of subjective uncertainty, Saint-Just attempts to ground affections in the foundations of social bonds. His goal is to ward off divisions arising from the struggle between opposing factions or, more generally, from the Terror. Sensory intuition was considered the voice of truth, however the accumulation of shocks over the revolutionary period rendered this experience, upon which sovereign decision making was to be based, fragile. Moreover, sensory intuition, while necessary for orientation, is itself subject to distortion, perversion and damage. Individual responsibility nevertheless retains its central role in sensory experience. Turning social sentiment into civil institutions makes citizens responsible even for their emotions. For this reason, experience is destined to be retranslated into law and morality

    L’accĂ©lĂ©rationnisme, manifeste pour un nouveau travail politique exigeant

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    La revue Multitudes dans son numĂ©ro 56 (automne 2014) a proposĂ© une traduction (par Yves Citton) du Manifeste accĂ©lĂ©rationniste Ă©crit par Alex Williams et Nick Srnicek et publiĂ© en anglais en mai 2013. Ce Manifeste avait dĂ©jĂ  connu dans le milieu marxiste Ă©largi un succĂšs international et se proposait de rĂ©cuser en doute le mot d’ordre d’une slow attitude Ă  rĂ©inventer face au monde nĂ©olibĂ©ral, pour prĂŽner au contraire une course de vitesse entre deux modernitĂ©s politiques, celle qui dĂ©truit e..

    « L’hĂ©roĂŻsme n’a pas de modĂšle »

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    Les acteurs rĂ©volutionnaires, s’ils racontent l’histoire, ne veulent pas la rĂ©pĂ©ter. Un impĂ©ratif de connaissance historique fait de l’histoire un fondement de la formation d’un rĂ©volutionnaire, mais l’usage de ce savoir ne doit pas conduire Ă  oublier que la libertĂ© politique consiste Ă  inventer ses solutions propres face Ă  l’Histoire. Il s’agit avec l’histoire de forger une compĂ©tence de l’homme libre, connaissance de l’homme permettant de s’orienter dans le prĂ©sent avec prudence, facultĂ© de juger du bien et du mal, institution civile pour nourrir le dĂ©sir de libertĂ©

    Bons voisinages dans Show me a hero

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    La mini-sĂ©rie Show Me a Hero, est un produit HBO crĂ©e par David Simon et rĂ©alisĂ©e par Paul Haggis. La sĂ©grĂ©gation y est mise en scĂšne Ă  Yonkers, ville du nord de l’Etat de New York, voisine de New York City. Le regard portĂ© sur le voisinage se fait sur plusieurs Ă©chelles spatiales et plusieurs reprĂ©sentations temporelles entre un passĂ© proche, celui des annĂ©es 1980 qui sont celles de l’intrigue, notre prĂ©sent qui motive la rĂ©alisation de cette mini-sĂ©rie, les traces d’un passĂ© tragique plus lointain.L’article explicite pourquoi cette mini-sĂ©rie peut faire partie de la liste que Stanley Cavell donnait Ă  ses Ă©tudiants pour dĂ©finir le perfectionnisme sans donner de dĂ©finition. Sont ainsi examinĂ©s les politiques publiques de dĂ©sĂ©grĂ©gation comme processus du perfectionnisme collectif, mais aussi les trajectoires de rĂ©demption de personnages qui soit refusent les housing projects soit en ont cruellement besoin. La question des visages et des Ă©motions qui traversent les sujets pensants est Ă  cet Ă©gard dĂ©terminante pour comprendre comment le jugement rĂ©flexif est aussi un jugement par les Ă©motions qui font basculer les trajectoires individuelles. Des victimes peuvent se ressaisir de leur vie, se politiser, ou simplement se « perfectionner », des personnages terrifiants peuvent aussi devenir aimables. Il s’agit de comprendre la compĂ©tence perfectionniste d’une communautĂ© d’habitants.The miniseries Show Me a Hero, is an HBO product created by David Simon and directed by Paul Haggis. We witness segregation in Yonkers, a northern city in the state of New York, next to New York City. The representation of the neighbourhood is made on several spatial scales and several temporal representations, between a recent past, that of the 1980s when the plot takes place, our present that motivates the production of this miniseries, and the traces of a more remote, tragic past.This article explains why this miniseries can be part of the list that Stanley Cavell gave his students to define perfectionism without giving a definition. Public policies of desegregation as a process of collective perfectionism are thus examined, but also the trajectories of redemption of characters who either oppose the housing projects, or badly need them. It is essential to study how faces and emotions affecting the thinking subjects show how reflexive judgment is also a judgment by emotions that tip individual trajectories. Victims can take hold of their lives again, become involved in politics, or simply “improve”. Terrifying characters can also become likeable. The point is to understand the perfectionist competence of a community of citizens

    Écritures de la prĂ©sence et histoire postpatrimoniale

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    Dans AllĂ©gorie forever comme dans Notre terreur, le spectacle vivant, loin de mimer le passĂ© patrimonialisĂ© de la RĂ©volution française, invite Ă  vivre ce passĂ© dans son incertitude. L’incertitude du prĂ©sent du passĂ©, mais aussi l’incertitude de son sillage qui n’est pas un hĂ©ritage mais une trace, un chemin, voire une impasse. Enfin, c’est l’incertitude de notre prĂ©sent qui est elle-mĂȘme Ă  reconquĂ©rir face au prĂ©sentisme rĂ©putĂ© fabriquer un temps Ă©tale et un monde connu d’avance. Il s’agit au moyen de processus dramaturgiques, et surtout par une sorte de rĂ©invention baroque permanente du spectacle, de reconquĂ©rir la capacitĂ© Ă  faire face Ă  un prĂ©sent de crise. Ces spectacles visent ainsi Ă  retrouver la RĂ©volution palpitante, contre l’objet refroidi de l’historiographie. Dans tous les cas, il s’agit de revenir au moyen du spectacle vivant Ă  l’histoire chaude, celle qui permet d’interroger ses propres contradictions prĂ©sentes pour tenter de les affronter, voire de les rĂ©soudre.In AllĂ©gorie forever as in Notre terreur, the living spectacle, far from imitating the patrimonialised past of the French Revolution, invites the reader to live this past in all its uncertainty. The uncertainty of the present of the past, but also the uncertainty in its wake, which is not a legacy but a trail, a road, indeed, a dead end. Finally, it is the uncertainty of our present, which is itself to be re-conquered in the face of the presentism that is reputed to fabricate a time stall and a world known in advance. It is a question, through the means of dramaturgical processes and especially by a sort of permanent Baroque reinvention of the spectacle, of re-conquering the ability to face a present in crisis. These spectacles also aim to rediscover the exciting Revolution, against the historiographical object grown cold. In any case, it is a question of coming back to living, ‘warm’ history, through the means of the living spectacle, which enables one to examine its inherent present contradictions in order to attempt to confront them, indeed, to resolve them

    Sartre et la fin de l’histoire dans les annĂ©es 1960, un dĂ©bat avec LĂ©vi-Strauss et Foucault

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    Dans un numĂ©ro de L’Arc consacrĂ© en 1966 Ă  Jean-Paul Sartre, Bernard Pingaud prend la mesure d’un monde qui a changĂ© entre 1945 et 1960 en passant de l’existentialisme au structuralisme, de la philosophie aux sciences humaines. Il fait lire ce volume Ă  Jean-Paul Sartre, dont la rĂ©ponse, vive, est retranscrite dans le numĂ©ro. Elle met en fait au centre de son propos non pas la mort de la philosophie, mais bien celle de l’histoire. Sartre diagnostique un nouveau « refus de l’histoire » qui cons..

    L’archive comme discours. Le laboratoire « RĂ©volution française »

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    L’histoire de la RĂ©volution française a constituĂ© un laboratoire fondamental de la rĂ©flexion historienne et philosophique sur la place du langage dans le travail de l’historien.Laboratoire en effet, car c’est un lieu qui a Ă©tĂ© celui de nombreuses expĂ©rimentations quant Ă  cette question d’importance, en particulier dans la tradition marxiste, qui interroge non seulement le langage comme tel, mais l’idĂ©ologie dont il tĂ©moigne et qu’il vĂ©hicule. Or cette question des idĂ©ologies a Ă©tĂ© au cƓur du dĂ©bat Ă©pistĂ©mologique des annĂ©es 1960 et 1970, quand l’objectif d’une dĂ©s-idĂ©ologisation des sciences humaines a conduit Ă  opposer science et mythe, savoir et politique. Si pour Ă©crire l’histoire de la RĂ©volution, il ne s’agit plus d’annoncer ses couleurs (politiques) d’historien engagĂ©, mais ses « concepts » (scientifiques) d’historien professionnel, il convient de comprendre ce qui s’y gagne et s’y perd pour l’écriture de l’histoire de la RĂ©volution française. Cet article cherche Ă  comprendre comment ces questions croisent alors l’enjeu Ă©pistĂ©mologique de l’analyse de discours.The history of the French Revolution has been a crucial laboratory for historical and philosophical reflection on the role language plays in the work of historians.A laboratory indeed, for it has been the site of much experimentation in relation to this important question, particularly in the Marxist tradition which interrogates not only language as such but also the ideology that fashions it and speaks through it. The question of ideology was at the heart of epistemological debates in the 1960s and 1970s, when the goal of removing ideology from the social sciences led to oppositions between science and myth, and between knowledge and politics. It is important to identify what is lost and gained when historians of the French Revolution no longer declare their political positions as committed historians but rather the scientific “concepts” they call upon as professional historians. This article seeks to understand how these questions interact with the epistemological stakes at play in discourse analysis
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