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L'utopie otaïtienne de Diderot dans le Supplément au Voyage de Bougainville, ou la possibilité d'un monde renversé
Paru en 1773 dans la "Correspondance littéraire", d'abord destiné à un public très restreint, le "Supplément au Voyage de Bougainville" est aujourd'hui l'une des œuvres les mieux connues de Diderot, en partie grâce aux programmes académiques, qui l'ont popularisé. Il représente le dialogue fictif de deux personnages, A et B, devisant sur le périple du célèbre explorateur et sur le "Voyage" qu'il a publié en 1771. L'escale otaïtienne attire plus particulièrement leur attention. B présente à A quelques pages inédites, qui complètent le récit de Bougainville, mais que celui-ci s'est bien gardé de divulguer, parce qu'elles n'étaient pas à sa louange. Ces pages, de l'invention de Diderot, constituent le "Supplément" proprement dit, et donnent son titre à l'œuvre : elles dépeignent dans le détail la société d'Otaïti, qui peut être décrite comme un heureux renversement des sociétés européennes. Mais le modèle utopique, qui frappe tout de suite le lecteur et dont nous mettrons en évidence les fonctions, est ici miné par d'autres inversions, qui peu à peu le mettent à mal : au terme du parcours, la possibilité même d'un monde renversé paraît bien incertaine. Elle vaut pourtant la peine qu'on l'explore, contre Diderot et avec lui
Note sur l'ode grecque à Louise Labé
International audienceOn revient ici sur l'ode grecque à Louise Labé et sur la question de son attribution, en l'étudiant d'après ses caractéristiques métriques et linguistiques
Grobianus et Grobiana : comment les femmes parlent, comment on parle aux femmes dans une contre-civilité humaniste
Le "Grobianus" (1549) est un poème en vers latins de l'Allemand Friedrich Dedekind, qui prétend faire l'éloge des mauvaises moeurs pour mieux en dégoûter son lecteur. On s'interroge ici sur la représentation de l'éloquence féminine dans ce poème, sur la manière dont le maître ès goujateries s'adresse aux femmes, et sur la façon dont il parle d'elles. Cet article fait suite à la traduction du "Grobianus" parue aux Belles Lettres (coll. "Le miroir des humanistes", 2006)
Du nouveau sur la Dive bouteille: Microlecture iconotextuelle
Le texte original est publié sur le site de Fabula.International audienceComme son titre ironiquement pompeux l'indique peut-être, cet article est un spoudaiogeloion : j'y propose une relecture, fondée sur le principe d'anamorphose, de cette amphore bien connue et du calligramme qui la dépeint. L'objectif de ce petit travail, mené de pair avec mes étudiants montpelliérains, était de retrouver dans l'acte critique cette oscillation permanente entre la plaisanterie et le sérieux qui fait l'essence de bien des textes, à la Renaissance. La date de composition a son importance
Le De disciplinis de Vivès, de l'édition princeps à l'édition critique
On étudie d'abord la représentation des auteurs et des co-élaborateurs du livre dans le 'De disciplinis'. Puis on montre que Vivès a conçu ce texte comme un chef-d'œuvre, et que ses puissantes revendications d'auctorialité en découlent. On se demande ensuite jusqu'à quel point il a maîtrisé la composition de ce chef-d'œuvre. Enfin, on présente les différentes rééditions du 'De disciplinis', et on s'interroge sur les changements de lecture qu'elles impliquent : ce qui permet de justifier les choix ayant préludé à l'édition bilingue parue en octobre 2013 aux Belles Lettres, sous le titre 'De disciplinis / Savoir et enseigner'
Le pantagruélisme est-il un paganisme ? Rabelais et l'amour des ennemis
International audienceOn se propose de mettre en évidence ce qui distingue l’amour évangélique, tel que les Écritures le définissent, du pantagruélisme : la différence principale tient selon nous dans la difficulté, pour le texte rabelaisien, de penser un amour dirigé vers l’ennemi. Ce constat établi, on aimerait se demander dans quelle mesure une telle difficulté peut être thématisée par l’œuvre, voire affectée par l’ironie qui la traverse, et plus généralement, jusqu’à quel point l’apparente contradiction avec les opinions évangéliques de l’auteur peut être ressentie par cet auteur et ses contemporains. Pour essayer de le savoir, on déplacera la réflexion vers les écrits de grands évangéliques tels qu’Érasme, Lefèvre d’Étaples ou Marguerite de Navarre. Quelle place l’amour des ennemis occupe-t-il dans leur pensée ? Comment en parlent-ils ? L’enjeu n’est pas moins de décider si cet objet intellectuel en est bien un au XVIe siècle, et le cas échéant, si une doctrine cohérente se dégage, que de situer le texte de Rabelais dans son contexte. Et c’est pourquoi ce deuxième temps sera plus long que le premier : il réunit des documents épars et parfois difficiles d’accès au lecteur francophone
Erasme, la folie d'un Ă©loge
International audienceErasme, dans l'Eloge de la folie, nous invite à faire l'essai lucide de l'aveuglement, sublimant le jeu d'esprit dans l'exercice spirituel. Il fonde ainsi la dignité de l'homme sur la folle conscience de son néant
"Le prologue du Quart Livre (1552) : une sagesse et ses complications"
Article publié dans la revue électronique "Le Verger", Bouquet 1 : http://personae.jimdo.com/a-le-verger-revue-en-ligne/le-verger-bouquet-i-rabelais-gargantua-le-quart-livre/janv-2012-tristan-vigliano/Il n'est pas facile d'entrer dans le prologue du Quart Livre. La définition du pantagruélisme ou l'éloge de la " mediocrité aurée " semblent indiquer au lecteur qu'il y trouvera certaines clefs pour comprendre la sagesse et l'éthique rabelaisiennes. Mais les nombreux détours du texte, qui fuit de toutes parts, en compliquent à l'envi le commentaire. Il s'agit ici d'expliquer le prologue, aussi clairement que possible, par la mise en évidence de ses enjeux principaux et par la présentation des différentes lectures critiques. Le dernier temps de la démonstration développe une analyse à la fois plus générale et plus engagée : on y propose une lecture agonistique de Rabelais, à employer avec prudence dans les dissertations
Le "De disciplinis" de Jean-Louis Vivès et la polémique contre l'Ecole
On trouvera de très larges extraits traduits du "De disciplinis" sur ma page personnelle : http://tristan.vigliano.free.frJe m'interroge ici sur la polémique de l'humaniste espagnol Jean-Louis Vivès (Juan Luis Vives) contre la scolastique de son temps, dans le "De disciplinis" (1531). L'auteur fait des scolastiques une cible, mais en prenant soin de ne jamais les nommer, en actualisant le moins possible son discours. Sans doute faut-il y voir le signe de son embarras, face à un paradoxe qu'on pourrait ainsi résumer : comment peut-on disputer contre la dispute scolastique ? Comment peut-on lutter contre des adversaires à qui l'on reproche de lutter sans cesse entre eux, au mépris de la charité ? Ce paradoxe est une des principales apories de l'humanisme évangélique
Introduction Ă : Juan Luis Vives, 'De disciplinis'
Introduction à l'édition et traduction française du 'De disciplinis' par Tristan Vigliano, Paris, Les Belles Lettres, 2013
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