10 research outputs found

    Combats de bĂątons de Trinidad

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    À Trinidad, les joueurs de bĂątons (stick-fighters) se mesurent chaque annĂ©e dans le cadre de combats organisĂ©s pendant la saison de carnaval. Accom­pagnĂ© de tambours et de chants, chaque assaut se caractĂ©rise par un coup de bĂąton portĂ© par l’un des assaillants en direction de la tĂȘte de son adversaire, obligeant ce dernier Ă  se dĂ©fendre. Les combats s’arrĂȘtent traditionnellement au premier sang versĂ©. L’attachement territorial est un Ă©lĂ©ment structurant la pra­tique des combats de bĂątons. ÉduquĂ©s pour dĂ©fendre leur territoire et la mĂ©moire de leurs ancĂȘtres, les garçons destinĂ©s Ă  devenir stick-fighters apprennent au cours de leur enfance les codes martiaux et musicaux associĂ©s Ă  la pratique. Cette initiation permet de construire les jeunes adolescents comme incarnation d’un territoire, d’une lignĂ©e familiale, d’un groupe social et culturel. Dans un contexte mondialisĂ© oĂč les rĂ©fĂ©rences patrimoniales sont gĂ©nĂ©ralement mobilisĂ©es Ă  l’appui de l’identitĂ© territoriale, les combats de bĂątons rendent compte de construits gĂ©ographiques, sociaux et culturels s’inscrivant dans une tradition territorialisĂ©e. En tant que pratique sociale, les combats de bĂątons permettent aux acteurs de construire des liens avec des lieux de leur mĂ©moire. En tant que pratique culturelle, les combats de bĂątons permettent aux acteurs de se rĂ©approprier ces lieux et les parcours qui les relient. La mise en scĂšne de leurs identitĂ©s territorialisĂ©es s’inscrit dans un cadre symbolique oĂč la performance martiale et musicale donne Ă  voir une expression vĂ©cue et vivante de la mĂ©moire du groupe.In Trinidad, stick-fight is a form of combat performed during the carnival season between two men each armed with a fighting stick or bois. The duel takes place in a circle of drummers and singers known as the gayelle where each stick-fighter attempts to draw blood by striking his opponent. Stick-fighters negotiate their identity from values acquired mostly during childhood that, once integrated, are more or less fixed. The matter of self and collective construction is linked, grounded, rooted into family territories. Fixed territories, but changing identity narratives, constantly recreated, formed, transformed and performed every year through the ritual enactment of carnival. Expressing social solidarity, the stick-fighting ritual engages practitioners with an experience allowing the creation of symbolic routes to connect and to embrace memorial places of their history

    La notion de patrimoine immatĂ©riel comme outil de contournement de l’État : enjeux et ambiguĂŻtĂ©s de la fabrique patrimoniale du gwoka en Guadeloupe

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    Paris, le 26 novembre 2014 : le gwoka de Guadeloupe est inscrit sur la Liste ReprĂ©sentative (LR) du Patrimoine Culturel ImmatĂ©riel (PCI) de l'humanitĂ© de l’UNESCO. Musique de tambour et de chant responsorial, le gwoka traditionnel se dĂ©cline aujourd’hui en sept rythmes caractĂ©ristiques exprimĂ©s simultanĂ©ment par des tambours appelĂ©s ka et des danseurs solistes. Il se joue la nuit, lors de soirĂ©es festives appelĂ©es lĂ©woz. Cet article souhaite contribuer Ă  la rĂ©flexion sur les logiques d'appropriation du concept de patrimoine culturel. FondĂ© sur des donnĂ©es ethnographiques recueillies entre 2006 et 2015 dans le cadre d’une observation participante, il examine l'impact du processus d'inscription du gwoka sur la LR du PCI de l'UNESCO et met en lumiĂšre les enjeux politiques de cette appropriation pour les acteurs du gwoka. Cet article commence par une prĂ©sentation du Rapport culturel publiĂ© par l'Association GĂ©nĂ©rale des Étudiants GuadeloupĂ©ens (AGEG) en 1970. Ce Rapport culturel est un texte fondateur qui dĂ©veloppe « une revendication spĂ©cifique privilĂ©giant le gwoka comme Ă©lĂ©ment central de la personnalitĂ© culturelle populaire guadeloupĂ©enne ». Ce document est Ă  l’origine des premiers efforts de mise en patrimoine du gwoka par les GuadeloupĂ©ens eux-mĂȘmes dans les annĂ©es 1970 et 1980. Nous nous intĂ©ressons ensuite Ă  la mise en circulation de la notion de PCI en Guadeloupe, oĂč la rĂ©flexion autour de la patrimonialisation est dĂ©jĂ  bien avancĂ©e et oĂč des actions de mise en patrimoine sont dĂ©jĂ  en cours. Contrairement Ă  ce qui a pu ĂȘtre observĂ© ailleurs, cette mise en circulation a pour particularitĂ© d’avoir Ă©tĂ© initiĂ©e par les porteurs de tradition et non par l’État. Enfin nous nous arrĂȘterons sur les dĂ©bats passionnĂ©s que le projet d’inscription a suscitĂ©s, transformant le gwoka en « arĂšne patrimoniale ».Paris, November 26, 2014: Guadeloupe gwoka is inscribed on the Representative List (RL) of the UNESCO Convention for safeguarding Intangible Cultural Heritage (ICH). Traditional gwoka is a dance performed to the sound of ka drums and call-and-response singing. It takes place at night during festive events called lĂ©woz. In this article, we want to contribute to the discussion of the ways in which communities make use of the notion of Cultural Heritage. It is based on ethnographic data gathered between 2006 and 2015 through participant observation. It discusses the impact that gwoka's inscription on the RL of the ICH had on the gwoka community. It wants to shed light on some of the political stakes that inscribing a cultural expression on the RL of the ICH Convention entails. This article opens on a presentation of a brochure titled Rapport culturel, which was published in 1970 by the General Association of Guadeloupean Students (AGEG). The Rapport culturel is a founding document that formulates a “specific claim that gwoka is a core component of the cultural personality of the Guadeloupean people”. This document compelled Guadeloupeans of the 1970s and 80s to undertake a variety of actions aiming at making Gwoka a defining element of their cultural heritage. Second, we examine the ways in which the notion of ICH began to circulate in Guadeloupe, a place where heritagisation processes are well underway. Contrary to what has been observed elsewhere, in Guadeloupe the tradition bearers were the ones who initiated the spread of ICH, not the State. Finally, we focus on the vibrant debate the inscription process has sparked, thus transforming gwoka into a political arena where notions of power and identity are contested, re-discussed and re-imagined

    Zoom arriùre. L’ethnomusicologie à l’ùre du Big Data

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    Les techniques d’extraction automatique d’information musicale appliquĂ©es Ă  des rĂ©pertoires de musiques traditionnelles ont ouvert de nouvelles perspectives dans le champ de l’ethnomusicologie. Si les chercheurs anglophones ont adoptĂ© le terme computational ethnomusicology pour dĂ©signer cette branche spĂ©cifique de l’ethnomusicologie, une mĂȘme segmentation disciplinaire n’a pas eu lieu en France oĂč ce nouveau champ de la recherche s’inscrit plus globalement dans le domaine des humanitĂ©s numĂ©riques. Cet article collectif se propose de faire un Ă©tat des lieux de la recherche dans ce domaine Ă©mergent. Nous nous interrogerons sur le devenir de l’ethnomusicologie dans ce contexte de « rĂ©volution numĂ©rique » oĂč les dispositifs informatiques bouleversent d’ores et dĂ©jĂ  les pratiques de recherche

    « We go play them, we go kill them ». Musique et stick-fighting à Trinidad

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    Debout face Ă  l’arĂšne, Gary lance le chant « Mouma mouma, your son in de grave already ». Sa voix aux couleurs aigĂŒes et nasillardes rĂ©sonne dans le micro. Son chant s’accompagne de gestes de la main qui signifient « prends ton temps, fais attention ». La rĂ©ponse du chƓur est entonnĂ©e par celles et ceux qui sont regroupĂ©s en nombre, derriĂšre et Ă  proximitĂ© des joueurs de tambours. L’atmosphĂšre est vibrante, l’assistance retient son souffle
 À Trinidad, c’est par le chant que commence un comba..

    Les archives sonores ethnomusicologiques du CNRS-musĂ©e de l’Homme

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    Cet article dĂ©crit deux projets de valorisation scientifique menĂ©s, dans le cadre de deux post-doctorats, sur des fonds sonores du centre de recherche en Ethnomusicologie (universitĂ© de Nanterre) prĂ©sents dans la base Telemeta ayant impliquĂ© ethnomusicologues et informaticiens. La premiĂšre partie prĂ©sente les enjeux Ă  propos des dĂ©veloppements d’outils d’indexation et d’analyse automatique sur des volumes importants d’archives sonores. La seconde porte sur l’étude de l’évolution historique de certaines caractĂ©ristiques musicales attachĂ©es au genre steelband calypso et montre que des techniques d’extraction automatique d’information musicale ont pu ĂȘtre mobilisĂ©es pour rĂ©aliser une Ă©tude computationnelle sur un corpus d’enregistrements de steelbands archivĂ©s dans la base Telemeta.This article describes two scientific projects carried out, within the framework of two post-doctorate projects, for the development of the sound collections of the ‘‘Centre for Research in Ethnomusicology’’ (University of Nanterre) present in the Telemeta base which have involved ethnomusicologists and computer scientists. The first part presents the challenges regarding the development of tools for indexing and automatic analysis on large volumes of sound archives. The second concerns the study of the historical evolution of certain musical characteristics attached to the music of steel band calypso and shows that techniques of automatic extraction of musical information could be mobilized to carry out a computational study on a corpus of recordings of steel bands archived in the Telemeta database

    Spatialités des Mémoires

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    International audienceCe numéro de Géographie et cultures consacré aux spatialités des mémoires propose de poursuivre les voies ouvertes par de nombreux chercheurs appartenant à différentes disciplines des sciences sociales, et d'examiner comment la géographie contemporaine se situe dans le champ des Memory Studies. Si la mémoire, abordée dans ses dimensions individuelles et collectives, exprime d'emblée un rapport au passé, elle articule et produit conjointement de nombreuses interactions, entre soi et les autres, entre le temps et l'espace. La mémoire, plus ou moins visible et lisible, d'un passé réactivé, remodelé, nié ou instrumentalisé n'est pas sans lien avec des stratégies d'acteurs diversifiés. Qu'il s'agisse de mémoires institutionnalisées dans des sites, musées ou mémoriaux, ou d'espaces dans lesquels les mémoires sont échafaudées à partir de traces, la (re)production d'espaces mémoriels s'organise autour d'une subtile articulation identités/mémoires/territoires, laquelle rend compte d'une dialectique de l'ancrage et de la mobilité, fût-elle éphémÚre

    Perspectives

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    La profonde dynamique de changement que connaissent toutes les sociĂ©tĂ©s contemporaines impose dĂ©sormais de centrer le regard sur l’évolution des pratiques, des contextes, des modes de reprĂ©sentation et de diffusion, des modalitĂ©s de transmission ou des phĂ©nomĂšnes de revitalisation et de patrimonialisation. Ce dossier propose une rĂ©flexion prospective, s’appuyant sur les nouveaux axes de recherche, les terrains et les mĂ©thodes rĂ©cemment apparus, ainsi que l’interdisciplinaritĂ© de plus en plus marquĂ©e qui caractĂ©rise l’ethnomusicologie aujourd’hui. La prise en compte de la mobilitĂ©, des phĂ©nomĂšnes de migration, de la globalisation et de l’appropriation de cultures musicales exogĂšnes, notamment par les outils issus de la « rĂ©volution numĂ©rique », ont imposĂ© aux chercheurs de s’adapter et d’inventer une ethnomusicologie diffĂ©rente, Ă  partir d’ethnographies inĂ©dites (par exemple sur les rĂ©seaux sociaux ou sur des terrains multi-situĂ©s), et nĂ©cessitant un nouveau type de positionnement
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