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Les forêts sacrées de Guinée : intégration de l’écologie pour la conservation d’un patrimoine national
It has been widely reported that sacred forests are not just socio-cultural creations emanating from traditional societies as a privileged setting for ritual ceremonies, but that they also represent important local forms of biodiversity conservation. In recent decades, it is this latter role that has attracted the attention of international institutions, states and scientists. Although such forests have been widely studied in Asia and other parts of Africa, our understanding of Guinea’s sacred forests remains poor because local communities, not the state, manage them. In effect, because of the sacred status of these forests, the state favours local management strategies by individual communities.In this thesis, four representative case studies of the sacred forests of Upper Guinea, located near Kankan, are studied. The region’s ecosystems have been profoundly affected by human impacts, notably agriculture and mining. The villages of Diankana, Tintioulenkoro and Dossori, where these forests are amongst the few areas to conserve sacred forests.The aim of this thesis is to probe the socio-cultural and ecological values of the forests, in a local context of strong human pressures, with a view to their documentation and the elaboration of sustainable management strategies. Several methodological approaches have been used: sociological and ethno biological surveys, ecological and botanical inventories.The study elucidates a mode of management of these sacred forests by an ethnic group, the Malinkés, which is based on both "mythical codes" and laws defined by traditional legislation. The rigor of this management system, and the socio-cultural importance of these forests for local populations, favours their conservation in the wider context of profound human pressures on the environment. However, social changes in recent years appear, agriculture and urbanisation to have weakened this management system and exposed the area’s sacred forests to factors that preclude their effective conservation. The diachronic analysis shows that over the last three decades, the forest cover of all sacred sites studied has decreased by just over 40% of their initial area by agriculture and urbanization.The results also identified twelve plant groups, five of which were forested and seven of which are characteristic of degraded vegetation around these sacred forests. The groupings of the peripheral zones of the forests correspond to agrosystems and ruderal vegetation. The study of the flora of the different plant groups highlights the dominance of Afro-tropical species, Guinean-Congolese and Sudanese. This finding underlines the major influence of the entire Sudano-Guinean zone. Geomorphology, texture, soil moisture, light, and human impacts are more significant in explaining the distribution of plant communities at the local scale.Overall, the analysis shows that the stands studied are characterized by a decreasing heterogeneous structure indicating good natural regeneration. The highest density of trees is found in the dry land forest of Dossori (325 ± 153.3 trees/ha) and the highest basal area in the Kolonbatou forest (53.9 ± 32.5 m2/ha). The average diameter of the forests varies between 21.48 ± 10.12 and 48.58 ± 30.21 cm. Among the species of high ecological value are: Carapa procera, Cola cordifolia, Erythrophleum suaveolens, Isoberlinia doka, Anthonotha crassifolia and Garcinia ovalifolia. This study also shows that the stands of Tintioulenkoro are more mature (67 and 57 years) than those of Diankana and Dossori, respectively 39 and 33 years old.242 species, 187 genera and 64 families represent the total floristic diversity of the sacred forests studied. The important conservation role of these forests is confirmed by the presence of 16 species threatened, 30 species previously unknown, in this part of Guinea, and 4 species not reported in the country according to the Flora of Guinea. These sacred forests are among the richest in Africa.Il est clairement établi que les forêts à caractère sacré ne sont pas que des créations socioculturelles émanant de sociétés traditionnelles comme cadre privilégié d’accomplissement de diverses cérémonies rituelles, mais représentent aussi des formes locales de conservation de la biodiversité. C’est ce dernier rôle qui attire toute l’attention des institutions internationales, des états et des scientifiques. Bien que de telles forêts aient été largement étudiées en Asie et dans d'autres parties de l'Afrique, notre compréhension des forêts sacrées de la Guinée reste pauvre. En effet, ces forêts sont placées, en raison de leur statut sacré, sous l’entière responsabilité des communautés locales et non l’état.Dans ce travail de thèse, quatre cas représentatifs ont été retenus en Haute Guinée, dans les localités proches de Kankan. C’est l’une des régions dont les écosystèmes sont les plus anthropisés par l’agriculture et les activités minières. Les villages de Diankana, Tintioulenkoro et Dossori font partie des rares où des forêts à caractère sacré sont encore maintenues.L’objectif de cette thèse est de diagnostiquer les valeurs socioculturelles et écologiques de ces forêts, dans un contexte local fort d’anthropisation, en vue de leur documentation et de l’élaboration des stratégies d’une gestion durable. Plusieurs approches méthodologiques ont été utilisées : enquêtes sociologiques et ethnobiologiques, inventaires écologiques et botaniques.L’étude révèle un mode de gestion des forêts sacrées qui connaît une évolution chez les Malinkés, reposant à la fois sur des ‘’codes mythiques’’ et des lois définies par la législation traditionnelle. La rigueur dans la gestion et le rôle des forêts pour les populations sont des atouts. Toutefois, les mutations sociales relativement récentes, l’agriculture et l’urbanisation fragilisent le système et pénalisent la conservation. L’analyse diachronique démontre qu’au cours de ces trois dernières décennies, le couvert forestier de l’ensemble des sites sacrés étudiés a connu un recul moyen d’environ 40 % de leur superficie initiale par l’agriculture et l’urbanisation.Les résultats ont aussi permis d’identifier douze groupements végétaux dont cinq forestiers et sept caractérisant les végétations environnantes (agrosystèmes et endroits habités). L’étude révèle la dominance des espèces afro-tropicales, guinéo-congolaises et soudaniennes. La forte proportion de ces dernières témoigne de l’influence majeure de l’ensemble de la zone soudano-guinéenne. La géomorphologie, la texture, l’humidité du sol, le microclimat et l’anthropisation sont les plus significatifs dans la distribution locale des végétaux.L’analyse des peuplements ligneux révèle une structure hétérogène décroissante indiquant une bonne régénération naturelle. La plus forte densité des arbres est observée dans la forêt de terre ferme de Dossori (325 ± 153,3 tiges/ha) et la plus forte surface terrière, dans la forêt galerie de Tintioulenkoro (53,9 ± 32,5 m2/ha). Le diamètre moyen varie d’une forêt à l’autre entre 21,48 ± 10,12 et 48,58 ± 30,21 cm. Parmi les espèces à grande valeur écologique, figurent : Carapa procera, Cola cordifolia, Erythrophleum suaveolens, Isoberlinia doka, Anthonotha crassifolia et Garcinia ovalifolia. L’âge des peuplements révèle que les îlots de Tintioulenkoro sont plus matures (67 et 57 ans) que ceux de Diankana et de Dossori (39 et 33 ans).La richesse floristique totale des forêts sacrées étudiées est de 242 espèces, 187 genres et 64 familles. Le rôle conservateur de ces forêts est aussi vérifié par la présence de 16 espèces menacées, 30 espèces inconnues auparavant dans cette partie de la Guinée et 4 espèces non signalées dans le pays d’après la Flore de la Guinée. Ces forêts sacrées sont parmi les plus riches d’Afrique
Les forêts sacrées du Bassin du Haut Niger en Guinée : quelle évolution depuis trois décennies ?
International audienceLa présente étude porte sur l'analyse diachronique de la dynamique spatiale de 20 forêts sacrées dans le Bassin du Haut Niger en Guinée entre 1990 et 2017. L'interprétation des images satellites anciennes et récentes SPOT 6 & 7, des observations humaines ainsi que des enquêtes auprès des populations sur la gestion des forêts sacrées ont été utilisés. L'étude a révélé que malgré le caractère sacré des forêts étudiées, leur gestion pose des problèmes dans le Bassin du Haut Niger en Guinée. L'analyse diachronique de l'évolution spatiale de 20 forêts du Bassin montre une tendance régressive de la superficie des différentes forêts. Pour tous les sites confondus, la superficie totale est passée de 2896,56 ha en 1990 à 1381,42 ha en 2017. En 27 ans, la superficie totale initiale de ces sites s'est réduite de 52 %, à un taux annuel moyen d'environ 2 %. Ce recul considérable s'explique principalement par l'extension des zones agricoles et d'habitations avec la pression démographique, la proximité des forêts avec des agglomérations et l'affaiblissement du système local de gestion. Des stratégies de gestion durable sont donc nécessaires, au risque de perdre totalement ce patrimoine écologique et culturel du Bassin dans les trois prochaines décennies