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    Le discours captieux

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    Paradoxalement, la polĂ©mique qui a opposĂ© moderniste et minimalisme s’est dĂ©roulĂ©e, dans toute sa virulence, Ă  l’intĂ©rieur d’un champ unique, celui de la phĂ©nomĂ©nologie : en effet, les Ă©crits de Merleau-Ponty exercĂšrent une influence dĂ©cisive aussi bien sur Michael Fried que sur Robert Morris et Rosalind Krauss. On essayera de « dĂ©construire » la divergence qui sĂ©pare les protagonistes de cette querelle pour montrer que leurs lectures phĂ©nomĂ©nologiques respectives ne font que proposer des articulations diffĂ©rentes d’un mĂȘme compromis entre formalisme et corporalitĂ©. On comprendra ainsi qu’une tension structurelle entre gestualitĂ© corporelle et syntaxe abstraite, entre « perception » du poids et « connaissance » de la forme, sous-tend le domaine sculptural des annĂ©es 1960 et que seul le discours « captieux » de la phĂ©nomĂ©nologie – dans son ambition « contradictoire » (Fried) d’unir corps et syntaxe – se rĂ©vĂšle Ă  mesure de la comprendre.Paradoxically, in spite of its virulence, the polemics between modernism and minimalism took place within the same field, the field of phenomenology: indeed, Merleau-Ponty’s writings decisively influenced Robert Morris and Rosalind Krauss as well as Michael Fried. This essay will try to deconstruct the divergence between the protagonists of this querelle in order to show that their phenomenological interpretations are but different articulations of the same compromise between modernist formalism and minimalist corporality. It will then be possible to say that a tension between bodily gesture and abstract syntax, “perception” of weight and “knowledge” of form, structured the expanded field of ’60 sculpture and that only the discourse of phenomenology, in its “contradictory” (Fried) ambition to join body and syntax, was able to capture it

    Trauma, memoria e immagine nel secondo dopoguerra

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    La colonne relevée. Accidents de la sculpture sur la scéne du théatre

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    Living Theater, New York, 1961: une colonne est montrĂ©e, debout sur la scĂšne, pendant une minute et demie; ensuite elle est renversĂ©e et gĂźt allongĂ©e sur le sol durant toute la deuxiĂšme moitiĂ© du spectacle. Si Freud a vu dans l'accident de train un exemple de trauma, on peut Ă©galement lire la chute mise en scĂšne dans la performance de Robert Morris comme un exemple d'accident (ad-cadere) traumatique. En effet, une Ă©quivalence est ainsi Ă©tablie entre colonne et corps, d'autant plus qu'originairement c'Ă©tait l'artiste qui aurait du la faire tomber de l'intĂ©rieur, n'eĂ»t-il pas Ă©tĂ© blessĂ© pendant les rĂ©pĂ©titions. Or, qu'est-ce que cette chute implique? Quelles en sont les consĂ©quences? Quelle est la relation paradoxale qui s'Ă©tablit, dans la prĂ©histoire du minimalisme sculptural amĂ©ricain, entre accident et intention artistique? Il s'agit d'Ă©tudier les rĂ©actions Ă  la chute contenues dans la pratique et la thĂ©orie successives de Morris. D'un cotĂ©, en remplaçant la colonne renversĂ©e par deux colonnes, dont l'une debout et l'autre allongĂ©e, puis par trois L-Beams, la sĂ©rie minimaliste constitue une 'formation de compromis' qui contient – refoule et inclut - la chute originaire. De l'autre, en empruntant Ă  la phĂ©nomĂ©nologie de Merleau-Ponty, dans ses « Notes sur la sculpture » Morris relĂšve l'unidirectionalitĂ© de la chute dans le temps de la contemplation. Une analyse de la rencontre entre phĂ©nomĂ©nologie et psychanalyse, perception et Ă©vĂ©nement, structure et accident permettra de mieux comprendre ce redressement du corps sculptural dĂ©chu

    Résister au temps : description, image et mémoire dans le Nouveau Roman

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    On pourrait penser que le regard aide la mĂ©moire. Pourtant Ricoeur nous invite Ă  sĂ©parer image et souvenir : “l’expression image-souvenir est au mĂȘme temps inĂ©vitable et trompeuse”. Selon Ricoeur, il faut rendre la mĂ©moire au temps et la libĂ©rer de la « “colonisation sĂ©culaire” » de la part de l’image et de l’imagination . Est-il possible de penser l’image comme rempart contre le temps, contre la mĂ©moire? Si rĂ©cemment de nombreuses Ă©tudes s’intĂ©ressent aux rapports entre image et mĂ©moire , il y a pourtant des textes littĂ©raires qui tachent de rĂ©sister Ă  la mĂ©moire prĂ©cisĂ©ment Ă  travers l’image, grĂące Ă  elle. Je me propose d’analyser la façon dont certains textes du Nouveau Roman, en employant le regard comme stratĂ©gie anti-narrative, rĂ©sistent Ă  la menace du temps et de la mĂ©moire. Ils prĂ©sentent le refoulement du passĂ© en tant que rĂ©pression, renversement de l’intrigue qui caractĂ©rise le rĂ©cit classique. La description est, pour Ricardou et Robbe-Grillet, la principale “technique du prĂ©sent” (Jean-Luc Nancy), parce qu’elle permet Ă  la narration d’éviter la succession temporelle, comme si le temps comportait une menace, une blessure. Cette menace est au centre de La modification de Butor: “Il faut fixer votre attention sur les objets que voient vos yeux (
) afin de mettre fin Ă  ce remuement intĂ©rieur, Ă  ce dangereux brassage et remĂąchage des souvenirs.” (p. 156) Le regard est une forme vide, oĂč rĂ©side la possibilitĂ© (traumatique) d’éviter l’histoire. Pourtant, le passĂ© revient: il faudra comprendre pourquoi, comme le dit Ricardou, la description finit toujours par Ă©voquer le spectre d’un Ă©vĂ©nement originaire, et doit Ă  ce moment se suicider . La rĂ©sistance au passĂ© et au rĂ©cit est seulement temporaire. De la mĂȘme façon, un statut paradoxal caractĂ©rise la dynamique du regard dans les romans de Robbe-Grillet: dans Une chambre secrĂšte le rĂ©cit s’étale sur la surface d’un tableau, sans rien nommer, en le privant de sujet et donc de sens; mais il finit par l’ébranler, en le transformant dans le lieu d’une mise en intrigue imaginaire. Dans un premier temps, la surface remplace l’histoire, mais ensuite l’intrigue brise la fixitĂ© de l’image. C’est le double mouvement mis en scĂšne par L’annĂ©e derniĂšre Ă  Marienbad : vĂ©ritable fantaisie de Pygmalion, cette “description d’une statue” (Robbe-Grillet) oppose l’immobilitĂ© sans passĂ© Ă  la sĂ©duction de la chute dans le temps. On peut dire alors que la description ne nie pas le passĂ©, mais le contient: elle l’implique, le retient en l’empĂȘchant de se reprĂ©senter, et au mĂȘme temps le produit, le gĂ©nĂšre. De lĂ , en L’annĂ©e derniĂšre, l’indĂ©cidabilitĂ© Ă  l’égard du viol entre fantasme de l’origine et origine du fantasme , entre trauma et hystĂ©rie. Le fonctionnement traumatique ne consiste pas simplement dans un refus (refoulement) du temps par l’image, mais dans le mouvement entre ses deux excĂšs: le regard pur de l’absence d’histoire et le dĂ©lire de l’animation en tant qu’“incorporation des temps” (Didi-Huberman)

    Langage(s) de l’Ɠuvre et de l’art

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    Points de vue thĂ©oriques sur le fondement de l'art comme discours, et du discours de l'art. Il s'agit ici de mettre en avant plus spĂ©cifiquement le point de vue d'historiens de l'art et d'Ă©sthĂ©ticiens sur cette question. Quel est le rĂŽle des diffĂ©rents agents (artistes, curateur, conservateur, galeriste, critique, thĂ©oricien, spectateur, etc.) dans le fonctionnement discursif de l'art ? Il s'agit ici d'envisager les effets rĂ©ciproques, les coopĂ©rations, les conflits entre les modalitĂ©s du discours de l'Ɠuvre et du discours sur l'art

    L’accident

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    Avec « accident », la revue en ligne AgĂŽn hameçonne un des plus beaux sujets qui soient. Tout geste poĂ©tique, tout geste d’invention est composĂ© avec ce qui tombe sans prĂ©venir, ce qui se produit sans prĂ©mĂ©ditation, ce qui se trouve sans recherche. À juste titre, tout artiste aime Ă  se glorifier d’ĂȘtre le recueil de ce qui est arrivĂ© sans lui, malgrĂ© lui, mais Ă  travers lui. Dans les arts que l’on dit vivants — l’expression est plate, mais elle est de consĂ©quence —, la possibilitĂ© de l’accident accompagne l’Ɠuvre, sa vie durant. Des « accidents » ont pu tramer sa fabrication, mais du fait que l’Ɠuvre n’existe vĂ©ritablement que dans le temps de sa performance, l’accident la guette. Et la met en tension : c’est la leçon du funambule. Jean-Loup RiviĂšre, « Bonheur de l’accident ». ⁂ Le dossier publiĂ© sous le parrainage de Jean-Loup RiviĂšre (ENS LSH) et dirigĂ© par Alice CarrĂ© et Barbara MĂ©tais-Chastanier, s’organise en trois parties : Une premiĂšre partie (L’AlĂ©atoire, L’AltĂ©ration, La Rupture) regroupe des contributions relevant des arts de la scĂšne mais aussi de disciplines voisines (Arts plastiques, Musique et Musicologie) ou plus lointaines (Physique des MatĂ©riaux). Une seconde partie, L’accident, au plus prĂšs, oĂč se trouvent rĂ©unis des tĂ©moignages de metteurs en scĂšne, de circassiens, de spectateurs et d'auteurs : Alain Françon, Christian Schiaretti, Jean-Michel Rabeux, Jacques Lassalle, Mathurin Bolze, Camille Boitel, Georges Banu, Claude Prin. Une troisiĂšme partie enfin, A l’épreuve de l’accident, oĂč vous trouverez les artistes invitĂ©s pour ce dossier : le Groupe EmeudroĂŻdes d’abord, avec l’enregistrement d’une improvisation rĂ©alisĂ©e avec l’Emupo - interface logicielle destinĂ©e Ă  l’improvisation ; CĂ©line Ohannessian ensuite, avec la mise en ligne progressive des courts mĂ©trages de la sĂ©rie Deuil
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