203 research outputs found

    De la minorité nationale à l'ethnicité périphérique: Les Magyarophones de la Transcarpathie (Ukraine)

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    En Europe centrale et orientale, les statistiques démographiques, l'historiographie et l'ethnographie distinguent par le terme de " minorité nationale " des groupes ethniques, habitant souvent des zones frontalières qui possèdent des semblables - de même ethnie et de même langue - construits en États-nations, généralement limitrophes. Ces groupes sont pour la plupart issus des traités de paix qui ont mis fin aux deux guerres mondiales et ont eu pour conséquence de multiples déplacements de population et un redécoupage des frontières étatiques. Les Magyarophones de la Transcarpathie ukrainienne constituent l'exemple emblématique d'une telle collectivité ethnique dont la loyauté politico-juridique (citoyenneté) et la loyauté nationale (ethno-culturelle) ne se recouvrent pas. Ce texte, issu d'une recherche anthropologique de terrain en cours, analyse dans son contexte historique et sociologique les recompositions identitaires dans ce groupe, liées aux transformations géopolitiques récentes, comme la fin du régime communiste en Hongrie, concomitante à l'indépendance de l'Ukraine et le nouveau statut de la frontière hungaro-ukrainienne, en tant que frontière de l'espace Schengen. Les aléas des nouveaux rapports avec les deux États " tutélaires ", portés par une nouvelle élite locale, reconfigurent les relations du groupe avec son territoire et son histoire. Loin de l'ancrer dans une identité de " minorité nationale ", nostalgique de son motherland, ces changements dessinent, au contraire, les contours d'une nouvelle ethnicité périphérique

    « Arpenter la patrie retrouvée »

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    Au cours des dernières décennies, la Seconde Guerre mondiale et la Shoah ont acquis dans la politique mémorielle et scolaire des pays de l’Europe de l’Ouest le statut d’un patrimoine mémoriel commun européen et même euro-américain. Au contraire, en Europe centrale et orientale, le tourisme mémoriel postcommuniste vers les lieux de vie d’avant les déplacements forcés ou les déportations communistes participe bien plus d’un processus de recomposition des frontières identitaires et ethniques entre groupes et sociétés brutalement éparpillés ou téléscopés ensemble par la répression communiste. Ce texte analyse deux formes récentes de tourisme mémoriel à destination de la région frontalière de Transcarpathie en Ukraine occidentale, superposant la mémoire de plusieurs expériences de la violence et du déracinement au cours du 20ème siècle. Ces pratiques dessinent des figures diversement symbolisées du « pays perdu et retrouvé » et articulent différents modes et échelles de commémoration, et de recomposition des frontières culturelles entre le ‘soi’, identitaire du touriste en quête de racines, par la découverte déconcertante du ‘soi-autre’ représenté par l’hôte, compatriote ethnique citoyen mais porteur d’un passé différent et citoyen d’un autre état.During the last decades, the Second World War and the Shoah have gained, in memorial politics and school books of Western European countries, the status of a European and even Euro-American memorial patrimony. On the contrary, in Central and Oriental Europe, post-communist memorial tourism toward places where people lived before forced removal or communist deportations is much more characterized by a process of recomposing identity and ethnic frontiers between groups and societies brutally drawn together by communist repression. This text analyses two recent forms of memorial tourism in the border region of Transcarpathia in Western Ukraine, bringing together memories of several experiences of violence and uprooting during the 20th century. These practices conjure up figures, under various symbols, of the “lost and rediscovered country” and combine different modes and scales of commemoration and recomposition of cultural frontiers between the ‘self’ (the tourist searching for his roots) and ‘the self-other’ (the host, intime an ethnic companion and a citizen of another state)

    Frontières inter-ethniques au Choco et espace national colombien

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    La région du Choco colombien occupe une place particulière dans l'ensemble géographique et culturel que la littérature nomme « les basses terres tropicales sud-américaines ». Cette contrée est couverte d'une forêt tropicale humide très dense de type « forêt-galerie », d'une richesse végétale plus importante que celle de l'Amazonie ; elle est entrecoupée d'un nombre élevé de rivières et d'affluents dont le fond sablonneux recèle de l'or et du platine. Elle possède un littoral de plusieurs cent..

    Santificación popular de los muertos en cementerios urbanos colombianos

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    This article is an analysis of ritual discourses and practices concerning the phenomenon of popular sanctification of some the dead in urban grave-yards of Colombia. Field-work on this topic has been initiated in 1996, in various Colombian grave-yards, even though this presentation revolves around the central Cemetery of Bogota. The purpose of this text is to show that the implied beliefs, inasmuch as they are symbolic processes tied to specific determined social problems, must be understood as manifesting “symbolic efficacy”, in a language, both religious and political. Thus, when the members of a society torn apart with permanent conflicts bring out of oblivion the true victims of this multiform violence, converting them into “popular saints”, a new kind of civil identity is recognized and constructed, through a collective counter-memory of recent national history.El artículo es un análisis de los discursos y prácticas rituales que conforman el fenómeno de la santificación popular de ciertos muertos en los cementerios urbanos de Colombia. El trabajo de campo, iniciado en 1996, se ha realizado en distintos cementerios, aunque esta presentación gira en torno al cementerio Central de Bogotá. El objetivo del texto es demostrar que las creencias, en tanto que procesos simbólicos relacionados con problemáticas sociales específicas y determinables, deben entenderse como manifestaciones de la “eficacia simbólica”, en un lenguaje religioso y político a la vez. Así, cuando los miembros de una sociedad en conflicto permanente traen del olvido a las verdaderas víctimas de la violencia multiforme, convirtiéndolas en “santos populares”, se reconoce o se construye una suerte de identidad y memoria ciudadana, por medio de una contra-memoria colectiva de la historia nacional reciente

    Ritualisation mémorielle et construction ethnique postcommuniste chez les Hongrois de Transcarpathie (Ukraine)

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    Issu d’une recherche ethnographique, entamée sur le terrain en 2008, ce texte propose d’interroger dans le contexte post-communiste de la région frontalière de Transcarpathie (Ukraine), un double rapport. D’abord, celui existant entre la construction publique d’une mémoire collective victimaire liée à la déportation au Goulag et sa ritualisation commémorative périodique d’un côté, et les modes d’énonciation et les non-dits des gloses mémoriels informels dans la société magyarophone rurale et urbaine, (re)construisant ses identifications collectives, de l’autre. Ensuite, ce texte tente de circonscrire le lien paradoxal entre les pratiques et discours mémoriels ethnicisés et le caractère nécessairement muti-ethnique et interactionnel des activités économiques, liées au caractère pluri-frontalier de la région, qui seules assurent la survie et la reproduction des groupes, notamment par la contrebande et l’accueil touristique informel construit autour des lieux de mémoire patrimonialisés.Drawing on ethnographical research conducted since 2008 in Transcarpathia (Ukraine), this article raises two main issues regarding memory processes in a post-communist context. The first question bears on the relation between the public construction of a collective memory of victimhood grounded in the Goulag experience, and its ritualization, on the one hand, and the silences and uneases of informal memory glosses in the urban and rural local Magyar-speaking society (re)making its categories of collective identification. The second issue arises from the paradoxical relation between ethnicized memory practices and discourses on the one hand, and the necessarily multi-ethnic and interactional nature of economic activities, grounded in the existence of multiple borders in the region, while some of these economic activities, such as smuggling and informal touristic tours built around the local post-communist lieux de mémoire, are precisely crucial in the reproduction of the local society

    De la fécondité des ruines

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    En 2002, lors d’un violent affrontement entre la guerilla des FARC et les paramilitaires, 170 habitants du village noir de Bellavista de la rivière Bojaya au Chocó se réfugient à l’église. Un grand nombre périt, brûlé vif sous l’impact d’une bombe qui laisse leur village en ruines. La politique de réparation de l’Etat comprend le relogement des habitants dans un nouveau village, construit en ciment, érigé sur le terrain auparavant dévolu au cimetière. Le nouveau village est objet de perceptions fortement ambivalentes, alors que nombre d’habitants demandent à l’archevêché que l’église en ruine abritant désormais un « Christ mutilé », soit déclarée lieu de pèlerinage. D’autres souhaitent sa pérennisation en l’état comme lieu-récit de la malemort, alors que d’autres encore oeuvrent pour la conservation des ruines de tout le village en tant que lieu-souvenir d’une vie “sabrosa”, considérée comme définitivement révolue et objet d’attachement. Ce cas éclaire une facette paradoxale et peu analysée des tentatives locales de patrimonialisation : celle des traces de la violence subie. La conservation des ruines comme lieu-récit, en y mobilisant à la fois le registre religieux et mémoriel, autorise la polyphonie fluide des interprétations et évite la cristallisation d’un conflit local ouvert autour de la mémoire de la violence armée.In 2002, during a violent skirmish between the FARC guerrilla and the paramilitary forces, 170 inhabitants of the black village of Bellavista on the Bojava river took refuge in the church. They all died, charred to death through a bombing that left their village in ruins. The State policy of reparation includes re-installation of the surviving villagers in a new village, built in stone and cement on the site of the former graveyard. This new village gives rise to very ambivalent perceptions, whereas many inhabitants asked from the archbishop that the ruined church, sheltering a “Mutilated Christ”, should be declared a pilgrimage site. Others wish to perennize the place as it is to remain a narrative site of violent death, and yet others want to preserve the ruins of the village as a memento of the vida sabrosa, considered as bygone for ever and an object of attachment. This case sheds light on a paradoxical and little analysed aspect of local attempts of patrimonialization, that of traces of the inflicted violence. Preserving such ruins as a narrative-site, appealing to both religious and memorial registers, allows a fluid polyphony of interpretations and avoids cristallizing an open memory conflict around armed violence

    Marrons, colons, contrebandiers. Réseaux transversaux et configuration métisse sur la côte caraïbe colombienne (Dibulla)

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    Marrons, colons, contrebandiers. Réseaux transversaux et configuration métisse sur la côte caraïbe colombienne (Dibulla). La société noire de la zone de Dibulla (côte caraïbe de Colombie) ne relève ni du modèle des sociétés marrons isolées, ni de celui, aujourd’hui courant, de l’ethnicité ou du néo-traditionalisme religieux de type africain, ni des formes identitaires interactives dé-territorialisées du milieu urbain. Elle est constituée de réseaux de parentèle multipolaires et en lutte factionnelle virtuelle, dont l’ancrage territorial est à la fois matrifocal et religieux, grâce au culte territorial des saints et des morts. Le régime de mémoire et d’historicité et l’organisation sociopolitique, qui débordent les frontières ethniques, régionales et nationales, font de cette société l’illustration d’une forme de sociabilité frontalière, non communautaire et non identitaire, rarement étudiée par l’anthropologie, et qui est peut-être une facette caractéristique des cultures caraïbes.Marroons, settlers, smugglers. Multipolar networks and mestizo configuration on the Colombian Caribbean coast (Dibulla). The social, territorial and religious organization of the Afro-American groups in the Dibulla area (Caribbean coast of Colombia) does not pertain to the model of isolated marroon societies, nor to the currently prevalent model of ethnicity mixed with religious neo-traditionalism rooted in africanity, nor to the deterritorialized forms of interactive identity found in urban settings. Their organization consists of multipolar networks of kindreds, articulated by rivalry and factionalism, the territorial basis of which is both matrifocal and religious, through localized cults to the saints and the dead. Their regime of memory and historicity, as well as their socio-political organization which overrides ethnic, regional and national borders, make this society a remarkable illustration of a kind of cross-border sociability, without community and definable collective identity, rarely studied by anthropologists. This form of society may be a distinctive facet of Caribbean cultures.De cimarrones a colonos y contrabandistas: redes multipolares y configuraciones mestizas en la zona dibullera del Caribe colombiano. La organización social, territorial, y religiosa de los grupos negros de la zona de Dibulla (costa caribe de Colombia) no pertenece ni al modelo de sociedades cimarronas aisladas, ni al modelo actualmente predominante de la etnicización o del neo-tradicionalismo religioso de corte africano, tampoco a las formas identitarias interactivas desterritorializadas del medio urbano. Esta organización se compone de redes multipolares de parentela, con un trasfondo de faccionalismo y rivalidad, cuyo anclaje territorial es a la vez matrifocal y religioso, mediante el culto territorializado a los santos y los muertos. El régimen de memoria e historicidad y la organización socio-política que desbordan las fronteras étnicas, regionales y nacionales convierten esta sociedad en la ilustración de una forma de sociabilidad frontaliza, fuera del modelo comunitario e identitario y casi desconocida por la antropología. Esta sociabilidad constituye tal vez una faceta distintiva de las culturas caribeñas

    Por que a ayahuasca? Da internacionalização de uma prática ritual ameríndia

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    O argumento deste texto se baseia em observações convergentes que vêm mostrando como, para além dos usos locais e regionais, a bebida conhecida como ayahuasca funciona hoje, nas redes globalizadas de sua circulação, ao mesmo tempo como signo diacrítico e como núcleo de negociação e distribuição de sentido e legitimidade, reconfigurando simbolicamente as relações entre os atores na nova interface entre grupos indígenas locais e o mundo urbano, latino-americano ou internacional. Entender o sucesso contemporâneo da ayahuasca implica pois compreender a dinâmica entre continuidade e criações culturais e sociais emergentes que constitui a trama histórica e presente de contatos e adaptações mútuas entre diversos povos amazônicos de um lado e entre o mundo amazônico e seus visitantes, representantes de sucessivos poderes externos, de outro

    Trajectoires d’enfances au goulag

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    Cet article constitue une contribution à la connaissance d’un pan très peu étudié de l’histoire du goulag, celle des enfants déportés des pays d’Europe centrale et orientale avant et après la seconde guerre mondiale. Il propose quelques jalons pour une approche de la spécificité de l’expérience infantile en déportation, de sa diversité et de sa remémoration tardive. Il interroge les formes spécifiques de cette remémoration et mise en récit de l’enfance au goulag et l’empreinte de ces enfances « déplacées » dans la vie adulte, notamment à travers le processus de transformation de cette expérience en témoignage. La recherche est basée sur le corpus de témoignages oraux recueillis, notamment par les auteurs, dans le cadre du projet Mémoires européennes du Goulag dans les pays de l’Europe centrale et orientale.This article is a contribution to our understanding of a largely unexamined part of the history of the Gulag, the story of the children deported from Central and Eastern Europe before and after the Second World War. It suggests a few starting-points for an approach to the specific experience of children in deportation, its variety and late commemoration. It examines the specific forms of the recall and narration of childhood in the Gulag and the mark of these “displaced” years in adult life, particularly via the process whereby the experience is turned into a testimony. The research is based on the corpus of oral testimony collected by the authors and others in the countries of Central and Eastern Europe for the European Memories of the Gulag project

    Por que a ayahuasca? Da internacionalização de uma prática ritual ameríndia

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    O argumento deste texto se baseia em observações convergentes que vêm mostrando como, para além dos usos locais e regionais, a bebida conhecida como ayahuasca funciona hoje, nas redes globalizadas de suacirculação,ao mesmo tempo como signo diacrítico e como núcleo de negociação e distribuição de sentido e legitimidade, reconfigurando simbolicamente as relações entre os atores na nova interface entre grupos indígenas locais e o mundo urbano, latino-americano ou internacional. Entender o sucesso contemporâneo da ayahuasca implica pois compreender a dinâmica entre continuidade e criações culturais e sociais emergentes que constitui a trama histórica e presente de contatos e adaptações mútuas entre diversos povos amazônicos de um lado e entre o mundo amazônico e seus visitantes, representantes de sucessivos poderes externos, de outro.This text is based on the premise that the ayahuasca beverage passed from local and regional use to circulation in a globalized network and argues that it now works as a diacritical sign and plays a critical part in negociating and reallocating meaning and legitimacy.Thus relationships between actors, in the new interface between local indigenous societies and Latin American and international worlds, are symbolically recomposed. To understand the contemporary success of ayahuasca implies grasping the dynamics between continuity and emerging cultural and social creations, which make up the web of historical and present-day contacts and adaptations between the diverse Amazonian peoples as well as between Amazonian peoples and successive external visitors and powers
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