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    Ethnographie dans l’espace de la “Dictature de l’Art” de Jonathan Meese. Comment bien “laisser faire ce qui arrive”

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    L’artiste contemporain Jonathan Meese s’est fait connaĂźtre Ă  la fin des annĂ©es 1990 par des installations et des performances, puis par une production picturale importante, peintures et collages. Provocateur rĂ©putĂ©, il se saisit des aspects les plus sombres de l’histoire allemande pour en faire le matĂ©riau d’Ɠuvres aussi polĂ©miques qu’ironiques, qu’il prĂ©sente dans des interventions dĂ©frayant rĂ©guliĂšrement la chronique. L’opinion est divisĂ©e, le public est sĂ©duit, mĂ©dusĂ©, parfois aussi offensĂ©.Parmi les motifs rĂ©currents de ses discours et performances, l’explicitation du processus de crĂ©ation de l’artiste figure au tout premier plan. Il n’a de cesse de clamer la prĂ©sence d’une force, « l’Art », dont il ne serait que le mĂ©dium, ainsi que son appartenance Ă  un espace hors de la rĂ©alitĂ©, « l’espace de l’Art », dans lequel il serait libre de crĂ©er, c’est-Ă -dire soumis aux injonctions de cette extĂ©rioritĂ©. Si l’on peut supposer que cette stratĂ©gie n’a pour but que de se dĂ©douaner des critiques que ses provocations permanentes soulĂšvent, l’activitĂ© observĂ©e sur le terrain rĂ©vĂšle que le discours de Meese repose sur la description d’une prĂ©sence aussi bien construite qu’effectivement rĂ©elle. En suivant d’abord la prĂ©sentation publique de l’artiste puis le travail opĂ©rĂ© par son Ă©quipe dans l’intimitĂ© de son bureau et de son atelier, l’ethnographie permet de dĂ©crire les diffĂ©rentes mĂ©diations qui font tenir l’expĂ©rience et la prĂ©sence de l’Art que l’artiste parvient Ă  susciter, prĂ©sence qui, Ă  son tour, maintient l’artiste Ă  l’Ɠuvre. L’Art de Jonathan Meese se rĂ©vĂšle alors dans un dispositif local, qui comporte des attitudes Ă©laborĂ©es, des mĂ©diations institutionnelles locales et globales. La prise au sĂ©rieux de son enquĂȘte et la mise en valeur de ses modes de restitutions invitent Ă  donner Ă  l’Art de Jonathan Meese le statut d’une connaissance sur la vie en gĂ©nĂ©ral. Dans ce mouvement, il apparaĂźt que ce type de connaissance se trouve situĂ© et portĂ© par des circonstances singuliĂšres et appelle Ă  un acte de foi envers le monde.Contemporary artist Jonathan Meese had come to prominence by the end of the 90’s with numerous installations and performances, a tremendous production of visual artworks quickly followed. Master in the game of provocation, he captures the darkest aspects of German history to make them part of polemical and ironical artworks, that are often served to the public along with bold public interventions. Public opinion is polarized; they are either seduced, astonished or offended. Among the recurrent motifs of his speeches and performances, the explanation of the artist’s creative process takes a special importance. Meese constantly claims that he only serves as the medium of a force that he calls « Art », operating inside of a space outside of reality that he calls « The space of Art », a space in which he shall be granted freedom to create, that is to say, to obey to the injunctions of « Art ». One could suspect that this strategy only serves the purpose of discarding him of any responsibility for his rebellious acts, the activity observed and experienced during the fieldwork reveals that those discourses rely on a presence that is so solidly made that it becomes real indeed. Following the artist, first during a public intervention and then alongside the daily routine of his team in the intimacy of his office and atelier, the ethnography describes the various kinds of mediations that hold together the experience and the presence of Art summoned by the artist. By taking seriously his own inquiry and highlighting the modes of restitution, one is invited to give to the Art of Jonathan Meese the status of knowledge on life in general. Making this move shows us how such knowledge is always dependent on a situation, carried by singular circumstances and how it is calling for an act of faith toward the world

    Depicting Berlin’s Atmospheres: Phenomenographic Sketches

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    This article proposes an ethno-phenomenographic record combining writing and drawing. It examines a few contemporary atmospheres of the city of Berlin. We describe a selection of specific situations from the angle of sensorial experience and contextualize them with sociological, geographical and historical elements. Tackling some atmospheres characteristic of a city at a certain period of its history is not the same as trying to grasp the ways of living in it; therefore, our approach is neither sociological nor geographical per se. Elaborating on four specific cases and reflecting from our own perspectives, we will examine the hypothesis of a fragmentation of Berlin’s atmospheres, exploring the ambivalent meanings of such assessment. The method is ethnographic: we base our descriptions on direct observation and we confront our respective experiences in places physically circumscribed by architecture and urban forms, interspersed with multiple presences and interactions during the observed time sequences. The overall objective is also cooperative and interdisciplinary: the sharing of our own points of view and perceptions through drawing, speaking and writing as processes of building an account of urban phenomena, without erasing differences in perspective. Through this very partial selection of seemingly representative atmospheres over one Berlin summer, we sketch a nuanced portrait of the city that does not exclude criticism.Cet article, en combinant l’écriture et le dessin, s’intĂ©resse aux atmosphĂšres contemporaines de la ville de Berlin. Sans prĂ©tendre les saisir toutes, nous dĂ©crivons une sĂ©lection de situations sous l’angle de l’expĂ©rience sensorielle en les contextualisant avec des Ă©lĂ©ments sociologiques, gĂ©ographiques et historiques. Aborder des atmosphĂšres caractĂ©ristiques d’une ville Ă  une certaine pĂ©riode de son histoire, ce n’est pas essayer d’en saisir les modes de vie : notre approche n’est donc ni sociologique ni gĂ©ographique Ă  proprement parler. À partir de quatre exemples concrets et limitĂ©s, nous examinons plutĂŽt l’hypothĂšse d’une fragmentation des atmosphĂšres berlinoises, en explorant les significations ambivalentes d’une telle Ă©valuation. La mĂ©thode est ethnographique : nos descriptions sont fondĂ©es sur l’observation directe et la confrontation de nos expĂ©riences respectives dans des lieux physiquement circonscrits par l’architecture et les formes urbaines, entrecoupĂ©s de multiples prĂ©sences et interactions au cours des sĂ©quences observĂ©es. L’objectif est aussi coopĂ©ratif et interdisciplinaire : le partage de nos points de vue et de nos perceptions, sans effacer les diffĂ©rences de perspective, enrichit mutuellement nos regards sur cette ville. Avec cette sĂ©lection trĂšs partielle d’atmosphĂšres reprĂ©sentatives au cours d’un Ă©tĂ© berlinois, nous esquissons un portrait nuancĂ© de la ville, qui n’exclut pas la critique

    Des enfants musiciens comme projet de société ? Le projet Démos de la Philharmonie de Paris

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    Cet article est le rĂ©sultat d’une enquĂȘte collective sur le projet DĂ©mos de la Philharmonie de Paris. DĂ©mos est prĂ©sentĂ© par ses initiateurs comme un dispositif proposant un apprentissage collectif de la « musique classique » Ă  des enfants de quartiers « dĂ©favorisĂ©s ». Une observation multisituĂ©e dans diffĂ©rents ateliers nous permet d’examiner la maniĂšre dont les enfants deviennent porteurs d’un idĂ©al de sociĂ©tĂ© concoctĂ© par des adultes (organisateurs de la Philharmonie, musiciens-intervenants, travailleurs sociaux, parents
) Ă  travers ce programme de « dĂ©mocratisation culturelle ». L’analyse de la mise en place du dispositif et de certains de ses outils pĂ©dagogiques permet de mettre en perspective l’emploi des catĂ©gories de « social » et « culturel » par les acteurs du projet et son impact sur sa la perception par les familles des enfants concernĂ©s. L’espoir d’une efficacitĂ© sociale du projet est ainsi abordĂ© Ă  travers diverses perspectives. Donc, si certains discours sur l’action sociale par l’enseignement de la musique classique semblent en dĂ©calage par rapport Ă  la rĂ©alitĂ© vĂ©cue par les enfants et les familles, l’ethnographie permet de mettre en valeur des interstices oĂč se produisent des situations de musique inĂ©dites et marquantes pour ceux qui les vivent

    Invocations antagonistes : les atmosphÚres condensées de l'artiste Jonathan Meese

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    Antagonist invocations : the condensed atmospheres of artist Jonathan Meese. Contemporary artist Jonathan Meese brings contradictory atmospheres in his performances : he appears simultaneously as an art “ dictator” and as a creative “ child”. The figures that he uses to weave his own character are soaked in antagonist ideological forces (Dumont). His action can be described with the tools of the anthropology of rituals centered on performative aspects : the condensation observed triggers the emergence of a “ power of art”, a force that lends itself to devotion — a force with which he may shift the perspectives of his public.Invocations antagonistes : les atmosphĂšres condensĂ©es de l'artiste Jonathan Meese. L'artiste contemporain allemand Jonathan Meese fait entrer dans ses performances des atmosphĂšres contradictoires : il y paraĂźt Ă  la fois comme «dictateur » de l'art et «enfant » crĂ©ateur. Les figures dont il use pour tisser son propre personnage sont empreintes de forces idĂ©ologiques antagonistes (voir Dumont). Son action peut ĂȘtre dĂ©crite avec les outils d'une anthropologie du rituel centrĂ©e sur la performance : la condensation observĂ©e fait Ă©merger une «puissance d'art » prĂȘtant Ă  la dĂ©votion – cette force dĂ©place les points de vue de son public.Invocaciones antagonistas : las atmĂłsferas condensadas del artista Jonathan Meese. El artista contemporĂĄneo Jonathan Meese trae a sus performances atmĂłsferas contradictorias : aparece simultĂĄneamente como «dictador » del arte y «niño » creativo. Las figuras que puso en uso para entretejer su propio carĂĄcter estĂĄn impregnadas de fuerzas ideolĂłgicas antagĂłnicas (Dumont). Su acciĂłn puede ser descritat con las herramientas de una antropologĂ­a del ritual centrada en aspectos performativos : la condensaciĂłn observada hace emerger un «poder del arte » , una fuerza que se presta a la devociĂłn — una fuerza que puede cambiar los puntos de vistas de su pĂșblico.Le CalvĂ© Maxime. Invocations antagonistes : les atmosphĂšres condensĂ©es de l'artiste Jonathan Meese. In: Communications, 102, 2018. Exercices d'ambiances. PrĂ©sences, enquĂȘtes, Ă©critures, sous la direction de Maxime Le CalvĂ© et Olivier Gaudin. pp. 153-167

    Invocations antagonistes : les atmosphÚres condensées de l'artiste Jonathan Meese

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    Antagonist invocations: the condensed atmospheres of artist Jonathan Meese. Contemporary artist Jonathan Meese brings contradictory atmospheres in his performances: he appears simultaneously as an art “dictator” and as a creative “child”. The figures that he uses to weave his own character are soaked in antagonist ideological forces (Dumont). His action can be described with the tools of the anthropology of rituals centered on performative aspects: the condensation observed triggers the emergence of a “power of art”, a force that lends itself to devotion —a force with which he may shift the perspectives of his public.Invocations antagonistes : les atmosphĂšres condensĂ©es de l'artiste Jonathan Meese. L'artiste contemporain allemand Jonathan Meese fait entrer dans ses performances des atmosphĂšres contradictoires : il y paraĂźt Ă  la fois comme « dictateur » de l'art et « enfant » crĂ©ateur. Les figures dont il use pour tisser son propre personnage sont empreintes de forces idĂ©ologiques antagonistes (voir Dumont). Son action peut ĂȘtre dĂ©crite avec les outils d'une anthropologie du rituel centrĂ©e sur la performance : la condensation observĂ©e fait Ă©merger une « puissance d'art » prĂȘtant Ă  la dĂ©votion – cette force dĂ©place les points de vue de son public.Invocaciones antagonistas: las atmĂłsferas condensadas del artista Jonathan Meese. El artista contemporĂĄneo Jonathan Meese trae a sus performances atmĂłsferas contradictorias: aparece simultĂĄneamente como «dictador» del arte y «niño» creativo. Las figuras que puso en uso para entretejer su propio carĂĄcter estĂĄn impregnadas de fuerzas ideolĂłgicas antagĂłnicas (Dumont). Su acciĂłn puede ser descritat con las herramientas de una antropologĂ­a del ritual centrada en aspectos performativos: la condensaciĂłn observada hace emerger un «poder del arte», una fuerza que se presta a la devociĂłn —una fuerza que puede cambiar los puntos de vistas de su pĂșblico.Le CalvĂ© Maxime. Invocations antagonistes : les atmosphĂšres condensĂ©es de l'artiste Jonathan Meese. In: Communications, 102, 2018. Exercices d'ambiances. PrĂ©sences, enquĂȘtes, Ă©critures. pp. 153-167

    Apprendre Ă  regarder le cerveau en 3D. Compte rendu ethnographique d’un sĂ©minaire interdisciplinaire au service de neurochirurgie de la CharitĂ© Ă  Berlin

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    Dans ce compte rendu de terrain, je propose de suivre pas Ă  pas un sĂ©minaire interdisciplinaire de la facultĂ© de mĂ©decine de la CharitĂ© Ă  Berlin intitulĂ© « Iconic Turn. How Images Govern Our Actions  ». Par une sĂ©rie de dessins ethnographiques, je relate les situations d’enseignement, restituant les atmosphĂšres dont elles sont empreintes. Durant ces sĂ©ances, les Ă©tudiant.e.s sont invitĂ©.e.s Ă  apprendre Ă  «  voir  » les images du cerveau en tenant compte de leurs mĂ©diations techniques. La formation Ă  une « vision professionnelle » (Goodwin, 1994) se double ici d’une Ă©ducation Ă  un regard critique. Les aspirants mĂ©decins apprennent Ă  mettre en perspective, au sens littĂ©ral et au sens figurĂ©, les images auxquelles ils.elles seront exposĂ©.e.s dans leur pratique quotidienne – ainsi que leur rĂŽle d’outil prescriptif dans la pratique clinique. Cette dĂ©marche pĂ©dagogique inhabituelle semble pouvoir ouvrir Ă  la constitution, au sein des sciences mĂ©dicales, d’un « sens commun » en Ă©pistĂ©mologie (Stengers, 2017).In this field report, I describe a series of scenes from an interdisciplinary seminar at the CharitĂ© Medical School in Berlin, entitled: “Iconic Turn—How Images Govern Our Actions.” Through a series of “ethno-graphic” drawings, I depict the teaching situations, showing the atmospheres they are imbued with. During these sessions, students are invited to learn how to “see” images of the brain, taking into account their technical mediations. The “professional vision” (Goodwin, 1994) of this training is coupled with the educational aim to develop a critical eye. Aspiring physicians learn to put into perspective, literally and figuratively, the images they will be exposed to in their daily practice—as well as the role of these images as a prescriptive tool in clinical practice. This unusual pedagogical approach seems to open the way to the constitution of a “common sense” in the epistemology of medical sciences (Stengers, 2017)

    The Parsifal of Jonathan Meese. Ethnography of a contemporary staging project

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    La présente monographie s’inscrit dans le champ de l’anthropologie de l’art et dans celui des études théâtrales. Elle est constituée de plusieurs enquêtes ethnographiques qui visent à rendre compte, par une série de récits et d’analyse, du destin singulier d’un projet artistique que j’ai accompagné entre 2014 et 2017 : la conception d’une mise en scène pour l’opéra Parsifal. A travers cet évènement, je raconte l’histoire d’une rencontre paradoxale entre un artiste contemporain, Jonathan Meese, né en 1970, et un artiste du passé, Richard Wagner (1813-1883). Le spectacle devait avoir lieu dans le cadre du Festival de Bayreuth de 2016. Sa mise en scène, avec scénographie et costumes, fut conçue par Meese et ses équipes, et présentée aux intendantes. Mais l’affaire tourna mal : la rupture de contrat fut l’occasion d’une vive polémique. Pourtant la rencontre a bien pris place, comme processus de conception, dans les performances de l’artiste, et engendra un autre opéra – le Mondparsifal – présenté à Vienne puis à Berlin en 2017. Jonathan Meese occupe une place importante dans le paysage contemporain de l’art en Allemagne. Artiste plasticien touche-à-tout, il a fait de son personnage le médium central de son Ɠuvre, par une mise en abysse permanente de sa position de grand artiste, entre génie romantique et artiste brut. Il est célèbre pour ses discours provocateurs – il proclame la « dictature de l’art » et reprend le salut hitlérien dans une esthétique influencée par le mouvement punk. Jouant des ambivalences de l’héritage Richard Wagner, Meese fait intervenir dans ses Ɠuvres la figure du maître de Bayreuth, parmi d’autres figures issues de la haute culture allemande mais aussi de la culture populaire. L’exploration des enjeux de son engagement par le Festival montre que l’association de ces deux personnages, par l’étrange résonnance qu’elle produit, a le potentiel d’actualiser une part de l’héritage de Richard Wagner : la dimension radicale et totale de son Ɠuvre. Cependant, l’enquête ethnographique réalisée parmi les wagnériens, au Cercle Richard- Wagner de Paris et au Festival de Bayreuth, montre que cet héritage est l’objet d’autres enjeux qui rendent le renouvellement difficile. D’autres préoccupations personnelles et d’autres valeurs, liés à l’excellence musicale, à la mondanité élitiste et la convenance touristique, favorisent une rigidification des attentes des publics. Celle-ci aura empêché l’Ɠuvre réunissant Meese et Wagner de voir le jour. Le récit de la conception du spectacle qui fut imaginé pour Bayreuth montre les différents métiers aux prises avec les exigences de cette rencontre entre art contemporain et drame musical. Des divergences importantes y ont été observées quant aux manières de procéder ensemble sur le « sentier » de la création, et ce jusqu’à la présentation finale. Je décris la manière dont les images émergent dans l’espace de la discussion, comment différents supports sont utilisés pour les laisser évoluer ou pour les fixer temporairement. Je montre l’évolution cyclique des « versions » reprises à chaque séance, ainsi que les compétences des collaborateurs de l’artiste dans cet effort cognitif distribué. Parmi les outils théoriques qui m’ont permis de restituer les modes opératoires de l’artiste au travail, on compte les descriptions de l’action « en train de se faire », ainsi que l’esthétique des performatifs d’Erika Fischer-Lichte. J’ai également emprunté, tout au long de cette enquête, aux concepts de l’anthropologie des techniques de Tim Ingold et de Bruno Latour, ainsi qu’à la théorie de l’instauration d’Étienne Souriau. Ceux-ci m’ont été particulièrement utiles pour revisiter l’esthétique des atmosphères de Gernot Böhme, la confrontant à la manière dont l’artiste Meese effectue des « invocations antagonistes » lors de ses performances. Enfin, j’ai utilisé la méthode ethnographique du dessin sur le vif pour faire le récit des répétitions de l’opéra contemporain Mondparsifal. Par cette méthode du dessin, par ses développements théoriques et par ses récits en première personne, cette dissertation pose l’étude des ambiances comme élément central dans le compte rendu des processus de création. Cette enquête interdisciplinaire met en évidence la singularité de Jonathan Meese en tant qu'artiste et producteur de théâtre, tout en abordant des questions plus vastes sur les processus créatifs polémiques.This doctoral dissertation interweaves the fields of anthropology of art and that of performance studies to examine the work of Jonathan Meese around the drama Parsifal. Through several ethnographic inquiries presented as a series of narratives and analysis, this monograph addresses the singular destiny of an artistic project that I followed in participant observation between 2014 and 2017: the conception of a staging for the opera Parsifal. This event allows the telling of the story of a paradoxical encounter between a contemporary artist, Jonathan Meese, born in 1970, and an artist of the past, Richard Wagner (1813-1883), two controversial polemicist creative figures in the Germany of their own times. The show was to take place in the 2016 edition of the Bayreuth Festival. The staging, with scenography and costumes, was designed by Meese and his team, and presented to the intendants. But the affair did not turn out as planned: they were not accepted for the Festival and the breach of contract was the occasion for a lively controversy. Yet the encounter took place, as a design process, in the performance of the artist, and brought forth another opera - the Mondparsifal - presented in Vienna and Berlin in 2017. Jonathan Meese holds an important position in the contemporary art landscape in Germany. A prolific visual artist, he has made his character the central medium of his work, by a permanent mise en abime of his position as a great artist, between romantic genius and art “brut”. He is famous for his provocative speeches - he proclaims the "dictatorship of art" and performs Hitler's salutes in an aesthetic influenced by the punk movement. Playing with the ambivalences of the Richard Wagner legacy, Meese brings into his work the figure of the Bayreuth master since the beginning of Wagner’s’ career – along with pop-culture figures and fairy-tales characters. The exploration of the stakes of his engagement by the Festival shows that the association of these two characters, by the strange resonance that it produces, has the potential to update a part of the heritage of Richard Wagner: the radical and total dimension of his controversial work. However, the ethnographic survey carried out among the Wagnerians, at the Richard-Wagner Circle of Paris and the Bayreuth Festival, shows that this heritage is the subject of a complex set of tensions that make renewal difficult. Personal concerns and long-established aesthetic musical values, discourses related to musical excellence, elitist worldliness, and touristic convenience, favour a stiffening of public expectations. The first-person narrative of the staging's conception depicts the professional team struggling with the requirements of this encounter between contemporary art and musical drama. Significant divergences were observed as to how to proceed together on the "path" of creation - until the final presentation. I describe how the images of the staging emerge in the discussion space, how different media is used to let them evolve or to fix them temporarily. I show the cyclical evolution of the "versions" taken up at each session, as well as the skills of the collaborators of the artist in this effort of distributed cognition. Among the theoretical tools that allowed me to depict the artist's methods at work, the most crucial were the mode of descriptions of action "in the making", as well as the aesthetic of Erika Fischer-Lichte's performatives, and the pragmatics of tastes and attachments of Antoine Hennion. I also borrowed, throughout this investigation, from the concepts of the anthropologists of techniques Tim Ingold and Bruno Latour, as well as the theory of the “instauration” of Étienne Souriau. These were particularly useful for me to revisit the aesthetics of the atmospheres of Gernot Böhme, confronting it with the way the artist Meese performs his "antagonistic invocations" during his performances. Finally, I used ethnographic drawing to relate the rehearsals of the contemporary opera Mondparsifal. Through drawings, theoretical approaches, and ethnographic narrative this dissertation stays linked with the study of atmospheres as a central element in the account of the processes of creation. This interdisciplinary inquiry highlights the singularity of Jonathan Meese as an artist and theatre producer while engaging with larger questions about polemical creative processes

    Der PARSIFAL von Jonathan Meese : eine ethnografische Fallstudie eines zeitgenössischen Inszenierungsprojekts

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    La présente monographie s’inscrit dans le champ de l’anthropologie de l’art et dans celui des études théâtrales. Elle est constituée de plusieurs enquêtes ethnographiques qui visent à rendre compte, par une série de récits et d’analyse, du destin singulier d’un projet artistique que j’ai accompagné entre 2014 et 2017 : la conception d’une mise en scène pour l’opéra Parsifal. A travers cet évènement, je raconte l’histoire d’une rencontre paradoxale entre un artiste contemporain, Jonathan Meese, né en 1970, et un artiste du passé, Richard Wagner(1813-1883). Le spectacle devait avoir lieu dans le cadre du Festival de Bayreuth de 2016. Sa mise en scène, avec scénographie et costumes, fut conçue par Meese et ses équipes, et présentée aux intendantes. Mais l’affaire tourna mal : la rupture de contrat fut l’occasion d’une vive polémique. Pourtant la rencontre a bien pris place, comme processus de conception, dans les performances de l’artiste, et engendra un autre opéra – le Mondparsifal – présenté à Vienne puis à Berlin en 2017.Jonathan Meese occupe une place importante dans le paysage contemporain de l’art en Allemagne. Artiste plasticien touche-à-tout, il a fait de son personnage le médium central de son Ɠuvre, par une mise en abysse permanente de sa position de grand artiste, entre génie romantique et artiste brut. Il est célèbre pour ses discours provocateurs – il proclame la « dictature de l’art » et reprend le salut hitlérien dans une esthétique influencée par le mouvement punk.Jouant des ambivalences de l’héritage Richard Wagner, Meese fait intervenir dans ses Ɠuvres la figure du maître de Bayreuth, parmi d’autres figures issues de la haute culture allemande mais aussi de la culture populaire. L’exploration des enjeux de son engagement par le Festival montre que l’association de ces deux personnages, par l’étrange résonnance qu’elle produit,a le potentiel d’actualiser une part de l’héritage de Richard Wagner : la dimension radicale et totale de son Ɠuvre.Cependant, l’enquête ethnographique réalisée parmi les wagnériens, au Cercle Richard- Wagner de Paris et au Festival de Bayreuth, montre que cet héritage est l’objet d’autres enjeux qui rendent le renouvellement difficile. D’autres préoccupations personnelles et d’autres valeurs, liés à l’excellence musicale, à la mondanité élitiste et la convenance touristique, favorisent une rigidification des attentes des publics. Celle-ci aura empêché l’Ɠuvre réunissant Meese et Wagner de voir le jour.Le récit de la conception du spectacle qui fut imaginé pour Bayreuth montre les différents métiers aux prises avec les exigences de cette rencontre entre art contemporain et drame musical. Des divergences importantes y ont été observées quant aux manières de procéder ensemble sur le « sentier » de la création, et ce jusqu’à la présentation finale. Je décris la manière dont les images émergent dans l’espace de la discussion, comment différents supports sont utilisés pour les laisser évoluer ou pour les fixer temporairement. Je montre l’évolution cyclique des « versions » reprises à chaque séance, ainsi que les compétences des collaborateurs de l’artiste dans cet effort cognitif distribué.Enfin, j’ai utilisé la méthode ethnographique du dessin sur le vif pour faire le récit des répétitions de l’opéra contemporain Mondparsifal. Par cette méthode du dessin, par ses développements théoriques et par ses récits en première personne, cette dissertation pose l’étude des ambiances comme élément central dans le compte rendu des processus de création. Cette enquête interdisciplinaire met en évidence la singularité de Jonathan Meese en tant qu'artiste et producteur de théâtre, tout en abordant des questions plus vastes sur les processus créatifs polémiques.This doctoral dissertation interweaves the fields of anthropology of art and that of performance studies to examine the work of Jonathan Meese around the drama Parsifal. Through several ethnographic inquiries presented as a series of narratives and analysis, this monograph addresses the singular destiny of an artistic project that I followed in participant observation between 2014 and 2017: the conception of a staging for the opera Parsifal. This event allows the telling of the story of a paradoxical encounter between a contemporary artist, Jonathan Meese, born in 1970, and an artist of the past, Richard Wagner (1813-1883), two controversial polemicist creative figures in the Germany of their own times.The show was to take place in the 2016 edition of the Bayreuth Festival. The staging, with scenography and costumes, was designed by Meese and his team, and presented to the intendants. But the affair did not turn out as planned: they were not accepted for the Festival and the breach of contract was the occasion for a lively controversy. Yet the encounter took place, as a design process, in the performance of the artist, and brought forth another opera - the Mondparsifal - presented in Vienna and Berlin in 2017.Jonathan Meese holds an important position in the contemporary art landscape in Germany. A prolific visual artist, he has made his character the central medium of his work, by a permanent mise en abime of his position as a great artist, between romantic genius and art “brut”. He is famous for his provocative speeches - he proclaims the "dictatorship of art" and performs Hitler's salutes in an aesthetic influenced by the punk movement. Playing with the ambivalences of the Richard Wagner legacy, Meese brings into his work the figure of the Bayreuth master since the beginning of Wagner’s’ career – along with pop-culture figures and fairy-tales characters. The exploration of the stakes of his engagement by the Festival shows that the association of these two characters, by the strange resonance that it produces, has the potential to update a part of the heritage of Richard Wagner: the radical and total dimension of his controversial work. However, the ethnographic survey carried out among the Wagnerians, at the Richard-Wagner Circle of Paris and the Bayreuth Festival, shows that this heritage is the subject of a complex set of tensions that make renewal difficult. Personal concerns and long-established aesthetic musical values, discourses related to musical excellence, elitist worldliness and touristic convenience, favour a stiffening of public expectations.The first-person narrative of the staging's conception depicts the professional team struggling with the requirements of this encounter between contemporary art and musical drama. Significant divergences were observed as to how to proceed together on the "path" of creation - until the final presentation. I describe how the images of the staging emerge in the discussion space, how different media is used to let them evolve or to fix them temporarily. I show the cyclical evolution of the "versions" taken up at each session, as well as the skills of the collaborators of the artist in this effort of distributed cognition.Finally, I used ethnographic drawing to relate the rehearsals of the contemporary opera Mondparsifal. Through drawings, theoretical approaches, and ethnographic narrative this dissertation stays linked with the study of atmospheres as a central element in the account of the processes of creation. This interdisciplinary inquiry highlights the singularity of Jonathan Meese as an artist and theatre producer while engaging with larger questions about polemical creative processes.Diese Dissertation verbindet die Bereiche Anthropologie der Kunst und Performance Studies, um das Werk von Jonathan Meese um das Drama Parsifal zu untersuchen. Durch mehrere ethnografischen Untersuchungen, die als eine Reihe von Erzählungen und Analysen präsentiert werden, widmet sich die Monographie dem einzigartigen Schicksal eines künstlerischen Projekts, das ich zwischen 2014 und 2017 in teilnehmender Beobachtung verfolgt habe: die Konzeption einer Inszenierung für die Oper PARSIFAL. Dieses Ereignis ermöglicht die Narration der Geschichte einer paradoxen Begegnung zwischen einem zeitgenössischen Künstler, Jonathan Meese (Jahrgang 1970) und einem Künstler der Vergangenheit, Richard Wagner (1813-1883) - zwei umstrittene, polemische und schöpferische Figuren in Deutschland.Die Aufführung sollte 2016 im Rahmen der Bayreuther Festspiele stattfinden. Die Inszenierung mit Szenografie und Kostümen wurde von Meese und seinem Team entworfen und den Intendanten präsentiert. Aber die Sache lief nicht nach Plan: Sie wurden für das Festival nicht angenommen, der Vertragsbruch verursachte einen Skandal. Doch die Begebenheit fand als Entwurfsprozess und in einer Performance des Künstlers statt und brachte eine weitere Oper hervor - das MONDPARSIFAL -, das 2017 in Wien und Berlin aufgeführt wurde.Jonathan Meese nimmt eine wichtige Position in der zeitgenössischen Kunstlandschaft Deutschlands ein. Als bildender Künstler hat er seinen Charakter zum zentralen Medium seiner Arbeit gemacht, indem er seine Position als Künstler, zwischen romantischem Genie und der Art "brut", immer wieder hinterfragt. Er ist berühmt für seine provokanten Reden, proklamiert die "Diktatur der Kunst" und führt den Hitlergruß in einer von der Punk- Bewegung beeinflussten Ästhetik aus. Mit den Ambivalenzen des Richard-Wagner- Nachlasses spielend, bringt Meese die Figur des Bayreuther Meisters von Anfang an mit Popkulturfiguren und Märchenfiguren zusammen. Die Erforschung seines Auftrags bei den Bayreuther Festspiele zeigt, dass die Verbindung der beiden Charaktere, durch die besondere Resonanz, die sie erzeugt, das Potential hat, einen Teil des Erbes von Richard Wagner zu aktualisieren: die radikale und totale Dimension dieser kontroversen Arbeit. Die ethnografische Untersuchung der Wagnerianer, des Richard-Wagner-Verbandes in Paris und der Bayreuther Festspiele zeigt jedoch, dass dieses Erbe komplexe Spannungen erzeugt, die eine Erneuerung erschweren. Persönliche Anliegen und alteingesessene ästhetische Vorstellungen von Musik, Diskurse in Bezug auf musikalische Exzellenz, elitäre Weltläufigkeit und touristische Bequemlichkeit begünstigen eine Versteifung der öffentlichen Erwartungen.In der Erzählung des Konzeptionsprozesses wird das professionelle Team dargestellt, das sich mit der Begegnung zwischen zeitgenössischer Kunst und Musiktheater auseinandersetzt. Signifikante Konflikte wurden beobachtet, wie auf dem "Weg" der Schöpfung bis zur endgültigen Präsentation gemeinsam vorzugehen ist. Ich beschreibe, wie die Bilder der Inszenierung im Diskussionsraum entstehen, wie verschiedene Medien dazu benutzt werden, sich zu entwickeln oder temporär zu fixieren. Ich zeige die zyklische Entwicklung der "Versionen", die in jeder Sitzung aufgegriffen wurden, sowie die Fähigkeiten der Mitarbeiter des Künstlers in diesem Bemühen um verteilte Erkenntnis.Schließlich habe ich ethnografische Zeichnungen verwendet, um die Proben der zeitgenössische Oper MONDPARSIFAL zu erzählen. Durch Zeichnungen, theoretische Ansätze und ethnografische Narrationen ist die Dissertation mit dem Studium der Atmosphären als zentralem Element in der Darstellung der Schöpfungsprozesse verbunden. Diese interdisziplinäre Untersuchung beleuchtet die Einzigartigkeit von Jonathan Meese als Künstler und Theatermacher, und beschäftigt sich mit zentralen Fragen zu kreativen Prozessen

    Apprendre Ă  regarder le cerveau en 3D. Compte rendu ethnographique d’un sĂ©minaire interdisciplinaire au service de neurochirurgie de la CharitĂ© Ă  Berlin

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    In this field report, I describe a series of scenes from an interdisciplinary seminar at the CharitĂ© Medical School in Berlin, entitled: “Iconic Turn—How Images Govern Our Actions.” Through a series of “ethno-graphic” drawings, I depict the teaching situations, showing the atmospheres they are imbued with. During these sessions, students are invited to learn how to “see” images of the brain, taking into account their technical mediations. The “professional vision” (Goodwin, 1994) of this training is coupled with the educational aim to develop a critical eye. Aspiring physicians learn to put into perspective, literally and figuratively, the images they will be exposed to in their daily practice—as well as the role of these images as a prescriptive tool in clinical practice. This unusual pedagogical approach seems to open the way to the constitution of a “common sense” in the epistemology of medical sciences (Stengers, 2017)
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