25 research outputs found

    Quand écrire, c’est blesser (les lecteurs) : témoignages des camps et communauté négative

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    Il s’agit de considérer ce que la césure littéraire d’Auschwitz fait à la lecture littéraire. C’est une question qui s’impose au regard de ce nouvel art d’écrire qu’est au XXe siècle le témoignage. Pour les rescapés des camps de concentration, en effet, c’est la transmission même de leur expérience qui rend problématique l’appartenance de leur témoignage à la littérature. Soucieux de la valeur documentaire de leur déposition, ils sont cependant confrontés à l’ignorance et, au-delà, au refus de comprendre des non-déportés, de sorte qu’ils ne peuvent se contenter de rapporter des faits, qui resteraient inaccessibles aux lecteurs. Pour atteindre ceux-ci malgré eux, ils prennent alors parfois le parti d’écrire depuis une conscience de victime ; or, là où le récit tend vers l’essai, les lecteurs ne doivent pas demeurer indemnes. Car, alors que l’expérience des camps, intégralement négative, a brisé irrémédiablement les témoins, les lecteurs sont appelés à reconnaître leur semblable dans la victime. Telle est l’utopie paradoxale du témoignage, cependant, que, si les lecteurs ne se sentent plus à l’abri du danger, une communauté, négative certes mais viable, se réalise, par une transmission du « rien d’humain » qui demeure malgré tout dans une condition inhumaine.What impact did the Auschwitz literary hiatus have on literature ? Answering that question is needed in light of the new, testimonial way of writing that came to the fore last century. By their descriptive nature, can testimonials from concentration camp survivors be truly considered as literature ? The documentary value of such testimony is pitted against the lack of knowledge, or even the denial, of those lucky enough to have escaped deportation. This confrontation requires of the survivors that they go beyond the mere retelling of events that would otherwise remain unread. Sometimes, they achieve this goal by spinning their tale from a victim’s point of view, one that may well grasp at the readers’ emotions as they go through essay-like narratives. Indeed, whereas concentration camps were thoroughly negative and de-humanising and permanently shattered their victims, readers must nonetheless be able to identify with the human side of these victims. Such is the paradoxical utopia of testimonials, whereby the writer feels compelled to go beyond his human experience so as to reach and sensitise the reader. It is in that beyond, where nothing can help writer nor reader address this experience, that both, although human, will commune paradoxically outside humanity

    Ceuta, dernière frontière

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    « Sa propre bataille allait être encore très longue, la suite obscure, et son passé était ténébreux. » Fabien Didier Yene (Yene, 2010 : 95) L’étude du témoignage comme genre littéraire nous confronte constamment, et sans nous y habituer, à des récits qui, comme dit Jean Cayrol, ne dépouillent pas le réel de la « tunique brûlante dont il [est] enveloppé » (Cayrol, 1953 : 576). Celles et ceux qui témoignent en littérature et qui prennent modèle sur la déposition en justice font un récit aussi s..

    What Testimony Does to Literature

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    This article sheds light on a literary practice that critics began to reflect upon in the twentieth century: witnessing. This genre, by adopting a narrative model based on statements of evidence presented in the courtroom, distinguishes itself from other forms of expression practiced by witnesses. Survivors of political violence take up their pens and describe the situation they have been subjected to, so as to attest to historical facts and prevent erasure of the event through forgetting, denial or negation. This enterprise, which seeks to document lived experience and thereby pay homage to victims who did not survive, constitutes both a source of evidence for legal procedure and a contribution to the writing of history. Witnessing, however literary it may be, is founded on a pact of veracity, in which witnesses are bound to relate no more than their own experience and to do so with precision. Finally, witness accounts are addressed to society at large or even to humanity as a whole, in the hope of emancipating it from such violence by raising awareness of its intolerable nature. Though witnessing still lacks legitimacy within the literary field, the link it establishes between ethical, aesthetic and political positions makes this genre exemplary of what literature is capable of

    Témoigner en migration, témoigner de sa migration

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    Frédérik Detue : Vous avez écrit que votre témoignage est le fruit d’un travail mené « dans des conditions inimaginables » au Maroc, pourriez-vous revenir sur ces conditions ? Fabien Didier Yene : Il y a des choses qu’il faut comprendre avant que je ne commence d’exposer la situation vécue au Maroc. Le voyage a d’abord été très périlleux, au Nigeria, au Niger, en Libye, en Algérie. J’ai vécu des agressions, du racket et encore du racket, j’ai connu la déportation. J’ai assisté à la mort de c..

    Quand écrire, c’est blesser (les lecteurs) : témoignages des camps et communauté négative

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    Il s’agit de considérer ce que la césure littéraire d’Auschwitz fait à la lecture littéraire. C’est une question qui s’impose au regard de ce nouvel art d’écrire qu’est au XXe siècle le témoignage. Pour les rescapés des camps de concentration, en effet, c’est la transmission même de leur expérience qui rend problématique l’appartenance de leur témoignage à la littérature. Soucieux de la valeur documentaire de leur déposition, ils sont cependant confrontés à l’ignorance et, au-delà, au refus de comprendre des non-déportés, de sorte qu’ils ne peuvent se contenter de rapporter des faits, qui resteraient inaccessibles aux lecteurs. Pour atteindre ceux-ci malgré eux, ils prennent alors parfois le parti d’écrire depuis une conscience de victime ; or, là où le récit tend vers l’essai, les lecteurs ne doivent pas demeurer indemnes. Car, alors que l’expérience des camps, intégralement négative, a brisé irrémédiablement les témoins, les lecteurs sont appelés à reconnaître leur semblable dans la victime. Telle est l’utopie paradoxale du témoignage, cependant, que, si les lecteurs ne se sentent plus à l’abri du danger, une communauté, négative certes mais viable, se réalise, par une transmission du « rien d’humain » qui demeure malgré tout dans une condition inhumaine.What impact did the Auschwitz literary hiatus have on literature ? Answering that question is needed in light of the new, testimonial way of writing that came to the fore last century. By their descriptive nature, can testimonials from concentration camp survivors be truly considered as literature ? The documentary value of such testimony is pitted against the lack of knowledge, or even the denial, of those lucky enough to have escaped deportation. This confrontation requires of the survivors that they go beyond the mere retelling of events that would otherwise remain unread. Sometimes, they achieve this goal by spinning their tale from a victim’s point of view, one that may well grasp at the readers’ emotions as they go through essay-like narratives. Indeed, whereas concentration camps were thoroughly negative and de-humanising and permanently shattered their victims, readers must nonetheless be able to identify with the human side of these victims. Such is the paradoxical utopia of testimonials, whereby the writer feels compelled to go beyond his human experience so as to reach and sensitise the reader. It is in that beyond, where nothing can help writer nor reader address this experience, that both, although human, will commune paradoxically outside humanity

    Volodine lecteur des témoins : le dispositif d’éveil post-exotique

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    International audienc

    Architecture et politique : la « cathédrale de l’avenir », de l’expressionnisme au nazisme

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    National audienceThe analysis proposed in this text takes its place in a work of “cultural criticism”, which usually endeavours to determine the responsibility of the culture in the process of political and intellectual evolution. It is argued that the total work of art, which becomes an undemocratic fantasy in Wagner, is a condition of possibility of totalitarian domination in the twentieth century. The demonstration is based on the recovery of the Wagnerian project in the field of architecture, especially during the era of expressionism. It aims to explain the special affinity between Nazi totalitarianism and the art of building.L’analyse proposée dans ce texte participe d’une œuvre de « critique de la culture », qui s’attache en général à déterminer la responsabilité de la culture dans l’ensemble de l’évolution politique et intellectuelle. Il s’agit de soutenir que l’œuvre d’art totale, qui devient un fantasme antidémocratique chez Wagner, est une condition de possibilité de la domination totalitaire au XXe siècle. La démonstration se fonde sur la récupération du projet wagnérien dans le domaine de l’architecture, spécialement à l’époque de l’expressionnisme. Elle vise à expliquer l’affinité particulière qui existe entre le totalitarisme nazi et l’art de bâtir

    Le schisme littéraire des témoignages de la Grande Guerre

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    International audienc

    Aucun de nous n’en réchappera : du témoignage à la fiction apocalyptique

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    Aujourd’hui, la possibilité avortée de l’Autre s’est concentrée en celle d’éviter malgré tout la catastrophe. Theodor W. Adorno If this goes on… Robert A. Heinlein Contribuer à la réflexion collective de cet ouvrage, c’est pour moi nécessairement s’exprimer « à l’instant du danger » en se confrontant à la menace, qui pèse réellement sur nous désormais, de l’apocalypse. C’est ainsi que je reçois la proposition que nous font les directeurs de publication de nous rappeler la responsabilité endos..
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