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Le rapport rural/urbain en Grèce
Au cours des dix dernières, années les investigations entreprises sur la société grecque par des chercheurs grecs ou étrangers se sont considérablement enrichies et diversifiées. Prolongeant une tendance manifestée déjà depuis les années soixante-dix, les recherches réalisées sur la thématique du rapport rural-urbain pendant cette période sont marquées par l’accent mis sur les études empiriques et qualitatives (enquêtes locales ou localisées) plutôt que sur les grandes synthèses globalisantes..
Introduction
La figure du héros a toujours occupé une place imposante dans les traditions orales du Sud-est européen. Quelles sont leurs caractéristiques physiques, morales, sociales ? Leur pouvoir charismatique ? Y a-t-il un archétype héroïque commun en Europe du Sud-est qui aurait traversé les temps ? Comment les idéologies du XXe s. ont-elles valorisé et instrumentalisé les grandes figures de la tradition orale ? En lançant ces questions, Damianakos met en particulier en valeur les rapports complexes entre mythe et histoire, ainsi que les problèmes d’interprétation liés au vocabulaire utilisé, au matériau oral et non-actuel des chants populaires, au contexte ethno-historique mal expliqué. Quant au fossé entre idéologie et réalité littéraire, il existe du fait que le terme de « héros » est absent du lexique traditionnel des pays du Sud-est européen.Hero’s figure has always played a major role in the South-Eastern Europe oral traditions. Which are their physical, moral and social characteristics? Is there any trans-historic common heroic archetype in South-Eastern Europe? How did the 20th c. ideologies value and instrumentalize the great figures of the oral tradition? By such an asking, Damianakos brings into light the complex ties between myth and history, as well as interpretative problems linked with vocabulary, oral and inactual material of folk songs, and inaccurate explanations of ethno-historic context. As far as the gap between ideology and literary reality is concerned, it comes from the absence of the word “hero” in traditional lexicon of the South-Eastern Europe countries
De l’objet ethnologique à l’objet littéraire : la conversion risquée
Jacques Lacarrière et Michel Volkovitch La Grèce de l’ombre, Anthologie des chants rébétika Christian Pirot, 1999, 161 p. Apparus vers la fin du XIXe siècle et en création permanente tout au long de la première moitié du XXe, les rébétika grecs résument la poétique des marginaux et des déracinés qui affluent pendant cette période dans les grandes villes ou les ports de part et d’autre de la mer Egée. Souvent comparés aux urban blues américains, au tango argentin ou au fado portugais, ils dis..
Dissidence sociale et identités culturelles en Grèce au XIXe siècle
Jusqu’en 1830 et la constitution de l’État grec, les clephtes jouissaient d’une haute considération sociale, mais furent par la suite considérés comme des criminels de droit commun. Ce renversement s’explique par les transferts de légitimité qui s’opérèrent autour de 1830 : sous les Ottomans, la société civile (la paysannerie grecque) et la société politique (les autorités) fonctionnaient dans une certaine complémentarité grâce au principe d’autonomie. Le bandit social, véritable notable local, trouvait alors sa place comme médiateur entre les deux pôles. En revanche,  l’arrivée des Bavarois le rendit inutile et dangereux. La figure du clephte se pérennisa donc dans la mentalité populaire en subissant une distorsion : il était désormais un modèle de résistance sociale, légitimé par les illégalismes face à la société de droit.Until 1830 and the constitution of the Greek State, the clephtes enjoyed high social status, but were later regarded as common criminals. This reversal is due to the transfer of legitimacy that took place around 1830: under the Ottomans, civil society (the Greek peasantry) and political society (the authorities) complementarily thanks to the principle of autonomy. The social bandit, who was then a true local notable, found its place as a mediator between the two poles. However, the arrival of Bavarians made him useless and dangerous. The figure of clephte was thus perpetuated in the popular mentality undergoing distortion: he was now a model of social resistance, legitimized by illegal actions against new social order
Un anti-héros exemplaire : le personnage de Karagöz - Karaghiozis en Turquie et en Grèce
Décalque en négatif du héros balkanique, le personnage littéraire de Karagöz s’en rapproche si l’on considère son image dans la tradition orale : ces deux figures expriment une contre-éthique populaire, un esprit de contestation et une révolte face à l’ordre établi. Ce rapprochement permet à l’auteur d’analyser à nouveaux frais Karagöz et son antagoniste Hacivat, pour en souligner le discours subversif.First of all a negative copy of the Balkan hero, the literary character of Karagöz nevertheless gets him closer if we consider its image in the oral tradition: these two figures convey a popular counter-ethics, a spirit of dispute and a revolt against the established order. This parallel leads the author to deliver a new analysis of Karagöz and his antagonist Hacivat; he stresses their subversive views
Les équivoques de la statistique : dépeuplement et double appartenance sociale en Épire (1961-1991)
En dépit des tendances à la désertification de l’espace rural commandées par la société moderne et les chiffres fournis par la statistique, les villages épirotes refusent de mourir. Ce double défi, à la fois socio-démographique et épistémologique, lancé à la logique dominante, s’inscrit dans un phénomène d’ampleur de plus en plus considérable au cours de ces dernières décennies, celui de la double appartenance sociale et spatiale des migrants ruraux. Quelles que soient les particularités de l’histoire démographique d’une localité et la gravité de son dépeuplement apparent actuel, ce phénomène conditionne étroitement le jeu de la reproduction sociale du village et contribue à modifier l’image de désertification fournie par les études statistiques habituelles. La population villageoise perdue à la suite du mouvement conventionnellement appelé « exode rural » est ainsi retrouvée à l’intérieur d’une zone de no man’s land statistique où le clivage urbain/rural n’a pas de sens et où la définition même de la « population » d’une agglomération aurait besoin d’être reconsidérée.Despite trends towards the abandonment of rural areas precipitated by modern society and displayed by statistics, Epirot villages refuse to die. This double challenge, both socio-demographic and epistemological, to the dominant logic can be situated in a broader phenomenon of dual social and spatial affiliation of rural migrants, which has been increasingly prominent over the past decades. This phenomenon clearly determines the social reproduction of the village and contributes to altering the picture of rural desertification given by standard statistical research, irrelevant of the particular demographic history of the place or its apparent serious depopulation. The village population, lost through a movement most often termed “rural exodus”, finds itself in a statistical no man’s land where the urban/rural cleavage loses meaning and where the definition of the “population” of an agglomeration needs to be revised
Introduction
La figure du héros a toujours occupé une place imposante dans les traditions orales du Sud-est européen. Quelles sont leurs caractéristiques physiques, morales, sociales ? Leur pouvoir charismatique ? Y a-t-il un archétype héroïque commun en Europe du Sud-est qui aurait traversé les temps ? Comment les idéologies du XXe s. ont-elles valorisé et instrumentalisé les grandes figures de la tradition orale ? En lançant ces questions, Damianakos met en particulier en valeur les rapports complexes entre mythe et histoire, ainsi que les problèmes d’interprétation liés au vocabulaire utilisé, au matériau oral et non-actuel des chants populaires, au contexte ethno-historique mal expliqué. Quant au fossé entre idéologie et réalité littéraire, il existe du fait que le terme de « héros » est absent du lexique traditionnel des pays du Sud-est européen.Hero’s figure has always played a major role in the South-Eastern Europe oral traditions. Which are their physical, moral and social characteristics? Is there any trans-historic common heroic archetype in South-Eastern Europe? How did the 20th c. ideologies value and instrumentalize the great figures of the oral tradition? By such an asking, Damianakos brings into light the complex ties between myth and history, as well as interpretative problems linked with vocabulary, oral and inactual material of folk songs, and inaccurate explanations of ethno-historic context. As far as the gap between ideology and literary reality is concerned, it comes from the absence of the word “hero” in traditional lexicon of the South-Eastern Europe countries
Centre d’études byzantines, néo-helléniques et sud-est européennes
Georges Drettas, chargé de recherche au CNRS Anthropologie linguistique des Balkans L’examen concret des « communautés linguistiques » – entendues au sens des Sprachgemeinschaften de la Volkskunde classique appliquée à nos régions – s’est focalisé cette année sur l’espace dialectal bulgaro-macédonien. Défini comme une réalité objectale par la slavistique classique, depuis le milieu du XIXe siècle, l’ensemble appelé traditionnellement « bulgare » est intéressant en ce qu’il a produit deux lang..
Banditisme social et imaginaire pastoral en Grèce (XIXe — début XXe siècle)
Social Banditry and the Pastoral Imagination in Greece (from the 19th to the Early 20th Century).
Social banditry continued the long tradition, from the Ottoman period, of the clephtes and armatoles. Like these, its ambition was to obtain hegemony but over local areas and not over the whole of continental Greece. From the founding of the Greek state to the early 20th century, social banditry came to embody two conflicts. In the one between the logic of the centralizing state and the ancient order of communal autonomy, the bandit leader became the legitimate defender of the latter owing to the solidity of his local base, his hoplitic power and his renown, which came from his role in irredent movements till after the First World War and from his image as a renderer of justice among the masses of oppressed peasants. The second conflict set transhumant agro-pastoral societies — the best recruiting grounds for banditry and also the best host community — at odds with large landowners or with public authorities about access to pastures and national land reserves. The agro-pastoral world was linked to banditry by several functional complementarities and structural homologies that could be seen in terms of ways of life, the relationship to space, the cultural as well as moral practices, and the principles of internal organization. The pastoral imaginary realm found expression through several saracatsan songs about the fore- mentioned conflicts as well as through the social values that shepherds and bandits shared.Prolongation de la vieille tradition des clephtes et des armatoles de l'époque ottomane et incarnation d'une vocation hégémonique locale au même titre que ces derniers pour l'ensemble de la Grèce continentale, le banditisme social devient, de la création de l'état hellénique au début du XXe siècle, le lieu privilégié d'un double conflit : d'une part celui qui oppose la logique de l'État centralisateur à l'ancien ordre des autonomies communales dont le chef-bandit est dorénavant le défenseur légitime ; ceci grâce notamment à la solidité de ses assises locales, son pouvoir hoplique et son prestige assuré à la fois par le rôle qu'il a joué dans les mouvements irrédentistes jusqu'au lendemain de la première guerre mondiale, et par son image de justicier auprès des masses paysannes opprimées. D'autre part, le conflit entre sociétés agro-pastorales transhumantes (source de recrutement et milieu d'accueil par excellence du banditisme) et grands propriétaires terriens ou pouvoirs publics, à propos, essentiellement, des conditions d'accès aux pâturages et de la question des terres nationales. Le monde agro-pastoral est lié au banditisme par un certain nombre de complémentarités fonctionnelles et d'homologies structurelles qui se manifestent aussi bien dans le domaine du mode de vie et des rapports avec l'espace, que dans celui des pratiques culturelles, de l'univers moral ou des principes d'organisation internes à la bande et au tseligato. L'imaginaire pastoral, très fortement marqué par le banditisme, s'exprime à travers de nombreux chants saracatsans qui lui sont consacrés et qui témoignent des conflits en question, en même temps que de certaines valeurs sociales communes aux pasteurs et aux bandits.Damianakos Stathis. Banditisme social et imaginaire pastoral en Grèce (XIXe — début XXe siècle). In: Études rurales, n°97-98, 1985. L'ethnographie / Grèce, sous la direction de Françoise Zonabend et Jean Jamin. pp. 219-240