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    In the Artaud's Land of Tarahumaras : "One walks from the equinox to the solstice accomplishing one's own humanity"

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    A partir d’une analyse détaillée de « La danse du Peyolt » et « La Montagne des signes », textes formant l’ensemble D’Un Voyage au pays des Tarahumaras, initialement publiés dans des revues mexicaines et françaises entre 1936 et 1937, cet article s’attache à démontrer comment les nerfs d’Artaud ont enregistré les grands mythes en même temps que les grands moments de l’histoire universelle. La révolution au Mexique, les feux de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne, de l’Ethiopie, de la Chine sont autant de moments, où Artaud a pu faire prévaloir une conception matérialiste de l’esprit, qu’il rapporte à travers une vision du corps désagrégé dans la Sierra mexicaine. En parcourant les versants de la montagne, il trouve un appui dans la figure mythique du Jikuri indien et parvient à une régénération physique et spirituelle par l’écriture. Grâce au lien Jikuri, dans le rite de purification du Peyotl, Artaud transcende, par la langue, un « faire-corps » en un « faire-peuple » (Raymonde Carasco : 2009) via les images d’un paysage halluciné. Cet article parut dans une version anglaise en 2016, dans la revue indépendante finlandaise Rab-Rab Press, supportée par Frame visual art Finland. En synthétisant les résultats de l'analyse textuelle avec ceux de la recherche, l’auteur tente de démontrer, qu’au Mexique, Artaud bascule dans le délire conjointement au monde, et que sa poésie prend des intonations prophétiques en "adhérant à l’Histoire". La contamination sémantique entre les termes des Tarahumaras et le lexique de l’homme européen oblitère le sens du mot pour lui redonner immédiatement toute sa force d’énonciation, sa dimension matérielle et son souffle. Tandis qu’Hitler "adjoint la race à l’agent pathogène", Artaud, témoin du discours hygiéniste, en retour, s’y oppose par la "ruse formelle" (Florence de Mèredieu : 2014). Dans le Voyage, il résiste à toutes les formes qui pourraient contrecarrer le "nettoyage de son esprit". En déclarant le retour d’antiques « rapports perdus », il invente un rapport entre l’esprit et le corps qui interrompt l’errance de ce délire historique. Artaud Antonin, Messages révolutionnaires ; D’un voyage au pays des Tarahumaras Œuvres, édition établie, annotée et présentée par Évelyne Grossman, Paris, Gallimard, 2004, (Quarto) ; Carasco Raymonde, « Approche de la pensée tarahumaras » dans Antonin Artaud, Frau Guillaume, Bibliothèque nationale de France- Gallimard, Paris, 2007, p. 134-141 ; de Mèredieu Florence, Antonin Artaud dans la guerre, de Verdun à Hitler, L’Hygiène mentale, Paris, Blusson, 2014, p. 163-202. ; Virmaux Odette et Alain (éd.), Artaud vivant, Paris, NEO, 1980 (Lumière sur, 1) ; Chaliel André, « Antonin Artaud et la confrontation initiatique », dans Virmaux Odette et Alain (éd.), Artaud vivant, op. cit., p.138 ; Dequeker Jean« Antonin Artaud ou « l’Extermination des propriétés » », p.153-164 ; Virmaux Alain, Antonin Artaud et le théâtre, Paris, UGE, 1977 (10/18), p. 84 ; Charbonnier Georges, Antonin Artaud¸ 2e éd., Paris, Seghers, 1970, (Poètes d’aujourd’hui), p. 198-199 ; Thévenin Paule, Antonin Artaud : fin de l’ère chrétienne, Paris, Lignes, 2006, p. 40 ; Art en théorie 1900-1990.Une anthologie par Charles Harrison et Paul Wood¸ Bertrand Anne et Michel Anne (éd.), Paris, Éditions Hazan, 1997, p. 486 ; Nietzsche Friedrich, Poésies, traduction et préface de Georges Ribemont-Dessaignes, Éditions Gérard Lebovici, Paris, 1984, p. 18
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