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    Philosophie et marketing : Sartre à Montréal, mars 1946

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    À quoi attribuer le succès médiatique de Sartre à Montréal en mars 1946 ? Quelles furent les conditions de la réception de cette philosophie dans la culture québécoise ? Cette étude montre que le succès médiatique de Sartre est rendu possible principalement par l’action de journalistes et de critiques littéraires qui exploitèrent les thématiques de la philosophie sartrienne en vue d’ouvrir le climat intellectuel québécois et d’accroître leur pouvoir dans le champ intellectuel.What contributed to Sartre’s Montreal media success of March 1946 ? What conditionned the enthusiastic reception of Sartre’s philosophy ? This study shows that journalists and literary critics were largely responsible for the French philosopher’s media success. They used Sartre’s philosophy for the purpose of expanding the cultural climat while extending their own power base within Quebec’s intellectual life

    L'écart esthétique de Marie Calumet et l'étude de ses diverses réceptions

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    Cette étude porte sur Marie Calumet, célèbre roman de Rodolphe Girard paru en 1904. Le cadre théorique de notre recherche s'appuie sur l'esthétique de la réception de Hans Robert Jauss et la notion de carnavalesque développée par Mikhaïl Bakhtine. Dans un premier temps, nous avons établi l'horizon d'attente canadienne-française des lecteurs entre 1900 et 1910. Le premier chapitre observe donc la production romanesque de cette période, ses principales orientations, ses auteurs et ses critiques. En deuxième lieu, par rapport à cet horizon d'attente, nous avons cerné l'écart esthétique de Marie Calumet par l'entremise de la critique. Surtout, grâce à son étude sur la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance, Bakhtine nous a fourni les outils nécessaires pour examiner l'écriture carnavalesque de Marie Calumet, à partir de laquelle l'écart esthétique produit par le roman peut être efficacement saisi. Finalement, le troisième chapitre établit les réceptions successives de Marie Calumet. Au fil de celles-ci, nous voyons évoluer les avis sur les motifs de la condamnation et de la censure du roman, les critiques bonnes et mauvaises dont il a été l'objet et nous pouvons saisir le moment de sa réhabilitation institutionnelle et sociale

    Le "printemps" de la bande dessinée québécoise (1968-1975)

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    Cette thèse s'intéresse à un moment charnière de l'histoire de la bande dessinée québécoise, moment que le discours critique a qualifié de « Printemps ». Cette appellation regroupe les productions réalisées par de jeunes auteurs entre 1968 et 1975. Le marché de la bande dessinée québécoise avait auparavant été monopolisé par les éditions Fides qui avaient publié des revues (Hérauts, François, Claire) entre 1940 et 1964 ainsi que de nombreux albums durant la décennie 1950. Suite au retrait du marché par cet éditeur au début des années 1960, un foisonnement de nouvelles publications allaient voir le jour à la fin de la décennie et au début de la suivante, ce que le théoricien Georges Raby allait qualifier de « Printemps » dans un texte publié dans la revue Culture vivante en 1971. Il identifiait alors les publications des membres du groupe du Chiendent comme l'élément déclencheur de ce mouvement. Le Chiendent regroupait trois illustrateurs provenant des Beaux-Arts, André Montpetit, Marc-Antoine Nadeau et Michel Fortier autour du poète Claude Haeffely. Les œuvres de ce quatuor, très modernes, contrastaient fortement avec la bande dessinée classique telle qu'elle s'était développée après la deuxième Guerre mondiale. Au même moment où ces auteurs débutaient leur carrière en tant qu'auteurs de bande dessinée, le médium lui-même connaissait de nombreux bouleversements et ce, tant au niveau de sa forme et de ses contenus que des conditions économiques et sociales qui le régulaient. Cette évolution n'était pas étrangère au contexte socio-politique qui prévalait alors. Tant au Québec qu'en Occident, la jeunesse, plus nombreuse, intégrait en masse des systèmes d'éducation qui allaient s'adapter à cette nouvelle clientèle plus ouverte aux innovations culturelles. Dans un article publié en 1975, Luc Boltanski identifiait cette période comme le début de l'autonomisation de la pratique de la bande dessinée, condition essentielle à l'avènement d'un champ culturel tel que défini par Pierre Bourdieu dans ses récents travaux. C'est à ce moment que se situent les débuts de la légitimation de la bande dessinée : exposition de planches dans des musées, travaux universitaires utilisant la bande dessinée comme objet d'étude, et un discours théorique qui s'intéresse au langage même et non plus uniquement aux méfaits que la lecture de cette littérature pouvait occasionner. Au Québec, si le discours théorique a toujours accordé une grande importance à ce « Printemps », nous constatons que cette période est largement méconnue et ce, autant de la part des gens du milieu de la bande dessinée que des théoriciens. Nous avons alors voulu mettre à jour ce pan important de notre littérature. Nous avons donc situé ce moment à l'intérieur de l'histoire du médium lui-même et, surtout, à l'intérieur de son histoire au Québec. Nous avons également esquissé les grandes lignes des bouleversements que connaissait alors le Québec et la place des jeunes dans la société puisque ce sont majoritairement eux les producteurs et les consommateurs de la bande dessinée durant ces années. Nous avons utilisé le concept de « champ littéraire » afin de rendre compte adéquatement des positions occupées par les différents intervenants dans les deux sphères de production de masse et de production restreinte. Par la suite, nous nous sommes intéressés à deux œuvres particulières : celle du groupe du Chiendent d'abord, puisque les membres de celui-ci apparaissaient comme les auteurs les plus influents de l'époque. Puis, nous avons analysé les récits de Réal Godbout, l'auteur le plus reconnu, 40 ans après le « Printemps » et qui amorçait alors sa carrière. Nous avons utilisé pour cette analyse les plus récents travaux des théoriciens Thierry Groensteen, Benoît Peeters et Scott McCloud afin de mettre à jour les particularités formelles et thématiques des œuvres étudiées.\ud ______________________________________________________________________________ \ud MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Bande dessinée, Québec, printemps, groupe du Chiendent, Réal Godbout, champ littérair

    La contribution artistique, pédagogique et théorique de Napoléon Bourassa à la vie culturelle montréalaise entre 1855 et 1890

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    Cette thèse porte sur la carrière et la pensée de l'artiste canadien-français Napoléon Bourassa (1827-1916), qui s'est fait connaître à titre de peintre, architecte, critique d'art, écrivain et enseignant. Cette étude cherche à retracer la position intellectuelle adoptée et le rôle culturel joué par Bourassa dans la société montréalaise de la seconde moitié du XIXe siècle. De façon plus spécifique, cette thèse vise l'évaluation de la contribution artistique, pédagogique et théorique de l'artiste à la vie culturelle montréalaise entre 1855 et 1890. Le plan de la thèse comprend deux parties principales, qui témoignent de deux étapes distinctes dans la carrière de l'artiste. La première partie de la thèse porte sur les quinze premières années (1855-1869) de la carrière de Bourassa, après un séjour d'études en Europe. À cette époque d'effervescence culturelle, les associations et les bibliothèques publiques se multiplient, le domaine de l'instruction publique connaît des réformes importantes, alors que plusieurs nouveaux périodiques paraissent. Les deux chapitres constituant cette section illustrent la participation de Bourassa à différentes entreprises culturelles et ses liens avec les autres intellectuels montréalais de la période. Le premier chapitre aborde les débuts de l'artiste dans la sphère culturelle montréalaise, en examinant sa contribution au mouvement associatif, sa production littéraire et sa participation au développement du milieu de l'art. Cette analyse montre que Bourassa prend part à un réseau d'intellectuels francophones voué à l'essor et à la promotion d'une culture canadienne-française basée sur le sentiment nationaliste et la religion catholique. Le chapitre deux étudie les diverses facettes de sa carrière dans le domaine artistique, soit sa production picturale et scuIpturale, ses activités d'enseignement du dessin et des beaux-arts, ses critiques d'art publiées dans la Revue canadienne, et sa participation à l'Exposition universelle de Paris en 1867. Ce chapitre démontre que Bourassa fait sa marque dans le domaine cuIturel montréalais moins par l'impact de sa production artistique que par sa réflexion critique sur la pédagogie et le développement des arts au Canada. La seconde partie de la thèse porte sur la période s'étendant de 1870 à 1890, alors que le mouvement associatif montréalais s'essouffle et que les effets de l'industrialisation se manifestent de plus en plus. Cette section étudie les différentes activités de Bourassa qui montrent que l'artiste désirait participer à l'essor d'une école canadienne des beaux-arts. Le chapitre trois met en lumière les principales thèses défendues par Bourassa dans ses essais sur l'esthétique et l'histoire de l'art qu'il rédige à partir de 1870. Cette étude permet de constater que la pensée de Bourassa sur l'art est teintée des idées des théoriciens français du renouveau de l'art religieux (A.-F. Rio, C.-J. Félix), qui prônent un retour à la peinture murale et le recours à une forme d'art hiératique inspirée de l'art pré-renaissant. Le chapitre quatre analyse les principales entreprises de décor mural auxquelles Bourassa prend part entre 1870 et 1890, c'est-à-dire la décoration de la chapelle de l'Institut Nazareth, celle de la chapelle Notre-Dame de Lourdes, le projet de décor du Palais législatif, et celui de la cathédrale Saint-Hyacinthe-le-Confesseur. L'examen des deux premiers décors religieux révèle l'emploi, par Bourassa, d'un style hiératique inspiré de l'art pré-renaissant en accord avec l'enseignement des théoriciens du renouveau de l'art chrétien. Les études préparatoires des deux autres projets, qui n'ont jamais été réalisés, démontrent que l'artiste désirait travailler dans un style différent, plus près du naturalisme. Le chapitre cinq rend compte des différentes contributions de Bourassa à l'enseignement des beaux-arts et des arts industriels, et met en évidence les préceptes pédagogiques soutenus par l'artiste. Cette étude montre que Bourassa met de l'avant deux modèles pédagogiques différents pour la formation des ouvriers (dans une institution d'enseignement) et des artistes (dans l'atelier d'un maître). Quant aux préceptes pédagogiques chers à l'artiste, ils reposent surtout sur le principe d'émulation et sur l'apprentissage du dessin d'après modèles. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Napoléon Bourassa, Art, Théorie, Enseignement, Peinture murale, Canada

    Trois mouvements intellectuels québécois et leurs relations françaises : l'action française, "La relève" et "La nation" (1917-1939)

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    La question des rapports entre l'Action française de Montréal (1917-1927), devenue l'Action nationale (1933-), et l'Action française de Paris (1899-1944) a généralement été posée en termes idéologiques. L'apparente dichotomie entre d'une part, l'intérêt du mouvement québécois pour son homonyme français dont il adopte le nom, et de l'autre, l'indépendance et la dissemblance de leurs idéologies, demeurait un « mystère » dans l'historiographie. La présente thèse part de la volonté d'élucider cette question. Elle propose d'examiner cette question sous un autre angle, \ud celui de l'histoire des intellectueIs, c'est-à-dire de leurs pratiques socioculturelles, qui éclaire la question du rapport entre les deux Actions françaises. L'Action française, La Relève (1934-1940) et La Nation (1936-1939), et leurs relations françaises, sont examinés dans une perspective comparative. L'étude met en valeur les structures développées par les mouvements intellectuels au début du XXe siècle, innovations déterminantes pour l'action intellectuelle du siècle. L'examen des relations entre ces mouvements s'augmente de l'étude de leurs relations françaises, qui jouent un rôle important. L'étude se fonde sur un dépouillement des périodiques, la correspondance, l'analyse des structures, et sur une comparaison des prises de position des mouvements. Cette mise en situation dans le contexte des débats intellectuels et aux autres mouvements de leur époque permet une meilleure caractérisation de chacun des mouvements. Après avoir défini \ud « intellectuel » et « mouvement intellectuel », l'auteur propose une première taxinomie des types de mouvements intellectuels. Les mouvements intellectuels caractérisent les nouvelles pratiques des « intellectuels » du XXe s., dans le contexte des médias et des modes d'intervention spécifiquement intellectuels qui apparaissent vers 1900. La « ligue d'intellectuel » ressort comme le type le plus ambitieux, celui par lequel un collectif tente de poursuivre une ambition d'hégémonie culturelle (définie en termes gramsciens). Plus communs, se démarquent le mouvement axé sur une revue, exploratrice d'idéologies d'avant-garde, et le mouvement axé sur un hebdomadaire de combat, serrant de près l'actualité et la politique. L'hebdomadaire de combat et surtout la revue intellectuelle sont deux exemples de périodiques spécifiquement intellectuels qui se développent à côté des journaux de masse et d'information. La première partie, après une revue de l'historiographie, retrace le contexte intellectuel de la naissance de l'Action française de Montréal. Outre la présentation des nationalismes alors en jeu, il s'agit de situer l'Action française parmi les mouvements existant au moment de sa conception. L'originalité de la Ligue d'Action française et l'ambition intellectuelle \ud « gramscienne » de ses fondateurs sont ainsi mises en relief. La seconde partie analyse l'Action française et fouille la question de ses rapports avec l'Action Française de Paris. Au-delà d'un certain décalage entre les idéologies de l'Action française de Montréal et de Paris, la ligue française apparaît comme un modèle de mouvement intellectuel, un modèle d'organisation et de stratégie, étudié et adapté par les éminences de la ligue québécoise. La ligue française offre un véritable canevas pour édifier un mouvement dont l'ambition d'hégémonie idéologique à long terme est à la fois comparable et exceptionnelle. La ligue québécoise s'édifie selon un plan remarquablement analogue. Ce plan, étayé par un « programme d'action nationale » fonde une action à déploiement multiple sur une \ud « doctrine de nationalisme intégral ». Dans les deux cas, une « ligue d'action française » déploie l'action intellectuelle en application de ce programme. Le contenu de ce programme comme de la doctrine sont propres à l'Action française de Montréal, mais la démarche, assez unique, est analogue à celle de l'Action française de Paris, qui lui servit de modèle stratégique. L'auteur fonde son hypothèse sur la comparaison des structures des deux ligues, la reprise de ces concepts-clés, et la confirme par l'étude de la correspondance de Lionel Groulx et Omer Héroux, ainsi que les notes de lecture de Groulx. Groulx et Héroux ont mené la transformation de la Ligue des droits du français (1913) en Ligue d'Action française (l921), en commençant par le lancement de la revue\ud L'Action française (1917). La caractérisation de l'Action française repose sur le dépouillement de la revue, où est rapporté l'ensemble des activités de la Ligue. Cette étude fait ressortir un temps fort des rapports entre les deux Actions françaises, vers 1922-1924. Ce rapprochement a été favorisé par le renforcement du parti des catholiques ralliés ou compagnons de l'Action française, en particulier le Parti de l'intelligence mené par Henri Massis et Jacques Maritain. L'analyse idéologique comparative fait ressortir des différences entre les nationalismes pourtant traditionalistes des deux mouvements: l'Action française de Groulx, catholique, rejette le « politique d'abord » de Maurras, ne focalise pas sur les formes de gouvernement, n'est pas révolutionnaire et n'a pas de parti pris en faveur de la dictature, mais accepte le libéralisme constitutionnel. Elle est modérée, éloignée de la violence politique et réformiste. Il faut dire que la tradition à laquelle elle se réfère est politiquement distincte de celle que cultive l'Action Française de Paris. Par contre sa compatibilité idéologique est plus grande avec les catholiques d'Action Française de France. Suite à la Condamnation de l'Action Française de Paris par le Pape en 1926-1927, l'Action française de Montréal changea de nom et se rallia à la position de \ud « primauté du spirituel » défendue par Maritain. Le mouvement connaît des difficultés, puis renaît en 1933 sous le nom d'Action nationale. L'auteur examine la continuité du modèle de la « ligue d'intellectuels » qu'avait incarné l'Action française chez l'Action nationale, dont les proportions ne sont plus les mêmes. La troisième partie analyse La Relève et La Nation. La Condamnation de l'Action française de Maurras a eu d'autres retombées, indirectes, dans la vie intellectuelle québécoise, qu'illustrent ces deux mouvements. Du Parti de l'intelligence, scindé par ses réactions divergentes à la Condamnation, découlent deux courants de non-conformistes des années 1930, la Jeune-Droite et les personnalistes. Ces deux courants sont déterminants pour La Nation et La Relève respectivement. La Relève est en effet un mouvement « ami d'Esprit », du mouvement personnaliste de Mounier, fortement influencé à sa naissance par Maritain. L'examen comparatif des deux mouvements dévoile, outre une proximité formelle entre le modèle de revue adopté par les deux mouvements, un léger écart. La Relève, davantage centrée sur la revue, et entièrement catholique, demeura plus proche de Maritain qu'Esprit. Ainsi, les prises de position de La Relève devant les crises des années 1930 rejoignent celles de Sept, où s'engagent Maritain et Daniel-Rops, davantage que celles d'Esprit. Cet écart léger entre personnalismes est confirmé par une plus grande présence de Maritain et Daniel-Rops que de Mounier dans la revue. La Nation est lancée par une équipe en partie issue de la revue non-conformiste Vivre. Pour établir un hebdomadaire, et poursuivre une ambition d'agir plus près de la politique que de l'exploration idéologique, La Nation adapte une formule à succès qui lui plaît, celle de Gringoire. Entre les trois hebdomadaires français d'extrême droite principaux, Candide, Je suis partout et Gringoire, c'est la formule de Gringoire, satirique, politique et littéraire, mais aussi plus populaire, que La Nation avoue préférer. Elle adapte la formule et est influencée idéologiquement par Gringoire et Je suis partout. La Nation est fortement imprégnée de l'idéologie des maurrassiens dissidents, en particulier de la Jeune Droite. Elle prend comme eux position pour le fascisme en y voyant une façon moderne de parvenir au régime d'ordre préconisé par Maurras. Elle adhère au « politique d'abord » comme ne le fit point l'Action française de Groulx -ni l'Action nationale. La Nation vise en outre à s'impliquer directement dans la politique, se rapprochant en cela davantage de Je suis partout que de Gringoire\ud Cependant La Nation entend développer une ligne entièrement autonome, conséquence de son nationalisme. L'axe principal de son action est de promouvoir le séparatisme et le corporatisme fasciste comme solution politique conjointe. Or son évolution, mise en situation de la politique, se distingue de celle de Gringoire et Je suis partout. Ces mouvements français se radicalisent en effet toujours davantage vers le totalitarisme, un fascisme européen, qui n'était pas leur position initiale. Au contraire d'eux, La Nation condamne les accords de Munich. Elle maintient son nationalisme autoritaire et même en atténue le fascisme et l'autoritarisme. Délaissant le modèle italien, elle s'intéresse aux expériences américaines, notamment au créditisme en Alberta. Son programme se modère toujours davantage, abandonnant graduellement le séparatisme pour l'autonomie. L'autonomie elle-même passe de revendicative à défensive. La Nation tente de s'allier à des formations politiques nettement plus modérées et « met de l'eau dans son vin ». Il ressort de cet examen que La Nation se démarque de la jeune-Droite parce qu'elle place le nationalisme au-dessus du fascisme dans sa hiérarchie de valeurs. Son engagement nationaliste l'attire d'ailleurs vers davantage de modération afin de s'associer à des ensembles plus nombreux.\ud Outre le contexte de la realpolitik interne, Lionel Groulx, avec l'ensemble des nationalistes indépendants dont elle cherche à se rapprocher, paraît avoir exercé une influence modératrice sur La Nation. Il émane comme un « maître » de la génération intellectuelle des années 1930, du moins dans les trois mouvements étudiés. Des débats et échanges entre La Relève, La Nation et L'Action nationale, il ressort que L'Action nationale et La Relève ont davantage de points communs et s'opposent aux positions de La Nation. Elles rejettent le « politique d'abord » et le fascisme, reconnaissant une primauté du spirituel qui doit baliser leurs nationalismes respectifs. Les liens interpersonnels entre La Relève et L'Action nationale se révèlent fournis, notamment à travers l'organisation des Jeune-Canada. Ces jeunes intellectuels peuvent être qualifiés de \ud « non-conformistes » québécois. La thèse éclaircit le mystère des rapports entre les deux Actions françaises, et révèle l'importance particulière du Parti de l'intelligence et du non-conformisme dans les relations intellectuelles franco-québécoises de l'entre-deux-guerres. L'enquête dévoile l'originalité de La Nation à l'extrême droite et la proximité entre La Relève et L'Action nationale à travers la jonction du nationalisme et du personnalisme. II ressort de cette attention mise sur l'évolution des pratiques que l'action intellectuelle du XXe siècle se démarque par l'importance de l'action collective, le foisonnement de nouvelles structures d'engagement que nous appelons « mouvements intellectuels » el l'innovation en ces matières d'organisation. Différentes organisations répondent à différentes stratégies et diverses ambitions. L'étude de trois cas de mouvement intellectuel et de relations intellectuelles franco-québécoises espère ainsi apporter une contribution utile au chercheur en histoire intellectuelle. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Intellectuel, Nationalisme, Conservatisme, Traditionalisme Personnalisme, Fascisme, Non-conformistes, Transferts culturels, Idéologies, Vie intellectuelle (Québec), Vie intellectuelle (France), Ligue des droits du français, Action française (Montréal), Action canadienne-française, Action nationale, Jeune-Canada, La Relève, Vivre, La Nation, Action française (Paris), Esprit, Sept, Gringoire, Je suis partout, Front latin, Joseph-Papin Archambault, Lionel Groulx, Omer Héroux, Paul Beaulieu, Paul Bouchard, Robert Charbonneau, Jean-Louis Gagnon, Marcel Hamel, André Laurendeau, Jacques Maritain, Henri Massis, Charles Maurras, Daniel-Rops, Paul Doncoeur, Emmanuel Mounier

    Images du patriote : objets commémoratifs, intentions variables

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    Images de Patriotes: objets commémoratifs, intentions variables se veut une histoire générale des idées de la commémoration rébellienne depuis l'érection du tout premier monument à la mémoire du patriote Louis Marcoux, en 1836, jusqu'à nos jours. Plus qu'une nouvelle étude s'ajoutant à celles déjà nombreuses touchant les rébellions ou à celles tout aussi importantes s'intéressant à la commémoration comme outil d'affirmation identitaire, cette histoire générale des idées de la commémoration rébellienne rend compte de la diversité des perspectives par lesquelles la mémoire des patriotes s'est matérialisée depuis plus de cent soixante-dix ans. L'exploration des intentions qui sous-tendent cette médiation mémorielle, des négociations qui, parfois, accompagnent la volonté de mémoire et de la portée symbolique des repères commémoratifs permet d'ailleurs de constater que la commémoration de cette page d'histoire et de ses acteurs n'a pas toujours été une pratique mémorielle controversée, telle qu'on la perçoit aujourd'hui. Images de Patriotes: objets commémoratifs, intentions variables est aussi une étude de l'imaginaire rébellien et plus particulièrement des représentations qui l'ont nourri, du regard de l'acteur de cette période pour le moins dramatique de l'histoire à l'interprétation relevant de la fiction littéraire. Ces représentations, dont certaines ont acquis un statut de symbole, sont le miroir du contexte qui les a vu naître. Ainsi, plus que des soutiens visuels aux divers récits abordant les rébellions; les oeuvres et les illustrations qui composent l'imagerie rébellienne renseignent sur les perspectives par lesquelles la contribution des patriotes a été appréciée depuis les événements eux-mêmes jusqu'à récemment. Ce qui montre bien que l'imaginaire rébellien prélude et contribue largement à la médiation de la mémoire des patriotes ou encore, selon l'hypothèse avancée, que les images de Patriotes, mythifiées par les multiples lectures idéologiques, sont des vecteurs importants de la mise en mémoire des rébellions et de sa réception. Après une présentation générale du sujet, le chemin emprunté dans cette thèse s'arrête d'abord sur la richesse de l'imagerie rébellienne, ancrage visuel de l'imaginaire rébellien. La description du contexte (physique, politique ou littéraire) qui a inspiré la réalisation des oeuvres et des illustrations de cette imagerie permet de mettre à jour la portée symbolique qui leur était reconnue au moment de leur création. Elle permet aussi de constater, pour certaines d'entre elles, l'écart sémantique entre le premier investissement de sens et les réinvestissements, voire, les travestissements idéologiques dont elles ont été l'objet lors de lectures subséquentes. C'est dans ce cadre qu'Un Vieux de '37, considéré par certains comme \ud l'« icône » de l'histoire nationale du Québec ou encore comme le signifiant-maître de l'idée même que l'on peut se faire du Patriote, est l'objet d'une analyse particulière. Remontant le parcours de sa notoriété, ce regard posé sur une oeuvre emblématique des rébellions tout comme des actuelles revendications des militants pour un Québec indépendant, démontre ou démonte le processus de mythification des images de Patriotes. Suivant le modèle de schématisation des nouveaux mythes développé par Roland Barthe, cet arrêt sur l'image, laisse voir comment les investissements, les réinvestissements et les travestissements idéologiques successifs et spatialement différents, contribuent à forger l'imaginaire rébellien. Enfin, à l'instar de Michel Foucault, le travail d'archéologie autour de la mise en mémoire des rébellions et des patriotes dévoile les conditions d'apparition dans le paysage mnémonique des repères qui constituent le patrimoine commémoratif rébellien. Plus qu'ajouter aux connaissances sur la médiation de la mémoire des patriotes, ce travail archéologique rend compte de l'utilité de la pratique mémorielle. On y constate qu'au-delà du rappel du passé, la commémoration s'inscrit dans le présent. Un constat qui ne se limite pas qu'à l'actuelle mise en mémoire des rébellions qui se confond avec les revendications indépendantistes, mais qui est bien palpable, des tout premiers monuments jusqu'aux récents gestes mnémoniques et ce, sans égard à la réception de ces gestes. De même, cette plongée dans les méandres de la médiation de la mémoire permet de prendre conscience de l'importance de l'imaginaire rébellien dans la volonté, la matérialisation et la réception de la mise en mémoire. Bref, Images de Patriotes: objets commémoratifs, intentions variables offre une meilleure compréhension de cette pratique mémorielle. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Image, Imaginaire, Mémoire, Commémoration, Patriote

    "La séduction du temps intérieur : trajet d'Albert Lozeau jusqu'à L'Âme solitaire"

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    Un combat d'école? : le champ historiographique vu de Québec (1947-1965)

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    Après les chocs de la crise des années 1930 et de la Deuxième Guerre mondiale, les conditions de production et la représentation de l'histoire du Québec entrent dans une phase de profondes mutations. Alors que s'enfièvre le débat autour des causes du « retard » de la société québécoise et l'enjeu de sa « modernisation », le savoir historique que convoque une nouvelle génération de jeunes universitaires entend offrir une nouvelle intelligibilité de l'être-ensemble francophone. L'« école historique de Québec », qui a réuni des figures historiennes majeures comme Marcel Trudel, Fernand Ouellet et Jean Hamelin, naît dans cette foulée de changements où elle configurera, dans ses querelles nourries avec l'école de Montréal, une matrice fondamentale de l'historiographie québécoise contemporaine. Objet familier de notre mémoire savante et constitutif du récit des origines de la discipline historique au Québec, l'« école de Québec » n'en demeure pas moins une sorte d'évidence héritée et non problématisée, dont la construction rétrospective dénote une finalité utilitaire et idéologique plutôt que proprement heuristique. Or, l'évidence apparente du sens que l'on a longtemps perçue dans cette « école » dissimule une complexité que cette thèse s'emploie à analyser plus finement. Qui sont Trudel, Ouellet et Hamelin? Quelle place occupent leurs travaux dans l'historiographie québécoise et canadienne? Quelles influences ont-ils agrégé? Quel « récit des origines » du groupe ont-ils accrédité? Dans quelle mesure se sont-ils mis au service d'une option politique? Face à la difficulté de parler d'une école au sens fort du terme en raison, notamment, de la variété de sa production historiographique, de l'absence d'une doctrine intellectuelle puissamment articulée chez ses membres et de la discontinuité des générations et des trajectoires individuelles qui l'ont caractérisée, notre recherche s'emploie à retracer l’histoire de ce groupe d'historiens aux contours flous, à mieux cerner son identité et situer son apport à la recomposition du champ intellectuel et historiographique québécois d'après-guerre. Notre thèse soutient que la position originale du trio lavallois fut d'avoir constitué, plutôt qu'une école de pensée, une « école d'activité » (Samuel Gilmore), organisée autour d'une conception semblable des pratiques et de la méthode historienne plutôt que d'une orthodoxie ou un modèle d'interprétation unifié et cohérent. Bien entendu, cette disposition n'a pas pour autant empêché ces historiens de se reconnaître un même « air de famille » et d'esquisser un horizon interprétatif commun. Dans une perspective alliant l'historiographie et l'histoire intellectuelle, cette étude lève le voile sur les cheminements, à la fois convergents et divergents, de trois historiens majeurs du Québec contemporain situés à l'intersection des champs universitaire, intellectuel et politique. Ce faisant, elle offre un point d'observation privilégié pour jauger les rapports évolutifs entre le savoir historique et la culture au Québec et cerner la particularité du « terreau » intellectuel lavallois dans la spécificité de ses réseaux nationaux et internationaux ainsi que de ses accointances avec la pensée antinationaliste, libérale et fédéraliste d'après-guerre.After the shocks of the Depression and the Second World War, the conditions of historical production and representation in Quebec changed in important ways. In the midst of passionate debate concerning Quebec’s “late” accession to “modernity”, a young generation of academic historians offered new interpretations of francophone Quebecers’ existence as a collectivity. The “Quebec Historical School,” whose main members were Marcel Trudel, Fernand Ouellet and Jean Hamelin, took form in this context. In a sustained dispute with their counterparts of the “Montreal School”, these Laval University historians helped shape a fundamental matrix of contemporary Quebec historiography. With its prominent place in scholarly memory and in the Quebec profession’s origin myth, the “Quebec School” has bequeathed a legacy that seems self-evident. Yet those who have studied it employ utilitarian or ideological criteria rather than properly heuristic ones. The very obviousness of the meaning usually attributed to the “school” hides a complexity that this thesis submits to close analysis. What kind of historians were Trudel, Ouellet, and Hamelin? What was the place of their work in Quebec and Canadian historiography? To what influences were they exposed? What “origin narrative” did they endorse? To what extent did they serve a political cause? Placed before the difficulty of speaking of a school in the strong sense of the word (on account, notably, of the diversity of the members’ work, the absence among them of a strongly articulated intellectual doctrine, and the presence of two generations and three individual trajectories), the thesis seeks to identify common strains of thought within the group and to assess its contribution to reshaping post-war Quebec historiography. It argues that the three Laval historians’ defining characteristic was to have formed not a school of thought but a “school of activity” (Gilmore) organized around a similar conception of practices and historical method rather than an orthodoxy or a unified and coherent explicative model. Of course, this disposition did not prevent the three historians from acknowledging a kind of “family resemblance” and from tending toward a common interpretative horizon. Combining the approaches of historiography and intellectual history, this study follows three major contributors to Quebec historiography whose paths both converged and diverged as they responded to the challenges of their intellectual, institutional and political worlds. To this end, the thesis takes a close look at the intellectual environment at Laval, the group’s national and international networks, and its contacts with post-war antinational, liberal and federalist thought. Through the prism of the “Quebec school”, this study affords a view of the changing relations between historical knowledge and culture in mid-twentieth-century Quebec
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