11 research outputs found

    On sets of numbers rationally represented in a rational base number system

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    In this work, it is proved that a set of numbers closed under addition and whose representations in a rational base numeration system is a rational language is not a finitely generated additive monoid. A key to the proof is the definition of a strong combinatorial property on languages : the bounded left iteration property. It is both an unnatural property in usual formal language theory (as it contradicts any kind of pumping lemma) and an ideal fit to the languages defined through rational base number systems

    L'hybridation et les écarts génériques : véhicule de la critique sociale chez Stephen King

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    Le présent mémoire se veut une étude d'un genre littéraire peu connu à ce jour, soit le genre particularisé par Stephen King et qui lui est unique. Nous croyons en effet juste d'écrire qu'il s'agit de \ud « son » genre, puisqu'il est le chef de file d'une utilisation subversive des genres littéraires fantastique, gothique et gore. Tous les critiques le diront, l'écriture de King se reconnaît aisément grâce à un style narratif singulier, à un sens du suspens inégalé et à un humour noir et caustique littéralement impitoyable. Nous avons décidé de bâtir notre recherche sur ces fondations, mais en nous penchant plus particulièrement sur l'utilisation que fait l'auteur américain des trois genres littéraires nommés ci-haut. En effet, plutôt que de faire appel à un genre en particulier, King utilise les trois genres simultanément, tout particulièrement dans le roman The Shining, et nous pensons que cette hybridation générique permet un éclatement de la structure morale de l'oeuvre, qui \ud l'accompagne d'une critique parfois acerbe de la société américaine. En outre, nous verrons que le manichéisme commun aux récits d'horreur est revu et repensé dans les textes de King, ce qui permet à l'auteur de remettre en cause la victoire indéfectible et toujours plus ou moins prévisible, dans les romans noirs, du Bien dans sa grande guerre contre le Mal. Nous avons divisé ce mémoire en trois chapitres distincts, le premier étant voué à une revue des connaissances concernant les trois genres littéraires étudiés, et les deuxième et troisième aux analyses proprement dites des romans Salem 's Lot, Carrie et The Shining. Parallèlement à l'étude de Salem 's Lot, nous proposons une analyse du roman Dracula de Bram Stoker. Nous croyons cette analyse pertinente puisque Stephen King a écrit son deuxième roman en hommage au texte de l'auteur irlandais. L'utilisation du genre gothique est commune aux deux auteurs, mais la critique sociale présente dans les deux romans semble diamétralement opposée. Nous avons décidé de découvrir en quoi le vampire de Stoker est si différent de celui de King et pourquoi ce qu'ils représentent métaphoriquement est si divergent. Notre analyse de Carrie et de The Shining approfondira la notion d'hybridation générique et nous amènera à conclure que l'utilisation simultanée de plusieurs genres littéraires donne la possibilité à l'auteur d'inclure dans le sous-texte de ses oeuvres les plus achevées une critique sociale beaucoup plus subtile que ne lui permet l'utilisation d'un seul genre, comme c'est le cas dans Salem 's Lot. Tout au long du mémoire, nous nous attarderons aussi sur le type de peur que crée chacun des genres comme effet de lecture: la terreur pour le fantastique, l'horreur pour le gothique et la répulsion pour le gore. Nous décrirons ces trois registres de peur dans le premier chapitre et nous verrons que c'est la terreur qui permet la meilleure réflexion sur l'objet de la peur et que c'est pourquoi le roman The Shining est sans contredit le plus effrayant, sur le plan de la critique sociale, des trois romans de Stephen King à l'étude dans ce mémoire. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Genres littéraires, Hybridation générique, Stephen King, Fantastique, Gothique, Terreur, Société américaine

    La performance de l'idiotie dans la vidéo Actions in Action du duo HalfLifers

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    Les années 1990 sont marquées par une accessibilité sans précédent à la production de vidéos réalisées à domicile qui coïncide avec l'apparition de productions culturelles particulières. Ce mémoire s'intéresse au cas spécifique de la vidéo Actions in Action (1997) du duo HalfLifers (1992-…), distribuée dans un contexte de diffusion artistique. Cette recherche investigue les visées rhétoriques et les discours identitaires véhiculés dans cette œuvre par l'association à la figure de l'idiot, à la fois par la représentation à l'écran de personnages idiots interprétés par le duo et par l'esthétique de l'amateurisme de la réalisation. Avec des approches anthropologiques et sociologiques, il y est entrepris de mettre en évidence l'idiotie rhétorique performée dans cette œuvre et d'éclairer comment elle influence sa perception ainsi que l'image identitaire construite par ses auteurs. À partir de l'interprétation de textes sur la figure de l'idiot et autres figures contiguës, il est d'abord démontré que les représentations artistiques et littéraires de l'idiot depuis la Renaissance font émerger une figure au carrefour de la singularité, de l'exclusion, de la liminalité, de la sagesse et de la réflexivité. La figure de l'idiot a servi en tant que motif satirique ainsi que comme symbole identitaire lorsque reprise par les artistes à partir du 19e siècle, dans un paradigme d'éthique de singularité. Ces discours sont expliqués en prenant plus particulièrement appui sur les textes de Jean-Yves Jouannais sur la représentation de l'artiste en idiot et de Michel Foucault sur l'histoire de la folie. Ensuite, dans une analyse de la fonction sociale de la performance de l'idiotie, s'appuyant sur les contributions des anthropologues Victor W. Turner et Laura Levi Makarius ainsi que sur celles de l'humoriste et essayiste Joanne R. Gilbert, il est démontré que certaines professions dans nos sociétés, comme l'artiste et l'humoriste, occupent des rôles particuliers de critiques autorisés comparables aux statuts liminaires du bouffon et du clown rituel dans les sociétés traditionnelles. Enfin, la méthode d'analyse des œuvres d'art humoristique développée par Annie Gérin sera empruntée pour élaborer une analyse des caractéristiques formelles, contextuelles, iconologiques de l'œuvre ainsi que des principales incongruités qu'elle présente. Il sera ainsi démontré que la vidéo articule une marginalité rhétorique par des ruptures narratives et une affiliation à des identités alternatives. Il se dégagera de cet examen que la performance de l'idiotie dans Actions in Action articule une marginalité rhétorique qui participe à authentifier le statut du duo HALFLIFERS dans la sphère de l'art.\ud ______________________________________________________________________________ \ud MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : figure, idiot, art, vidéo, performance, singularité, marginalité, rhétorique, liminalité, masculinité, humou

    Représentations sociales des femmes à l'aube du XXIe siècle dans le cinéma américain

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    Ce mémoire porte sur la représentation des femmes dans le cinéma américain à la fin du xxe siècle. Le questionnement s'articule autour de l'adéquation entre cette représentation et la représentation de la femme telle que décrite par Jean-Jacques Rousseau et les contes de fées au XVIIIe siècle. Cinq films ont été retenus pour cette analyse, Contact, Aliens : la résurrection, G.I.Jane, Le mariage de mon meilleur ami et la reprise de la Belle et la bête par Disney. Les théories de l'analyse du discours ont permis la construction d'une grille d'analyse pour identifier et interpréter les différents discours et leur réseau de sens. Cette grille d'analyse a fait ressortir les ressemblances et les dissonances entre les discours sur « la » femme tenus dans le passé par rapport à ceux tenus dans le présent. Certes des éclats de nouveautés se font voir parfois avec force, mais la répétition du discours passé tente de maintenir une représentation figée des femmes. La mainmise du patriarcat sur le devenir et la représentation des femmes reste indéniable. En conclusion de ce mémoire, j'affirme que la représentation des femmes, dans les films analysés, met en évidence des brisures importantes avec la description de la représentation des femmes du XVIIIe siècle de Rousseau, mais que ces changements ne sont pas l'affirmation de la libre auto construction des femmes. Au contraire, le pouvoir du patriarcat sur la construction des femmes reste tout puissant. Les femmes ne sont pas libres d'être qui elles veulent ou ce qu'elles veulent, elles sont autorisées à l'être. \ud ______________________________________________________________________________ \ud MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Féminisme, Représentation, Cinéma, Analyse du discours, Patriarca

    Etude dynamique de la qualité de l'information et des données d'un système d'information complexe

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    The recent development of social networks and the deployment of different types of sensors made possible to record and store in databases large amounts of heterogeneous data. The quantity of available data is not the only problem to be handled and a new concept has arisen: the quality of data and its influence over information system performance. Assessing the quality of the information proposed by an information system has become one of the major research topics in the last two decades. A quick literature survey shows that a significant number of information quality frameworks are proposed in different domains of application. Unfortunately, they do not provide a feasible methodology that is both simple and intuitive to be implemented in practice. In order to address this need, we propose a new information quality methodology. Our methodology makes use of existing frameworks and proposes a three-step process capable of tracking the quality changes through the system. In the first step we propose decomposing the information system into its elementary modules. Having access to each module allows us to locally define the information quality. Then, in the second step we model each processing module by a quality transfer function, capturing the module¿s influence over the information quality. In the third step we make use of the previous two steps in order to estimate the quality of the entire information system. Thus, our methodology allows informing the end user on both output quality and local quality. The proof of concept of our methodology has been carried out considering two applications: an automatic target recognition system and a diagnosis coding support system.Le développement des réseaux sociaux et le déploiement d'un nombre de plus en plus élevé de capteurs font que la quantité des données disponibles à traiter ne cesse d'augmenter. Mais avoir à sa disposition une quantité impressionnante de données n'est pas suffisant, car un autre facteur joue un rôle aussi important : la qualité des données et des informations extraites. Il existe dans la littérature plus de 20 méthodologies d'évaluation de la qualité de l'information (QI). Malheureusement, toutes ces méthodologies ont une vision boîte noire du système d'information (SI) et essaient d'évaluer la QI en utilisant des formulaires. Cette procédure n'est pas intuitive, est très subjective et demande beaucoup de temps. Nous proposons une nouvelle méthodologie, en 3 étapes, d'évaluation de la QI d'un SI complexe. Dans la première étape le SI est décomposé en modules élémentaires. Grâce à cela, il est possible d'étudier la qualité en entrée et en sortie de chaque module : qualité locale. Dans la deuxième étape chaque module est caractérisé par une fonction de transfert de qualité réalisant le lien entre la qualité en entrée et celle en sortie. Dans la troisième étape, la qualité du SI global est évaluée en utilisant la qualité locale et les fonctions de transfert de qualité des modules. Celle-ci est appelée qualité globale et est évaluée par la propagation de la qualité à travers le SI. La validation est réalisée en considérant 2 applications : un système de reconnaissance automatique de cibles radar et un système d'aide au codage médical. Cette méthodologie permet non seulement une évaluation instantanée de la qualité mais aussi une explication de la qualité à plusieurs niveaux

    La littérature à l’ère photographique : mutations, novations, enjeux : de l’argentique au numérique

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    Travail réalisé en cotutelle avec l'Université Rennes 2 (France)Désormais, nous sommes tous photographes. Nos téléphones intelligents nous permettent de capter, de modifier et de partager nos clichés sur les réseaux en moins d’une minute, tant et si bien que l’image photographique est devenue une nouvelle forme de langage. Réciproquement, serions-nous également tous écrivains ? Il existe en effet une véritable légitimité historique à penser que la notion d'écrivain, comme celle de photographe, s'étend le long d'un paradigme allant de la « simple » possession d'une aptitude technique jusqu'à la gloire des plus fortes figures de la vie culturelle collective. Cette thèse vise à déterminer comment se constitue une nouvelle mythologie de l’image photographique à l’ère du numérique, comprenant aussi bien la réévaluation du médium argentique vieillissant que l’intégration d’un imaginaire propre à ces technologies dont nous n’avons pas encore achevé de mesurer l’impact culturel sur nos sociétés. À cet égard, la perspective littéraire est riche d’enseignements en termes culturels, esthétiques ou même ontologiques, puisque la littérature, en sa qualité de relais du fait photographique depuis près de deux siècles, a pleinement participé à son invention : c’est là du moins l’hypothèse de la photolittérature. En cette période de transition technologique majeure, il nous revient de cerner les nouvelles inventions littéraires de la photographie, pour comprendre aussi bien les enjeux contemporains du fait photographique que ceux de la littérature.Nowadays, we are all photographers. Our smart phones allow us to take, edit and share our snapshots on social media in less than a minute, to the extent that the photographic image has become a new form of language. Reciprocally, have we all become writers as well? There truly is historical legitimacy in seeing the notion of the writer, like that of the photographer, as spanning a paradigmal spectrum, running from “simple” possession of technical aptitude, to the glory of the loftiest figures in our collective cultural life. This thesis aims to determine how the new mythology around the photographic image takes shape in the digital age, while also re-evaluating the aging medium of film, as well as integrating a newly imagined sphere of ideas surrounding these new technologies, for which we have yet to measure the cultural impact on our societies. In this respect, a literary perspective is rich in cultural and even ontological lessons, since literature has interacted with photography for nearly two centuries, and thus contributed to its invention : this is at least the central hypothesis of photoliterature. In this period of major technological transition, we must therefore identify photography’s new literary inventions, so that we can better understand the contemporary issues surrounding both the worlds of photography and literature

    Gouvernement d'entreprise et décisions d'emploi

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    À l’origine de cette thèse se trouve la question suivante : « Qu’est-ce qui rend possible et justifie que les licenciements économiques soient de plus en plus nombreux dans les entreprises en bonne santé ? » Autrement dit : « en quoi les décisions de licenciement sont-elles des décisions raisonnables ? ». C’est-à-dire, pour reprendre les mots de Laurent Thévenot, D’une part : quelles sont les raisons sur lesquelles les entreprises s’appuient pour agir ? i.e. les raisons qui régissent la décision rationnelle. Et d’autre part : en quoi ces raisons sont de bonnes raisons ? qu’est-ce qui les rend acceptables, objectivables, justifiables au regard d’autres personnes. À l’issue du travail sur cette question, cette thèse donne une lecture de ce qui rend raisonnable les décisions de licenciement. L’objectif de ce travail est d’armer la critique de ce type de licenciement. Comment donner les moyens d’une critique de ce que de nombreux observateurs appellent « la gestion financière des ressources humaines » ? Selon nous, cette critique suppose de remettre en question les représentations sur lesquelles se fonde le fonctionnement de l’entreprise. Ce travail est donc structuré en deux parties : la première porte sur les licenciements et leurs justifications et la deuxième qui consiste à remettre en question les représentations couramment admises de l’entreprise et de son fonctionnement. ******* Notre travail a donc commencé par l’analyse du cadre de la décision de licenciement économique collectif. C’est en effet le préalable à l’étude des argumentaires des projets de licenciements : pour comprendre quelles contraintes et quels passages obligés pouvaient exister dans l’expression des motivations des décisions de licenciement, il était indispensable de déterminer le cadre juridique, économique, sociologique et historique du licenciement économique. Sur le plan juridique, la loi de modernisation sociale apportait une définition plus restrictive des causes économiques d’un licenciement collectif. Toutefois, le Conseil Constitutionnel a décidé, au début de cette année (le 17 janvier 2002), de censurer cette nouvelle définition au nom de la liberté d’entreprendre. Il en résulte donc le maintien des trois causes possibles antérieures : les difficultés économiques de l’entreprise, les mutations technologiques, la réorganisation en vue de sauvegarder la compétitivité de l’entreprise. Il convient d’ajouter que le juge n’a pas le pouvoir de déterminer à lui seul la réalité de la situation économique de l’entreprise : il se borne à constater le caractère légal de la justification de la décision de licencier. Quant au cadre d’analyse économique, si l’analyse économique néo-classique donne une image conforme à celle du droit des motivations possibles du licenciement économique collectif, elle bute néanmoins sur la prise en compte du travail comme une marchandise différente des autres. Les approches en termes de capital humain, même si elles permettent de prendre en compte la dimension temporelle de la relation de travail, notamment à travers les questions de compétences et de formation, ne permettent pas de concevoir son aspect de contrat à durée indéterminée. L’approche en terme de contrats implicites bute quant à elle sur la nécessité, pour analyser le licenciement économique collectif, de le concevoir comme résultant d’une décision unilatérale de l’employeur. Enfin, l’approche de Williamson, même si elle constitue une avancée majeure pour les économistes, reste limitée dans son analyse du licenciement économique collectif, car elle ne permet pas réellement de prendre en compte son aspect dépersonnalisé, c’est-à-dire collectif. Sur le plan sociologique et historique, il semble que l’apparition des licenciements collectifs dans le cadre de la réorganisation des entreprises en vue de sauvegarder la compétitivité, au début des années 90, ait marqué un tournant important par rapport aux licenciements collectifs antérieurs. Les licenciements économiques collectifs, qui étaient jusqu’alors essentiellement destinés à restaurer la rentabilité des entreprises, deviennent alors destinés à améliorer cette rentabilité. C’est un véritable changement dans la nature des licenciements économiques : la décision de licenciement ne peut plus alors être conçue comme une décision prise en situation de crise : c’est inévitablement une décision qui se fonde sur l’interprétation d’indicateurs de gestion. La décision de licenciement économique collectif apparaît alors nécessairement comme une décision stratégique : parce qu’elle a un impact déterminant sur l’entreprise et parce qu’elle est prise dans une perspective stratégique, c’est-à-dire avec des objectifs définis et évaluables. Les indicateurs de gestion tiennent un rôle déterminant dans les processus de décision des entreprises. Ils déterminent, par leurs structures, les objectifs de l’entreprise : ils sont le prisme au travers duquel les dirigeants analysent la situation de l’entreprise et sont à l’origine du diagnostic porté. On comprend donc que certains auteurs aient pu voir dans l’instrumentation de gestion un facteur déterminant à l’origine des licenciements, comme la notion de licenciement réflexe le suppose. Toutefois, il nous semble que cette perspective doit être nuancée du fait de la nature essentiellement stratégique de cette décision, ce qui l’insère dans une structure d’instrumentation de gestion, amis aussi dans une structure organisationnelle. Le projet de licenciement apparaît alors comme un objet de cette gestion stratégique. * Le deuxième temps de notre réflexion s’est alors axé sur les justifications des plans de licenciement (à propos de l’ensemble constitué par le plan social proprement dit et par l’argumentaire économique (ou volet économique), nous parlerons du plan de licenciement). Le cadre théorique que nous avons choisi est celui des Économies de la Grandeur, qui met au centre de toute coordination la notion de justification : dans ce cadre, pour être applicable, une décision doit pouvoir être justifiée. Le terrain auquel s’applique cette analyse repose sur des entretiens avec des DRH, des directeurs financiers, des avocats et des consultants qui travaillent pour le compte des directions d’entreprise. Afin de multiplier les angles d’approche, nous avons aussi travaillé avec des experts de comité d’entreprise et leurs avocats sur des cas de licenciement économique collectif et, bien entendu, sur les documents qui s’y rapportent. De cette approche croisée résulte une analyse qui permet de mettre en valeur deux aspects de la décision de licenciement : 1. D’une part, la décision de licenciement est justifiée sur le plan économique, comme la loi l’exige, mais cette justification ne donne que le contexte de la décision des dirigeants. Les justifications des dirigeants relèvent de la gestion, c’est-à-dire de leur appréciation souveraine de ce qui doit être fait face à un contexte économique donné. Leur interprétation du contexte économique de la décision étant explicitée par la justification économique. Il appartient donc aux lecteurs des argumentaires économiques de plan de licenciement de déterminer la justification de gestion pour pouvoir proposer des alternatives. En effet, celle-ci n’est jamais explicitement formulée dans le plan de licenciement : elle est du domaine exclusif des dirigeants, elle ne fait pas partie de la justification économique proprement dite. 2. D’autre part, et c’est le deuxième enseignement de notre travail de terrain, les justifications des décisions de licenciement reposent sur trois arguments. Ces trois arguments forment la base et le contour des argumentaires. On peut ainsi résumer la logique des plans de licenciement : « le marché a conduit l’entreprise à de mauvais résultats auxquels il convient de réagir par une amélioration de la productivité et/ou de la rentabilité qui passe par des licenciements douloureux mais indispensables à la survie de l’entreprise ». Cet enchaînement presque mécanique permet de concevoir la décision de licenciement comme inévitable. On trouve ici les grandeurs marchandes, industrielles et civiques définies par Boltanski et Thévenot. En effet, il n’y a que dans les registres marchands et industriels que les licenciements économiques collectifs peuvent être considérés comme des actions justifiées, et selon la terminologie de ces auteurs, comme une décision guidée par un bien supérieur commun. En ce sens, les argumentaires de plan de licenciement revêtent un certain formalisme, mais ils permettent cependant de rechercher, à travers la description du contexte économique de la décision des dirigeants, ce qui les a guidés sur le plan stratégique, même si, sur ce point, d’autres grandeurs peuvent avoir été mobilisées (comme les grandeurs domestiques et connexionnistes). Il résulte de cette analyse et de notre travail d’intervenant dans des cas de difficultés économiques analogues que la décision de licenciement n’est en aucun cas la seule possible pour redresser une entreprise. Il en résulte aussi que les actionnaires jouent un rôle déterminant dans ces décisions, soit en permettant de les éviter en remettant les finances de l’entreprise à flot, soit à travers l’image que les dirigeants et les membres du conseil d’administration peuvent avoir des exigences des actionnaires, notamment en matière de rendement de l’action. ******* L’importance de l’image des attentes des actionnaires nous a conduit à nous interroger sur le rôle des principes de Corporate Governance dans les décisions d’emploi. Les principes de Corporate Governance résument les attentes des actionnaires, et en particulier des fonds de pension, en matière de communication de l’entreprise avec les marchés financiers. Ils reposent sur l’idée que, pour faire fructifier leurs investissements, les actionnaires doivent pouvoir contrôler les actions des dirigeants de l’entreprise. On comprend qu’un grand nombre d’analyses théoriques des pratiques de Corporate Governance distinguent alors des modèles qui varient selon le contexte légal des pays considérés. On comprend aussi qu’il s’agit, pour les entreprises qui souhaitent se conformer ainsi aux principes de Corporate Governance, de répondre aux attentes des investisseurs. C’est cette interprétation des dirigeants des entreprises que nous avons appelée « convention de financiarisation » et qui consiste, à travers la stratégie de l’entreprise mise en œuvre, à satisfaire la supposée exigence de rendement de l’action à court terme des investisseurs. En mobilisant de nombreuses études à l’appui de notre raisonnement, nous avons montré que cette convention de financiarisation est illégitime en ce qui concerne les décisions de licenciement : elle ne permet pas aux entreprises qui l’appliquent d’atteindre leur objectif de satisfaction des actionnaires pas plus que de justifier leur décision du point de vue juridique, RH ou économique. En effet, les études concernant les liens entre licenciement et cours de l’action montrent que la réaction des marchés financiers est globalement négative lors de l’annonce de licenciement ou de réduction d’effectif. Ces résultats deviennent franchement négatifs au fur et à mesure que l’on accroît la période sur laquelle on analyse l’impact de l’annonce. Il apparaît cependant que ce résultat peut être positif si l’entreprise annonce une stratégie de redressement cohérente qui impose entre autres choses de réduire les effectifs. Toutefois, ces études montrent aussi de manière évidente que les entreprises qui licencient n’améliorent pas sensiblement leur performance économique en 3 ans et que les entreprises qui ne licencient pas et celles qui embauchent voient leur cours augmenter de manière nettement plus rapide que les autres. Il apparaît donc, et cela est confirmé par des études sur les critères de décision des investisseurs et nos entretiens avec des traders, que les acteurs des marchés financiers ont une analyse plus élaborée et fine des entreprises que la convention de financiarisation pouvait le laisser supposer. Il nous a alors paru nécessaire de s’interroger sur ce qui est l’enjeu principal de la Corporate Governance : en fonction de quels intérêts une entreprise doit-elle être gouvernée ? De cette question découle la question de la représentation de l’entreprise : quel est son périmètre, qui la compose, comment définir son intérêt et ses responsabilités ? * Le droit autant que l’économie ne conçoivent pas, dans leurs théories classiques, l’existence de l’entreprise : pour l’économiste, elle se réduit à la figure de l’entrepreneur maximisateur, tandis que pour le juriste, l’entreprise se réduit à la personne morale de la société. Un détour par les théories juridiques du pouvoir, notamment, montre la difficulté à concevoir l’entreprise comme une unité. C’est donc à travers la notion de système autopoïétique (développée par G. Teubner) à propos du droit et du groupe de société que nous avons tenté de définir l’entreprise. L’intérêt de cette approche est de considérer l’entreprise comme un système fonctionnant de manière analogue à un système vivant, c’est-à-dire en interaction avec son environnement dans une relation d’interprétation réciproque des messages de l’un et de l’autre. Cette perception permet de concevoir l’entreprise comme un système qui s’organise lui-même, se régule et se reproduit. C’est un apport réel à la question de la définition de l’entreprise et de son contour. Toutefois, de cette conception découle une perception totalement désincarnée de l’entreprise. Nous avons alors tenté de rapprocher l’acteur et le système. Cette perspective s’appuie sur les travaux de Crozier et de Friedberg qui s’appuient sur la notion de pouvoir et sur la notion de système d’action concret qui conjugue les raisonnements stratégiques et systémiques. Nous avons cependant voulu proposer une autre possibilité de rapprochement à travers la notion d’objet-système que nous avons conçu comme une introduction à l’idée de système autopoïétique comme objet saisi dans « l’action ensemble » (Thévenot). Dans cette perspective, l’objet dépasse la seule perception que les acteurs qui s’en saisissent peuvent en avoir pour interagir, selon les principes du système autopoïétique avec eux et avec l’environnement. Loin d’être une théorie complète et finie, cette intuition théorique doit plutôt être regardée comme l’amorce d’un rapprochement qui nous semble nécessaire ou du moins extrêmement fécond entre acteur et système. Si, en ce sens, cette approche théorique ne permet pas de répondre directement à la question de la définition des stakeholders de l’entreprise, elle permet de comprendre que ceux qui sont concernés par l’entreprise ne sont pas seulement ses dirigeants et/ou ses actionnaires, mais aussi tous ceux qui peuvent s’en saisir dans l’action : salariés, fournisseurs, citoyens, clients et même dans une certaine mesure l’environnement. ******* Pour conclure, cette thèse concerne le licenciement et son impact et montre la nécessité d’une conception élargie de l’entreprise dans ses décisions. En ce sens, c’est une pierre dans la construction d’outils susceptibles de permettre l’élaboration d’une théorie de l’entreprise « élargie » qui puisse prendre en compte les intérêts de ses parties prenantes et en être tenue pour responsable. English Abstract: This work aims at explaining the decision process of employment decisions within the firm through a pluridisciplinary approach (especially economy, management and law). Relying on the study of specific issues as corporate governance, accounting norms, monitoring tools, and through the use of many event studies looking at the link between stock price, economic performance in the US and France, this work is also based on a theoretical reflection about the nature of the firm (with an institutional approach of the legal and organizational structure)

    Le vague - De l’usage évaluatif d’un terme en français et en allemand à la reconstruction d’un concept

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    The aim of this research is to outline the concept of VAGUENESS in ordinary discourse by analyzing the uses of the adjectives vague in French and vage in German employed by speakers encountering an expression or an utterance they judge vague. The data consist of newspaper articles containing value judgments like “c’est vague” (it’s vague), “réponse vague” (vague answer), “expression vague” (vague expression), etc. By means of a qualitative and inductive method, this study acknowledges a special interest in ordinary speakers’ metalinguistic evaluative statements and attempts to determine the different meanings and functions attached to those evaluating terms. It will be shown that the use of the words vague/vage may point out a lack of information, a high degree of abstractness or a problem of multi-referentiality of the expression being judged; it is also possible to make assumptions about the pragmatic functions those judgments are fulfilling, such as, for instance, disqualifying one’s opponent, a common strategy in political debate situations. Inspired by Folk Linguistic studies, this thesis distinguishes itself from logical- and philosophical approaches as well as from the methodology of some pragmatic researches about vagueness and, in so doing, endeavors to contribute to a larger definition of the concept.L’objectif de cette recherche est de cerner le concept du VAGUE dans le discours quotidien à travers l’emploi des adjectifs vague en français et vage en allemand tels qu’ils sont utilisés par des locuteurs ordinaires lors de l’appréciation d’un terme ou d’un énoncé auxquels ils ont été confrontés. Le corpus est constitué d’extraits d’articles de presse francophone et germanophone contenant les jugements de valeur « c’est vague », « réponse vague », « expression vague », etc. À l’aide d’une méthode qualitative et inductive, partant de jugements singuliers, ce travail laisse la parole au locuteur ordinaire et essaie de relever les différents sens ainsi que les diverses fonctions que peuvent avoir les termes vague/vage dans le langage courant. Ainsi, on montre que l’emploi des mots vague/vage peut non seulement signaler entre autres un manque d’informations, un degré élevé d’abstraction ou un problème de multi-référentialité de l’expression jugée mais également servir à disqualifier l’adversaire, fonction qui semble récurrente en situation de débat politique. Cette recherche se démarque par sa méthode, inspirée de travaux relevant de la Folk Linguistics (linguistique populaire), d’approches logico-philosophiques et de certaines études pragmatiques sur le VAGUE, mais elle vise également à compléter les catégories et les définitions existantes dans cette littérature à propos de ce phénomène. Il s’agit d’un travail conceptuel qui tient à apporter de nouvelles connaissances dans le champ des études menées sur le concept du VAGUE
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