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    Le productivisme agricole en images. Une analyse sociohistorique de couvertures illustrées de guides techniques (1959-2014)

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    Cet article analyse un corpus iconographique constitué de couvertures de guides techniques agricoles, distribués par des coopératives céréalières à leurs adhérents sur une période de près de cinquante ans (1959-2014). Ces couvertures illustrées témoignent du genre d’agriculture que ces coopératives cherchent à façonner au fil du temps, de la façon dont elles entendent (se) représenter et intéresser les agriculteurs, au sein d’un espace professionnel concurrentiel où elles doivent affirmer et défendre leur position face à des critiques diverses. Elles donnent ainsi à voir comment ces coopératives participent de la construction de l’imaginaire productiviste et de ses transformations. Dans les années 1960 et 1970, la dialectique de la pathologisation-médicalisation des cultures, pour inciter les agriculteurs à traiter, apparaît centrale. Dans les années 1980 et 1990, les pesticides et ennemis des cultures sont occultés au profit de la mise en avant de la production par la coopérative de connaissances technico-scientifiques pour une « agriculture raisonnée ». Au milieu des années 2000, une rhétorique du care se met en place, mettant en scène des chefs d’entreprises agricoles, fins agronomes et responsables, prenant soin du développement durable en bon père de famille.This article presents an analysis of a corpus of covers of agricultural technical guides that grain co-ops supplied to their members for almost fifty years (1959 – 2014). Covers give an account of the way in which co-ops participate to the construction and transformation of the productivism imaginary. They depict the type of agriculture co-ops were aiming for and the way they represented themselves and their members, so that to capture producers’ interest in a competitive and professional space in which co-ops have to affirm and defend their position against critiques. Our analysis shows that in the 1960’ and 1970’, the dialectic of pathologization-medicalization is central and calls for treating crops using pesticides. In the 1980’ and in the 1990’, pesticides and crops pathogens disappear, meanwhile co-ops are shown as producers of technical knowledge supporting a rational agriculture. By mid-2000’, a care rhetoric emerges. It epitomizes farmers as having strong agronomic knowledge, being responsible and pursuing sustainable development as good family fathers

    Limites à l'adoption du semis direct sous couverture végétale par les agriculteurs familiaux en Amazonie brésilienne

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    Afin de favoriser l'abandon du brûlis par les agriculteurs familiaux du front pionnier amazonien, un projet franco-brésilien a tenté entre 2006 et 2010 de promouvoir une adaptation locale des techniques de semis direct sous couverture végétale. L'article analyse, à partir du référentiel de la sociologie de la traduction, les transformations sociales et techniques suscitées par cette initiative. Alors que des agriculteurs se sont montrés intéressés par cette alternative, les adoptions ont été rares et incomplètes : les cultures intermédiaires de légumineuses ont été rarement pratiquées et les rotations simplifiées. Par ailleurs, les institutions (banques, assistance technique, autorités politiques), dont l'appui était jugé central pour favoriser les adoptions, ont refusé de soutenir le semis direct et se sont positionnées en faveur d'une alternative centrée sur le labour motorisé. La polarisation des acteurs autour de deux options techniques concurrentes, cristallisant divers enjeux cognitifs, symboliques, socio-économiques et politiques, constitue un élément explicatif majeur de la faible dynamique en matière d'adoption du semis direct. (Résumé d'auteur

    Farmers cooperatives, technical advisory services, and environmental challenges : an investigation in Champagne-Ardenne, France

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    Les coopératives agricoles sont tantôt présentées comme une alternative au capitalisme financier, tantôt dénoncées pour leurs « résistances » à prendre en charge les problèmes d’environnement. Mais comment, concrètement, intègrent-elles ces enjeux dans leurs stratégies et leurs organisations ? Comment leurs agents sont-ils affectés dans leur travail par la montée des injonctions environnementales et comment font-ils avec ? J’aborde ces questions par l’analyse des dispositifs que ces entreprises déploient pour conseiller les agriculteurs, en m’appuyant sur une enquête socio-historique en Champagne-Ardenne. Je montre que la question de qui prend en charge les questions environnementales, et comment, structure les dynamiques du conseil coopératif. Les dirigeants des coopératives ajustent leur modèle économique et leurs dispositifs de conseil pour faire face à la concurrence et répondre aux critiques environnementales. D’un côté, ils internalisent la compétence de la durabilité dans leurs stratégies de création de richesses, en amont du conseil, afin de défendre des modalités d’écologisation de l’agriculture alignées avec leurs intérêts, tout en permettant aux agriculteurs individuels de déléguer la prise en charge de l’environnement. D’un autre côté, ils développent des démarches de conseil innovantes pour les agriculteurs refusant de déléguer cette compétence. Par ailleurs, les technico-commerciaux ne considèrent pas la prise en charge de l’environnement comme un moyen efficace de captation des clients. Ils font avec cette contrainte via leur expertise réglementaire, et développent de nouvelles compétences techniques pour répondre aux attentes diverses des agriculteurs.Agricultural cooperatives are sometimes presented as an alternative to the excesses of financial capitalism, and sometimes criticized because of their reluctance to cope with environmental concerns. But how, actually, do they integrate these environmental stakes into their strategies and organization? How are their agents affected in their work by the increase of environmental normalization, and how do they deal with them? I address these issues through the analysis of the schemes these organizations build to bring technical advice to the producers, with a socio-historical focus based on an investigation in the French Region Champagne-Ardenne. I show that the question “who handles the environmental concerns, and how” shapes the dynamic of these schemes. Executives of cooperatives adjust their economic model and advisement frame to cope with concurrence and to respond to environmental criticism. On the one hand, they integrate the competence of sustainability into their strategies of wealth creation, upstream of the advice activity, to defend ways of environmental reform of agriculture in line with their interest, and in the same time they let individual producers delegate a part of their environmental responsibility. On the other hand, they develop new advice methods for producers who don’t want to delegate this competence. Otherwise, technical sales advisors don’t think that dealing with environmental concerns is an effective means to strengthen their links with their customers. They do with this constraint through their regulatory expertise, and develop new competences to meet the producers’ request for services

    Loyalty, Service, Dependency: Attachment Work in a Large Grain Cooperative

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    This article, based on an investigation in the agro-industrial plains of North-East France, explores the processes whereby farmers become attached to and bound by their cooperative. Inspired by the sociology of commercial relations, it analyses three interwoven aspects of farmer attachment: the institutional level, which relates to the cooperative values and principles that legitimise a call for loyalty to the cooperative project; the organisational level, with the establishment of a diverse range of services; the level of service relations, at which technical sales representatives seek to forge strong ties with producers. The article shows how the issue of attachment influences big changes in the cooperative's offering and in the work of the technical sales agents. It reveals the complexity of the cooperative relationship, the tensions between logics of loyalty and service, and the mechanisms involved in the construction of ties of dependency between farmers and technical sales agents, where it is not always clear who is dependent on whom

    Quelques défis du conseil coopératif pour le développement de systèmes agricoles durables et pistes de recherche

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    Pour comprendre le genre de contribution que les coopératives agricoles peuvent fournir pour l’avènement de modèles productifs durables, nous commençons par expliciter leur projet d’« intensification écologique ». Nous analysons ensuite, sur une base bibliographique, certains de leurs points forts pour y arriver, mais aussi des défis qu’elles doivent relever : faire évoluer des logiques de travail consommatrices d’intrants ; et éviter les limites du conseil privé à visée lucrative. Enfin, après avoir argumenté que l’agriculture se réinvente sur le terrain, au travers des dialogues professionnels entre agriculteurs et avec leurs conseillers, nous proposons un cadre d’analyse utile pour cerner ce qui s’y joue effectivement – en termes de changements social, technique et identitaire – et pour réfléchir l’évolution des dispositifs de conseil actuellement amorcée

    Le conseil agricole des chambres d’agriculture et des coopératives : entre convergence et différenciation

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    Le conseil agricole coopératif à l'épreuve de l'environnement. Une enquête en Champagne-Ardennes

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    Les coopératives agricoles sont tantôt présentées comme une alternative au capitalisme financier, tantôt dénoncées pour leurs « résistances » à prendre en charge les problèmes d’environnement. Mais comment, concrètement, intègrent-elles ces enjeux dans leurs stratégies et leurs organisations ? Comment leurs agents sont-ils affectés dans leur travail par la montée des injonctions environnementales et comment font-ils avec ? J’aborde ces questions par l’analyse des dispositifs que ces entreprises déploient pour conseiller les agriculteurs, en m’appuyant sur une enquête socio-historique en Champagne-Ardenne. Je montre que la question de qui prend en charge les questions environnementales, et comment, structure les dynamiques du conseil coopératif. Les dirigeants des coopératives ajustent leur modèle économique et leurs dispositifs de conseil pour faire face à la concurrence et répondre aux critiques environnementales. D’un côté, ils internalisent la compétence de la durabilité dans leurs stratégies de création de richesses, en amont du conseil, afin de défendre des modalités d’écologisation de l’agriculture alignées avec leurs intérêts, tout en permettant aux agriculteurs individuels de déléguer la prise en charge de l’environnement. D’un autre côté, ils développent des démarches de conseil innovantes pour les agriculteurs refusant de déléguer cette compétence. Par ailleurs, les technico-commerciaux ne considèrent pas la prise en charge de l’environnement comme un moyen efficace de captation des clients. Ils font avec cette contrainte via leur expertise réglementaire, et développent de nouvelles compétences techniques pour répondre aux attentes diverses des agriculteurs
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