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    Raison collective et progrès économique : la théorie du cycle de François Simiand

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    La science économique doit dégager des lois pour Simiand, elle a pour but de fournir une explication des relations entre les différents faits ou "catégories de faits". Simiand critique les théories sans faits (l'économie conceptuelle qui fabrique des "systèmes hypothétiques de relations entre éléments conçus par l'esprit") mais il ne veut pas non plus une accumulation de faits sans théorie (à laquelle aboutit la démarche historique). Cette double critique permet de situer Simiand, il se base sur les faits mais tente de dégager des relations entre ces derniers une "liaison rationnelle". C'est le statut de cette rationalité qui doit être questionné. La démarche de Simiand est intéressante de par les perspectives qu'elle offre à la science économique. La volonté de "connaître et expliquer la réalité économique" semble être un objectif au moins louable, sinon indispensable à une science économique bien constituée. Mais il s'agit de voir si dans l'application de cette méthode, Simiand respecte bien ses propres principes. Pour vérifier cela, nous étudierons sa théorie du cycle, travail théorique essentiel du sociologue. De la même manière que Durkheim a employé les principes de sa méthode pour la première fois dans son étude du suicide, c'est à travers son étude des fluctuations longues que Simiand a éprouvé la sienne. Son attachement à la méthode est tel qu'il revient sans cesse aux préceptes qu'il a fourni, rendant parfois la lecture de ses ouvrages fastidieuse. Mais cette volonté de respecter scrupuleusement une méthode établie et d'expliquer précisément au lecteur la démarche suivie doit être soulignée et saluée. Cette théorie du cycle est particulièrement originale par rapport à celles de ses contemporains en ce sens qu'elle utilise de manière systématique une méthode bien précise. Le résultat auquel elle aboutit est celui d'un progrès économique spontané, non voulu de manière consciente par les individus, mais bien réel. En réalité, si l'on parcours l'ensemble de l'œuvre de Simiand, on comprend mieux comment on aboutit à ce progrès économique. La conception de la monnaie et de la psychologie des individus sont au fondement de ce que Simiand appelle une "raison collective", laquelle entraîne "providentiellement" le progrès. On reconnaît ici le rationalisme de Simiand mais on perçoit aussi, et surtout, une dérive possible de la méthode positive. La question est donc de savoir s'il n'existe pas une contradiction entre la méthode prescrite par Simiand et son application concrète. Plus concrètement, Simiand respecte-il bien sa philosophie dans la construction de sa théorie du cycle ? Le terme "philosophie" ne nous semble pas usurpé, la question du rejet du finalisme dépasse la simple question de l'application d'une méthode, il s'agit bien d'une certaine conception de la science. Si nous en arrivons au dégagement d'une "dérive" au sens d'un "rationalisme forcé" de la théorie, d'une volonté de "faire comprendre coûte que coûte", alors il faudra se poser la question du pourquoi de cette dérive. Nous verrons qu'il est possible de voir en l'appartenance de Simiand à l'école durkheimienne une explication de cette dernière. En creux se trouve bien la question de la possibilité d'une science économique positive. Ou, plus précisément, la question de la possibilité de lois économiques tirées des faits, sans prénotions, comme l'entend Simiand. C'est pour cela que l'étude de l'application de sa méthode est si importante : s'il a échoué cela est aussi porteur d'enseignements. Afin de répondre aux questionnements de ce mémoire, il nous faudra d'abord passer par un détour. Il est essentiel de voir comment Simiand a appliqué sa méthode à l'étude des fluctuations longues. Nous relèverons ainsi les éléments qu'il faudra questionner plus loin. Cela nous permettra également de saisir sa mécanique du cycle (Chapitre 1). Mais, comme nous l'avons évoqué plus haut, les déterminants du cycle chez Simiand sont bien singuliers et conduisent l'auteur à dégager une "raison collective". Il est très important d'étudier ces déterminants et cette "raison collective" à la source du progrès économique, car son statut est bien particulier et devra être questionné (Chapitre 2). Une fois passé par ce détour, nous aurons les éléments pour mettre en perspective de manière sérieuse Simiand et sa méthode, évaluer les contradictions et les dérives de cette "science économique positive" (Chapitre 3)

    LA FRONTIÈRE FRANCO-ESPAGNOLE ET L'EUROPE : LE DÉPASSEMENT DES LIMITES ?

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    International audienceLa vogue des euro-régions, que sous-tend la force des mobilisations locales à travers toute l'Union européenne, semble révéler un rapport accru de ses ressortissants à la territorialité ; elle suggèrerait également une orientation politique du projet communautaire dans un sens différent de l'esprit initial des Traités de Rome, élaborés par des États et pour des États. En effet, le couple Europe/régions paraît maintenant indissociable : l'introduction du principe de subsidiarité et la création du Comité des Régions instillent dans les traités deux éléments fédéraux d'intégration à même de sortir les affaires locales du carcan État/collectivités territoriales, dans lequel elles sont encore conduites aujourd'hui. Il serait cependant prématuré, puisque l'aménagement du territoire reste du ressort des États, de parler d'une " Europe des régions ", régions dont on peut en outre douter à l'heure actuelle de leurs capacités à devenir des acteurs à part entière de la " gouvernance européenne " . Il n'en reste pas moins que ces " euro-régions " qui fleurissent sur tout le Vieux Continent marquent une revanche de la géographie sur l'histoire, puisque les frontières, ces " produits de l'imaginaire " et de l'idéologie nationale, ne sont plus des limites intangibles, mais des zones de contact et de circulations

    Le Congrès de La Haye et les fédéralistes ou la quête d'improbables États Généraux de l'Europe.

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    International audienceThe Hague Congress and the Federalists, or the quest for improbable States General of Europe. The year 1948 seems to be going in the direction of European unity. Certainly, it is started as it can go beyond the limits of the Elbe by the rivalry between Moscow and Washington, that nobody can ignore. It is now taken into account at the highest level: this is why Europe comes in the field of political concerns beyond the inner circle of Europeanists activists who came forward at the end of the conflict, without too far effect. Among these, the Union of European Federalists (UEF) is the most active. This combination of various movements, formed two years earlier, is naturally sensitive to the renewed support of the European idea initiated by the speeches of Churchill.L'année 1948 semble aller dans le sens de l'unité européenne. Certes, celle-ci est entamée puisqu'elle ne peut aller au-delà des limites fixées sur l'Elbe par la rivalité entre Moscou et Washington, que personne ne peut plus ignorer. Il s'agit désormais d'en tenir compte, au plus haut niveau : c'est pourquoi l'Europe entre dans le champ de préoccupations politiques qui dépassent le cénacle des européistes militants, qui se sont fait connaître dès la fin du conflit, sans trop d'effet jusqu'ici. Parmi ceux-ci, l'Union européenne des fédéralistes (UEF) est la plus active. Ce regroupement de divers mouvements, constitué deux ans plus tôt, est naturellement sensible au regain de faveur de l'idée européenne initié par les discours de Churchill

    LA RECHERCHE FACE Á UN MILITANTISME " SUPRANATIONAL " : LE CAS DE L'UNION EUROPÉENNE DES FÉDÉRALISTES

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    International audienceFace to search a supranational activism : the case of the Union of European Federalists Europe has always provoked bitter debates about the best way to build it : federalist vs Unionists, first wanting to build an integrated European Community, the latter anxious to preserve national identity and independence. This debate continues before our eyes, appears repeatedly since the post-war years. The European utopia was then carried by a large number of movements, including the European Union of Federalists (UEF), always intended as a pioneer. It seemed interesting to us to direct our research about the history of the UEF, whose doctrine was intended original, even revolutionary. Struck by the helplessness of the old United Nations to prevent the conflagration of 1939-45, the activists of the UEF, which related mainly to the various currents of the Resistance, wanted to work towards a new political ideal, which would be common to the 'wider Europe'.L'Europe a toujours suscité d'âpres débats autour de la meilleure manière de la construire : fédéralistes contres unionistes, les premiers désireux de construire une Europe communautaire et intégrée, les seconds soucieux de préserver les identités nationales et les indépendances. Ce débat, qui se prolonge encore sous nos yeux, apparaît de façon récurrente dès les années d'après-guerre. Car l'utopie européenne a alors été portée par un grand nombre de mouvements, parmi lesquels l'Union Européenne des Fédéralistes (UEF) s'est toujours voulue comme pionnière. Il nous a paru intéressant d'orienter nos recherches autour de l'histoire de cette UEF dont la doctrine se voulait originale, voire révolutionnaire. Frappés par l'impuissance des vieux Etats-Nations à empêcher la conflagration de 1939-45, les militants de l'UEF, qui se rattachent majoritairement aux divers courants de la Résistance, voulaient œuvrer en faveur d'un nouvel idéal politique, qui fût commun à la " grande Europe "

    Europe et souveraineté: la notion d'Etat, des penseurs classiques aux réalités actuelles

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    International audienceEurope and sovereignty : The Idea of State, from the Classicalsto the Actual Realities. Across the political spectrum, the prevalence of discourses denying Turkey any European character may logically lead to surmise the existence of a consensus on the defining features of European Union identity. However, as the recent debate over the European constitutional treaty demonstrated, there is no such consensus. It is therefore necessary to enlighten this paradox in order to define both the European political integration process and the principles of supranational legitimacy. The classic debate between Liberals and Sovereignists is now familiar. The former adopt a universalist and formalistic perspective to posit that functional integration, born out of rational deliberation, would give rise to a genuine Europe. Meanwhile, the latter emphasize a sense of belonging as a prerequisite to the emergence of, and engagement with, the community; a characteristic they deem inseparable from the nations. In this now dominant perspective adhesions should only and merely be rooted into - and thus sanction - a common history and collective past. It consequently rebuts the very principle of a European political entity. Therefore the European Union would not be suffering from a legitimacy deficit but rather from a lack of credibility and identification. However, some scholars have in the last few years propounded a postnational paradigm which in turn prompted much debate over "constitutional patriotism". Can Sovereignty be thus rethought on a European scale? Such questioning demands a regressive appraisal of existing theories of Sovereignty to confront them to the present European debate.À entendre les discours de gauche comme de droite qui s'accordent pour refuser la personnalité européenne à la Turquie, on peut s'attendre à ce que tous se retrouvent sur la définition d'une identité propre à l'Union européenne. Or, on sait qu'il n'en est rien, comme l'a récemment démontré le débat autour du Traité constitutionnel européen. Il faut tenter d'éclairer ce paradoxe, et par là même de définir l'intégration politique européenne et les principes d'une légitimité autre que nationale. On connaît le débat déjà ancien entre les libéraux et les souverainistes, les premiers partant d'un postulat universaliste et formaliste, par lequel l'intégration fonctionnelle, fille de la raison, permettrait d'aboutir à une Europe véritable, les seconds estimant nécessaire qu'il existe au préalable un sentiment d'appartenance à une communauté et un engagement au sein de celle-ci, qu'ils ne voient s'exprimer qu'à l'échelle des nations. Cette dernière tendance, qui ne pousse pas aux adhésions autres que celles sanctifiées par l'enracinement collectif et l'histoire, et donc réfute par principe l'idée d'une entité politique européenne, est aujourd'hui majoritaire : l'Union européenne souffrirait avant tout non pas d'un déficit de légitimité, mais de crédibilité ou d'identification. Pourtant, certains penseurs avancent depuis quelques années le paradigme postnational, qui débouche sur l'idée tant discutée du " patriotisme constitutionnel ". La souveraineté peut-elle ainsi être repensée à l'échelle européenne ? La question exige un rappel des différentes théories qui tentent de la définir, et de partir de cette première analyse pour la confronter à la réalité de l'Europe aujourd'hui. Mots-clé

    L'Europe aux Européens : les tentatives fédéralistes de s'implanter à l'Est dans l'après-guerre, 1945-1947

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    International audience"Europe for the Europeans: federalist attempts to establish in the East in the post-war period, 1945-1947" Federalists, from all sides and from all countries, expressed at the end of the war the desire to create a coherent structure, allowing them to finally enter through the front door doctrine activism. However, this desire for unification that seems to herald a turning point must not forget that the federalist doctrine is still not uniform. In addition, the European vision as advocated in the first federalist congresses after the war is based on a very broad reading of international political events, the year 1946 and the first half of the year 1947 leaving still expect the continuation of the Grand Alliance. Of course, everyone knows the radicalization of East-West relations, but we are still in an "in-between" that allows some hope.Les fédéralistes, de tous bords et de tous pays, expriment à l'issue de la guerre le vœu de créer une structure cohérente, permettant de faire enfin entrer leur doctrine par la grande porte du militantisme. Cependant, à cette volonté d'unification qui semble annoncer un tournant, s'oppose le fait que la doctrine fédéraliste n'est toujours pas uniforme. De plus, la vision européenne telle qu'elle est défendue dans les premiers congrès fédéralistes de l'après-guerre s'appuie sur une lecture très vague des événements politiques internationaux, l'année 1946 et la première moitié de l'année 1947 laissant encore espérer la continuation de la Grande Alliance. Bien entendu, personne n'ignore la radicalisation des relations Est-Ouest, mais on est encore dans un " entre-deux " qui autorise certains espoirs

    With Us and Without Us . . .

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    ALEXANDRE MARC : LES IDEES PERSONNALISTES AU SERVICE DE L'EUROPE.

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    International audienceALEXANDRE MARC. PERSONALISM AT THE SERVICE OF EUROPE As supporters of European projects go, Alexandre Marc cuts an unusual figure: there was, without doubt, a project that he held dear, a project known as "integral federalism", but Marc's intellectual voyage was so out of the ordinary that it is opportune to wonder whether the "non conformist" label that links him to this 1930s current of thought is not perhaps an obstacle to a better knowledge of his actual action. Individualist and stubborn, Marc generated antagonism in a number of quarters,[1] even within his own federalist sphere, where he can be considered a leading figure. Also setting him apart from other great supporters of European projects is his exceptional longevity: Alexandre Marc died on 22 February 2000, at the age of 96, while writing a new book on integral federalism, a project that he always hoped one day to see triumphant in Europe.Alexandre Marc représente un cas singulier parmi les porteurs de projets européens : certes, il a un projet pour l'Europe, qui porte le nom de " fédéralisme intégral ", mais son parcours est tellement particulier que l'on peut se demander si l'étiquette de " non-conformiste ", qui le rattache à ce courant intellectuel des années Trente du même nom, n'est pas à l'origine de l'ignorance dans laquelle est tenue son action. Cet homme, d'une nature individualiste et doté d'un caractère entier, a suscité de nombreuses inimitiés , y compris dans le propre camp des fédéralistes dont il est pourtant l'une des figures de proue. De même, son exceptionnelle longévité le différencie de la plupart des grands porteurs de projets européens : Alexandre Marc est mort le 22 février 2000, à l'âge de 96 ans, alors qu'il était en train de rédiger un nouveau livre sur ce projet de fédéralisme intégral, qu'il ne désespérait toujours pas de voir triompher à l'échelle européenne

    Le Manifeste de Ventotene : acte de naissance du fédéralisme européen.

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    International audienceThe Ventotene Manifesto: birth of European federalism. Federalist-oriented texts are numerous in the resistance to such an extent that one can speak of inflation. Europeanist production, for the generation that experienced the war, is a means used to reject seniors' rationalism: the failure of collective security is denounced by this generation that is questioning a civilization that could advocate self-destruction , failing to provide a spiritual model. It is on this ground that appear the first european essays, calling for a, urgent union. Hundreds of projects arise, more or less utopian, taking into account the collapse of traditional political structures and proposing a European framework as a postwar solution. How, then, can we recognize a true federalist text from a fake? The posterity of Ventotene Manifesto, which will become the doctrinal reference of Federalists, would be enough to emphasize its originality and impact. We must also consider the genesis of the project, its implementation and its contents to understand what is special about this text, which refuses to draw from the classical solutions and constantly forward its "revolutionary" dimension.Les textes à vocation fédéraliste sont nombreux dans la Résistance, à tel point que l'on peut parler d'inflation. La production européiste, pour la génération qui a connu la guerre, est un moyen qui sert à rejeter le rationalisme des aînés : la faillite de la sécurité collective est dénoncée par cette génération qui remet en doute une civilisation ayant pu prôner l'auto-anéantissement, faute d'offrir un modèle spirituel unanime. C'est sur ce terreau que naissent les premiers essais européens, appelant à une union nécessaire. Ainsi fleurissent plusieurs centaines de projets, plus ou moins utopiques, qui prennent en compte l'écroulement des structures politiques traditionnelles et proposent le cadre européen comme solution d'après-guerre. Comment, alors, peut-on reconnaître un vrai texte fédéraliste d'un faux ? La postérité du Manifeste de Ventotene, qui va devenir la référence doctrinale des fédéralistes de l'après-guerre, suffirait à souligner son originalité et son impact. Il faut également tenir compte de la genèse du projet, de son exécution et de son contenu pour bien comprendre ce qui fait la spécificité de ce texte, qui refuse de puiser dans les solutions d'avant-guerre et met constamment en avant sa dimension " révolutionnaire "

    L'EUROPE FÉDÉRALISTE, UN MALENTENDU (1950-1953)

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    International audienceFEDERALIST EUROPE, A MISUNDERSTANDING (1950-1953) The study that we will carry on discussions around a true federal state in the middle of the Korean War is not only that of a dream or naivety, but the illustration in this case paroxysmal, the threat of chaos is a force "umbrella" policy only antidote to imagine the novel against the burdens of history, but it has in itself no guarantee of success.L'étude que nous allons mener sur les débats autour d'un véritable Etat fédéral en pleine guerre de Corée n'est pas uniquement celle d'un rêve ou d'une naïveté, mais l'illustration, dans ce cas paroxystique, que la menace du chaos est une force "fédératrice", seul antidote politique pour imaginer l'inédit contre les pesanteurs historiques, mais qu'elle ne comporte en soi aucune garantie de réussite
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