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    Une marche vers l’égalité professionnelle en trompe-l’œil

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    Cet article propose une analyse comparée des carrières des hôtesses et des stewards dans le transport aérien. L’exploitation des fichiers du personnel, adossée à l’analyse des accords collectifs des personnels navigants commerciaux et des entretiens de salariés, met en évidence une progression de l’égalité professionnelle en trompe-l’œil dans la compagnie étudiée. Alors que pour les générations passées, la présence massive de femmes parmi les personnels navigants commerciaux s’accompagne d’un accès croissant, à l’ancienneté, aux postes à responsabilité en vol (chef de cabine) et au sol (cadre de secteur), et que les données en coupes répétées font état d’un rapprochement des conditions d’entrée et de sortie de la compagnie entre femmes et hommes, l’analyse longitudinale d’une cohorte d’hôtesses et de stewards entrés plus récemment dans la compagnie (entre 1998 et 2001) montre d’inégales chances de promotion entre femmes et hommes au détriment des premières, ainsi que des modèles de carrière très sexués, avec un poids bien plus important du temps partiel chez les femmes. Loin de réduire cette tendance, le passage d’un système de promotion à l’ancienneté à un système de promotion au choix renforce les inégalités de sexe, à l’encontre de la politique d’égalité professionnelle mise en œuvre par la compagnie aérienne depuis le début des années 2000. En effet, il donne davantage de poids à l’investissement professionnel dans l’entreprise tout au long de la carrière et donc à la « disponibilité biographique », moindre pour les femmes que pour les hommes.This article offers a comparative analysis of the careers of male and female flight attendants in air transport. Using personnel files, collective agreements and interviews with flight attendants, we show that the picture of improvements in career equality in the airline under study is illusory. For earlier cohorts, the massive prevalence of women as flight attendants has been accompanied by growing access to positions of responsibility inflight (cabin manager) and on the ground (base manager), while repeated cross-sectional data indicate a narrowing of the gap between men and women in entry and exit conditions over time. However, our longitudinal analysis of a cohort of flight attendants who entered the company more recently (between 1998 and 2001) reveals gender inequalities in the likelihood of promotion, to the disadvantage of women, as well as highly gendered career models, with women notably more likely to work part-time. Rather than countering this tendency, the shift from a system of promotions based on seniority to one based on selection reinforces gender inequalities, contrary to the claims associated to the equal opportunity policy implemented by the airline beginning in the early 2000s. This is because the new system is more heavily based on employees’ investment in the company throughout their careers, and thus on biographical availability, which is greater among men than women

    Positions et transmissions socioprofessionnelles des femmes et des hommes au sein de lignées franciliennes

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    La mobilité et la stratification sociales ont longtemps été appréhendées en comparant la position de l’enquêté à celle de son père (plus rarement sa mère). Nous cherchons ici à élargir la perspective en reliant la position professionnelle d’un individu à celles des membres de son entourage à partir des données de l’enquête Biographies et entourage. Cette enquête a recueilli auprès d’un échantillon de Francilien·ne·s né·e·s entre 1930 et 1950 l’ensemble de leur carrière professionnelle (et résidentielle et familiale) ainsi que les grandes étapes de la carrière de leurs parents (voire grands-parents), conjoint·e·s, beaux-parents, fratrie et enfants. Cela permet d’étudier finement les processus de transmission professionnelle entre des générations nées de la fin du xixe siècle au début des années 1980. Les typologies réalisées avec l’analyse de séquences permettent de décrire ces transmissions complexes et de mieux caractériser les milieux socioprofessionnels au-delà de la seule profession et catégorie socioprofessionnelle (PCS) du chef de ménage. Une quadripartition de ces classes urbaines est exposée : lignées populaires et supérieures caractérisées par une forte reproduction sociale ; classes moyennes d’origine populaire, en situation de mobilité ascendante ; lignées d’origine indépendante. L’analyse met en évidence le rôle des femmes dans les transmissions professionnelles et en particulier de l’activité des mères dans les mobilités ascendantes des enquêté·e·s d’origine populaire.Social mobility and stratification have long been captured by comparing the respondent’s position with that of his father (more rarely his mother). Using data from the Biographies et entourage (Event Histories and Contact Circle) survey, we seek to broaden the scope of comparison by relating an individual’s occupational position to that of his entourage. This survey, from a sample of Paris-region respondents born between 1930 and 1950, has collected data on the entirety of their professional (and residential and family) life course as well as on the major stages of those of their parents (even grandparents), partners, in-laws, siblings, and children. The process of occupational transmission can thus be explored across generations born from the end of the nineteenth century up to the early 1980s. The typologies carried out with sequence analysis make it possible to describe these complex transmissions and to better characterize socio-occupational environments by going beyond the single socio-professional position of the head of household. A quadripartition of these urban classes is shown: working- and upper-class lineages characterized by strong social reproduction; middle classes of working-class origin and therefore in a situation of upward mobility; lineages of independent origin. The analysis highlights the role of women in occupational transmission, particularly that of the activity of mothers in upward mobility of the respondents of working-class origin

    Assiste-t-on à une transformation uniforme des carrières professionnelles vers plus de mobilité ?

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    La hausse de la mobilité sur le marché du travail français est-elle avérée ? Les auteures ont exploité une base originale de 4 508 carrières de 1960 à nos jours, extraite de l’enquête « Histoire de vie – Construction des identités » de l’Insee. Elles remettent en question le constat, assez partagé mais également controversé, d’une transformation profonde du marché du travail, qui irait dans le sens d’un affaiblissement des marchés internes et d’une mobilité de carrière accrue. L’article conclut à une stabilité relative de la mobilité au sein de l’emploi et à une hausse des mouvements avec le chômage qui ne touche pas de manière uniforme l’ensemble de la population active. Ainsi, la « nouvelle donne » des carrières semble-t-elle être davantage le risque de chômage que l’apparition d’un modèle général de mobilité.This paper considers whether there has been an increase in mobility on French labour market over the past 40 years. The authors use data on 4 508 careers from a French survey called Histoire de vie – Construction des identités (Insee). They find no increase in mobility inside employment but an increase in mobility between employment and unemployment for specific segments of the labour force. Thus, the issue shows that the main transformation in careers is not a generalization of mobility but rather an increase in the risk of unemployment

    Les territoires pluriels des intermédiaires du marché du travail

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    International audienceThe article takes a fresh look at the role of local regions in French employment policies, focusing on the activity of local labor market intermediaries. It explores the relationship between such intermediaries and local regions, analysing the contacts between two major stakeholder categories, municipal structures and local Pôle Emploi job centers. It draws on data from a qualitative survey of two areas to demonstrate that local regions are at the same time sites where macro, meso, and micro stakeholders apply employment policies, bases for economic, political, and administrative understandings of territoriality, and geographical spaces with their own economic and social dynamics that partly determine the relevant scale of intervention. The range of approaches raises the issue of the best coordinating bodies to oversee the multiplicity of ways of understanding the territory as a variable. Each area surveyed revealed a convergence of interventions by intermediaries, albeit on distinct geographical scales reflecting local specificities. The synchronization of interventions is at times thrown off kilter by employment policy reforms that stoke competition locally.Cet article porte un nouveau regard sur la place des territoires dans les politiques de l’emploi en s’intéressant à l’activité des intermédiaires locaux du marché du travail. Il questionne la relation que ces intermédiaires instaurent avec les territoires en analysant les rapports qu’entretiennent deux types d’acteurs majeurs, les structures municipales et les agences locales de Pôle emploi. En mobilisant les données d’une enquête qualitative sur deux terrains, nous montrons que le territoire est à la fois un lieu d’application des politiques de l’emploi par des acteurs situés à différentes échelles (macro, méso, micro), porteurs de différentes conceptions du territoire (économique, politique, administrative), et un espace, géographiquement situé, doté d’une dynamique économique et sociale propre qui détermine en partie l’échelle d’intervention la plus pertinente. Cette diversité d’approches pose la question des instances de coordination à même d’imbriquer la multiplicité des manières de se saisir de la variable territoriale. Sur chacun de nos terrains on observe une convergence des interventions des intermédiaires, mais à une échelle géographique distincte, reflet des spécificités locales. Cette synchronisation des interventions se trouve toutefois bousculée par les réformes des politiques de l’emploi qui attisent les concurrences locales

    Unemployment and turning-points in careers. A socio-economic analysis of unemployability focused on evaluations

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    L’objet de cette thèse est l’étude des inégalités face à l’emploi dans une perspective dynamique. Il s’agit de comprendre comment certains deviennent « inemployables » en analysant les transitions « critiques » dans les carrières. La première partie est consacrée à une analyse statistique des transformations des trajectoires professionnelles à partir des enquêtes Histoire de vie (Insee) et Familles et employeurs (Ined). Nous mettons en évidence une segmentation persistante des trajectoires, entre des carrières – majoritaires – très stables et protégées du chômage et des carrières plus mobiles avec des passages fréquents par le chômage.Dans la deuxième partie, nous développons un cadre théorique conventionnaliste qui, en insistant sur les processus d’évaluation de la qualité au cours d’épreuves, permet de rendre compte des mécanismes de sélection sur le marché du travail. La troisième partie mobilise des données qualitatives issues d’entretiens avec des personnes au chômage. Nous distinguons au travers d’une typologie des trajectoires, fondée sur une analyse textuelle des discours, une pluralité de modèles d’évaluation de la qualité du travail : la construction de l’inemployabilité diffère selon le segment du marché du travail et résulte d’une suite d’interactions avec différents intermédiaires. Si l’inemployabilité est un construit social, elle peut être déconstruite. C’est ce que s’emploient à faire les deux organismes d’insertion que nous avons étudiés. Nous analysons cette méthode originale de lutte contre le chômage.This work aims to study employment inequalities, from a dynamic perspective. Our purpose is to understand, through the analysis of “critical” transitions in careers, how some people become unemployable. Firstly, we use data from two national French surveys, Histoire de vie (Insee) and Familles et employeurs (Ined), to investigate changes in professional trajectories. The statistical analysis of this data reveals a persistent segmentation between a majority of stable careers, protected from unemployment, and mobile trajectories, with recurrent transitions with unemployment. Secondly, we develop an analytical framework, based on French convention theory, which accounts for the processes of selection on the labour market by focusing on quality evaluations in “trials.” Thirdly, we use qualitative data from interviews with unemployed persons to build a typology of careers based on a textual analysis of these speeches. It reveals a plurality of models for the evaluation of work’s quality. The construction of unemployability differs from one segment of the labour market to another and is the result of interactions with specific intermediaries. If unemployability is a social construct, then it can be deconstructed, and this is precisely what the two institutions of social integration that we also studied try to do. We analyse this original method of intervention on unemployment

    Chômage et transitions critiques dans les carrières. Les évaluations au cœur d’une analyse socio-économique de l’inemployabilité. Thèse pour le doctorat de sciences économiques

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    L’objet de cette thèse est l’étude des inégalités face à l’emploi dans une perspective dynamique. Il s’agit de comprendre comment certains deviennent « inemployables » en analysant les transitions « critiques » dans les carrières. La première partie est consacrée à une analyse statistique des transformations des trajectoires professionnelles à partir des enquêtes Histoire de vie (Insee) et Familles et employeurs (Ined). Nous mettons en évidence une segmentation persistante des trajectoires, entre des carrières – majoritaires – très stables et protégées du chômage et des carrières plus mobiles avec des passages fréquents par le chômage.Dans la deuxième partie, nous développons un cadre théorique conventionnaliste qui, en insistant sur les processus d’évaluation de la qualité au cours d’épreuves, permet de rendre compte des mécanismes de sélection sur le marché du travail. La troisième partie mobilise des données qualitatives issues d’entretiens avec des personnes au chômage. Nous distinguons au travers d’une typologie des trajectoires, fondée sur une analyse textuelle des discours, une pluralité de modèles d’évaluation de la qualité du travail : la construction de l’inemployabilité diffère selon le segment du marché du travail et résulte d’une suite d’interactions avec différents intermédiaires. Si l’inemployabilité est un construit social, elle peut être déconstruite. C’est ce que s’emploient à faire les deux organismes d’insertion que nous avons étudiés. Nous analysons cette méthode originale de lutte contre le chômage
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