Chômage et transitions critiques dans les carrières. Les évaluations au cœur d’une analyse socio-économique de l’inemployabilité. Thèse pour le doctorat de sciences économiques
L’objet de cette thèse est l’étude des inégalités face à l’emploi dans une perspective dynamique. Il s’agit de comprendre comment certains deviennent « inemployables » en analysant les transitions « critiques » dans les carrières. La première partie est consacrée à une analyse statistique des transformations des trajectoires professionnelles à partir des enquêtes Histoire de vie (Insee) et Familles et employeurs (Ined). Nous mettons en évidence une segmentation persistante des trajectoires, entre des carrières – majoritaires – très stables et protégées du chômage et des carrières plus mobiles avec des passages fréquents par le chômage.Dans la deuxième partie, nous développons un cadre théorique conventionnaliste qui, en insistant sur les processus d’évaluation de la qualité au cours d’épreuves, permet de rendre compte des mécanismes de sélection sur le marché du travail. La troisième partie mobilise des données qualitatives issues d’entretiens avec des personnes au chômage. Nous distinguons au travers d’une typologie des trajectoires, fondée sur une analyse textuelle des discours, une pluralité de modèles d’évaluation de la qualité du travail : la construction de l’inemployabilité diffère selon le segment du marché du travail et résulte d’une suite d’interactions avec différents intermédiaires. Si l’inemployabilité est un construit social, elle peut être déconstruite. C’est ce que s’emploient à faire les deux organismes d’insertion que nous avons étudiés. Nous analysons cette méthode originale de lutte contre le chômage