31 research outputs found

    Vers une géographie du risque nucléaire ?

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    Cet article repose sur le constat d’une faible prise en compte de la problématique du risque nucléaire par la géographie française, notamment dans le champ des études environnementales, pourtant enclines à traiter la question des risques. Il tentera donc d'expliquer pourquoi il n'y a que très peu de travaux consacrés à cette question en géographie et esquissera quelques pistes pour une étude du risque nucléaire. Des réflexions autour de la spatialisation et de la territorialisation de l’aléa et du risque nucléaire seront développées. Ce dernier sera traité comme un objet politique au sens où sa définition même, ainsi que le sens à accorder à sa « gestion », font l’objet de conflits entre militants antinucléaires et milieux gestionnaires. Ces analyses s’appuient sur une pratique de terrain dans le département de la Manche et sur une méthode qualitative (entretiens semi-directifs avec une diversité d’acteurs et observations de terrain).This article is based on the observation that French geography has little regard for the issue of nuclear risk, particularly in the field of environmental studies, which are nevertheless inclined to address the issue of risks. He will therefore try to explain why there is very little work on this issue in geography and will outline some ideas for a study of the nuclear risk. Reflections on the spatialization and territorialization of the nuclear risk will be developed. The latter will be treated as a political object in the sense that its very definition, as well as the meaning to be given to its "management", are the subject of conflicts between anti-nuclear militants and management circles. These analyses are based on field practice in the Channel department and a qualitative method (semi-directive interviews with a variety of actors and field observations

    Engagements universitaires équivoques en terrain d’innovation énergétique

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    L’article questionne l’implication des sciences humaines et sociales (SHS) au sein du processus de « transition énergétique », en s’interrogeant sur les dispositifs d’acceptabilité des innovations énergétiques, à partir de l’examen du cas français et de la filière des énergies marines renouvelables. Il interroge l’existence d’un biais technophile au sein des institutions de l’enseignement supérieur et de la recherche, en montrant que les critiques anti-industrielles sont parfois invisibilisées. Différents types d’intervention des SHS sont analysés, notamment au sein des dispositifs participatifs comme les débats publics. L’article montre que les SHS jouent parfois un rôle d’accompagnement et de diffusion des innovations énergétiques, mais que l’engagement des chercheurs ou des jeunes diplômés en SHS se fait selon des logiques variées et parfois contradictoires : l’idéal de la participation démocratique est ainsi confronté à des logiques plus pragmatiques (trouver un emploi, questionner « de l’intérieur » un objet d’étude).The article questions the involvement of human and social sciences (SHS) in the "energy transition" process, by examining the acceptability of energy innovations, based on the French case and the marine renewable energy sector. It questions the existence of a technophile bias within institutions of higher education and research, showing that anti-industrial criticism is sometimes invisible. Different types of intervention of SHS are analyzed, within participative devices. The article shows that social sciences and humanities sometimes play a role in accompanying and disseminating energy innovations, but that the involvement of researchers or young graduates in social sciences and humanities follows various and sometimes contradictory logics: the ideal of democratic participation is thus confronted with more pragmatic logics (finding a job, questioning an object of study "from the inside")

    Une transition énergétique sous tension ? Contestations des énergies marines renouvelables et stratégies d'acceptabilité sur la façade atlantique française

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    En France, la transition énergétique apparaît comme consensuelle. Elle s’appuie à la fois sur un argument moral (la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale), sur une injonction légale (la loi de transition énergétique pour une croissance verte parue en 2015) et sur les intérêts économiques des groupes techno-industriels. Pourtant, la mise en place de la transition se ne fait pas sans frictions : des contestations s’expriment, sur le littoral, lorsque sont discutées les infrastructures d’énergies marines sur la façade atlantique. Pourquoi des projets qui se réclament d’un processus de transition énergétique porteur d’intérêt général sont-ils en fait source de conflits ? Nous verrons que ces conflits sont révélateurs de représentations différentes des territoires maritimes sur lesquels les nouvelles infrastructures énergétiques s’implantent. Ils reposent également sur des conceptions différentes d’une transition énergétique qui souffre d’un manque de définition claire. Ces différentes visions de ce que doit être une « réelle transition » s’expriment à propos de la dimension territoriale et de la dimension énergétique de la transition : constitue-t-elle une rupture territoriale dans l’aménagement du littoral ? À quel agencement du bouquet énergétique la transition énergétique peut-elle aboutir, au coeur d’un système énergétique qui possède une inertie importante et qui reste fortement marqué par les logiques nucléaires ? Derrière ces conceptions variées de la transition énergétique se nouent, sur les littoraux, des rapports de forces entre acteurs. Les groupes techno-industriels (EDF, EDF Énergies marines, Engie, Iberdrola) et les autorités publiques sont amenés, pour faire accepter les nouvelles infrastructures énergétiques, à négocier avec les pêcheurs et les associations locales de protection de l’environnement ou de loisirs. Ils développent notamment des stratégies d’acceptabilité pour gérer les conflits qui s’expriment : recours à des compensations territoriales, mise en place de dispositifs participatifs, utilisation de la fiscalité locale, promotion d’un imaginaire acquis à la technique.In France, the energy transition appears to be consensual. It is based on a moral argument (the need to reduce greenhouse gas emissions worldwide), a legal injunction (the energy transition law for green growth published in 2015) and the economic interests of techno-industrial groups. However, the transition is not without friction: there are disputes on the coastline when discussing marine energy infrastructures on the Atlantic coast. Why are projects that claim to be part of an energy transition process of general interest in fact creating conflicts? We will see that these conflicts reveal different representations of the maritime territories on which the new energy infrastructures are being built. They are also based on different conceptions of an energy transition that suffers from a lack of clear definition. These different visions of what a "real transition" should be express themselves in terms of the territorial and energy dimensions of the transition: does it constitute a territorial break in coastal development? What arrangement of the energy mix can the energy transition lead to, at the heart of an energy system that has a significant inertia and remains strongly marked by nuclear logic? Behind these various conceptions of the energy transition, on the coastlines, there is a balance of forces between actors. Techno-industrial groups (EDF, EDF Energies marines, Engie, Iberdrola) and public authorities are led to negotiate with fishermen and local associations for the protection of the environment or leisure activities in order to gain acceptance for new energy infrastructures. They develop acceptability strategies to manage conflicts that are expressed: resorting to territorial compensation, setting up participative mechanisms, using local taxation, promoting an imaginary acquired through technology

    Vivre avec ou par le risque à l’île de Sein ?

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    L’île de Sein, située au large des côtes finistériennes, fait figure de « territoire du risque » par excellence : cette île basse est confrontée à de fréquentes et violentes tempêtes, la population vit « avec le risque » de submersion depuis des générations tout en voyant la probabilité des aléas catastrophiques augmenter en raison de la carence en aménagement et des conséquences probables du réchauffement climatique. L’image du risque, notamment les photographies de tempête, sert de support à la diffusion d’un sentiment anxiogène justifiant des actions de gestion du risque, mais entretient aussi un sentiment de fascination à l’égard des épisodes tempétueux. Cependant, les îliens portent un regard bien plus critique sur le spectaculaire véhiculé par de telles représentations. Le présent article se penche sur ces rapports entre représentations sociales du risque et iconographie du risque.<br>This article stresses on relationships between hazard’s social representations and iconographies. As an illustration, Sein Island (located near by the Brittany coast, in Finistère). This island is considered as a symbol of natural hazard territory: indeed this low island has been confronted for decades to face significant flood hazard that is nowadays strengthened by the consequences of global warming and a lack of infrastructures. Pictures of flood hazards, and more particularly pictures of storms, are used in order to spread around the fear of natural disasters. This fear justifies the management policies implemented on the island. However islanders criticize pictures which are too spectacular and too distorted. Those gaps between hazard’s representations and iconographies are the main subjects of this article

    Depraz S., Cornec U., Grabski-Kieron U. (dir.), 2015, Acceptation sociale et développement des territoires, Lyon, ENS Éditions, 265 p.

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    C’est une vision franco-allemande des problématiques autour de l’acceptation sociale de projets d’aménagement que nous proposent ici les trois directeurs de cet ouvrage, Samuel Depraz (université Lyon 3), Ute Cornec (Hochschule de Neubrandenbourg) et Ulrike Grabski-Kieron (Institut de géographie de l’université de Münster). Fortement ancrée dans l’actualité scientifique, la notion d’« acceptation sociale » possède surtout une forte pertinence au regard d’une contestation sociale accrue, depui..

    An energetic transition under tension ? : challenges to renewable marine energy and acceptability strategies on the French Atlantic coast

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    En France, la transition énergétique apparaît comme consensuelle. Elle s’appuie à la fois sur un argument moral (la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale), sur une injonction légale (la loi de transition énergétique pour une croissance verte parue en 2015) et sur les intérêts économiques des groupes techno-industriels. Pourtant, la mise en place de la transition se ne fait pas sans frictions : des contestations s’expriment, sur le littoral, lorsque sont discutées les infrastructures d’énergies marines sur la façade atlantique. Pourquoi des projets qui se réclament d’un processus de transition énergétique porteur d’intérêt général sont-ils en fait source de conflits ? Nous verrons que ces conflits sont révélateurs de représentations différentes des territoires maritimes sur lesquels les nouvelles infrastructures énergétiques s’implantent. Ils reposent également sur des conceptions différentes d’une transition énergétique qui souffre d’un manque de définition claire. Ces différentes visions de ce que doit être une « réelle transition » s’expriment à propos de la dimension territoriale et de la dimension énergétique de la transition : constitue-t-elle une rupture territoriale dans l’aménagement du littoral ? À quel agencement du bouquet énergétique la transition énergétique peut-elle aboutir, au cœur d’un système énergétique qui possède une inertie importante et qui reste fortement marqué par les logiques nucléaires ? Derrière ces conceptions variées de la transition énergétique se nouent, sur les littoraux, des rapports de forces entre acteurs. Les groupes techno-industriels (EDF, EDF Énergies marines, Engie, Iberdrola) et les autorités publiques sont amenés, pour faire accepter les nouvelles infrastructures énergétiques, à négocier avec les pêcheurs et les associations locales de protection de l’environnement ou de loisirs. Ils développent notamment des stratégies d’acceptabilité pour gérer les conflits qui s’expriment : recours à des compensations territoriales, mise en place de dispositifs participatifs, utilisation de la fiscalité locale, promotion d’un imaginaire acquis à la technique.In France, the energy transition appears to be consensual. It is based on a moral argument (the need to reduce greenhouse gas emissions worldwide), a legal injunction (the energy transition law for green growth published in 2015) and the economic interests of techno-industrial groups. However, the transition is not without friction: there are disputes on the coastline when discussing marine energy infrastructures on the Atlantic coast. Why are projects that claim to be part of an energy transition process of general interest in fact creating conflicts? We will see that these conflicts reveal different representations of the maritime territories on which the new energy infrastructures are being built. They are also based on different conceptions of an energy transition that suffers from a lack of clear definition. These different visions of what a "real transition" should be express themselves in terms of the territorial and energy dimensions of the transition: does it constitute a territorial break in coastal development? What arrangement of the energy mix can the energy transition lead to, at the heart of an energy system that has a significant inertia and remains strongly marked by nuclear logic? Behind these various conceptions of the energy transition, on the coastlines, there is a balance of forces between actors. Techno-industrial groups (EDF, EDF Energies marines, Engie, Iberdrola) and public authorities are led to negotiate with fishermen and local associations for the protection of the environment or leisure activities in order to gain acceptance for new energy infrastructures. They develop acceptability strategies to manage conflicts that are expressed: resorting to territorial compensation, setting up participative mechanisms, using local taxation, promoting an imaginary acquired through technology

    Conflits et stratégies d'acceptabilité sociale autour des énergies marines renouvelables sur le littoral français

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    L’océan mondial possède un important potentiel en termes de ressources énergétiques renouvelables, et les territoires littoraux français sont particulièrement propices au développement des parcs éoliens offshore et des sites d’exploitation de l’énergie hydrolienne. Pourtant, la multiplicité d’usages aux pratiques parfois contradictoires génère de nombreux conflits en zone côtière : aux activités « traditionnelles » (tourisme, pêche professionnelle, etc.) se superposent l’intensification de certaines pratiques (comme l’extraction de granulats marins) ou le développement de nouvelles activités (énergies marines renouvelables, aquaculture offshore, etc.). Cet article insiste sur le lien entre ces conflits d’usages et les stratégies d’acceptabilité développées par les porteurs de projets en ce qui concerne les énergies marines renouvelables. L’acceptabilité sociale de ces énergies engendre notamment des questions concernant les instances de concertation ou encore la pratique de compensations pour les acteurs qui perçoivent une modification de leurs intérêts.The ocean provides an important source of potential renewable energy resources and France has marine territory that is particularly conductive to the development of offshore wind energy and tidal energy. However, in coastal areas, a lot of human conflicts arise from numerous uses that may be antagonistic: in addition to "traditional" activities (tourism, commercial fishing, etc.) have been superimposed the intensification of certain practices (extraction of marine aggregates) or new activities (marine renewable energies, offshore aquaculture, etc.) This article stresses on relationships between uses conflicts and acceptability strategies which are developed by project leaders concerning marine renewable energies. In particular, the social acceptability of these energies involves questions about consultation meetings or compensation for stakeholders who perceive some of their interests to be modified

    Entre la rumeur et l’alerte environnementales : la parole des opposants face aux impacts environnementaux des énergies marines renouvelables sur la façade atlantique française

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    En France, la filière des énergies marines renouvelables s’est structurée à partir du Grenelle de la mer en 2009. Dès les premiers appels d’offres du secteur de l’éolien en mer, plusieurs catégories d’acteurs ont exprimé des inquiétudes à propos des potentiels impacts environnementaux des projets sur les fonds marins et la biodiversité. L’article tentera de qualifier la parole des opposants sur ces impacts et de voir comment elle est construite : fonctionne-t-elle comme une rumeur inexacte et exagérée ou comme une alerte environnementale scientifiquement étayée ? Quelles sont les contre-offensives menées par les porteurs de projets face aux rumeurs et alertes ? Les modalités de construction de l’expertise scientifique sur le milieu marin seront questionnées, ce qui permettra d’interroger les dimensions politiques et épistémologiques de la fabrication de l’information environnementale. Deux projets de parcs éoliens en mer seront étudiés, au large de Saint-Nazaire et en baie de Saint-Brieuc, selon une méthodologie qualitative (entretiens, étude des enquêtes publiques, des archives des débats publics et des documents édités par les opposants).In France, the marine renewable energy sector was structured on the basis of the Grenelle de la mer in 2009. From the very first calls for tenders for the offshore wind sector, several categories of stakeholders have expressed concerns about the potential environmental impacts of projects on the seabed and biodiversity. The article will attempt to qualify the opponents' position on these impacts and see how it is constructed: does it work as an inaccurate and exaggerated rumour or as a scientifically supported environmental warning? What are the counter-offensives carried out by project leaders in the face of rumours and alerts? The practical details of building scientific expertise on the marine environment will be questioned, which will make it possible to question the political and epistemological dimensions of the production of environmental information. Two offshore wind farm projects will be studied, off Saint-Nazaire and in the Bay of Saint-Brieuc, using a qualitative methodology (interviews, study of public surveys, archives of public debates and documents published by opponents)

    Spatialiser les rumeurs environnementales

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    La rumeur est un fait social qui a encore peu attiré le regard des géographes. Les travaux, principalement de sociologues ou d’historiens, se sont davantage intéressés aux temporalités des rumeurs et à leur diffusion dans des groupes sociaux qu’à leurs spatialités. Les sociologues Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard, dans un numéro spécial de la revue Communications paru en 1990 sur les rumeurs et les légendes contemporaines, définissent la rumeur comme une information brève transm..

    Le milieu scolaire : un terrain privilégié de l’enseignement et/ou de l’éducation aux risques naturels dans les territoires d’outre-mer ?

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    Cet article interroge les velléités institutionnelles d’éducation aux risques naturels au sein du milieu scolaire des territoires d’outre-mer. D’une part, un rapport sénatorial de juillet 2018 insiste sur l’importance du milieu scolaire comme terrain privilégié de l’éducation aux risques. D’autre part, les pouvoirs publics affichent depuis le début des années 2000 une volonté forte d’adapter les programmes scolaires nationaux aux départements et régions d’outre-mer afin de répondre à leurs spécificités locales. Jusqu’à quel point ces deux injonctions institutionnelles sont-elles compatibles et conciliables dans des régions très exposées aux risques naturels ? L’article permet de questionner l’articulation entre le modèle scolaire national et les réalités locales, mais aussi entre les savoirs scientifiques, les savoirs gestionnaires et opérationnels et les savoirs vernaculaires locaux, à partir d’une analyse des manuels scolaires et d’enquêtes de terrain réalisées en Polynésie française et à Saint-Martin.This article examines the institutional desire for natural hazard education in the school environment of the overseas territories. On the one hand, a senatorial report of July 2018 emphasizes the importance of the school environment as a privileged field for hazard education. On the other hand, since the early 2000s, the public authorities have shown a strong desire to adapt national school curricula to the overseas departments and regions in order to meet their local specificities. To what extent are these two institutional aspirations compatible and reconcilable in regions highly exposed to natural hazards? The article questions the articulation between the national school model and local realities, but also between scientific knowledge, managerial and operational knowledge and local vernacular knowledge, based on an analysis of textbooks and field surveys carried out in French Polynesia and Saint-Martin
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