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    « L’esprit, et peut-être même le cerveau… » La question psychologique dans la Revue internationale de filmologie, 1947-1962

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    Le présent article décrit les travaux de la Revue internationale de filmologie en matière de psychologie. En règle générale, cette revue voit cohabiter des tendances opposées, liées à la double ascendance, philosophique et expérimentale, de la psychologie, et très sensibles encore dans la France des années 1940 à 1960 : l’une mène à spéculer de manière introspective, l’autre à faire des tests et des mesures, dans la lignée du behaviorisme puis de la théorie de la communication. Une ambition interdisciplinaire — difficilement traduite en faits — y conduit aussi les psychologues à inscrire leur travail dans une vision d’ensemble anthropologique, sinon politique, qui les fait travailler avec des sociologues et des historiens de l’art. Quelques-unes de leurs conclusions sont encore valables de nos jours, notamment à propos de la perception du mouvement ou de la « dangerosité morale » des images. D’autres, trop normatives ou négligeant trop de variables expérimentales, sont devenues indéfendables. Ce qui peut éventuellement servir de modèle épistémologique à la recherche actuelle en matière de cinéma, c’est l’application que montrent certains psycho-filmologues à considérer le cinéma comme un « fait social total » (Mauss) au lieu de le réduire à un « texte » ou à un « stimulus ».This article describes the work of the Revue internationale de filmologie with respect to psychology. As a rule, the journal was home to opposing tendencies tied to the quite apparent two-fold ascendancy, both philosophical and applied, of psychology in France in the 1940s to 1960s. The former led to introspective speculation, the other to tests and measurements deriving first from behaviourism and later from the theory of communication. A striving for interdisciplinarity, difficult to achieve in practice, also led psychologists to see their work in an anthropological, if not political light, leading them to work with sociologists and art historians. Some of their conclusions are still valid today, particularly with respect to the perception of movement and the “moral danger” represented by images. Other of their conclusions, too normative or too neglectful of experimental variables, became indefensible. What could possibly serve as an epistemological model for present-day research in film studies is the determination of some psycho-filmologues to see film as a “complete social fact” (Mauss) rather than reducing it to a “text” or a “stimulus.

    Théories du cinéma et sens commun : la question mimétique

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    Le livre Le démon de la théorie. Littérature et sens commun d’Antoine Compagnon (1998), auquel le titre de cet article fait allusion, brosse le portrait de la guerre à laquelle se livrent, depuis des siècles, les théoriciens (armés de leurs outils d’analyse) et les lecteurs de tous les jours (armés de leur bon sens). L’article a pour objet de montrer qu’une guerre semblable traverse le champ du cinéma à propos de la question mimétique, à laquelle Compagnon consacre un chapitre, intitulé « Le monde ». La littérature parle-t-elle du monde ? se demande-t-il. La guerre, dans ce champ, oppose les champions du bon sens, qui pensent ce rapport sous l’angle de la mimésis, aux théoriciens de l’autoréférentialité du langage littéraire, qui le pensent sous l’angle de la sémiosis. Dans le champ du cinéma, il en va de même. Les images sont-elles le reflet du monde ? Le cinéma est-il totalement analogique ou, quoique sa part d’arbitrarité conventionnelle saute moins volontiers aux yeux que celle des signes du langage littéraire, symbolise-t-il peu ou prou ce qu’il montre ? L’article explore différentes réponses apportées à ces questions suivant les époques et les disciplines. Enfin, il propose une solution de compromis. Car l’image de cinéma est plus ou moins indicielle, plus ou moins construite, plus ou moins dépendante de l’usage qui en est fait… Seule une recherche interdisciplinaire — incluant l’esthétique, la sociologie et les sciences cognitives — peut venir à bout de questions comme celles-ci, ou du moins démonter les présupposés les plus fragiles des questions qui y répondent : c’est la conclusion de l’article.The title of this article alludes to Antoine Compagnon’s book Démon de la thérie (1998), whose subtitle is Littérature et sens commun. The book describes the war that has been waged for centuries by theorists (armed with their analytical tools) and everyday readers (armed with their common sense). The goal of the present article is to show that a war of this kind is being waged in film studies around the question of mimesis, to which Compagnon devotes a chapter, entitled “The World.” Does literature, he asks, talk about the world? In literature, this war pits the champions of common sense, who think about this question in light of mimesis, against theorists of the self-referential quality of literary language, who think about it in light of semiosis. The same is true of cinema studies. Do images reflect the world? Is cinema completely analogous or, even though its conventional arbitrariness is less noticeable than that of literary signs, does it more or less symbolize what it shows? This article explores the various answers to these questions, depending on the era and discipline involved. Finally, it proposes a compromise solution. For the cinematic image is more or less indexical, more or less constructed, more or less dependent on the use to which it is put. Only an interdisciplinary approach, encompassing aesthetics, sociology and the cognitive sciences, can answer questions such as these, or at least, the article concludes, disassemble the most fragile suppositions of the questions to which they correspond

    Esthétique du cinéma et relations de cause à effet

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    Il est d’usage, dans la critique moderniste de l’art, de dénigrer les relations de cause à effet reliant les deux bouts de la chaîne esthétique, soit la conception et la réception de l’oeuvre. Mais pourquoi le cinéma du shot/reaction shot et de la « théorie des dominos » serait-il mauvais par essence ? Pourquoi devrait-on se sentir honteux, depuis Adorno, de valoriser un film parce qu’il a causé du plaisir ou que sa « valeur d’usage » comprend une certaine utilité ? Il s’agit ici de lutter contre ce type de préjugés, en montrant notamment qu’ils sont issus d’idées non universelles, produites au sein de champs sociohistoriques particuliers, et valorisant une certaine forme d’irrationalisme.It is common, in modernist art criticism, to denigrate cause and effect relations between the two ends of the aesthetic chain, the conception and the reception of the work. But why must we consider the cinema of shot-reverse shot and the “domino theory” to be essentially bad? Why, since Adorno, should we feel ashamed for appreciating a film because it gives us pleasure, or because its “use-value” consists of a particular utility? As such, the following seeks to combat these prejudices by demonstrating, notably, that they stem from ideas that are not universal, but produced in specific sociohistoric fields, and which uphold a certain form of irrationalism

    Frozen Passers-By

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    Scott Schuman is a professional photographer whose work features in magazines like GQ, Vogue or Interview, and in ad campaigns of brands such as The Gap, Nespresso, Kiehl’s or Burberry. In 2005 he founded a fashion blog called The Sartorialist, which quickly gained in popularity on the net and ended up getting a worldwide following. Two years later, it was picked by as one of the 25 best blogs in the world and by Time Magazine as one of the 100 top design influencers. The exact amount of con...</time

    De la symétrie. Performance cinématographique et expérience du genre à l’aune des hommes-objets du cinéma américain

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    L’exploration de l’histoire du spectacle cinématographique sous l’angle de l’homme-objet – du plaisir érotique que peut procurer le physique d’un acteur à tout spectateur, qu’il soit homme ou femme – est d’un grand intérêt méthodologique et épistémologique pour les études cinématographiques. L’homme-objet permet de réintroduire une symétrie, non seulement entre le pouvoir du réalisateur et celui spectateur, mais aussi entre les genres (gender), déstabilisant une vision scientifique du cinéma privilégiant le point de vue du cinéphile cultivé et masculin. Il démontre la validité et la nécessité d’une anthropologie symétrique, au sens de Bruno Latour, du spectacle cinématographique, attentive à redonner à l’expérience du spectateur en situation sa fonction dans la détermination du sens du film, au lieu de la déduire du seul examen du texte cinématographique.Exploring the history of the cinema from the standpoint of the « actor as a sex toy » – « homme-objet » in French, i.e. the actor’s body as an equal opportunity of erotic pleasure for male and female spectators – is of great interest for Film studies. It goes against the presuppositions that usually guide academic research and limit its validity, due to the priority given to the point of view of a male and purely rational spectator. Practicing a symmetric anthropology (Bruno Latour) of the cinema as a spectacle – in the sense of a situated action – is a means to give back to the ordinary spectator her/his ability to experience and valuate, with the help of her/his emotions, the various senses of a film. A pluralist vision of the value of a film can thus be opposed to the reduction of this film to a discourse or a text, decoded by an objective gaze

    Cinéphiles et cinéphilies : « le jugement esthétique ne s’apprend pas »

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    L’ouvrage de Laurent Jullier et Jean-Marc Leveratto, Cinéphiles et cinéphilies rompt avec l’idée reçue de « la » cinéphilie telle qu’elle est spontanément exprimée dans la littérature cinématographique tant académique que de vulgarisation et qui en fait une « noblesse culturelle ». Les auteurs considèrent que cette image du cinéphile comme savant consommateur – échappant grâce à son savoir à la condition du simple consommateur – constitue de nos jours un obstacle épistémologique en France dès lors qu’on en fait un critère de qualification intellectuelle du consommateur de cinéma alternatif au plaisir personnel procuré par la séance. Leur souci est de s’inscrire dans une « anthropologie symétrique » de la technique cinématographique, c’est-à-dire d’adopter un regard historique et sociologique sur la cinéphilie qui soit équitable à la fois pour les objets et pour les personnes. À partir de ces prémices historiques et sociologiques, 1895 revue d’histoire du cinéma a souhaité poser huit questions aux auteurs pour leur permettre d’approfondir certains points et de répondre à certaines réserves ou objections touchant au découpage chronologique qu’ils font du phénomène cinéphilique, à la définition du cinéphile « ordinaire », au statut de la « parole » par rapport à « l’écriture », au rôle des déterminations socio-économiques dans l’émergence de nouvelles formes de cinéphilie.Laurent Jullier and Jean-Marc Leveratto’s book, Cinéphiles et cinéphilies, marks a break with the conventional idea of cinephilia as it has been represented in academic and popular literature, i.e. as a « cultural nobility ». The authors argue that this image of the cinephile as a specially qualified consumer – whose knowledge removes him or her from the state of being just a simple consumer – constitutes an epistemological barrier in France today, insofar as it establishes an opposition between the consumer’s intellectual qualification with regards to cinema and the personal pleasure of the viewer. They situate their work within a « symmetrical anthropology » of film technique, adopting an historical and sociological view of cinephilia, which takes into consideration both people and objects. In response to their project, 1895 revue d’histoire du cinéma formulated eight questions that allow the authors to develop the debate further and to answer certain reservations or objections concerning their chronological periodisation of cinephilia, their definition of « ordinary » cinephilia, the status they grant to « the word » as opposed to « writing », and the role of socio-economic factors in determining the emergence of new forms of cinephilia

    Les usages de la fiction. Madame Bovary de la Normandie Ă  la Californie

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    International audienceIn Minnelli’s adaptation, the transformation of the original meaning of the story and a new interpretation of Emma’s behavior shed light on the commercial success of the film and its cinematic quality. These result from a cinematic translation, in the sociological sense, of the personal experience the spectator has of the relationship between the sexes. Including a historical context in which women are questioning their traditional roles, the film continues to satisfy our sense of ordinary justice.Dans l’adaptation de Minnelli la transformation du sens original de l’histoire et une nouvelle interprétation de la conduite d’Emma éclairent le succès commercial du film et sa qualité cinématographique, et résultent d’une traduction cinématographique, au sens sociologique, de l’expérience personnelle que possède le spectateur de l’arrangement entre les sexes. Intégrant un contexte historique, où les femmes remettent en cause leurs rôles traditionnels, le film continue à satisfaire notre sens de la justice ordinaire

    Textuel

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