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    Les études sur le recrutement du patronat : une tentative de bilan critique

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    International audienceCet article propose une revue critique des différentes études existantes en sociologie ou histoire sociale sur le recrutement des dirigeants d'entreprises en France à l'échelle nationale depuis les années 1960 en langue française ou étrangère. Il évoque d'abord les difficultés méthodologiques rencontrées par les auteurs. L'accès limité aux sources entraîne une restriction des études à un groupe étroit de dirigeants, les top managers (PDG ou équivalents) des grandes firmes. Les conclusions empiriques de ces études en matière de recrutement social, scolaire et professionnel sont plutôt convergentes, même si les auteurs adoptent différentes interprétations dépendant de leur point de vue plus ou moins critique

    Manufrance : une société anonyme trop fermée ?

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    L'entreprise Manufrance était banalement exploitée depuis 1911 sous la forme d'une société anonyme (SA), à la suite de la transformation de la société en commandite par actions créée en 1894. Ce statut lui permettait d'ouvrir son capital à de nombreux actionnaires extérieurs, éventuellement par le biais d'une introduction en bourse, qui pourraient être représentés au conseil d'administration. Or, ces possibilités n'ont guère été utilisées et Manufrance a fonctionné sous la forme d'une combinaison originale entre entreprise familiale, coopérative et publique. En 1911, la nouvelle SA restait pour l'essentiel la propriété des deux cofondateurs, Étienne Mimard et Pierre Blachon. A son décès en 1914, le second transmet une partie de ses actions aux Hospices civils de Saint-Etienne, le reste revenant à ses descendants non impliqués dans la gestion de l'entreprise. Il n'est procédé du vivant de Mimard qu'à une seule augmentation de capital en numéraires, en 1924. L'opération n'injecte d'ailleurs au départ aucun argent frais dans l'entreprise : les souscripteurs ne doivent, dans un premier temps, verser que 6 millions après que... 6 millions prélevés sur le fonds de réserve aient été versés aux anciens actionnaires... En 1948, quatre ans après la disparition de Mimard, une nouvelle augmentation programmée en 1943 est finalement réalisée : celle-ci injecte bien 32 millions immédiatement, 80 à terme, mais c'est la dernière réalisée. Le capital n'est plus jamais augmenté ensuite autrement que par des prélèvement sur les réserves : la ville, à qui une partie des actions de Mimard ont été léguées, ne souhaite pas voir sa participation diluée alors qu'elle n'a pas les moyens de s'engager. L'entreprise Manufrance est donc réduite à l'autofinancement, tout en devant néanmoins rémunérer ses actionnaires par des dividendes. Même si d'autres entreprises familiales ou publiques sont dans ce cas, cela représente une limite certaine aux investissements. L'autre particularité de la société anonyme Manufrance réside dans la fermeture de conseil d'administration. Même s'il existe à partir de 1924 et surtout de 1948 des actionnaires extérieurs, ceux-ci ne sont représentés au conseil qu'au mieux par un ou deux sièges (" administrateurs libres "). L'essentiel des administrateurs sont, selon des dispositions originales prévues de manière très détaillée par les statuts, des chefs de service ou directeurs (" administrateurs participants ") qui se trouvent dans la situation ambiguë de devoir à la fois, selon le droit des sociétés, désigner le président-directeur général et contrôler sa gestion, et, selon le droit du travail, respecter son autorité comme cadres salariés. L'entreprise relève largement de l'autocontrôle. Les dynasties Drevet et Court, sur deux générations, et Fontvieille, sur trois, se partagent les fonctions de direction et les avantages matériels associés, avec le consentement de la ville et des Hospices civils qui restent des actionnaires passifs. Le conseil d'administration n'a pas joué son rôle habituel d'accueil de personnalités extérieurs apportant leurs réseaux de relations. Cette double fermeture financière et personnelle apparaît comme un handicap majeur pour Manufrance qui peut expliquer la crise de l'entreprise, même si l'exemple d'autres entreprises familiales tout aussi fermées montre qu'elle n'y conduisait pas de manière inéluctable. La contribution décrit dans le détail les mécanismes de cette fermeture tout en s'efforçant de la mettre en perspective au regard de la pratique d'autres grandes entreprises

    La direction des sociétés anonymes depuis la fin du XIXe siècle : le droit entretient la confusion des pratiques

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    International audienceThe management of joint stock companies, the dominant status adopted for the running of big firms, has for a long time been in competition with the freedom of shareholders. The 1807 Code de commerce was content to provide only summary prescriptions which were then compensated by the obligations of a prior administrative authorization. Its 1867 abolition did not bring more legally-binding rules. Administrative bodies were structured by a great range of practices, and the general tendency was to release executive management from external controls. From 1940 onward, the question became a matter of law, with the adoption of public policy provisions. But those provisions also introduced a formal confusion between executive management and control through the figure of the président-directeur general (CEO and COO), a confusion which practices were often able to skirt. More recently, legislative interventions offered new options which finally tended to offer greater liberties to shareholders.La direction des sociétés anonymes, statut adopté de manière dominante pour l'exploitation des grandes entreprises françaises, a longtemps relevé de la liberté des associés. Le Code de commerce de 1807 se contentait de dispositions sommaires compensées par l'obligation d'une autorisation administrative préalable. Sa suppression en 1867 n'a pas débouché sur l'adoption d'une réglementation plus contraignante. Les organes dirigeants se sont organisés dans la diversité des pratiques, avec cependant une tendance générale à la séparation entre gestion et contrôle. À partir de 1940, la question est devenu un véritable objet de droit, avec l'adoption de dispositions légales d'ordre public. Mais celles-ci ont introduit une confusion formelle entre gestion et contrôle en la personne du président-directeur général, que les pratiques ont souvent tendu à contourner. Les interventions ultérieures du législateur se sont contentées d'offrir de nouvelles options qui reviennent à laisser une grande liberté aux associés

    Mobilités patronales dans l'après-guerre et impact de l'épuration

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    Selon les représentations communes, l'épuration patronale n'aurait pratiquement pas eu lieu ; les patrons compromis dans la collaboration n'auraient guère été punis et presque tous auraient pu poursuivre leur carrière sans encombre. Tout dépend en fait de la manière dont on la mesure. Si l'on ne prend en compte que les sanctions effectivement prononcées, non révisées en appel, non amnistiées et qui ont formellement écarté de manière durable des dirigeants, le bilan est effectivement quasi nul. Mais si l'on recense toutes les procédures lancées contre des patrons, aussi bien dans le cadre de l'épuration professionnelle que judiciaire dans leurs différentes composantes , le bilan est tout sauf négligeable

    L'implication de l'industrie chimique allemande dans la Shoah : le cas du Zyklon B

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    International audienceLe Zyklon B, un antiparasite dérivé de l'acide cyanhydrique, a été commercialisé dans le monde entier par l'entreprise allemande Degesch à partir de 1925. Dans la 2e moitié des années 30, la chute des exportations a été compensée par une explosion de la consommation intérieure liée au développement du système militaro-concentrationnaire nazi. Si le détournement de son usage par les SS, à partir de l'automne 1941, pour la mise en œuvre de la Shoah n'a représenté qu'un marché économiquement secondaire, il a lourdement engagé la responsabilité des entreprises impliquées

    Représentations des patrons français et allemands dans la presse d'affaires

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    Ce texte a été publié en allemand dans le volume d'actes d'un colloque organisé à Berlin au Centre Marc Bloch en juin 1997 sur "Les cultures nationales de la concurrence internationale. Comment sont préparées les élites à la concurrence internationale", paru en 2009.International audienceCe texte étudie la représentation publique des patrons français et allemands à partir d'un corpus de portraits tirés de la presse d'affaires des deux pays. Pour appréhender les évolutions dans le temps, des portraits parus dans la période récente sont comparés à une série plus ancienne, datant en l'occurrence de la fin des années 1950. Pour la France, l'analyse porte, d'une part, sur une série d'une trentaine de portraits publiés par l'hebdomadaire Entreprise en 1957 et 1958 et, d'autre part, sur les portraits publiés depuis 1994 par le mensuel Enjeux-Les Échos. Il est déjà significatif que, pour l'Allemagne, il n'ait pas été possible de trouver des corpus équivalents, la personnalisation du pouvoir étant traditionnellement moins grande. Pour la série ancienne, un livre paru en 1958 dressant le portrait de " nouveaux managers de la Ruhr " a été utilisé. Pour la période récente, des articles à fort contenu biographique du mensuel Manager Magazin ont été retenus. La composition des différents corpus est d'abord étudiée. Quels sont les profils de patrons qui sont privilégiés dans ces portraits ? Sont-ils représentatifs de la population patronale dans son ensemble telle qu'elle peut être connue par des études sociologiques ? Pour la France, il apparaît ainsi que les portraits ont tendance à surreprésenter les dirigeants relevant, selon la typologie bien connue de Michel Bauer et Bénédicte Bertin-Mourot, de l'" atout État " et, à un degré moindre, de l'" atout capital ", c'est-à-dire respectivement les anciens hauts fonctionnaires et les héritiers. Ces journaux d'affaires qui visent un large public de cadres ont donc tendance à privilégier des patrons qui ont un profil par définition différent de celui de leur lectorat. Les portraits de purs " hommes d'entreprise " sont plutôt rares. C'est donc moins l'identification possible que la distinction qui est recherchée. Cette tendance ne se retrouve pas en Allemagne dans la mesure où les patrons sont presque toujours, sous réserve de la présence d'héritiers, des " hommes d'entreprise ". L'étude porte ensuite sur la manière dont, dans ces articles biographiques, est décrite la trajectoire qui conduit à la position de patron. Quels sont les facteurs mis en avant pour expliquer cette réussite ? Alors que, pour les Allemands, des qualités professionnelles dans le métier initial du patron (chercheur, ingénieur, vendeur, etc.) sont soulignées, les Français ne peuvent se réclamer de performances semblables. Mais cette absence d'expérience de l'entreprise n'est pas présentée comme un handicap, au contraire. L'image de l'excellence passe en France par des performances extérieures au monde de l'entreprise : alors que les quelques carrières internes sont décrites de manière banale - "il a gravi les échelons d'une carrière sans histoire", les anciens hauts fonctionnaires peuvent souvent se réclamer d'expériences peu ordinaires (fréquentation de responsables politiques importants, participation à des négociations de haut niveau, implication dans des événements historiques marquants, etc.) qui justifient leur réussite exceptionnelle. Ce système de légitimation perdure aujourd'hui, malgré les critiques apportées. On remarque simplement que les anciens fonctionnaires doivent de préférence justifier d'avoir fait pendant un certain temps " leurs classes " en entreprise. Enfin, le texte s'intéresse aux qualités du patron mises en avant dans l'exercice de ses fonctions. Il apparaît que les portraits ne font guère référence à des modèles étrangers ou à des règles managériales. L'influence du modèle américain n'apparaît guère ici. Les compétences présentées relèvent souvent d'un grand empirisme. La dimension charismatique, voire pour les héritiers la référence à la tradition, apparaissent plus importantes que la dimension rationnelle-légale. L'accent est mis, de manière généralement hagiographique, sur les qualités "humaines" des personnalités présentées. Les différences porteraient, sur ce point, moins entre les deux pays qu'entre les deux périodes : les portraits récents sont souvent un peu plus "critiques", la position occupée apparaît parfois plus précaire. De manière générale, les contraintes économiques apparaissent plus pesantes, les exigences de la concurrence plus grandes

    Un grand patronat français peu renouvelé à la Libération

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    Ce texte est la version retravaillée d'une communication présentée en janvier 2003 à une table ronde qui s'est tenue à la Maison française de Rome sur "Les élites du régime de Vichy et du régime fasciste" (3e table ronde "De la dictature à la République. Les modalités de la transition") pour le volume d'actes qui n'a pas encore été publié par les organisateurs.Le recrutement du patronat français est-il transformé par la Libération ? Certains engagements marqués dans l'organisation économique de Vichy ou dans la collaboration avec l'occupant entraînent-ils des mises à l'écart ? Ce texte s'efforce d'abord d'évaluer, à l'échelle nationale, l'impact de l'épuration, sous ses différentes formes (légale et extralégale, judiciaire et professionnelle), au sein des élites économiques. Plus largement, il examine, à partir d'un corpus d'une cinquantaine de grandes entreprises, dans quelle mesure, au-delà des exclusions formelles, la période se caractérise par un renouvellement accéléré du personnel dirigeant. Quels en sont les éventuels bénéficiaires ? Enfin, le nouveau régime républicain a-t-il, par les nationalisations qu'il opère ou dans les diverses instances de représentation qu'il constitue, une politique volontariste, ou au contraire se contente-t-il d'enregistrer la continuité

    Concours des grandes écoles versus diplômes universitaires. Sélectivité comparée des élites économiques françaises et allemandes

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    L'objectif de cette communication est d'examiner, dans la longue durée historique, le rôle joué par le système de formation initiale dans le recrutement des élites, en particulier économiques, en France et en Allemagne. Par élites économiques sont entendus ici, dans une acception assez étroite imposée par les contraintes de sources , les principaux dirigeants des grandes entreprises des deux pays

    Le capitalisme familial dans les entreprises moyennes : un déclin réversible

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    International audienceLes grandes entreprises connaissent un éloignement plus ou moins rapide mais inéluctable entre la propriété du capital et la dévolution des fonctions dirigeantes. Les petites entreprises restent largement le domaine des entrepreneurs individuels. Qu'en est-il des entreprises moyennes ? A travers l'exemple d'un corpus d'entreprises de 100 à 500 salariés des secteurs phares de la seconde industrialisation (construction mécanique, construction électrique, chimie) de la région lyonnaise dans la première moitié du XXe siècle, la diversité de l'évolution des modes de contrôle économique est soulignée. Toutes les créations ne correspondent pas à des initiatives individuelles. Le contrôle personnel ou familial n'est pas nécessairement le fait du fondateur ou de ses descendants. L'ouverture du capital à l'extérieur n'exclut pas la survivance d'un contrôle familial

    HEC-ENA, un couple qui marche

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    texte publié sur le site internet de l'Observatoire politico-économique des structures du capitalisme (OPESC), http://www.opesc.orgtexte de travail publié sur un site InternetLa désignation de François Hollande à l'issue des primaires comme candidat du parti socialiste à l'élection présidentielle de 2012 est l'occasion de mettre en avant un nouveau profil richement doté en capital scolaire : après le polytechnicien énarque à la Valéry Giscard d'Estaing ou le normalien énarque à la Laurent Fabius ou Alain Juppé, voici l'HEC énarque. Un binôme plutôt rare en politique, mais très prisé dans le monde des affaires, malgré sa contradiction apparente
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