39 research outputs found

    Médecine personnalisée versus médecine de la personne : une fausse alternative

    Get PDF
    Personalized medicine has recently become the new horizon of healthcare policies worldwide, but it has also given rise to misunderstandings and conflicting debates due to the lack of clear definitions and appropriate framing. Personalized medicine is mainly defined as the tailoring of diagnosis and therapies to the genetic profile of each patient, both enhanced by considerable improvements of technologies for acquiring and processing large amounts of data. Is personalized medicine the right term however, considering that it focuses on signaling pathways at the molecular level, where undoubtely persons as such cannot be found? The rival expression «person-centered medicine» has been coined to avoid any ambiguity: on the one hand, molecular biomedicine improved by high-throughtput molecular technologies is more legitimately labelled «individualized» or «precision» medicine, while on the other hand «person-centered medicine» is considered the only authentic personalized medicine insofar as it focuses on the patient as a whole. Far from overcoming the misunderstandings and conflicting views at stake in current debates on future medicine however, this divide between personalized and person-centered medicine gives rise to new difficulties and proves to be misleading. Conceptual confusions remain underinvestigated and undermine current attempts to clarify core issues of biomedical research and biomedicine today. This paper intends to highlight these confusions. La médecine personnalisée est devenue le nouvel horizon des politiques de santé à l’échelle internationale. Pourtant, un certain flou règne au sujet de sa définition, de son périmètre et de ses concepts directeurs, ce qui a été et reste source de malentendus. En quoi la biomédecine actuelle peut-elle valablement se dire « personnalisée », alors qu’elle consiste avant tout à adapter ses diagnostics et ses thérapies au profil moléculaire des patients, grâce notamment aux nouvelles technologies d’acquisition et de traitement des données massives (en particulier les données de séquences génétiques) ? À la médecine personnalisée en son acception moléculaire, pour laquelle des expressions alternatives jugées plus consensuelles s’imposent de plus en plus (médecine individualisée, médecine de précision), s’oppose ainsi la médecine centrée sur la personne qui revendique une approche holistique du patient. Cette opposition revient en définitive à rappeler que la médecine doit certes améliorer ses outils de diagnostic et d’intervention thérapeutique, mais qu’elle a aussi et surtout affaire à des personnes qui ne peuvent pas être considérées simplement comme des corps-objets. Cet article entend démontrer qu’une telle dualité de perspectives – médecine personnalisée ou plutôt individualisée et de précision versus médecine de la personne –, loin de clarifier la situation, introduit davantage de difficultés qu’elle n’en résout. Elle laisse en effet inanalysé un ensemble de présupposés et de confusions conceptuelles qui empêchent de clarifier les valeurs directrices et les finalités de la biomédecine à l’ère dite postgénomique. L’article propose ainsi de dégager et d’examiner ces présupposés et ces confusions

    Technique et philosophie. Une contribution de François Russo

    Get PDF
    Introduction La lecture des textes de François Russo peut susciter au premier abord une certaine perplexité, et ceci en raison de l’incommensurabilité apparente des perspectives qu’ils développent. Incommensurabilité en effet entre, d’une part, un grand nombre d’articles des années 1950 et 1960 qui traitent des rapports de la technique et de la condition humaine et, partant, s’inscrivent dans la perspective de la plupart des écrits philosophiques de l’époque, et, d’autre part, les contributio..

    Les technosciences : essai de définition

    Get PDF
    La notion de technoscience a été proposée à l’origine, dans les années 1970, pour prendre le contre-pied des approches dominantes en philosophie des sciences. À rebours de ces approches traitant la science comme une activité de langage et de représentation, une manipulation de symboles et de théories, il s’agissait de reconnaître l’importance des aspects non conceptuels de la science (Hottois, 1984). Des travaux se sont multipliés à partir des années 1980, insistant précisément sur ces aspects non langagiers et non symboliques dans les sciences. Toutefois, force est de constater que la notion de technoscience a depuis lors davantage gagné en confusion qu’en précision (Hottois, 2004 ; Sebbah, 2010). La notion de technoscience a fini par valoir d’abord pour sa charge affective et axiologique, moins pour sa capacité à susciter une élaboration théorique nouvelle de la pratique scientifique. Cet article entend nuancer ce constat. On soutient : 1) qu’un contexte récent de développements scientifiques et techniques est aujourd’hui l’occasion de renouveler la notion de technoscience, en lui donnant peut-être davantage de précision : ce contexte, c’est celui des nanotechnologies ; 2) que cette notion renouvelée de technoscience est motivée par l’ambition de mieux décrire l’activité scientifique dans tous ses aspects (ce qui était le but initial), mais aussi de mieux comprendre la nature de l’objet technique ; 3) que les significations épistémologiques et politiques de la notion de technoscience ne sont pas mutuellement exclusives : l’enjeu d’une conception renouvelée de cette notion est justement de mieux articuler ces deux significations : 4) que la philosophie de Gilbert Simondon se révèle particulièrement intéressante dans la perspective de repenser la technoscience

    Évolution technique et objectivité technique chez Leroi-Gourhan et Simondon

    Get PDF
    Une abondante littérature critique a interprété le concept d’évolution technique dans le sens d’une « naturalisation » des techniques. Une approche évolutionniste de la technique impliquerait une conception purement biologique des techniques. De ce point de vue les techniques ne seraient plus décrites comme des faits sociaux et comme des objets du monde humain, mais comme des prolongements des fonctions biologiques apparaissant et disparaissant au gré d’un processus d’évolution « naturelle ». Or, à rebours de ces critiques, on peut montrer que parler d’évolution technique n’équivaut pas ipso facto à dissoudre le technique dans le biologique. Une théorie évolutionniste de la technique peut au contraire être motivée par l’intention de délimiter la technique comme un domaine à part entière du savoir et de la culture, irréductible au domaine vital. On le montre en s’appuyant sur les travaux de Leroi-Gourhan et Simondon.Does a theory of “technological evolution” prompt the idea that technology is a natural phenomenon? The analogy between natural evolution and technological change has been often outlined in paleoanthropology and in various general theories of machines since the 19th century. Does this analogy mean that technology is embedded in a purely natural and even biological process? Beyond its social and cultural features, technology would be viewed as an output of a biological evolution process, as the “externalization” of biological functions. Against this approach to “technological evolution” as a purely biological vision of technology, we argue that this concept has been shaped in order to delineate an autonomous field of human activity and knowledge, irreducible to biology. The article focuses on French paleontologist A.Leroi-Gourhan’s and French philosopher G.Simondon’s theories of “technological evolution”

    L’homme, la technique et la vie dans la philosophie de Hans Jonas

    Get PDF
    Introduction Dans ses Essais philosophiques, Hans Jonas rattache son questionnement sur la technologie moderne à une perspective de philosophie morale. L’introduction du recueil est en effet pour lui l’occasion de revenir sur l’ensemble de son parcours intellectuel, et de préciser dans quel contexte son « attention philosophique » s’est portée sur le « défi moral de la technologie moderne ». Abandonnant l’optimisme un peu naïf qu’il confesse avoir nourri à l’égard des possibilités de la techn..

    Art et technique au prisme du phénomène de l’obsolescence

    Get PDF
    Certaines œuvres d’art comportent des éléments techniques que l’industrie ne produit plus : il devient alors impossible de remplacer ces éléments lorsqu’ils ne fonctionnent plus, afin de conserver à l’œuvre son intégrité et donc sa signification. Cet épineux problème, qualifié d’obsolescence, affecte-t-il le monde de l’art de façon purement extérieure – comme si ce monde avait à subir des choix (en l’occurrence industriels) qui ne le concernent pas, qui n’ont rien à voir avec le travail et la pensée de l’artiste, qui ne mordent pas sur l’essence même de l’œuvre d’art dans le monde actuel ? L’article soutient au contraire l’idée que le phénomène de l’obsolescence met en question l’essence même du rapport entre l’art et la technique, et qu’il est la conséquence d’une pensée insuffisante de ces rapports. Problème de nature conceptuelle donc, et non de choix économiques stricto sensu.Some works of art contain industrial components which are no longer manufactured: when they cease to function, it thus becomes impossible to replace these parts in order to preserve the integrity and significance of the work. Does this thorny problem of obsolescence affect the art world in a purely exterior manner – as if it were subjected to choices (in this case made by industry) that did not concern it, that had nothing to do with the artist’s work and thought processes, that did not encroach upon the essence of the artwork in the world today? This paper, on the contrary, supports the idea that the phenomenon of obsolescence questions the very essence of the relationship between art and technology, and that it stems from insufficient reflection upon this relationship. It is therefore a problem of a conceptual nature, and not, strictly speaking, one caused by economic choices

    Introduction - What is Technological Care?

    Get PDF
    Pourquoi parler de « soin technologique » ? En quoi ce concept permet-il de souligner l’existence de modes d’intrication, irréfutables, entre soin et technique ou technologie ? Comment analyser de tels modes d’existence ? Si de nombreux récents travaux d’anthropologie des sciences et de la santé ont participé à déconstruire cette opposition entre care et cure, les philosophes de la médecine et éthiciens du care sont majoritairement en reste sur ce sujet. Cette tension ancrée entre le care et le cure est pourtant révélatrice d’une contradiction, persistante, entre soin et technique, qui ne va pas de soi. Ce dossier vise donc à combler, conceptuellement et empiriquement, ce manque de littérature, dans une démarche de philosophie empirique qui en appelle au nécessaire croisement des expertises.Why talk about "technological care"? How does this concept highlight the existence of irrefutable modes of entanglement between care and technique or technology? How can such modes of existence be analysed? While a number of recent studies in the anthropology of science and health have contributed to the deconstruction of this opposition between care and cure, research in the philosophy of medicine and the ethics of care is largely lacking on this subject. This deep-rooted tension between care and cure is indicative of a persistent contradiction between care and technique, which is not self-evident. This issue aims to fill this gap in the literature, both conceptually and empirically, with a practical approach to philosophical reflection calling for the (necessary) crossing of expertise

    Introduction - Qu’est-ce qu’un soin technologique ?

    Get PDF
    Pourquoi parler de « soin technologique » ? En quoi ce concept permet-il de souligner l’existence de modes d’intrication, irréfutables, entre soin et technique ou technologie ? Comment analyser de tels modes d’existence ? Si de nombreux récents travaux d’anthropologie des sciences et de la santé ont participé à déconstruire cette opposition entre care et cure, les philosophes de la médecine et éthiciens du care sont majoritairement en reste sur ce sujet. Cette tension ancrée entre le care et le cure est pourtant révélatrice d’une contradiction, persistante, entre soin et technique, qui ne va pas de soi. Ce dossier vise donc à combler, conceptuellement et empiriquement, ce manque de littérature, dans une démarche de philosophie empirique qui en appelle au nécessaire croisement des expertises.Why talk about "technological care"? How does this concept highlight the existence of irrefutable modes of entanglement between care and technique or technology? How can such modes of existence be analysed? While a number of recent studies in the anthropology of science and health have contributed to the deconstruction of this opposition between care and cure, research in the philosophy of medicine and the ethics of care is largely lacking on this subject. This deep-rooted tension between care and cure is indicative of a persistent contradiction between care and technique, which is not self-evident. This issue aims to fill this gap in the literature, both conceptually and empirically, with a practical approach to philosophical reflection calling for the (necessary) crossing of expertise

    Nanotechnologies et ingénierie du foie bioartificiel. Une autre idée de la « convergence technologique »

    Get PDF
    La conception américaine de la convergence technologique, promue par le programme NBIC (Nano-Bio-Info-Cogno), est orientée vers la recherche d’une intégration de tous les domaines du réel (la nature, la vie, l’esprit, la société) dans la représentation unitaire d’un monde constitué de systèmes hiérarchiques complexes et couplés entre eux. Il s’agit par conséquent d’une vision totalisante, témoignant d’un idéal de contrôle et de maîtrise que rien ne paraît devoir limiter. Les Grecs avaient un ..
    corecore