Bakounine contre Dieu. Enjeux contemporains de l'antithéologisme

Cette contribution cherche à éclairer les débats contemporains sur la religion et la laïcité à la lumière de l'antithéologisme développé à partir de 1865 par l'anarchiste russe Michel Bakounine. Elle s'interroge en même temps sur la pertinence et l'actualité de considérations théoriques qui semblent s'en prendre davantage à Dieu qu'à la religion en tant que telle

Par-delà le rouge et le noir : les situationnistes et l'héritage du mouvement ouvrier

Version française d'une communication prononcée lors du colloque international "Is Black and Red Dead?", organisé à l'Université de Nottingham les 7 et 8 septembre 2009. Une version développée en langue anglaise est en cours de publication (2012) dans le volume Politics in Black and Red, Palgrave-MacMillanAmongst the intellectual movements that tried, during the second part of the twentieth century, to give an extension to the marxist and libertarian revolutionnary traditions, situationnists are a very special case. Indeed, they claimed to inspire from this traditions, with their renewed criticism of capitalism as well as their refusal of all sorts of hierarchy, and in the same time the claimed to go beyond the antagonism between anarchism and marxism. We will first expose how the ambition to go beyond the opposition between black and red finds expression, for what concerns theory and philosophy, in a return before the differenciation between black and red, and more precisely in an use (in particular by Debord) of the concepts and the themes of the Young Hegelians movement - a movement by which Marx as well as Bakunin have passed. The most brilliant signs of such a tendance are the stress put on the alienation and the use of the hegelian lexicon of the negative. We will describe the way situationnists criticize the separation between marxism and anarchism as a separation that is proper to a particular historical situation in the workers movement. This is mostly clear about anarchism, about which situationnists claimed that it ceased to exist in Barcelona in 1937. We will also recall how situationnists tried to promote a political practice beyond this opposition, in particular during the french events of May and June 1968 when they put the stress on the unofficial general strike, on self-management and on the occupations movement. We will conclude by asking if the situationnist diagnosis that the opposition between black and red is superseded is still valid. The simple fact that the situationnist criticism of revolutionnary organizations has still its actuality is maybe the sign that black has still much to say to red.Parmi les courants de pensée qui ont tenté, dans la deuxième moitié du XXe siècle de prolonger les traditions révolutionnaires marxistes et libertaires, les situationnistes occupent une place à part. Ils ont en effet prétendu s'en inspirer, à la fois par une critique actualisée du capitalisme et par leur refus de toute forme de hiérarchie, et en même temps dépasser l'antagonisme entre anarchisme et marxisme. Nous montrerons comment cette ambition de dépasser l'opposition du rouge et du noir se manifeste d'abord, sur un plan théorique et philosophique, par un retour en deçà de la différenciation du rouge et du noir, et plus précisément par une mobilisation, notamment chez Debord, du lexique et des thématiques jeunes hégéliennes, communs à Marx et à Bakounine : l'insistance sur l'aliénation et l'usage du vocabulaire hégélien du négatif en sont les signes les plus patents. Nous décrirons la manière dont les situationnistes critiquent la séparation entre marxisme et anarchisme comme une séparation appartenant à un état momentané du mouvement ouvrier : c'est particulièrement clair s'agissant de l'anarchisme, qui selon les situationnistes a cessé d'exister en 1937 à Barcelone. Nous rappellerons également comment les situationnistes ont tenté de promouvoir une pratique politique au-delà de cette différence, notamment autour des événements français des mois de mai et juin 1968, en insistant sur la grève générale sauvage, l'autogestion et le mouvement des occupations. Nous conclurons enfin en nous demandant quelle est la validité du diagnostic situationniste sur le caractère dépassé de l'opposition entre rouge et noir : la critique situationniste des organisations révolutionnaires, par son actualité même, montre peut-être que le noir a encore beaucoup à dire au rouge

Le curé Meslier : un matérialiste cartésien?

Communication prononcée dans le cadre du colloque "Qu'est-ce qu'être cartésien?" organisé en 2007 à l'ENS de Lyon par Delphine Kolesnik. Les actes de ce colloque seront publiés dans le courant de l'année 2012.Le curé Meslier est l'auteur, au début du XVIIIe siècle, d'un volumineux Mémoire, dans lequel il déclare son athéisme et son opposition à l'alliance des grands et des prêtres. La partie philosophique du Mémoire a souvent été décrite comme un matérialisme d'obédience cartésienne, en raison notamment du travail auquel Meslier fait soumet sa principale référence, la Recherche de la vérité de Malebranche. Cette communication interroge l'idée même de matérialisme cartésien, et cherche ainsi à contribuer à la définition de ce que signifie être cartésien au XVIIIe siècle

Bakounine

Ouvrage coordonné par Guillaume DAVRANCHE, Rolf DUPUY, Marianne ENCKELL, Hugues LENOIR, Anthony LORRY, Claude PENNETIER, Anne STEINERNotice biographique de l'anarchiste russe Michel Bakounine pour le "Maitron des anarchistes

L'Entraide de Kropotkine : un socialisme darwinien?

Communication dans le cadre du colloque "Nature et socialisme" organisé à l'université de Franche-Comté par le Laboratoire de Recherches Philosophiques sur les Sciences de l'Action (EA2274) de l'Université de Franche-Comté et l'équipe Sophiapol (Sociologie, philosophie, anthropologie politiques, EA 3932) de l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense.Cette communication étudie les rapports entre le naturaliste et anarchiste russe Pierre Kropotkine et la pensée darwinienne, au travers de plusieurs de ses représentants (Darwin, Wallace, Huxley

Le statut de la philosophie chez le dernier Bakounine

National audienceDans la dernière période de son activité théorique, qui coïncide avec ses premières prises de position anarchistes (à partir de 1864), Bakounine recommence à écrire sur des sujets philosophiques qu'il semblait pourtant avoir abandonné au milieu des années 1840. Cette contribution cherche à élucider le statut qui revient à ce retour de la philosophie en examinant quelques hypothèses concurrentes: contre l'idée selon laquelle Bakounine chercherait à fonder philosophiquement son anarchisme pratique, elle montre que c'est à un rôle beaucoup plus modeste que le révolutionnaire russe cantonne la philosophie, celle de contribuer à l'émancipation théorique des hommes

Les situationnistes entre avant-garde artistique et avant-garde politique : art, politique et stratégie

Communication prononcée au colloque international "Imaginer l'avant-garde", organisé à l'UQAM (Montréal, Québec) par le laboratoire Figura, les 7 et 8 juin 2010.Le concept d'avant-garde résulte de l'application d'un terme militaire à deux domaines distincts : l'art, où il signifie une forme de recherche et d'innovation opposée à l'académisme, et la politique, où il désigne un groupe qui défend des positions avancées par rapport au reste du corps politique. Les situationnistes possèdent la double originalité d'avoir progressivement glissé, au cours des années 1960, de l'un à l'autre de ces deux domaines (en refusant leur séparation) et d'avoir accompagné ce glissement d'un discours théorique sur le statut des avant-gardes comme entités provisoires vouées à être dépassées. Issus pour la plupart d'entre eux de l'Internationale Lettriste, les membres de l'Internationale Situationniste s'orientent vers l'agitation sociale et politique, au travers notamment de la participation de Guy Debord au groupe Socialisme ou Barbarie, au point que l'essentiel de leur discours finit par tourner autour des révoltes sociales et du communisme de conseil. Après Mai 68, qui marque à la fois le point culminant de l'audience du groupe et le point de départ de la crise qui va le faire disparaître, Guy Debord énonce que les avant-gardes n'ont de sens que dans des périodes qui ont vu disparaître le projet révolutionnaire, de sorte que la renaissance de ce dernier signifie aussi la fin des avant-gardes. C'est cette conception qu'on se propose d'analyser, en examinant son application à l'art et à la politique

Anarchisme et libéralisme : une démarcation

Cette contribution résulte initialement d'une communication prononcée en septembre 2006 dans le cadre du séminaire du laboratoire Triangle qui a donné son nom à ce volume. Elle a fait l'objet d'une première modification en 2009, puis d'une seconde en 2011 en vue de la parution du volume Libertés et libéralismes, coordonné par Jean-Louis Fournel , Jacques Guilhaumou et Jean-Pierre Potier, juin 2012, ENS EditionsSouvent rapprochés du fait de leur commune référence à la liberté, comparables en tant que traditions de pensée, libéralisme et anarchisme sont ici confrontés sur un plan à la fois doctrinal et historique. Cette contribution tente de montrer trois choses: 1) que l'idée d'un libéralisme libertaire est d'invention récente, 2) que ce qu'il y a d'effectivement émancipateur dans le libéralisme classique (et par rapport à quoi l'anarchisme se trouvait dans un rapport de filiation critique) a été abandonné par le néolibéralisme, 3) que confrontés doctrinalement, anarchisme et libéralisme font apparaître de larges différences, notamment sur la question de la liberté

Un Marx feuerbachien ?

Analyse du rapport entre Marx et Feuerbach dans les Manuscrits de 184

Relativisme et anthropologie chez Claude Lévi-Strauss

Communication prononcée à l'Université Nancy 2 le 27 novembre 2002, dans le cadre du séminaire de DEA de Roger Pouivet, consacré au relativisme.Cette communication cherche à faire le point sur les rapports qu'entretient le projet anthropologique de Claude Lévi-Strauss avec le relativisme. Elle montre d'abord comment un texte comme Race et histoire mobilise un paradigme relativiste pour critiquer l'ethnocentrisme, puis tente de voir dans quelle mesure le relativisme peut être élevé au rang de méthodologie, avant de rapprocher finalement Lévi-Strauss du perspectivisme, plus que du relativisme proprement dit