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Une montagne à vivre et à partager : le territoire de Montegrosso-Pian-Latte en Ligurie
La commune de Montegrosso se situe dans la haute vallée d’Arroscia en Ligurie italienne. Elle s’étage entre 700 et 2 500 m d’altitude, en une succession de terrains discontinus, qui relient le fond du talweg aux cimes alpines. Cette disposition assure la complémentarité des terroirs (cultures, bois et pâtures) et facilite les communications à travers la montagne. La mise en valeur traditionnelle de ce territoire morcelé nécessite des déplacements saisonniers qui servent tant l’élevage que l’agriculture. Les rotations s’organisent entre l’habitat principal et les hameaux de mi-saison et d’estive. Les relevés et l’analyse du bâti et l’enquête ethnographique et historique sur l’organisation des espaces et la circulation des biens et des personnes permettent de comprendre l’intrication et le partage des terroirs ainsi que les motivations qui impulsent l’occupation de hautes terres. Économiques à première vue, ces motivations procèdent aussi des sentiments d’appartenance des groupes humains. Les gens de Montegrosso affirment cet ancrage territorial à travers l’entretien des aménagements techniques et le maintien du calendrier festif de leurs « terres au loin », malgré le recul spectaculaire de l’activité agropastorale. Ces observations engagent une réflexion archéologique et ethnoarchéologique sur la mise en place des territoires montagnards, sur leurs modes d’occupation et sur les représentations qui influencent l’évolution de leurs usages.The town of Montegrosso is located in the upper Arroscia valley in the Italian part of Liguria. It extends at a height of 700 to 2200 m in successive discontinuous pieces of land that connect the valley bottom to the Alpine summits. This arrangement ensures soil complementarities (fields, woods and pastures) and facilitates communications through mountain ranges. The traditional method of working in this highly divided territory makes necessary seasonal move as much for pastoral than for agricultural purposes. Rotations are organized between the main settlement and the mid-season and summer hamlets. The catalogue and analysis of constructions and the ethnographical and historical study on space organization and circulation of goods and persons allows us to understand the interference and the partition of spaces as well as the reasons that drive inhabitants to occupy the high lands. Economical at first sight, these reasons include also the sense of belonging. People of Montegrosso confirm their territorial anchorage by the maintenance of the built technical equipment and of the feast calendar of their « remote earths », in spite of the inexorable decline of agricultural and pastoral activities. These observations engage archaeological and ethno-archaeological reflection on the founding of mountain territories, on the models of their occupation and on representations that have an effect on the evolution of their use
Conversion artisanale et volonté identitaire. L'exemple des charbonniers de Moyenne Provence
Photograph taken by Salt Lake Tribune staf
La colline, le défend et la forêt méditerranéenne
Si le mot “forêt” désigne une catégorie d’espace pour les personnes qui le considèrent d’un point de vue administratif, technique, économique, écologique ou esthétique, ce mot n’est pas usité par les membres des sociétés locales qui le pratiquent au quotidien. Pour ces derniers, l’étendue boisée fait partie d’ensembles plus vastes et plus subtils, qui rendent compte des catégories du domestique et du sauvage dans toute leur variabilité. Dans le Midi français, la colline et le défend sont les composantes essentielles des terrains désignés par ailleurs comme forestiers. Ils ont des équivalents dans le reste de la région méditerranéenne. Le caractère évolutif et multifonctionnel des terroirs ainsi désignés, génère d’emblée une diversité géomorphologique, végétale et animale, orchestrée plus ou moins par l’homme et sans cesse réajustée suivant les conjonctures naturelles, historiques et sociales. Pour connaître la physionomie de ces espaces, le récit et le ressenti des usagers sont tout autant probants que le recours aux archives et aux études naturalistes
Aller au charbon... Les sites de charbonnage et leur impact sur les paysages forestiers de la colline varoise
Le relevé et l'étude inter-disciplinaire d'une centaine de sites de charbonnage dans le Var, témoins du dernier essor de l'activité entre 1850 et 1950, permettent l'établissement de critères pour la reconnaissance de ces sites et une réflexion générale sur le sujet. Un résultat direct de ces analyses est l'évaluation de l'impact du charbonnage sur le milieu forestier. Autour des aires des charbonnières les espaces boisés sont maintenus en l'état de taillis, les sous-bois restent herbeux et pénétrables, les terrains bénéficient d'un aménagement global qui facilite le travail des hommes et leur vie sur place. L'édification de cabanes aux statuts près des aires, amplifie le rôle structurant de ces installations. Ce rôle est aussi renforcé par le retour périodique des charbonniers sur les mêmes clairières. Ce mouvement cyclique s'inscrit dans le mode traditionnel d'exploitation des espaces incultes et boisés où plusieurs activités se côtoient et se succèdent. Les artisanats du feu participent à la multifonctionnalité organisée de ces espaces que gèrent collectivement leurs usagers
La dynamique des usages dans la forêt méditerranéenne d’un point de vue anthropologique
En Méditerranée, les espaces incultes et boisés se superposent à ce que l’on appelle communément forêt et sont lentement façonnés par les activités qui s’y déroulent. Artisanats forestiers et pastoralisme en sont les filières principales. Plus ou moins professionnelles, elles côtoient d’autres droits d’usage connus depuis la fin du Moyen Âge. Affouage, parcours pastoraux et cueillettes se maintiennent toujours, ainsi que les activités de chasse. Les coupes à l’ancienne (auxquelles sont liés charbonnage, production de chaux et distillations) continuent jusqu’à la fin des années 1940 au moins. Malgré leur incompatibilité avec le code forestier, plusieurs usages sont conservés localement par la voie des dérogations. Toutefois, la division fonctionnelle des terres incultes et boisées, mise en place par la répétition des mêmes activités sur les mêmes lieux, commence à se brouiller depuis une trentaine d’années avec le déclin de certaines activités forestières et la tendance vers la multiplication d’activités de loisir et d’agrément. Actuellement, les problèmes d’équilibre et d’avenir du couvert et des « mosaïques » forestières se posent avec acuité. La multifonctionnalité que les sociétés réclament (production, protection, distraction) impose l’adoption de « combinaisons de pratiques » difficiles à décliner sur le long terme pour de grands espaces. Une gestion interactive et concertée au cas par cas et à moyen terme est probablement l’alternative viable
La glace-neige du Ventoux : une ressource forestière des communes de piémont
Apprécié pour son environnement physique et le pittoresque des villages alentour, le Ventoux est moins connu, actuellement, pour le commerce de la neige. Depuis la fin de la Renaissance jusqu'à 1900, cette activité a été une spécialité de plusieurs localités situées au pied de la montagne. Récoltée sur les pentes boisées, la neige était tassée dans des fosses, recouverte de végétaux et conservée tout au long de l'hiver. Elle était transportée à la belle saison vers les lieux de consommation : plusieurs villes et bourgs de la Provence et du Languedoc. Les aménagements liés à l'activité marquaient autrefois les paysages du Ventoux et l'administration forestière assumait leur gestion
Le Malmont à Draguignan : statuts et usages d'un espace boisé de l'Ancien Régime à nos jours.
International audiencePendant l'Ancien Régime, le massif du Malmont (Var), a fonctionné comme un défend, un lot de terres à usage commun où les habitants ont des droits de cueillette de bois, de pâture et de culture tout en obéissant à certaines interdictions périodiques ou saisonnières. Une grande partie de ces terres boisées, peuplées de chênaies mêlées de pins et de garrigues basses, est encore propriété communale. Pour Draguignan, cet espace est aussi investi de valeurs identitaires et patrimoniales que transcrivent les vestiges matériels d'activités révolues et d'actualité
Hommes du bois, hommes de bois : mythes et réalités autour des activités forestières dans le Var
People in the wood, people of wood. Myths and realities on forest activity in Var (France).
Nowadays, woods cover about 75 % of the Var district which is twice as much as the surface previously occupied between the two world wars. Through the last three quarters of the century, the aspect of this forest, assimilated to what the people of the Var district call «collines », and the profile of its inhabitants have changed. Polyvalent peasants of the past have been replaced by employees working for companies that were no longer bound to rural areas. A similar mutation had taken place between 1850 and 1950 : native peasants / forest-wor-kers have been then progressively replaced by expatriâtes coming from Italy, then from Spain. The socio-economical origin of this foreign manpower was very close to the local one and did not alter the forest physiognomy, neither in its natural, nor in its human dimension. Most of new-comers had easily adopted the social skills of the host society by choosing an territory, by gaining a thorough knowledge of this territory and by transformating their work area into a setdement area, which status varied from occasional to permanent. The mastery of a craft or practice (charcoal making, breeding...), the development of a network of professional relationships, as well as friendly or fà mily relationships, the setding in a village and / or the home-ownership, are evidence for the will of the «people in the wood » to integrated themselves into a village society that ended up appreciating them, for their adaptability as much as for their exceptional character.La forêt couvre actuellement environ 75 % du département du Var, soit le double de la superficie quelle occupait jusque dans la période de l'entre-deux guerres. Pendant ces trois quarts de siècle, l'aspect de cette forêt, assimilée à ce que les Varois appellent «colline», et le profil des gens la fréquentant, ont changé. Les paysans polyvalents d'«autrefois» ont été remplacés par des employés d'entreprises dissociées du milieu rural. Entre 1850 et 1950, une mutation semblable avait eu lieu : les paysans / forestiers autochtones avaient été progressivement remplacés par des émigrés venus d'Italie, puis d'Espagne. L'origine socioéconomique de cette main-d'œuvre étrangère était très proche de celle de la main-d'oeuvre locale et n'avait pas altéré la physionomie de la forêt, ni dans sa dimension naturelle, ni dans sa dimension humaine. La plupart des nouveaux venus avaient adopté sans peine la façon de vivre des sociétés d'accueil à travers le choix d'un territoire d'action, la connaissance approfondie de ce territoire et la transformation des lieux de travail en lieux d'habitat dont le statut variait d'occasionnel à permanent. La maîtrise d'un savoir-faire (charbonnage, conduite des troupeaux...), le développement d'un réseau de relations professionnelles, amicales, familiales..., l'installation au village et I ou l'accession à la propriété, sont autant de manifestations de la volonté des «hommes des bois» à s'intégrer à une société villageoise qui a fini par les apprécier, tout autant pour leur conformité que pour leur exception.Acovitsioti-Hameau Ada. Hommes du bois, hommes de bois : mythes et réalités autour des activités forestières dans le Var. In: Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, n°4/2000. Varia. pp. 81-117
Forcalqueiret (Var). Le Castellas
Acovitsioti-Hameau Ada. Forcalqueiret (Var). Le Castellas. In: Archéologie médiévale, tome 25, 1995. pp. 290-291