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La mesure de l'(an)alphabétisme au Sénégal : des données à harmoniser - Note de Politique
Note de PolitiqueL’alphabétisation représente un enjeu vital pour le développement mais sa mesure reste parcellaire et sujette à caution. La définition de l’alphabétisme varie au cours du temps et selon les pays et selon les sources de données qui se multiplient. Les attentes d’indicateurs sont fortes pour le suivi et l’évaluation des politiques nationales. Il est donc urgent aujourd’hui de pouvoir harmoniser les données à venir pour une plus grande efficacité des enquêtes
Enfants hors l’école, (an)alphabétisme et fréquentation du supérieur au Sénégal : Analyse des métadonnées et mesures
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Enfants hors l'école, (an)alphabétisme et fréquentation de l'enseignement supérieur au Sénégal : analyse des métadonnées et des mesures
L’éducation constitue un enjeu important en Afrique et est au coeur de l’agenda international. La mesure des progrès en matière d’éducation passe par la production d’indicateurs fiables et réguliers. Pour répondre à cette demande croissante d’indicateurs, les sources de données intégrant des questions sur l’éducation se multiplient, sans qu’il y ait véritable capitalisation ni analyse critique. L’objectif de cette note de recherche est d’examiner en détail la mesure des indicateurs relatifs à l’éducation au Sénégal sur trois thématiques : les enfants hors l’école; l’analphabétisme et l’illettrisme et la fréquentation de l’enseignement supérieur.
Pour chacune des trois thématiques, une analyse des métadonnées (définitions des concepts, questionnaires et conformité des questions posées avec les variables figurant dans les bases de données) est suivie d’une analyse critique des indicateurs produits. Ce document fournit une approche inédite de la mesure en éducation. Les sources de données utilisées rassemblent 12 enquêtes nationales et 4 recensements conduits au Sénégal entre 1976 et 2015.
En ce qui concerne les enfants hors l’école (EHÉ), les résultats permettent de conclure à une certaine cohérence des indicateurs produits par les différentes sources. La proportion des enfants en dehors du système scolaire formel au primaire tend à diminuer, ce qui confirme la tendance mise en relief par l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU). Néanmoins, les niveaux mesurés sont variables selon les enquêtes et systématiquement plus élevés que ceux produits par l’ISU. Ces différences sont liées à la fois à la définition de l’école (définition du Ministère de l’Éducation Nationale pour l’ISU et déclaration des ménages pour les enquêtes) et au fait que l’indicateur de l’ISU repose sur des estimations de population. Les indicateurs sont sensibles au changement de classe d’âge appliqué aux dernières enquêtes de démographie et de santé. Les recommandations vont dans le sens d’une standardisation des modules de mesure de la scolarisation dans les différentes enquêtes.
L’analphabétisme est au coeur des enjeux de l’Éducation pour tous (EPT), mais demeure un objectif négligé. Il faut noter que le phénomène pose un problème de mesure récurrent : aucune définition unanime n’est aujourd’hui proposée, si bien que les sources de données adoptent des définitions qui ne sont pas toujours concordantes. Malgré tout, on observe qu’entre sources aux méthodologies comparables (enquêtes démographiques et de santé d’une part, enquêtes sur les conditions de vie d’autre part), les résultats donnent à voir une certaine cohérence des indicateurs produits. L’analphabétisme diminue au fil du temps, mais ces progrès semblent ralentis depuis les années 2000. Les définitions adoptées sont similaires dans les recensements de 2002 et de 2013, mais la tendance produite (avec une hausse de l’analphabétisme sur la période) est difficilement explicable.
Pour ce qui est de la fréquentation de l’enseignement supérieur, on note que les recensements donnent entre eux des tendances cohérentes, les enquêtes auprès des ménages (y compris les enquêtes démographiques et de santé) également. Toutefois, la comparaison des différentes sources entre elles (recensements et enquêtes ménages) est parfois périlleuse. De fait, les enquêtes par échantillon semblent largement sous-estimer la population des étudiants comparativement aux recensements, par nature exhaustifs, qui permettent de mieux appréhender cette population encore rare à l’échelle nationale. Il serait souhaitable que les techniques d’échantillonnage des enquêtes auprès des ménages tiennent compte du niveau scolaire des populations. De même, pour estimer les effectifs d’étudiants (d’âges très variables) et mesurer correctement l’accès à l’enseignement supérieur, les questions sur la scolarisation ne devraient pas être limitées aux individus de moins de 25 ans. Enfin, les niveaux mesurés à partir des recensements apparaissent plus élevés que ceux produits par l’ISU, ce qui entraîne une question sur la fiabilité des données officielles (statistiques scolaires) dans un contexte de très forte diversification de l’offre au niveau d’enseignement supérieur. Le tout milite pour que les enquêtes ménages, plus fréquentes que les recensements, puissent être plus mobilisées dans l'appréhension et la mesure de l'accès à l'enseignement supérieur