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Rien d’important ne meurt, sauf les hommes et les papillons. Les frontières dans Éducation européenne de Romain Gary
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How Can Inequalities of Access to Education be reduced Inside mainstream education by Integrating elements of the Private Sector ?
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Les malformations, l'éducation et le zouave du pont de l'Alma
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Éducation inclusive et forme scolaire : apparence du démantèlement, cohérence de la croyance
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L'enfance au front soucieux Littérature israélienne et vision de l'enfance
International audienceSi je fais ça, je meurs. Si je meurs, ma mère, elle me tue. A quoi sert la littérature ? questionne Antoine Compagnon 1. Son utilité se résumerait selon lui à cette injonction : « Deviens qui tu es ». La littérature n'a pas de savoir, elle n'a de monopole sur rien mais ses pouvoirs d'évocation demeurent intacts. N'ayant pas de savoir, elle ne sait donc pas l'enfance. Alors, à quoi bon la vouloir mieux comprendre par le recours à la littérature ? Le projet n'est pas condamné car si la littérature ne fait pas connaître les lois de l'enfance, au moins livre-t-elle sa jurisprudence 2. Voilà les limites : une intelligibilité partielle de l'enfance, vraisemblable à défaut d'être vraie. L'enfance vue depuis l'imagination souveraine d'auteurs tels que Aharon Appelfeld, Amos Oz, David Grossman, Meir Shalev, Mira Maguen, Benny Barbash passe la mesure. Elle mord sur le savoir commun de l'enfance car la littérature a ce pouvoir supérieur à tout autre de mêler invention et Histoire, subjectivité et vérité. Elle porte à penser l'enfance davantage qu'à la connaître vraiment. « On ne connoît point l'enfance, sur les fausses idées qu'on en a, plus on va, plus on s'égare » constate Jean-Jacques Rousseau 3. Restons-en là, donc. Mais pourquoi, ces limites posées, la littérature israélienne ? Est-elle autant qu'on le prétend arrimée à la Shoah et aux tumultes de ce petit pays ? Elle l'est encore pour longtemps et dans ces bornes-là, qu'elle domestique et excède peu à peu, elle est l'héritière de la tradition juive où l'enfance tient place et tête. Elle est enfin, comme le révèle son humour sage, portée à la vie. La popularité de la jeune littérature israélienne se mesure au nombre des traductions : en vingt langues, parfois davantage. Quel en est le signe ? Son succès au Salon du Livre de Paris il y a peu ne se tire pas de la seule diaspora, ni du conflit israélo-palestinien dont elle aurait, parce qu'israélienne, nécessairement quelque chose à dire. Il se tire aussi de sa valeur intrinsèque. Mieux, sa voix parle aux temps bousculés des sociétés où les tensions sans armes génèrent des inquiétudes sourdes : troubles sociaux, raidissements religieux, dissensions politiques et géopolitiques. Je fais l'hypothèse que nombre de lecteurs en attendent, depuis les pays pacifiés et démocratiques où ils se trouvent, la conjuration de leurs propres peurs. Là où le conflit est ouvert, il est latent ici. De l'enfance alors, il pourrait être question aussi. Notre époque rudoie-t-elle l'enfance, ou à l'inverse avons-nous fabriqué une sainte enfance que n'atteignent pas les tensions du moment ? Que nous livre la littérature israélienne d'une pensée sur l'enfance ? 1 Dans sa leçon inaugurale à la chaire de littérature au Collège de France 2 J'emprunte la formule à Alain Finkielkraut, Un coeur intelligent, Paris, Gallimard, 201