41 research outputs found
Michel Zink, L’humiliation, le Moyen Âge et nous
Quand il rédige la notice biographique qui accompagne l’édition de la leçon inaugurale prononcée au Collège de France par Michel Zink, Claudio Galderisi présente un homme de lettres et de culture qui a fait du « premier devoir du médiéviste » de « ne pas se parer d’emblée d’une supériorité savante », qui a toujours refusé une esthétique critique qui afficherait « ses échafaudages théoriques », s’est également « appuyé sur l’ethnologie, l’anthropologie, la psychanalyse pour mieux regarder sous..
Avant-propos. Normes, représentations et enjeux de la naissance dans l’Occident médiéval latin
Comment, en quelques pages, replacer dans une perspective historique l’événement universellement partagé qui consiste à  naître et en proposer une analyse qui rende compte de la multiplicité de ses implications éthiques et anthropologiques, juridiques et sociales, à l’aune des traditions culturelles de l’Occident médiéval latin ? On sait bien que celles-ci procèdent des savoirs médicaux hérités de l’Antiquité grecque, mais aussi des conceptions chrétiennes de la vie, héritières de saint August..
Sara McDougall, Royal Bastards. The Birth of Illegitimacy. 800-1230
L’entreprise intellectuelle dans laquelle l’historienne américaine s’est engagée confirme la fécondité d’une approche décloisonnée de l’histoire des constructions normatives, juridiques, sociales et politiques des sociétés de l’Europe médiévale. Elle propose une histoire politique de l’illégitimité (de la naissance) et de sa progressive et complexe prise en compte comme motif d’exclusion à la succession au pouvoir. L’introduction pose les cadres de la réflexion et permet de saisir les niveaux..
Famille et société à l'épreuve de la bâtardise - Résumés des communications de la journée d'étude du 10 juin 2013
Résumés des communications de la deuxième Journée d’étude du groupe Filiation illégitime  10 juin 2013 Famille et société à l’épreuve de la bâtardise : normes, pratiques, représentations  SESSION 1 La bâtardise dans les sciences sociales  Isabelle Séguy (Chargée de rercherche, INED) « L’illégitimité à l’époque moderne : entre construction sociale et indicateur moral. Le regard de l’historienne démographe » La mesure de l’illégitimité a été introduite par les premiers arithméticiens politique..
Projet Filiation illégitime, rentrée 2012 - Colloques et journées d'étude d'automne
Quelques colloques et journées d'étude sont programmés pour la rentrée : certaines des communications proposées peuvent intéresser les membres du groupe de travail. 28- 30 septembre 2012 :  L'amour au château. Vingtièmes rencontres d'archéologie et d'histoire en Périgord Présentation et programme disponibles sur http://calenda.revues.org/nouvelle25007.html?utm_source=lettre. Marie-Lise Fieyre y propose une communication sur " Bâtards, châteaux et stratégies dans la famille ducale de Bourbon (..
The Church and the illegal ways of contracting marriage : clandestine marriage and clandestinity : theory, practice, discourses : north-west France, XIIth-mid XVI centuries
Appliquée à la formation du lien matrimonial, la clandestinité est une infraction multiple. Contrepoint doctrinal nécessaire pour établir le consensualisme matrimonial, la clandestinité n’en demeure pas moins une infraction aux lois de l’Eglise. Les mariages clandestins sont valides bien que moralement mauvais, potentiellement illicites, théoriquement illégitimes, canoniquement interdits. Théologiens et canonistes craignent d’inextricables dilemmes juridiques et moraux sapant les fondements de l’institution matrimoniale et discréditant l’action régulatrice de la justice d’Eglise empêchée de juger selon la vérité. De micro-processus de prise en charge, de recomposition d’une norme et d’une infraction apparaissent en pratique. La régulation judiciaire épiscopale a construit des instruments de lutte contre les mariages clandestins qui se révèlent des instruments de contrôle socio-religieux au service d’un renforcement du cadre paroissial et du pouvoir juridictionnel de l’évêqueMedieval clandestine marriages were a many-sided offense. Although theologians had to recognize the validity of clandestine marriage to strengthen the consensualist theory to marry someone clandestine is nonetheless a violation of the laws of Church. It is morally bad, potentially illegal, theoretically illegitimate, and canonically prohibited. The theologians and the canonists feared that inextricable legal and moral dilemmas surrounded the fundamentals of the Christian marriage institution and undermined the regularatory action of the justice of the Church, therefore preventing it from judging the truth. In practice, attention to the micro-process, and the reformulation of both the standard and a penalty emerged simultaneously as a result. More notably, the Episcopal judiciary established tools to fight against illegal marriages, these tools being primarily instruments of socio-religious control through the strengthening of the parish and the judicial powers of the bisho
Actualité de la recherche - Séminaire Paris-7 "Famille, parenté, genre"
Vous trouverez ci-joint le programme du séminaire de D. Lett, à Paris-7, dans lequel quelques séances seront consacrées aux thématiques du groupe de travail, pour les périodes médiévales  et modernes. Séminaire de Doctorat et Master 2, 2013-2014 - Histoire médiévale, Paris-Diderot (Paris 7) - Salle 104, Bâtiment Olympe de Gouges (M° Bibliothèque François-Mitterrand) Lundi de 16 h à 18 h Didier LETT Famille, parenté et genre au Moyen Âge (XIIe-XVe siècles) En s’appuyant sur les diverses sourc..
Introduction. Pour une histoire sociale et culturelle de la bâtardise
Filiation naturelle, filiation illégitime, bâtardise : ces trois notions renvoient à des déclinaisons normatives convergentes mais non systématiquement synonymes. Il convient de mesurer la relativité de la définition de la filiation illégitime, par rapport à l’établissement de ce qui fonde la légitimité (en l’occurrence le mariage des géniteurs), comme la polysémie attachée à l’expression de la bâtardise et l’hybridation originelle qu’elle porte en elle. L’écart à la norme en matière de filiation, la pluralité de ses définitions (canoniques, coutumières, culturelles), les incidences (sociales) de son établissement, les enjeux (politiques) de son contrôle et de sa régulation, tels sont les objectifs de la présente étude sur la bâtardise. L’objet, déjà protéiforme, doit s’inscrire dans une temporalité normative précise, attentive à la pluralité des discours sur l’écart à la norme (d’abord légale puis sociale) comme à celle des langages de l’infraction, et dans une chronologie socio-politique fine. Sur ce point, il est nécessaire d’apprécier en détails, et dans leurs spécificités, les chronologies particulières à l’œuvre dans les territoires et les juridictions étudiés à l’échelle européenne. L’histoire de la bâtardise s’inscrit dans une temporalité qui voit s’imposer la promotion médiévale du mariage romano-canonique, cadre légal exclusif à la sexualité des laïcs et à la génération de descendants légitimes, la prise en charge juridique, judiciaire, social (et donc politique) du contrôle de cette articulation précise entre mariage et filiation par des autorités aux compétences d’abord complémentaires et de plus en plus en tensions, à mesure qu’on progresse vers l’époque moderne, - le pouvoir pontifical, et les souverains séculiers. Plusieurs paradigmes changent à l’époque moderne, qu’ils soient culturels et religieux avec la Réforme, ou politiques et juridictionnels. Le durcissement de la condition juridique du bâtard s’impose alors comme une réalité historique qu’il convient de mettre en relation avec la volonté des États monarchiques de maintenir sous leur contrôle la sexualité et le mariage, et d’imposer à la cellule familiale une mise en ordre comparable à celle de la sphère publique. Nous proposons de conduire l’analyse jusqu’aux Lumières, et la fin de l’Ancien Régime, au seuil des débats révolutionnaires pour la France, du moins. Ceux-ci portent en germe les premières tentations de réécriture de la hiérarchie des filiations, dans un contexte de sécularisation du mariage, contrat volontaire entre égaux, toujours naturellement ordonné toutefois à la procréation et l’éducation des enfants. Les implications socio-culturelles de la bâtardise ont profondément évolué au fil des siècles que nous avons choisi d’explorer, mais aussi varié selon les contextes de leurs énonciations, entre indifférence (relative), valorisation, instrumentalisation, stigmatisation. La définition de la bâtardise comme « macule » ou « défaut » de naissance a donc d’abord été pensée pour empêcher les fils de prêtre à hériter d’un patrimoine bénéficial qui ne pouvait être le leur ; puis à contraindre tous les couples laïcs à mesurer l’incidence pour leurs enfants à naître de tout écart à une norme conjugale que canonistes et théologiens ont formalisé à partir des temps grégoriens. Les autorités compétentes pour dire le droit prennent en charge la définition de la norme, le contrôle de sa bonne application mais aussi la régulation des tensions inhérentes à la sanction d’une peine pour une faute commise par les géniteurs et non par le bâtard lui-même. La régulation est prise en charge au spirituel par les pouvoirs pontificaux par le biais de l’instrument de dispense et au temporel par les pouvoirs séculiers, par le biais de l’instrument de la légitimation. Ces deux outils, aux finalités distinctes, ont contribué à alimenter une rhétorique de la souveraineté, pontificale ou monarchique. L’époque de la Réforme protestante est à ce titre révélatrice de ce que peut devenir formellement « bâtard » celui qui n’est pas forcément né hors mariage, d’un concubinage, d’un adultère, ou d’une relation sacrilège, mais, après la révocation de l’édit de Nantes, d’un couple d’époux protestants et non pas catholiques. Il apparaît nécessaire d’identifier comment ces différentes disqualifications s’articulent et se hiérarchisent, en s’efforçant de rendre compte de grilles de lectures plus complexes que la seule alternative exclusion / inclusion. Il convient aussi d’articuler l’approche théorique de ce que le droit nous dit de la condition de l’enfant illégitime, d’un statut pensé comme outil de contrainte pour hiérarchiser les filiations, ce que l’on saisit des modalités et stratégies juridiques (canoniques, coutumières, ou royales) et judiciaires (ecclésiastiques ou séculières) pour protéger l’enfant à naître de l’infanticide qui risque de sanctionner la honte d’une naissance hors normes sociales, pour donner droit « aux aliments » à ces enfants qui, bien que théoriquement sans gens ni genus, n’en sont pas pour autant sans père, à celle, pratique, de profils ou de destins particuliers.Une parentalité particulière s’exprime ainsi selon que l’enfant est accueilli dans une fratrie, dans la maison de son père, ou abandonné aux institutions charitables qui se substituent au père charnel ; selon qu’il circule comme « donats », selon aussi que l’enfant naît ou non dans la noblesse qui, jusqu’au milieu du xvie siècle lui offre des opportunités d’ascension sociale et peut voir dans l’adulte qu’il devient, homme ou femme, un membre du lignage à la partition bien précise à jouer. Nous proposons donc ici une histoire sur le temps long, enrichie des comparaisons entre la France, l’Italie, la péninsule ibérique, les Pays-Bas, l’Empire et la Suisse, de l’écart à la norme en matière de filiation, des marqueurs de cet écart et des représentations induites par ces marqueurs </p
Présentation du projet Filiation illégitime et bâtardise dans les sociétés médiévale et moderne: histoire, droit, lettres
Carole Avignon (MCF Histoire du Moyen Age, CERHIO-Angers, UMR 6258) coordonne un projet de recherche sur la filiation illégitime et la bâtardise dans les sociétés médiévale et moderne. Ce projet, soutenu par le conseil scientifique de l’Université d’Angers, s’inscrit dans les axes de recherche du projet quinquennal 2012-2016 de l’UMR 6258-CERHIO qui regroupe dans l’axe 2 : fonctionnement et représentations des sociétés : justices et norme ; enfance et parenté ; histoire du genre. Ce projet re..
Les couples clandestins devant la justice d’Église
Le propos de cet article est d’étudier comment, pourquoi et à quelles fins des hommes et des femmes ont été amenés à répondre de la clandestinité de leur mariage, secret, irrégulier ou informel, devant un juge ecclésiastique de la France de l’Ouest à la fin du Moyen Âge. Certains couples sont cités à comparaître et mis à l’amende parce qu’ils se sont mariés sans publier préalablement les bans, ou sans produire tous les certificats exigés, ou bien sans s’être pliés aux rituels d’une noce in facie ecclesie. Quand l’échange des consentements a pu être prouvé, ils sont condamnés à régulariser a posteriori en solennisant leur union. D’autres personnes ont pu engager d’elles-mêmes une action judiciaire pour être reconnues par le juge comme le conjoint légal d’un partenaire qui peut vouloir s’engager en mariage avec un tiers, ou dont il craigne l’abandon. La dimension informelle de bien des mariages clandestins menace la stabilité du couple et hypothèque la légitimité des enfants s’ils sont assimilés à des concubinages. Mais quand le couple ne remet pas en question l’existence d’une union, irrégulièrement contractée au regard des dispositions synodales, il est possible que le recours au tribunal ou la mise à l’amende par le juge ecclésiastique constitue une option intégrée par ce couple dans le processus matrimonial pour parfaire après coup un mariage qu’il convenait de sceller au plus vite. L’étude des mariages clandestins implique de prendre en considération un grand nombre d’attitudes à l’égard des normes matrimoniales (canoniques, sociales) et de leurs usages par les laïcs. La diversité des déclinaisons possibles de l’infraction de clandestinité explique aussi la diversité des articulations possibles entre couples et justice : le juge sanctionnant, régularisant, les couples subissant ou pouvant instrumentaliser en partie le passage en justice.The purpose of this paper is to study how, why and to what ends men and women in Western France were sued by ecclesiastical judges in the Later Middle Ages for secret, irregular or so-called “clandestine” marriage. Some couples were brought before the court because of a lack of witnesses, banns, or certificates, or for neglecting the requirements of a ceremony in facie ecclesie. They were sentenced to pay a pecuniary fine and, if exchange of consent had been proved, to solemnize their marriage afterwards. Others instituted proceedings in order to be recognized as the legal husband or wife of someone who wanted to marry someone else, or because they feared one of the partners could desert. The lack of ceremony in many clandestine marriages could weaken matrimonial bounds and the legitimacy of children. When the couple did not question the reality of their union, regardless of its defects from a legal viewpoint, standing trial and being penalized could be a possible way to perfect afterwards matrimonial bounds which could have to be quickly contracted. The study of clandestine marriage involves considering many attitudes to the matrimonial norms (canonical, social) and their uses by the laity. Because of the variety of forms of this matrimonial infraction, one has to consider the various forms of judicial repression and the ways it was used or undergone by the couples