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    : Rapport de fouille programmée 2008-2010

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    La fouille du comptoir littoral protohistorique de Pech Maho, reprise en 2004, a fait l'objet de entre 2008 et 2010 d'un second programme triannuel. Les travaux entrepris durant cette période ont principalement porté sur les phases récentes du site, plus précisément sur les phases III (v. 325-225/200 av. n. ère) et IV (v. 200 av. n. ère), cette dernière ayant été définie à l'occasion du programme en cours. En effet, il est apparu que la destruction brutale du site intervenant dans le dernier quart du IIIe s. av. n. ère ne signifiait pas l'abandon du gisement, mais que lui succédait immédiatement une phase caractérisée par une série de manifestations à caractère rituel, qui culminent avec l'érection d'un bûcher funéraire (fouillé anciennement) ayant reçu simultanément les corps d'une quinzaine d'individus. Le triannuel 2008-2010 a été l'occasion de préciser les observations préliminaires réalisées entre 2005 et 2007, en confirmant définitivement le séquençage venant d'être évoqué. Ce dernier autorise une très large relecture des données de fouille anciennes, où bon nombre de documents naguère dépeints comme étant caractéristiques d'une " couche de guerre " (restes d'équidés, pièces d'armement...) doivent en réalité être replacés dans ce contexte rituel où se conjuguent sacrifices d'équidés, dépôt d'armes, de pièces de harnachement ou d'autres objets porteurs de sens, sans compter d'autres manifestations jusque là peu documentées. La présence de restes humains, dont certains semblent avoir reçu un traitement particulier, participe également de cette phase ; ici encore, une relecture des données de fouille anciennes est dorénavant possible, révélant le caractère tout à fait exceptionnel de cette phase. La fouille 2008-2010 a ainsi porté sur trois zones distinctes. La première (zone 77) a porté sur une portion de l'îlot I, accolé au rempart méridional, portion qui n'avait été que partiellement concernée par les recherches menées par J. Campardou puis Y. Solier dans les années 1960 et 1970. La fouille a révélé l'existence d'un vaste " dépotoir " à ciel ouvert d'au moins une centaine de mètres carrés au sol, mis en place postérieurement à la destruction du site. Aménagé au milieu des ruines ou des bâtiments désaffectés et délimité par endroits par des murs nouvellement construits, cet ensemble se matérialise par une imposante couche de cendres de plusieurs dizaines de centimètres d'épaisseur, renfermant un abondant mobilier (céramiques brisées, restes de faune, coquillages...), interprété comme étant les restes de repas collectifs. La présence d'un chenet en terre cuite ou encore d'une broche à rôtir est à mettre en rapport avec la préparation de ces repas (banquet ?), la quantité importante de cendres témoignant quant à elle de feux particulièrement nourris, peut-être étalés dans le temps. Ce qui prend la forme d'un véritable " autel de cendres " fait suite à des dépôts de restes d'équidés réalisés sur la portion de rue située en façade, et précède la mise en place du bûcher collectif évoqué en préambule. L'ensemble paraît s'inscrire dans une démarche cohérente, dont la signification précise nous échappe, mais qu'il serait vain de vouloir déconnecter de l'épisode violent qui intervient à Pech Maho durant les dernières années du IIIe s. av. n. ère. Une nouvelle zone de fouille (zone 78) a été ouverte en 2008 dans la partie nord-occidentale du plateau de Pech Maho. De ce côté, un nouvel îlot a été fouillé pour ainsi dire intégralement, révélant tout d'abord que l'état visible (IIIe s.) constituait non seulement la reprise d'un bâtiment antérieur de plan manifestement méditerranéen (type " maison à pastas "), mais se superposait également à un édifice monumental dont la chronologie remonte au moins au milieu du Ve s. av. n. ère, édifice indiqué par une série de quatre bases monolithiques ayant reçu des piliers en bois, implantées en bordure occidentale de la rue 7. Dans son état de la fin du IIIe s., ce bâtiment dont l'originalité réside en partie dans l'emploi quasi exclusif de la terre massive, comprend en réalité deux parties. La première semble moins correspondre à une simple maison qu'à une entité à vocation économique (en l'occurrence commerciale), associant un entrepôt (incendié au moment de la destruction des années 225-200), une pièce de vie et un espace plus difficile à caractériser (cour ?), accessible par un couloir ouvert au sud sur la rue 6. Accolé à l'ouest, décalé sur le plan topographique, deux pièces en enfilade accessibles au sud via un escalier " monumental " se caractérisent par la présence de foyers, dallages et bases maçonnées interprétées avec vraisemblance comme des supports de stèles. La présence de crânes humains exposés est en outre attestée, de même que le démantèlement systématique des éléments porteurs de sens, vraisemblablement intervenu au moment du pillage concomitant de l'acte violent marquant la fin de l'habitat stricto sensu. La phase post destruction est ici particulièrement bien attestée, notamment par la présence d'un important dépôt d'ossements d'équidés au niveau du couloir précédemment cité. Preuve supplémentaire qu'une partie du bâti était alors en élévation, ce dépôt tout à fait singulier qui comporte plusieurs séquences a également livré une amphore vinaire, de l'armement ainsi que des mors de chevaux ; enfin, il témoigne indirectement du caractère particulier que revêtait auparavant cet îlot, la concordance topographique entre ce type de vestige et des édifices particuliers (bâtiments ou espaces publics, fortification...) étant dorénavant confirmée à l'échelle du site. La dernière zone (zone 71) correspond à la fortification, et plus précisément aux abords de la porte principale. Après avoir procédé à une relecture fine des différents états du rempart, de la porte en elle-même et de la tour en quart de cercle qui la flanque côté Ouest, la fouille s'est concentrée sur les abords extérieurs de cette porte, au niveau des " défenses avancées " en partie dégagées par Y. Solier dans les années 1970. Il apparaît désormais que ces aménagements participent d'une réorganisation globale du système d'accès, intervenant à la charnière des IVe-IIIe s. av. n. ère, soit les débuts de la phase III. De puissants terrassements sont destinés à aménager une rampe d'accès E-O menant à la porte charretière, tandis qu'une passerelle correspond au sud à un accès piéton enjambant le nouveau fossé creusé à ce moment. L'ensemble participe d'une réorganisation complexe du système de défenses, et notamment des abords de la porte principale où sont manifestement mis en œuvre des principes poliorcétiques empruntés au registre hellénistique. La fouille a également permis de retrouver l'extrémité occidentale du système de fossé archaïque, jusque-là fort mal documenté. Or, bien qu'amputé par les réaménagements du IIIe s., ce système s'avère plus complexe que prévu. En effet, l'idée d'un fossé unique daté de la phase Ib (v. 540-510) doit dorénavant être abandonnée : deux ouvrages fossoyés se succèdent, en se recoupant partiellement, le premier étant contemporain du tout premier état de la fortification (phase Ia, v. 560-540). Un des apports les plus novateurs de la zone 71 est la mise en évidence, au niveau du fossé correspondant à l'état IIIe s. de la fortification, de dépôt

    Lattara (Lattes, Hérault). La zone 1 : Rapport de fouille programmée 2015

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    Dans la partie nord-est du site, la fouille de la zone 1 (délimitée par un caisson de palplanches destiné à pouvoir travailler sous le niveau de la nappe phréatique) a débuté en 1983 avec pour objectif d’atteindre les niveaux de fondation de Lat¬tara, dont la chronologie est à ce jour fixée au tout début du Ve s. av. J.-C. Les travaux ont été menés à terme en 2015, et le substrat atteint sur l’ensemble de la zone, permettant de disposer d’une nouvelle fenêtre sur les niveaux de la première moitié du Ve s. av. J.-C., période qui se décompose ici en trois phases distinctes, couvrant respectivement les environs de -500 (phase 1T), le premier quart du Ve s. av. n. ère (phase 1S) et le deuxième quart de ce même siècle (phase 1R). La phase 1S, partiellement entrevue en 2014 où elle apparaissait comme l’état le plus ancien, s’est en fait avérée faire suite à une phase antérieure (1T) qui renouvelle sensiblement la problématique liée aux premiers temps de Lattara. En effet, les résultats inédits obtenus à l’issue de ce programme complètent ceux obtenus jusque là par les travaux menés dans la zone 27, dans la partie méri¬dionale du site et publiés dans le tome 22 de la série Lattara (Lebeaupin 2014). La problématique relative aux origines du comptoir protohistorique de Lattara et du rôle joué par les Étrusques s’avère en effet centrale pour pouvoir comprendre les mécanismes ayant conduit à la création de ce point d’interface avec la Méditer-ranée, ses liens avec l’établissement voisin de La Cougourlude et son évolution dans un contexte d’intégration rapide à la sphère d’influence massaliète. La phase la plus ancienne (v. 500-480 av. J.-C.) témoigne d’une implantation sur ce qui se présentait alors comme une étroite langue de sable limoneux issue d’une progradation du delta du Lez, émergeant d’à peine quelques dizaines de centimètres au-dessus du niveau marin. Sur ce paléosol, une division de l’espace est opérée, via la délimitation de parcelles, matérialisées dans un premier par des structures légères de type palissade ou enclos. Rapidement, des apports de matériaux sont réalisés afin d’aménager des axes de circulation parfaitement orthonormés (N/S-E/O) qui reprennent les tracés antérieurs. Dans l’un de ces lots ainsi constitués, une maison en torchis de plan monoabsidial précédée d’un auvent a été mise au jour. Strictement orientée E-O, son état de conservation exceptionnel, dû notamment à la préservation des bases poteaux en bois imbibés d’eau, a permis de restituer un plan original dans le contexte du Midi de la Gaule. Avec une mise en oeuvre et une division de l’espace très régulières, cet édifice appelle la comparaison avec des modèles connus à la même époque en Étrurie, dans des contextes d’habitat rural. Le mobilier céramique associé à cette phase affiche une consonance étrusque très forte. La céramique non tournée indigène, bien que présente, est néanmoins largement minoritaire face aux productions tournées. Parmi celles-ci, on note à la fois la part importante des céramiques communes étrusques (vases à cuire et mortiers) et celle du bucchero nero. Les amphores, qui représentent de loin la plus grande partie du mobilier, sont presque exclusivement étrusques. Cette division régulière de l’espace, qui témoigne d’un schéma d’organisation préétabli qui renvoie à des mécanismes connus dans le contexte d’une entreprise coloniale, synonyme de fondation ex nihilo, est reprise et modifiée durant la phase suivante (v. 480-470 av. J.-C). Il est possible que le rempart archaïque, daté de manière lâche dans le premier quart du Ve s. av. J.-C. et considéré jusque-là comme ayant été construit dès l’origine, n’ait en fait été édifié que durant cette deuxième phase. À ce moment, un chantier de construction est mis en oeuvre, avec un quartier d’habitation dont le schéma, partiellement restitué à partir des mesures observées dans notre fenêtre d’étude, semble montrer qu’il était alors bien adossé au rempart, côté Est, ou séparé de ce dernier par une venelle. Des maisons à plusieurs pièces sont édifiées sur des soubassements en pierre avec des élévations en terre massive ou en adobe. Le fait singulier est que ce chantier de construction soit resté inachevé, un abandon soudain assorti d’un incendie partiel marquant en effet la fin de cette séquence. Chronologiquement, cette rupture est contemporaine de celle observée dans la zone 27 (incendie du quartier étrusque situé de ce côté), autrement dit aux environs de -475. Le tracé incomplet des murs, la présence d’amas de matériaux de construction, la présence de banquettes en bauge inachevées ou encore l’ab¬sence de niveaux de sols bien définis et associés à des structures domestiques, témoignent de l’état d’inachèvement de ce chantier, de fait initié peu de temps auparavant. Dans la partie orientale de la zone de fouille, un appentis en matériaux légers interprété comme un « campement » au milieu de la zone en construction a été incendié, piégeant ainsi un ensemble mobilier où, à côté d’amphores vinaires, l’on retrouve une batterie de vaisselle étrusque particulièrement abondante (bucchero nero et céramique commune) parmi laquelle plusieurs vases servent de support à des graffites en langue étrusque interprétés comme des marques de propriété. L’ensemble de ces observations ne laisse a priori guère de doute quant à l’identité des bâtisseurs. Plus généralement, la place éventuelle accordée à une composante indigène reste difficile à évaluer. Le seul critère de la présence de céramique non tournée est, en effet, à lui seul insuffisant pour autoriser l’hypothèse d’une population mixte. Le mobilier de cette phase montre cependant des évolutions sensibles au regard de celui de la phase précédente. Les céramiques non tournées sont ainsi bien plus nombreuses, représentant près de la moitié d’un répertoire de vaisselle qui tend par ailleurs à se diversifier, avec notamment une proportion désormais significative de céramiques à pâte claire. Autant l’abondance d’une vaisselle de table et de cuisine importées (bucchero nero et céramique commune) semble donc caractéristique des premiers temps de l’installation, autant rapide¬ment une partie des besoins (notamment en termes de préparation et de cuisson des aliments) se voit assurée par des productions locales, sans que cela ne pré¬juge a priori d’une réelle évolution de la population établie sur place. La relative abondance des pâtes claires, principalement représentées par des vases liés à la boisson, conjuguée à une présence significative de vases attiques, est également caractéristique de cette phase. Si un plan d’urbanisme a été conçu dès le départ, les différents quartiers de Lattara n’ont été que progressivement bâtis. Ce chantier a pu s’étaler sur plu¬sieurs mois ou années, expliquant l’apparent décalage observé entre la zone 1 et la zone 27. Ceci étant, dans cette dernière, les fouilleurs avaient déjà émis l’hypothèse d’une occupation de courte durée, soulignant le fait que « il y a bien eu une vie dans ces bâtiments, mais elle a pu ne durer que quelques années, voire quelques mois ; la prolonger sur un quart de siècle paraît excessif » (Lebeaupin, p. 326). On note à ce propos que le faciès mobilier défini de ce côté (phase 27 I1-12) s’apparente bien plus à celui de la phase 1S (de fait calée sur l’intervalle 480-470 av. J.-C.) qu’à celui de la phase 1T. Plus encore, dans cette même zone 27, un paléosol anthropisé (phase 27I3) a été entrevu sous les bâtiments étrusques bâtis à cet endroit. La rareté du mobilier recueilli, conjuguée à l’absence de structures, n’avait toutefois pas alors permis d’individualiser une phase d’occupation réellement antérieure. Il apparaît désormais que, non seulement ce premier état est bel et bien dé¬fini, mais également qu’il semble recouvrir une plage de temps significative, de l’ordre de plusieurs années. La maison absidiale mise au jour dans la zone 1 a ainsi livré une succession de sols associée à plusieurs réfections du foyer central qui, a minima, témoignent d’une certaine durée d’occupation. Les données fournies par la zone 1 nous donnent ainsi l’image d’un site pleinement investi durant les premières années du Ve s. av. J.-C., période durant laquelle est donc opérée une division de l’espace habitable et l’installation d’édifices conçus comme étant à la fois temporaires et non soumis à la contrainte d’un bâti mitoyen. Ce n’est que dans un second temps qu’un vaste programme de construction de tradition méditerranéenne est initié, avec des îlots implantés selon une trame orthonormée. En l’état, laissant de côté la question indigène, l’hypothèse envisagée un temps d’un site mixte caractéristique d’un emporion, où différents quartiers auraient pu abriter des populations différentes, et notamment des marchands méditerranéens autres que des Étrusques (en l’occurrence des Grecs), tend à s’estomper devant celle d’une installation fondamentalement tyrrhénienne (Gailledrat 2015). Plusieurs questions demeurent néanmoins en suspens. Il s’agit en premier lieu des variations de faciès céramique observées entre les deux zones, car en dépit du faciès très «étrusque» de l’ensemble lié à l’un des ensembles fouillés, le mobilier de cette zone pris dans sa globalité accuse un certain nombre d’originalités, liées notamment à une représentation significative de la vaisselle grecque (céramiques à pâte claire et attique). Par ailleurs, les différences architecturales observées entre les zones 1 et 27 s’expliquent peut-être par un simple décalage chronologique ou des fonctionnalités différentes, mais elles invitent également à envisager l’existence de modèles urbanistiques et culturels distincts. Aucun argument ne permet toutefois d’exclure le bâti de la zone 1 des référents tyrrhéniens en la matière. L’autre question non résolue concerne l’éventualité d’une installation encore plus ancienne, déjà envisagée depuis longtemps au vu des mobiliers - encore une fois étrusques - plus anciens (VIe s. av. J.-C.) trouvés de manière erratique en différents points du site (Py 2009, p. 49). L’endroit consistait-il alors en un simple débarcadère précédant géographiquement l’important site indigène sis à La Cougourlude, ou bien abritait-il déjà un habitat permanent ? À l’image de la zone 27, la zone 1 n’a pas livré de niveaux archéologiques antérieurs à -500, mais dans un cas comme dans l’autre, force est de reconnaître que l’on se trouve en périphérie du site, pour ainsi dire au contact de la lagune. L’hypothèse d’une occupation antérieure, dans ce cas plutôt localisée vers le centre de ce qui se présentait alors comme une presqu’île, demeure d’autant plus à vérifier que plusieurs indices, révélés en particulier par le schéma d’implantation mis en place durant la phase 1T, semblent aller dans ce sens

    Une maison à absides sur l’emporion de Lattara (Lattes, Hérault) au Ve s. av. n. ère

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    International audienceThe excavation leaded on the settlement of Lattes/St-Sauveur, the ancient Lattara, revealed a bi-apsidial building in a context of the second quarter of the fifth century BC. The latter shows two successive states characterized by different techniques of construction, first wattle-and-daub, then cob-built. Unheard of on the settlement itself, this sort of plan is however well-known on a regional scale during the first and the beginning of the second Iron Age.Interpreted as a domestic unit, this building is associated with secondary constructions, taking place at this moment into an area with a loose frame. This phase comes after the apparently generalized destruction of the settlement (around 475 BC) and before the development of a new urbanistic program (around 450 BC), characterized by a regular frame with quadrangular and adjoining constructions made of stone basements and mud-brick or cob-built elevations. The transitory aspect of this phase, as well as the lack of material constraints in the hearth of a presumably pre-defined plot of land, seems to have conditioned the use of this traditional architectural shape.Les fouilles menées sur le site de Lattes/St-Sauveur, l’antique Lattara, ont permis de mettre au jour dans un horizon du deuxième quart du Ve s. av. J.-C. un bâtiment de plan bi-absidial. Ce dernier a connu deux états successifs caractérisés par l’emploi de techniques différentes, à savoir le torchis puis la terre massive. Inédit à l’échelle du site, ce type de plan est en revanche bien connu sur le plan régional au premier et au début du second âge du Fer.Interprété comme une unité domestique, ce bâtiment est associé à des constructions annexes au sein d’un quartier qui présente alors une trame lâche. Cette phase fait suite à la destruction apparemment généralisée du site (vers -475) et précède la mise en place (vers -450) d’un nouveau programme d’urbanisme, caractérisé par une trame régulière avec des constructions quadrangulaires mitoyennes à soubassement en pierre et élévation en bauge ou adobe. Le caractère transitoire de cette phase, ainsi que l’absence de contraintes matérielles au sein d’une portion de terrain sûrement prédéfinie, semblent avoir alors conditionné le recours à cette forme architecturale traditionnelle

    Une maison à absides sur l’emporion de Lattara (Lattes, Hérault) au Ve s. av. n. ère

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    International audienceThe excavation leaded on the settlement of Lattes/St-Sauveur, the ancient Lattara, revealed a bi-apsidial building in a context of the second quarter of the fifth century BC. The latter shows two successive states characterized by different techniques of construction, first wattle-and-daub, then cob-built. Unheard of on the settlement itself, this sort of plan is however well-known on a regional scale during the first and the beginning of the second Iron Age.Interpreted as a domestic unit, this building is associated with secondary constructions, taking place at this moment into an area with a loose frame. This phase comes after the apparently generalized destruction of the settlement (around 475 BC) and before the development of a new urbanistic program (around 450 BC), characterized by a regular frame with quadrangular and adjoining constructions made of stone basements and mud-brick or cob-built elevations. The transitory aspect of this phase, as well as the lack of material constraints in the hearth of a presumably pre-defined plot of land, seems to have conditioned the use of this traditional architectural shape.Les fouilles menées sur le site de Lattes/St-Sauveur, l’antique Lattara, ont permis de mettre au jour dans un horizon du deuxième quart du Ve s. av. J.-C. un bâtiment de plan bi-absidial. Ce dernier a connu deux états successifs caractérisés par l’emploi de techniques différentes, à savoir le torchis puis la terre massive. Inédit à l’échelle du site, ce type de plan est en revanche bien connu sur le plan régional au premier et au début du second âge du Fer.Interprété comme une unité domestique, ce bâtiment est associé à des constructions annexes au sein d’un quartier qui présente alors une trame lâche. Cette phase fait suite à la destruction apparemment généralisée du site (vers -475) et précède la mise en place (vers -450) d’un nouveau programme d’urbanisme, caractérisé par une trame régulière avec des constructions quadrangulaires mitoyennes à soubassement en pierre et élévation en bauge ou adobe. Le caractère transitoire de cette phase, ainsi que l’absence de contraintes matérielles au sein d’une portion de terrain sûrement prédéfinie, semblent avoir alors conditionné le recours à cette forme architecturale traditionnelle

    Pech Maho (Sigean, Aude) 2011

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    Avec pour objectif l'achèvement du programme initié en 2004, la campagne de fouille 2011 a été l'occasion de finaliser la quasi-totalité des travaux entrepris sur les trois zones ouvertes à l'occasion de ce programme centré sur les problématiques relatives aux derniers temps de l'occupation du site. Les travaux ont ainsi porté en premier lieu sur la fortification (zone 71) aux abords méridionaux de la porte principale. La fouille a ainsi permis de compléter la stratigraphie du sondage ouvert au niveau de la terrasse d'accès du IIIe s. av. n. ère. Il a été possible d'observer ici l'extrémité occidentale des deux fossés qui se succèdent durant l'époque archaïque, l'un attribuable à la phase Ia (v. -560/-540), l'autre à la phase Ib/Ic (-540/-450), confirmant au passage l'hypothèse d'un accès frontal à la porte principale dont l'emplacement n'a pas été changé au cours des siècles. Parallèlement, le fossé du IIIe s., précédé de la terrasse délimitant la rampe d'accès, a fait l'objet d'une fouille extensive, mettant en évidence l' ampleur jusque-là insoupçonnée de cet ouvrage fossoyé. La stratigraphie de son comblement a été traitée de manière à visualiser les périodes d'utilisation puis d'abandon. Au-dessus des niveaux de destruction de la fin du IIIe s., l'existence d'un dépôt à caractère rituel associant ossements animaux (équidés), restes humains et mobilier métallique, existence révélée en 2010, a pu faire l'objet d'observations complémentaires donnant encore plus de relief à cette phase singulière (Pech Maho IV) désormais bien documentée sur l'ensemble du site. Au niveau de l'îlot I (zone 77), la fouille des niveaux sous-jacents au vaste dépotoir cendreux et au bûcher collectif liés à la phase Peh Maho IV a permis d'appréhender dans sa quasi-totalité les constructions de la phase III. Un vaste bâtiment occupant une superficie de plus de 160 m2 associe un espace métallurgique à une probable cour intérieure et une pièce à fonction encore indéterminée. La fouille de cette dernière, incendiée au moment de la destruction du dernier quart du IIIe s., n'a en effet pu être achevée. En l'état actuel de la documentation, cette unité fonctionnelle s'inscrit parfaitement dans la logique qui préside à l'ensemble des constructions de l'îlot I (réserve étant faite de l'entrepôt et du complexe public situés en limite occidentale de ce dernier), à savoir un quartier fondamentalement tourné vers les activités économiques. Ici, aux fonctions de stockage (amphores, dolia) et d'échange (plombs inscrits en Ibère, nombreux graffites sur céramique) s'adjoint une fonction artisanale, dans la mesure où toutes les unités fonctionnelles identifiées présentent la particularité d'abriter une forge. Au niveau de l'îlot X (zone 78), la fouille du complexe associant un bâtiment à fonction économique à une galerie couverte ayant probablement abrité des piliers-stèles et servi à l'exposition de crânes humains, a été achevée en 2010. La campagne 2011 a en revancher permis d'achever le démontage de l'impressionnant dépôt de restes d'équidés accumulés au niveau du couloir (secteur 3) menant à la cour du premier bâtiment. Depuis 2008, la fouille a ainsi permis de relever plus de 2500 pièces osseuses appartenant à plusieurs individus. Le mode de constitution de ce dépôt, qui s'inscrit dans la lignée des dépôts à caractère rituels révélés depuis le reprise des travaux sur le site, montre l'existence de plusieurs phases, qui n'impliquent pas nécessairement une longue durée. Si le choix de cet emplacement demeure encore difficile à expliquer dans le détail, il apparaît néanmoins que la proximité de la galerie évoquée précédemment ait joué un rôle, confirmant en cela les observations réalisées en d'autres points du site. En effet, une convergence topographique existe entre les dépôts rituels de la phase post-destruction et les constructions présentant une dimension symbolique, tels que la fortification (notamment la porte et ses abords) ou encore les bâtiments publics. Enfin, des compléments d'information ont été apportés quant à la stratigraphie de la place 1. Le sondage effectué au cours des campagnes précédentes en limite de fouille ancienne, au carrefour entre la place 1 et la rue 2, a ainsi été complété, de même en ce qui concerne la fouille du couloir venant depuis la porte charretière. La chronologie de ce secteur est désormais mieux établie, fixant notamment de manière définitive dans la seconde moitié du IVe s. la date de construction du caniveau qui débouche au niveau de la porte principale ainsi que celle du pilier autour duquel Y. Solier avait en son temps découvert une série de crânes humains encloués. Au niveau de la place 1, l'importance déjà présumée des réaménagements postérieurs à la destruction du site (recharges des galets...) a été confirmée, contribuant à évacuer définitivement l'idée d'une fréquentation ponctuelle au profit d'une véritable réaménagement des lieux en préalable (ou de manière concomitante) à la célébration des rites caractérisant la phase Pech Maho IV

    Aleria. Les remparts

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    La campagne de fouille menée en 2021 sur le site de l’habitat antique d’Aleria s’inscrit dans la lignée des travaux entrepris 2018 en vue d’un réexamen des données issues des fouilles Jehasse. Plus particulièrement, le programme initié cette année s’attache en priorité à la compréhension du système de fortification d’époque préromaine, conservé à des degrés divers dans la partie méridionale du site.Les travaux ont été menés dans le secteur dit « de l’amphithéâtre » où les fouilles anciennes ont révélé une fortification d’époque hellénistique (fin IVe-IIIe s. av. J.-C.) se développant sur une partie de la façade méridionale ainsi que sur la façade orientale du site. Cette fortification prend l’aspect de courtines à double parement et remplissage interne (emplecton). Les parements sont édifiés en briques crues sur un soubassement de blocs taillés en calcaire coquiller, disposés sur une ou deux assises au-dessus d’un lit de réglage constitué de gros galets. Bon nombre de ces blocs laissent apparaître sur leur face externe un bossage en U obtenu par ciselure.Ce même traitement décoratif est visible au niveau de la tour en grand appareil qui, à l’angle sud-est du site, marque la jonction entre les deux tronçons de courtine. Largement épierrée, et ce depuis l’Antiquité, cette tour mesurant au minimum 8 m de côté est conservée par endroits sur une hauteur de près de 4 m. Cette fortification, que l’on ne retrouve pas ailleurs sur le site et que l’on pressent avoir été largement démantelée afin d’alimenter des fours à chaux, doit être attribuée à la phase précédant la conquête romaine avec la prise d’Aleria en -259Tandis que des blocs provenant de cet ensemble ont été réemployés par endroits dans des constructions plus récentes, liées au remodelage des fortifications dans ce secteur durant l’époque romaine, le travail entrepris en 2021 a combiné, d’un côté un relevé systématique de ces divers éléments, en parallèle à l’établissement d’un Modèle Numérique de Terrain ; de l’autre une intervention sous la forme de reprises de coupes ou de réouverture de sondages anciens.Au niveau de la tour, dans un secteur peu lisible en raison de la multiplicité des fenêtres ouvertes à l’occasion des fouilles anciennes, la reprise de coupes a permis de jeter les bases d’une meilleure compréhension de ce secteur, interrogeant notamment le lien entre ce monument et le départ de la courtine orientale. Au niveau de cette dernière, deux sondages anciennement implantés contre les parements interne et externe ont été repris, afin de préciser les modalités de construction ainsi que la chronologie de l’enceinte.Coté intérieur, la fouille a révélé que ce tronçon avait été systématiquement épierré entre la fin du Ier et le début du IIe s. de n. ère, antérieurement à la construction de l’amphithéâtre. Côté extérieur, une tranchée ouverte à la pelle mécanique perpendiculairement à la pente a révélé une séquence stratigraphique importante, qu’il n’a pas été techniquement possible d’étudier en détail. Plusieurs observations importantes ont néanmoins été réalisées, en particulier concernant la mise en œuvre du rempart hellénistique : ce dernier a en effet été édifié concomitamment à la mise en place d’une levée de terre formant un talus en avant du rempart et, semble-t-il, associée à un fossé entaillant le substrat, dont seul le départ a pu être appréhendé. À la base de cette levée de terre ont en revanche été reconnus des niveaux d’habitat plus anciens, datables dans le courant du IVe s. av. J.-C. Au sommet du talus, à proximité du rempart, une sorte d’avant-mur semble avoir été lié à la délimitation d’un espace de circulation longeant la courtine. Dans un second temps intervient un renforcement ou une réfection de la base du parement externe.Le reste de la séquence montre qu’à la fin du Ier s. av. J.-C. l’enceinte en opus camenticium, conservée en d’autres points du site, a été édifiée en entaillant le talus d’époque hellénistique. À l’est de ce mur d’une épaisseur relativement modeste (1,30 m), un système de talus semble mis en place à l’emplacement de l’ancien fossé, alors colmaté. Un autre fossé ou chemin creux se développe à une date plus tardive en bas de pente, et témoigne d’une séquence d’occupation centrée sur le IIe s. de n. ère. Dépourvue de véritables fondations, cette enceinte a fini – probablement au IIIe s. de n. ère – par s’effondrer, peut-être à la suite d’un séisme. Dans l’emprise du sondage, le mur a entièrement basculé vers l’est, scellant ainsi les séquences d’occupation antérieures.Concernant la fortification hellénistique, la confrontation des différentes observations réalisées au cours de cette campagne a permis de renouveler sensiblement nos connaissances sur ce qui était considéré jusque-là comme étant un ensemble homogène. En effet, il est désormais acquis que l’ensemble des blocs utilisés en soubassement du rempart proviennent du démantèlement partiel de la tour située au sud-est. Deux phases doivent donc être clairement distinguées et la datation de cette dernière construction – dont on peut désormais se demander s’il s’agissait bien d’une tour, et non d’un podium monumental – demeure, de fait, incertaine. L’enceinte, quant à elle, est bien érigée au plus tard au tout début du IIIe s. av. J.-C., mais semble elle-même avoir connu quelques vicissitudes, tandis que demeure la question de ses antécédents. L’hypothèse d’une fortification érigée ou restaurée à la hâte peu de temps avant la conquête romaine est désormais envisagée, tout autant que celle d’un chantier de construction inachevé au moment de la prise de la ville par Scipion

    LATTARA (Lattes, Hérault) 2014.: La zone 1. Rapport final d'opération 2011-2014

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    La campagne de fouille 2014 menée sur le site de Lattes / St-Sauveur, l’antique Lattara, a porté sur la zone 1, délimitée par un caisson de palplanches destiné à pouvoir travailler sous le niveau de la nappe phréatique. Cette zone, dont la fouille a débuté en 1983, a pour objectif d’atteindre les niveaux de fondation du site dont la chronologie est désormais fixée au tout début du Ve s. av. n. ère, du moins au vu des résultats acquis dans les deux fenêtres ouvertes sur les niveaux anciens, à savoir cette même zone 1 (à l’Est) ainsi que la zone 27 (au Sud).Après une interruption en 2013 pour des raisons techniques liées à l’affaissement partiel des palplanches protégeant la zone de fouille, les travaux ont ici repris en 2014 avec pour objectif de finaliser l’exploration des niveaux de la première moitié du Ve s. av. n. ère, partiellement atteints depuis 2009 et correspondant à deux phases (1S et 1R) couvrant respectivement le premier et le deuxième quart de ce siècle.Cet objectif n’a été que partiellement atteint en raison de l’extrême complexité de la stratigraphie et des contraintes liées à un milieu humide qui a entrainé la conservation par imbibation de bon nombre d’éléments organiques, et notamment d’éléments d’architecture en bois. La grande richesse de ces mêmes niveaux en termes de macrorestes a en outre justifié une attention particulière aux prélèvements destinés aux études paléoenvironnementales, ralentissant d’autant le rythme de la fouille.Au vu des résultats acquis, mis en perspective avec l’ensemble des données acquises pour cette période depuis 2009, il est néanmoins possible, non seulement de dresser un bilan exhaustif de la phase 1R (v. -475/-450) mais encore d’appréhender les caractères principaux de l’occupation archaïque correspondant à la phase 1S (v. -500/-475).Le substrat a été atteint sur près d’un tiers de la zone de fouille et confirme les observations antérieures réalisées par le biais de carottages. La fondation de Lattara intervient sur une étroite langue de terre issue d’une progradation du delta du Lez, caractérisée par des apports de sables fins et de limons. Le lobe deltaïque ainsi formé émerge d’à peine quelques dizaines de centimètres au-dessus du niveau marin. L’ensemble de l’espace disponible semble occupé dès cette période durant laquelle un premier rempart est édifié selon un tracé qui ne connaît apparemment pas de changements durant le second âge du Fer.La phase ancienne (1S) a livré suffisamment d’éléments permettant de fixer sa chronologie dans les premières années du Ve s. av. n. ère. Cette phase est donc contemporaine de celle caractérisée dans la zone 27 par l’existence d’un quartier bâti selon des schémas proprement exogènes, en l’occurrence méditerranéens, et manifestement occupé par une population Etrusque.Or, il apparaît que la zone 1 témoigne d’un schéma distinct. Tout d’abord, ce quartier ne semble pas avoir été urbanisé au même moment, mais plutôt durant les dernières années de cet intervalle chronologique. En témoigne un premier état, encore mal défini, caractérisé par la simple mise en place de remblais destinés à viabiliser un terrain déjà manifestement soumis à d’importantes remontées de la nappe phréatique. Ces travaux témoignent a minima d’une entreprise raisonnée et planifiée, qu’il faut rattacher à ce processus volontariste plus global qui accompagne la fondation du site, avec d’importants travaux de construction lés au rempart ou à encore à certains quartiers érigés de manière précoce.Par la suite, un épisode caractérisé par de nouveaux remblais plus ou moins massifs et une série d’aménagements temporaires, associés à des architectures légères sur poteaux témoigne d’une activité intense qui préfigure très directement, voire correspond à la mise en œuvre d’un chantier de construction. Ce dernier voit la réalisation de bâtiments quadrangulaires sur solins de pierre, munis de banquettes en terre massive. Il semble que les plans reconnus correspondent à des maisons à plusieurs pièces, mais les seules mesures réalisables concernent une pièce de plan rectangulaire de 9 m de long pour 6 m de large. Ces constructions renvoient à un plan d’urbanisme préconçu selon une trame strictement N/S et E/O. Ni cette orientation, ni la morphologie des constructions ne coïncident exactement avec celles du quartier étrusque de la zone 27. Elles témoignent malgré tout de l’emploi de schémas et de techniques méditerranéennes alors inconnues en contexte indigène pour le Languedoc oriental.Le fait marquant est que ce chantier de construction n’a pu être mené à son terme. La stratigraphie est sur ce point très explicite, nous montrant que ces bâtiments, de même que leurs aménagements internes, n’ont pas été achevés. Autrement dit, une rupture franche synonyme d’abandon intervient ici vers la fin de la séquence, vers les années -475. Cette rupture est donc contemporaine de l’incendie du quartier méridional et tend à confirmer le caractère généralisé d’un épisode marquant dont l’interprétation est ambigüe, même si l’hypothèse d’une éviction de la composante étrusque à l’initiative des Grecs de Marseille demeure possible.En outre, les premières données relatives au faciès mobilier nous livrent ici une image sensiblement différente de celle observée dans le quartier étrusque. Un faciès apparemment bien plus indigène caractérise la zone 1, différence accentuée quant à l’acceptation des produits et ustensiles méditerranéens puisque le vin étrusque est ici loin d’être le seul à avoir été consommé et le bucchero nero tardif, bien représenté dans la zone 27, est ici délaissé au profit de la céramique attique. La céramique commune étrusque est également minoritaire, tandis qu’aucun graffite ne permet d’envisager la présence sur place de Tyrrhéniens, a contrario encore une fois de ce que l’on observe dans le quartier méridional.L’interprétation de ces différences doit être approfondie, mais il semble désormais clair que la composante indigène a bel et bien été intégrée dans ce projet que constitue la fondation de Lattara, aux côtés des Etrusques, voire d’autres intervenants méditerranéens.La phase suivante (1R) est synonyme de rupture, du moins sur le plan architectural. Une trame lâche caractérise alors l’habitat où, dans un premier temps, n’est attestée qu’une maison absidiale en torchis sur poteaux porteurs associée à un enclos et diverses palissades délimitant les abords de l’habitation. Or, sur un intervalle de temps qui couvre au mieux un quart de siècle, on assiste à des remaniements successifs très rapprochés dans le temps. Ces derniers permettant de distinguer plusieurs états pour ce quartier, de sorte que l’on assiste rapidement à la construction de nouveaux bâtiments en bauge et pour partie sur solins de pierre où coexistent désormais formes absidiales et quadrangulaires.On note également que le schéma d’organisation de ce quartier, au-delà des remaniements successifs, se traduit par une certaine stabilité. Une entité fonctionnelle cohérente se dessine en effet autour de l’habitation de plan bi-absidial, reconstruite à l’identique à l’emplacement du premier édifice en torchis. Cette maison ouvre au sud sur un espace aménagé à plusieurs reprises et dédié en priorité aux activités culinaires, tandis que la partie orientale de la zone voit l’implantation d’enclos à bestiaux ou de petites constructions annexes.Ce quartier témoigne d’une occupation dense de l’espace dont le caractère a priori peu structuré doit être fortement relativisé. Le fait qu’existe une trame lâche où voisinent plusieurs entités fonctionnelles (familiales ?) distinctes, n’implique nullement qu’une forme de lotissement n’ait pas régi la réinstallation sur place d’une population à forte consonance indigène. Irait dans ce sens la permanence du schéma d’organisation de ce quartier qui a pu résulter de l’existence de limites, malheureusement non identifiables en raison de l’exigüité de l’espace fouillé.On peut également s’interroger sur le caractère strictement indigène de cette phase, plusieurs indices matériels évoquant une certaine « familiarité » avec le monde grec. Il est d’ailleurs parfaitement envisageable que les Grecs, et plus particulièrement ceux de Marseille, aient accompagné ce qui apparaît comme une refondation du site. Quoi qu’il en soit, à l’image de ce qui a été vu dans la zone 27, cette phase de réinstallation du deuxième quart du Ve s. av. n. ère présente un caractère indigène très marqué. Il convient néanmoins de relativiser l’aspect très traditionnel des architectures alors mises en œuvre, tout d’abord parce que la zone 1 révèle sur ce point certaines originalités, d’autre part parce que cette phase doit, de manière plus globale, être comprise comme étant transitoire, faisant qu’ont été privilégiées des solutions rapides à mettre en œuvre. Autrement dit, nous avons là l’image d’une installation pensée comme étant temporaire, en attente de la mise en œuvre ou du développement d’un nouveau programme urbanistique d’ampleur, qui intervient précisément à partir du milieu du Ve s. av. n. ère et selon des rythmes différents d’un quartier à l’autre.Le faciès mobilier de la phase 1R est également singulier au regard des données disponibles pour la zone 27. En effet, si la vaisselle est largement dominée par la céramique non tournée indigène, les proportions sont malgré tout bien moindres que dans l’autre zone, tandis que la céramique attique est ici bien mieux représentée et que le faciès amphorique s’avère plus diversifié. Ce faciès présente d’ailleurs de fortes analogies avec celui constaté pour la phase IS, avec l’accentuation de cette particularité déjà observée quant à l’usage de la céramique attique et la place accordée au vin de Marseille

    Narbonne (11), ZAC des Berges de la Robine : rapport de fouille: Un quartier funéraire périurbain du Haut-Empire à Narbonne

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    La fouille préventive des Berges de la Robine s’est déroulée entre novembre 2017 et novembre 2020, sur une parcelle de 5000 m² située dans la périphérie orientale de la ville de Narbonne. Elle a mis en évidence un ensemble funéraire du Haut-Empire qui se singularise par son exceptionnel état de conservation, par une organisation structurée et une occupation stratifiée particulièrement dense (1880 structures et aménagements funéraires ou para-funéraires dont 1432 tombes ou bûchers). Le site a été en partie préservé des destructions postérieures par les limons de débordement de l’Aude. Les structures mises au jours sont datées au plus tôt de 25 av. J.-C., à l’exception une inhumation isolée du second âge du Fer. L’occupation funéraire se développe jusqu’au début du IIIe s. apr. J.-C. Après une période d’abandon, le site est réinvesti entre la fin du IVe s. et la fin du Ve s. pour des activités non funéraires (habitat de bord de voie, cultures). La parcelle étudiée est localisée au sud-ouest d’un carrefour de voies qui pourraient avoir desservi le complexe portuaire narbonnais. Au nord, l’avenue de Gruissan reprend le tracé d’un des principaux accès reliant la ville au littoral. L’autre voie d’axe nord/sud, apparaît dans l’emprise comme un chemin creux créé dans la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. La zone funéraire se développe au sein de deux unités spatiales distinctes : une bande étroite divisée en petites parcelles sur le bord occidental de voie nord/sud et un vaste espace au nord structuré par un réseau de petits chemins de desserte. Cette structuration matérialisée par des fossés, des palissades et des enclos maçonnés, évoque un quartier organisé à la manière d’un lotissement. Vers le milieu du Ier s., une aire de crémation collective est créée au sein de l’espace nord. L’évolution est marquée par des regroupements ou des divisions de parcelles, des agrandissements au détriment des chemins. L’intensification des enfouissements à partir du dernier quart du Ier s. conduit à une extension de la nécropole. D’abord à l’est de la voie, où deux enclos maçonnés sont créés lors de la restauration de la chaussée et la construction d’un mur bordier. Une nouvelle réfection de la voie, à la fin du Ier s., s’accompagne d’une extension de l’espace funéraire au sud-ouest, où un grand enclos maçonné est édifié après remblaiement d’une carrière d’extraction d’argile. Ce quartier semble avoir été fréquenté par une population d’affranchis ou d’esclaves pour la plupart d’origine italienne, comme le suggèrent la petite série de plaques funéraires inscrites en marbre retrouvées en remploi ou dans les démolitions. Les monuments funéraires sont des constructions maçonnées de petites dimensions revêtues d’enduits peints. Les sépultures étaient souvent signalées par des tertres ou des blocs dressés. On observe des regroupements, des superpositions et des réouvertures de tombes pour l’installation de nouveaux dépôts sépulcraux. Les structures funéraires témoignent d’une très grande variabilité des pratiques. La crémation est le mode de traitement funéraire le plus répandu au sein de cet espace funéraire. L’inhumation est attestée tout au long de l’occupation du site. Les deux modalités coexistent dans la plupart des enclos, mais selon des proportions qui diffèrent d’une parcelle à l’autre. L’originalité du site est la découverte d’un nombre important de bûchers de surface aux côtés de bûchers en fosse, de tombes bûchers et de dépôts secondaires de crémation. Ces derniers sont constitués d’un dépôt d’os crémés en vase ossuaire ou en contenant périssable souvent associé à un dépôt de résidus de crémation, ou parfois d’un dépôt de résidus sans ossuaire. Ces dépôts sont accompagnés de vases, principalement pour la boisson, des balsamaires et des lampes. Les dépôts d’objets sont le plus souvent brûlés. Les dispositifs d’architecture internes (coffrages, couvertures) témoignent de la volonté de protéger le dépôt des restes humains et le mobilier. L’étude des os crémés met en évidence une variabilité importante de la masse des os déposés dans les ossuaires, avec des pratiques différentes selon les enclos. Des dépôts pluriels évoquent des crémations simultanées sur une même aire. La découverte d’un collage entre des pièces osseuses issues de deux crémations situées dans des parcelles éloignées, met en évidence des relations entre des espaces funéraires distincts. Les adultes sont majoritairement inhumés dans un cercueil, alors que les jeunes enfants sont placés dans des coffrages ou dans des fosses fermées par une couverture. Les inhumations sont accompagnées de dépôts de vases et d’objets (monnaies, de chaussures ou d’objets de parure ou de toilette). Le site a livré en outre un remarquable ensemble d’amulettes, principalement issues de tombes de jeunes enfants. La préservation des sols a favorisé la conservation des vestiges liés aux cultes commémoratifs (foyers rituels, dépôts de vases, épandages de mobiliers en relation avec les tombes ou les foyers). Des conduits à libation apparaissent régulièrement dans les tombes à crémation, mais sont très rarement associés aux inhumations. Des lits de table maçonnés (triclinia) équipent quatre des enclos du quartier nord. Deux d’entre eux sont associés à un puits à eau
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