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    Quand les animaux et les fleurs apprennent aux enfants Ă  parler

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    Le cas d’étude des AĂŻt Ba’amran du Sud marocain se caractĂ©rise par l’existence d’une thĂ©orie locale de la transmission du langage selon laquelle celui-ci est donnĂ© car vĂ©hiculĂ© par le lait maternel. Cette thĂ©orie induit l’usage d’un parler bĂ©bĂ© inspirĂ© des huchements par lesquels les bergers parlent aux animaux, et des modes de communication propres aux enfants qui, dans leur comportement verbal, distinguent la maison, lieu d’écoute oĂč l’on ne parle pas de sa propre initiative quand on est enfant, de la forĂȘt, oĂč, Ă  partir de quatre ans, ils s’exercent peu Ă  peu Ă  la parole et Ă  la poĂ©sie durant leur activitĂ© de bergers. L’article s’emploie notamment Ă  dĂ©montrer comment la dissociation entre espace de compĂ©tence et espace de performance dans l’apprentissage de la langue standard permet aux enfants de coordonner un ensemble de capacitĂ©s cognitives et culturelles variĂ©es dans le cadre de l’exercice de la pensĂ©e analogique.The case study of the AĂŻt Ba’amran tribes (southern Morocco) is characterized by the existence of a local theory that considers language as given because transmitted by breast milk. This theory induces into practice the use of baby talk inspired by animal calling used by shepherds to guide animals, and specific modes of communication for children who, in their verbal behavior, distinguished home, listening place where a child do not speak on his own initiative, and the forest, where, from four years old, they experiment gradually speech and poetry in their shepherds activity. The article seeks to show how the dissociation between competence and performance areas in the learning of the standard language helps children to coordinate a diverse set of cognitive and cultural capabilities during the exercise of analogical thinking

    Comment domestiquer une forĂȘt sans les hommes ?

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    « ForĂȘt domestique », « forĂȘt rurale », « forĂȘt paysanne », « forĂȘt anthropique »  les qualificatifs foisonnent pour dĂ©signer des Ă©cosystĂšmes considĂ©rĂ©s jusqu’à peu comme naturels et caractĂ©risĂ©s aujourd’hui par l’histoire de leurs relations positives avec l’homme. Mais encore faut-il savoir de quelle histoire parle-t-on. Pour les forĂȘts d’arganiers (Argania spinosa) endĂ©miques du Sud marocain, plus prĂ©cisĂ©ment chez les AĂŻt Ba’amran, leur existence est du Ă  un processus d’afforestation basĂ© sur la complĂ©mentaritĂ© entre l’impact sur le long terme des techniques d’amĂ©nagement du sol et un systĂšme coutumier de mise en dĂ©fens des ressources forestiĂšres rĂ©gi au nom de pratiques religieuses. Cependant, ce processus d’afforestation ne rĂ©pond guĂšre Ă  des intentions Ă©cologiques concrĂštes, mais plutĂŽt Ă  des attentes sociales et religieuses. Dans le cas de l’arganier, les paysans du Sud marocain vont jusqu’à dĂ©nier tout impact anthropique sur l’expansion des forĂȘts, alors qu’ils ne cessent pourtant, depuis des gĂ©nĂ©rations, de traiter l’arbre comme une vĂ©ritable espĂšce domestique. L’image du paysan autochtone ayant façonnĂ© de gĂ©nĂ©rations en gĂ©nĂ©rations la forĂȘt d’arganiers est ainsi aux antipodes de celle que se font d’eux-mĂȘmes les AĂŻt Ba’amran : celle de nouveaux arrivants. Mais si, Ă  leurs yeux, la forĂȘt n’est pas anthropique, elle n’en reste pas moins domestique."Domestic Forest", "rural forest", "farm forest", "anthropogenic forests" ... adjectives abound to describe ecosystems that were, until recently, regarded as “natural” and characterized today by the history of their positive relationships with humans. But which history are we talking about? For the argan forests (Argania spinosa) endemic to southern Morocco, specifically in AĂŻt Ba’amran, their existence is due to a process of afforestation. This process is grounded in the complementarity of the impact on the long time of ground infrastructure techniques and a customary system of fencing forest resources which is governed in the name of religious practices. However, this process of afforestation does little to account for ecological concrete intentions, rather, it corresponds to social and religious expectations. In the case of the argan tree, while the farmers of southern Morocco are going to deny any human impact on the expansion of forests, yet they continue to treat the tree as a true domestic species, as they have done for generations. The representation of the indigenous peasant having shaped the argan forest from generations to generations is diametrically opposed to the AĂŻt Ba’amran’s one. They perceive themselves as newcomers. But if, in their view, the forest is not anthropogenic, it is nevertheless domestic

    Graham M. Jones, Magic’s Reason. An Anthropology of Analogy

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    Mais comment Graham Jones, anthropologue au Massachusetts Institute of Technology (Mit), a-t-il pu devenir, dans le milieu des illusionnistes parisiens, « Le Chinois » sur les traces du grand magicien français du xixe siĂšcle, Jean-EugĂšne Robert-Houdin ? Magic’s Reason commence par une sĂ©rie d’anecdotes qui rĂ©vĂšlent peu Ă  peu toute l’originalitĂ© et la complexitĂ© de l’énigme anthropologique et historique que l’auteur se met au dĂ©fi de relever. Car personne, Ă  part Graham Jones lui-mĂȘme, n’aurai..

    Le site d’Azrou Iklane : un exemple d’usage de l’imagerie numĂ©rique pour l’étude et la prĂ©servation de l’art rupestre saharien

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    Entre 2013 et 2017, une Ă©tude archĂ©ologique a Ă©tĂ© menĂ©e sur le site rupestre d’Azrou Iklane par une Ă©quipe franco-marocaine, menĂ©e par G. Graff, ayant entraĂźnĂ© la collaboration de chercheurs acadĂ©miques (IRD + Aix-Marseille UniversitĂ© + CNRS + CNPR) et d’un prestataire photographe, habilitĂ© par les Mon. Hist. Français. Pour ce site, constituĂ© par une dalle de grĂšs (120 x 20 m) couverte de milliers de gravures protohistoriques (style Bovidien), mĂ©diĂ©vales (Libyco-BerbĂšre), rĂ©centes et modernes, l’enjeu Ă©tait la mise au point de mĂ©thodologies inĂ©dites et adaptĂ©es Ă  son enregistrement exhaustif et Ă  la constitution d’un outil numĂ©rique pour sa sauvegarde virtuelle et son accessibilitĂ© au public, en dĂ©pit de son isolement. Du point de vue scientifique, cet outil avait pour vocation de permettre la comprĂ©hension des logiques de superpositions graphiques sur le long terme. En accord avec les autoritĂ©s en charge du patrimoine, le projet a combinĂ© un relevĂ© topographique au GPS diffĂ©rentiel servant Ă  Ă©laborer un MNT, drapĂ© ensuite du relevĂ© des gravures en dessin vectoriel, sous A.I., avec un relevĂ© photographique utilisant le Gigapixel, les visites virtuelles et les photographies 360° Ă  la maniĂšre de Google StreetViews. À partir des donnĂ©es du relevĂ©, un SIG est Ă©galement en cours d’élaboration. La Direction du Patrimoine Culturel a largement appuyĂ© ce projet trĂšs innovant au Maroc et rĂ©pondant Ă©galement Ă  une demande locale de mise en valeur d’un patrimoine fragile. Les diffĂ©rentes mĂ©thodologies employĂ©es, permettant la prise en compte du contexte environnemental et anthropologique, et le relevĂ© prĂ©cis de chaque gravure, faciliteront l’analyse sĂ©miologique du dĂ©cor, phase par phase ou diachroniquement, comme la mise en valeur et la prĂ©servation de ce site majeur pour le patrimoine rupestre marocain.From 2013 to 2017 an archaeological study was carried out at the Azrou Iklane site of rock art in Morocco. The French-Moroccan team was led by G. Graff with the collaboration of several academic researchers (IRD, University of Aix-Marseille, CNRS, CNPR) and a professional historic monuments photographer. The site comprises a slab of sandstone measuring 120m by 20m, covered in thousands of engravings, protohistoric, Bovidien style ones, medieval ones (Libyco-BerbĂšre) and recent and modern ones. The aims of the study were to establish original methodologies for the complete recording of the engravings and the development of a digital tool for their virtual preservation and to make them accessible to the general public, in spite of the site’s isolated location. From a scientific point of view, the digital tool would also have to be able to take into account an understanding of the graphical overlapping of the engravings through time. In agreement with the country’s heritage authorities, the project comprised a mapping of the area using a differential global positioning system, employed to elaborate a digital elevation model. This model was then enriched with the survey of the engravings carried out in a vector format drawing (done with machine intelligence), a photographic coverage using Gigapixel, the virtual visits and 360° images in the manner of Google Street View. Using the data acquired, a geographical information system is now being elaborated, The Moroccan heritage services were keen supporters of this project which was an original one for the country and one that satisfied local demands for a better preservation and interpretation of the fragile engravings. The different methodologies used, allowing for a fuller appreciation of the environmental and anthropological contexts and the precise record of each engraving, will facilitate the semiological analysis of the site, phase by phase or diachronically. They will also contribute to the interpretation and preservation of this site, of major significance in the realm of Moroccan rock art

    La domestication de l’abeille par le territoire

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    En cherchant Ă  requalifier la domestication des abeilles Ă  partir de pratiques plus holistes et plus ancrĂ©es dans le territoire, le propos de cet article est d’interroger la maniĂšre dont les apiculteurs du Sud-Ouest marocain (D’Essaouira Ă  Tan Tan) intĂšgrent idĂ©ologiquement et techniquement les abeilles jaunes sahariennes dans leur monde. Les savoir-faire des apiculteurs de ces rĂ©gions reposent en partie sur la manipulation de diffĂ©rents types d’espaces agraires, et l’apiculture est partie intĂ©grante de l’agro-Ă©cosystĂšme global. Bien que sĂ©dentaire, l’apiculture dans le sud du Maroc implique une grande diversitĂ© d’espaces, comprenant les falaises Ă  chutes d’eau, les champs de cĂ©rĂ©ales et d’arganiers, les zones arboricoles fermĂ©es, les zones de monoculture de figuiers de barbarie, les parcours dominĂ©s par les euphorbes et les arganiers. Chaque unitĂ© spatiale du territoire rural est le support d’un certain degrĂ© de domestication des abeilles : capture des essaims sauvages, acclimatation des ruches, production de miel, reproduction des essaims. Les savoir-faire des apiculteurs s’illustrent par la connaissance sur le comportement des abeilles (comportement alimentaire, temporalitĂ© des prĂ©fĂ©rences de matiĂšres apicoles), leur mĂ©tabolisme (vertus des plantes sur la vie des abeilles, leur capacitĂ© Ă  essaimer, leur capacitĂ© Ă  nettoyer la ruche), et la pollinisation qu’elles permettent. Les apiculteurs du Sud-Ouest marocain jouent ainsi sur la pluralitĂ© des espaces de cultures et des espĂšces qui y poussent pour intĂ©grer l’abeille dans le territoire rural de maniĂšre holiste. Plus encore, par l’emplacement dans l’espace de la ruche, l’apiculteur exerce un contrĂŽle direct sur la reproduction de l’animal et la maĂźtrise des rythmes physiologiques liĂ©s Ă  son alimentation, condition sine qua non Ă  sa domestication. La domestication se rĂ©alise ainsi par l’intermĂ©diaire du territoire, car l’apiculteur joue sur la multifonctionnalitĂ© des espaces en termes de cortĂšge vĂ©gĂ©tal pour maĂźtriser le cycle de vie et de production de l’abeille. La domestication de l’abeille saharienne rĂ©sulte donc autant de gestes techniques apprĂ©ciables sur le moment, que de longs processus d’amĂ©nagement du territoire et de sĂ©lection des espĂšces en tenant compte de la variable apicole.By searching to redefine the domestication of bees from more holistic practices, the purpose of this article is to examine how beekeepers of South West Morocco (From Essaouira to Tan Tan) incorporate ideologically and technically yellow saharian bees in their territory. In south Morocco, beekeeping is a result of the co-evolution between the Berber groups and a unique agro-forestry system, the argan tree (Argania spinosa L.). This agro-ecosystem, shaped during innumerable generations by Berber peasants, covers some 850 000 hectares in the semi-arid regions of southwest Morocco. The know-hows of beekeepers in these areas are partly based on the manipulation of various types of agrarian areas, and beekeeping is part of the global agro-ecosystem. Although sedentary, beekeeping in southern Morocco involves a wide variety of areas, including the cliffs waterfalls, agricultural fields with argan trees, arboricultural closed areas, monoculture areas of prickly pairs, pastoral areas dominated by euphorbias and argan trees. Each spatial unit of rural territory is the support of some degree of domestication of bees. Depending on the season and his needs, the beekeeper decides to place his hives in one habitat or another in order to collect new colonies, favor honey production, the health of his colonies, their rapid multiplication, or their protection in the event of extended drought. Beekeepers of South Western Morocco play on the plurality of areas of crops and species that grow there to integrate the bee in rural territory in a holistic manner. Even more, thanks to the moving location in space of the hive, the beekeeper has a direct control on the reproduction of animals and the physiological rhythms associated with its food, prerequisite to its domestication. The domestication is realized through territory because the beekeeper plays on multi functionality of spaces in terms of biodiversity to control the cycle of life and production of bees

    Chapitre 7. Des forĂȘts sanctuaires aux pĂąturages des chrĂ©tiens

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    D’aprĂšs leur discours, les AĂŻt Ba’amran ont trouvĂ© en arrivant un pays dĂ©jĂ  façonnĂ© par les saints, un terroir prĂȘt Ă  ĂȘtre exploitĂ©. Depuis, poussĂ©s par la volontĂ© de conserver intact le paysage du terroir tel qu’ils l’ont trouvĂ© en arrivant, leur action sur l’environnement tente d’imiter le modĂšle des saints pour prĂ©server l’agencement du terroir que ces derniers ont mis en place. NĂ©anmoins, dans la longue durĂ©e du rapport d’une sociĂ©tĂ© Ă  son milieu, nous savons que l’environnement ne cesse ..

    De Bojador Ă  Boujdour, aux carrefours du cosmopolitisme Ouest Saharien

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    International audienceAu milieu des sables du dĂ©sert et face aux vagues de l'ocĂ©an, plantĂ©e au bord de la route entre LaĂąyoune et Dakhla, la ville de Boujdour est nĂ©e un beau jour de la fin de l'annĂ©e 1975. Au dĂ©part, un phare, figure de proue du Cabo bojador, incontournable dĂ©fi pour la navigation mĂ©diĂ©vale en direction de l'Afrique centrale et australe puis des Indes. Point cardinal des verbes crĂ©ateurs des cultures sahariennes et portugaises, Bojador fut le thĂ©Ăątre de l'Ă©panouissement conjuguĂ© de la poĂ©sie saharienne et portugaise. NĂ©s de la bouche des nomades et des marins, le gaf hassani et le fado portugais rĂ©sonnĂšrent ensemble, sans le savoir, de part et d'autre du cap des poĂštes. Muse des poĂštes, Bojador vit jaillir de ses vagues d'imagination des maĂźtres comme Camoes, Pessoa ou Nuno JĂșdice, cĂŽtĂ© portugais, et plus rĂ©cemment, Ruijel ou Ould Mlihah, cĂŽtĂ© saharien. Suite au dĂ©part des Espagnols fin 1975, se sont agrĂ©gĂ©s Ă  l'amarre du phare des tentes, puis des habitations en dur, des commerces, un port, le tout organisĂ© en places, en rues puis en avenues
 La ville de Boujdour typifie l'ingĂ©niositĂ© sociale en cours au Sahara atlantique depuis quelques dĂ©cennies. Seule une incursion au coeur de l'histoire et de l'organisation sociale des tribus sahariennes est Ă  mĂȘme d'expliquer la rapiditĂ© avec laquelle un esprit urbain saharien a pris corps Ă  Boujdour, Ă  partir d'un simple phare et d'un campement

    Chapitre 5. Parler et penser par la forĂȘt

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    En pays AĂŻt Ba’amran comme dans tout le Souss, les relations de l’homme Ă  son environnement s’inscrivent pleinement dans l’espace nommĂ©, ce dont tĂ©moigne la richesse du vocabulaire toponymique, botanique et zoologique. Le terroir, c’est-Ă -dire un territoire considĂ©rĂ© du point de vue de ses aptitudes sylvo-agro-pastorales, est intimement liĂ© au langage : l’humanitĂ© (afgan), le langage (awal) et la terre (akel), sont les trois composantes du concept local de tamazight, qui dĂ©signe Ă  la fois le ..
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