73 research outputs found

    Questionner la question ethnique : lecture historique et politique des appartenances culturelles au Laos

    Get PDF
    International audienceLe Laos, pays d'environ six millions d'habitants, se caractérise par sa déroutante complexité ethnique : on y compte officiellement 49 groupes ethniques. Le groupe majoritaire, les Lao, ne représente qu'un peu plus de la moitié de la population 1 alors que les locuteurs de langue lao seraient environ dix fois plus nombreux en Thaïlande. Il s'agit donc d'une situation étrange, où la population dominante du pays se trouve majoritairement hors des frontières et où les groupes minoritaires, pris ensemble, for-ment presque la majorité. Quelles sont ces ethnies, comment comprendre l'existence d'une telle diversité de populations, comment cohabitent-elles et comment l'État gère-t-il cette diversité ? Ce sont quelques-unes des questions que nous voudrions brièvement aborder, en nous aidant de la littérature existante mais orienté par nos propres recherches de terrain 2. Quoi que ce travail de synthèse puisse offrir une vue d'ensemble destinée aux non spécialistes du pays, son originalité se trouve moins dans les données présentées que dans l'échelle spatiale et temporelle par laquelle elles sont abordées : une perspective comparatiste, qui prend en considération l'ensemble des groupes du pays, sur le temps long. Ce passage à l'échelle macro, tant au niveau spatial que temporel, permet de questionner l'ethnicité, entendue ici aux sens de ce qui forme et maintient l'appartenance ethnique. L'ethnicité sera donc ici approchée, * Grégoire Schlemmer est ethnologue à l'Institut de recherche pour le développement (IRD, UMR URMIS, Migrations et Société, université Paris Diderot). Ses travaux portent sur l'or-ganisation sociale et religieuse et les questions d'ethnicité parmi des populations des marges montagneuses du monde sino-indien à partir de deux terrains d'étude : les Kulung Rai (Népal) et la province de Phongsaly (Laos)

    Ethnic Belonging in Laos: A Politico-Historical Perspective

    Get PDF
    International audienc

    Le scepticisme des informateurs de terrain : calvaire de l'enquêteur ou matériaux pour une analyse anthropologique ?

    Get PDF
    Motivated by the doubt installed in people my research has lead me to meet, my intention in this article is to show that doubt is not necessarily merely a parasite to be eliminated, but can of itself be the object of analysis. The article seeks to show that doubt is not the opposite of belief – in the sense of a cognitive attitude of confidence in the truth of one's findings – but rather that it is the foundation of belief. Doubt gives us the distinction between knowledge and belief. Belief requires confidence in the bearer of findings to which one adheres – a bearer who must therefore be an authority. It is thereby possible to propose a political approach to doubt. Using several concrete examples, the article shows that doubt can be an active element in one's relations to power and that the multiplicity and contextuality of truths underlying the plurality of forces in play in the group and between groups.Motivé par la prégnance du doute chez les gens auxquels mes recherches terrain m'ont confrontées, mon propos, dans cet article, est de montrer que le doute n'est pas nécessairement un élément parasitaire à évincer, mais peut faire l'objet d'analyse. L'article cherche à montrer que le doute ne s'oppose pas à la croyance — entendue comme attitude cognitive de confiance en la véracité d'un énoncé — mais qu'il la fonde, en permettant d'offrir une distinction entre ce qui, pour les gens eux-mêmes, relève du savoir ou de la croyance. La croyance nécessitant une confiance dans l'énonciateur du discours auquel on adhère — énonciateur qui doit donc faire, de ce fait, autorité — il est possible de proposer une approche politique du doute. A travers plusieurs exemples concrets, l'article montre ainsi que le doute peut être un élément actif dans les relations de pouvoir, et que la multiplicité et la contextualité des vérités sous-tendent la pluralité des forces en jeux dans le groupe, et entre groupes

    Obituary: Philippe Sagant (1936-2015)

    Get PDF

    Des autochtones venus d’ailleurs ? Ancrage territorial et appartenance au Nord Laos

    Get PDF
    L’article discute le caractère anthropologiquement heuristique ou non de l’application de la notion d’autochtone aux ethnies minoritaires du Laos. Après avoir présenté les enjeux liés à la mobilisation de ce terme, il veut montrer, en partant de la situation d’une province de ce pays, que son usage comme catégorie descriptive oblitère d’importantes caractéristiques des populations qui l’occupent, tel que le faible ancrage territorial, la mobilité, et la venue récente de ces populations.In this article we discuss the anthropologically heuristic nature of the application of the notion of indigenous to minority ethnicities in Laos. After presenting the issues related to the mobilization of this term, we wants to show, starting from the situation of a province of this country, that the use of the notion of “indigenous” as a descriptive category obliterates important characteristics of this province populations, such as the weak territorial anchoring, mobility, and the recent arrival of these populations

    Jeux d'esprits

    Get PDF
    Cet article propose d'approcher la manière dont une population de tradition orale, les Kulung du Népal, conçoivent les esprits et, par là, de tenter de saisir le statut à donner à ces représentations dans le langage de l'analyse anthropologique. On y défend l'argument que les esprits ne sont pas des représentations stables, mais qu'elles varient selon les situations lors desquelles elles s'actualisent. L'étude de ces situations (les rencontres et leur mise en récit, l'infortune et la divination, le rituel, le mythe), que nous nommons ici «champs d'actualisations», révèlent que les représentations sous-jacentes des esprits varient – notamment selon qu'il s'agit, pour les Kulung, de re-présentations (évocation d'une absence) ou de manifestations (marque d'une présence). Ces représentations s'articulent plus ou moins entre elles selon une logique du flou et du doute. Instables, ces représentations, qui permettent l'articulation d'éléments autrement inconciliables entre eux, doivent constamment êtres repensées, ce qui permet ainsi l'élaboration d'une cosmologie implicite, qui se construit en partie dans l'action.This paper aims to show how a population with an oral tradition, the Kulung from Nepal, conceives spirits and, through that description, to seize the status which should be given to such representations in the language of anthropological analysis. I argue that spirits are not stable representations. Rather, they are representations varying according to the situations in which they actualize themselves. The study of such situations (encounters with spirits and narratives about them, misfortune and divination, ritual, myth), which I label “fields of actualization”, reveal that underlying representations of spirits are not homogeneous – notably whether they have to do, according to the Kulung outlook, with re-presentations (evocating an absence) or manifestations (marking a presence). These representations are more or less articulated together according to a logics of looseness and of doubt. Unstable, these representations which allows the articulation of elements otherwise incompatible must constantly be rethought, which allows the elaboration of an implicit cosmology, partly built within the framework of action.Este artículo propone el abordaje de la manera en que una población de tradición oral, los Kulung de Nepal, conciben a los espíritus, y, a través de esta entrada, trata de comprender el estatuto a atribuir a estas representaciones en el lenguaje del análisis antropológico. Se defiende el argumento que los espíritus no son representaciones estables, sino que varían según las situaciones durante las cuales éstas se actualizan. Es estudio de estas situaciones (los encuentros y su puesta en relato, el infortunio y la adivinación, el ritual, el mito), que nombramos aquí “campos de actualizaciones”, revelan que las representaciones subyacentes de los espíritus varían –especialmente, en la medida en que se trata, para los Kulung, de representaciones (evocación de una ausencia) o de manifestaciones (marca de una presencia). Estas representaciones se articulan más o menos entre ellas según una lógica de lo impreciso y de la duda. Inestables, estas representaciones, que permiten la articulación de elementos de otro modo irreconciliables entre sí, tienen que ser constantemente repensados, lo que permite la elaboración de una cosmología implícita, que se construye en parte en la acción

    Construction and management of ethnicities in Southeast Asia : cultures, policies and development

    Get PDF
    Regional social sciences Summer university, "Tam Đáo Summer school week", Việt Nam, July 2011 ; [organized by École française d'Extrême-Orient ; Agence française de développement ; Institut de recherche pour le développement, et al.] ; [scientific editor, Stéphane Lagrée]GOODInternational audienceWelcome to the workshop on ethnic groups in Southeast Asia. We will start with introductions from the participants; this workshop is structured so as to promote the methodological and pedagogic dimension, and exchanges and discussions will be a priority all week. Presentation of the trainers and participants (see biographies of trainers and list of participants at the end of the chapter) How will these four and a half days of group work unfold? We will devote this first day to the ways in which ethnic groups are designated and named, and our approach will initially be theoretical and methodological: we will explain the constructivist and naturalist approaches. We will ask what an ethnic group is and how and why we make ethnic classifications. In the afternoon, we will turn towards case studies in Việt Nam and in Laos. Tuesday will be devoted to the relationship between the law and ethnic groups. We will start with the legal situation so as to be able to observe the relationship with what is visible in the field. Sociologists and anthropologists use the law very rarely as an instrument of knowledge; we will try to establish a relationship between law and anthropology. We will conclude this second day with case studies. Questions from applied anthropology and development anthropology will be studied on Wednesday morning, then we will together organize three working groups, one group per trainer with a specific theme. Friday morning will be devoted to presentations from each group; from these we will derive a synthesis for the public reporting session on Saturday

    Aux frontières de l'Autre. Territoire et appartenance en question

    Get PDF
    Au sens éthologique du terme, on peut définir le territoire comme une zone marquée et défendue ; c’est un espace approprié pour la survie et la reproduction. Les sciences sociales le conçoivent de plus comme un espace construit par de multiples formes de contrôle et d’appropriation : économique (c’est le lieu de production des ressources), juridique et politique (c’est le lieu de déploiement de la souveraineté), sans oublier l’investissement cognitif et affectif que les sociétés et les indivi..

    Rituels, territoires et pouvoirs dans les marges sino-indiennes

    No full text
    Les rituels réalisés par les Kulung révèlent un rapport complexe, et parfois contradictoire, au territoire, notamment en fonction des entités auxquelles ils s’adressent : ancêtres, forces forestières ou la figure ambivalente et médiatrice qu’est le Nagi. Il en ressort une tension entre deux types de légitimité à occuper un espace-territoire. L’une se fonde sur une logique de confrontation/alliance et met en avant l’individu et la conquête territoriale. L’autre se fonde sur une logique de filiation et met en avant le groupe comme collectivité et l’héritage de la terre, voire l’autochtonie. Cette tension peut notamment s’expliquer par les enjeux concrets qui accompagnent ces représentations, en l’occurrence, les relations politiques et foncières au sein du groupe comme avec les communautés voisines
    corecore