79 research outputs found

    Une poésie du bibelot

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    Le roman met en scène un sujet menacé par la prolifération des objets, et tire les conséquences narratologiques de ce constat emprunté à la réalité culturelle : le personnage, d’une part, est prisonnier d’un décor envahissant, porté au premier plan par la description ; parce que, d’autre part, il n’a plus la capacité d’agir, l’intrigue perd sa raison d’être. La poésie, parce qu’elle offre au sujet la liberté de l’expansion lyrique, et qu’elle n’admet la réalité que transmuée, est peut-être le..

    Les Goncourt collectionneurs et la renaissance des arts décoratifs

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    Les collections que les Goncourt ont constituées comportent d’abord des dessins : près de 600 feuilles d’artistes français du XVIIIe siècle, pour l’essentiel acquises assez tôt, entre 1850 et 1870. Elles comportent ensuite un ensemble beaucoup plus considérable d’estampes du XVIIIe siècle, qui seront la base documentaire des livres d’histoire des deux frères. Elles sont aussi constituées d’objets d’art du XVIIIe siècle (terres cuites, petits marbres, porcelaines), et d’objets d’ameublement, f..

    La folie du collectionneur

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    La folie semble inhérente au vocable de collectionneur, tel qu'il apparaît au XIXe siècle 1. Sainte-Beuve évoquant dans l'une de ses causeries l'abbé de Marolles, célèbre amateur d'estampes, type même de la « curiosité » d'Ancien Régime 2 , justifie ainsi son recours au terme de collectionneur, qui sonne dans ce contexte comme un anachronisme : « Je demande qu'on me passe ce mot de collectionneur qui m'est nécessaire, et qui exprime la manie ». Si la collection se développe dans les sociétés occidentales depuis la Renaissance, on ne parle pas alors en effet de collectionneur, mais d' « amateur » ou de « curieux ». Et la critique qui s'attache à la « curiosité » est d'abord d'ordre moral : il faut mettre en garde contre les excès du désir de savoir celui qui prétend, dans l'espace restreint de son cabinet de curiosités, accéder à la compréhension du monde dans sa totalité (microcosme / macrocosme) 3. Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, la critique qui vise la « curiosité » change de nature. D'un point de vue intellectuel, et non plus moral et religieux, il va s'agir de « discipliner le désir de savoir », pour l'inciter à l'observation rationnelle du régulier, pour le mettre au service de la science 4 , et l'écarter à l'inverse de la fascination pour le rare, l'étrange, le merveilleux des cabinets de curiosités. En outre, les philosophes condamnent la compilation des savoirs, l'érudition pure de ceux qu'on nomme désormais « antiquaires », amateurs de cette antiquité récemment redécouverte dans les grands chantiers de fouilles d'Herculanum et de Pompéi. À cette érudition, ils opposent la raison, un usage critique et une recomposition des savoirs 5. En outre, l'accusation de folie pointe déjà avec le néologisme d'anticomanie qu'on trouve sous la plume de Diderot. Avec l'apparition du terme de « collectionneur » au début du XIXe siècle, l'accent n'est plus mis sur le goût (de l'« amateur »), sur le désir de savoir (du « curieux »), ni même sur l'attachement au passé (des « antiquaires »), mais sur le geste de la collecte, comme si la démarche d'accumulation primait désormais sur ses motivations. Aux côtés des autres vocables plus prestigieux et plus anciens qui restent en usage, le collectionneur, c'est donc celui qui ramasse et entasse sans discernement. C'est aussi un individu modeste, que ne distingue plus l'aisance financière et sociale du grand bourgeois ou du grand seigneur ; personnage obscur, il recueille des objets eux-mêmes indistincts, délabrés, dépréciés, après les bouleversements révolutionnaires. On comprend alors que les jugements négatifs se croisent, sur le comportement, l'origine sociale, les centres d'intérêts et la pratique du personnage. Ils vont en outre rencontrer un constat de la médecine aliéniste (l'accumulation compulsive est un des symptômes de la folie), et cela transformera pour longtemps le collectionneur en maniaque. Faut-il n'y voir qu'une caricature sociale ? 6 Ces représentations peuvent aussi témoigner, nous le verrons, d'un dérèglement intellectuel ou psychologique plus profond, le collectionneur succombant à l'accumulation des objets et à la confusion des images. On est entré dans une culture de l'objet qu'il faut apprendre à maîtriser. Après quoi la pratique de la collection, mieux encadrée, socialisée, intellectualisée, normalisée, de pathologie deviendra mode de vie

    L’histoire du présent : le roman et ses documents

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    Le document, qui à l’époque classique fait sens dans le domaine juridique, où il atteste d’un fait antérieurement advenu et consigné (comme l’indique la définition de Furetière), entre au xixe siècle au service de l’histoire. Toutefois, dans la dynamique évolutive de la notion, qu’on a vu s’étendre à tous types d’écrits et même d’objets, du monumental à l’infime, la référence au passé va être également supprimée : le roman réaliste veut se fonder sur un document témoignant du présent. À chaqu..

    Le personnage du collectionneur au XIXe siècle : de l'excentrique à l'amateur distingué

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    International audienceThe collector figure, analyzed from 1840 to the end of the l9th century in a large variety of literary and non-literary texts, evolves from an excentric and monomaniac type leading a cloistered life, to a fashionable connoisseur, very ken on exhibiting his possessions. This change in representation proves collecting being totally reconsidered in the period, as well as values associated to it: aristocratic and traditional values of art and art of life versus new republican values of knowledge and science. Private collections, formerly aimed at personal delight, now respond to the duty of national heritage preservation.Le personnage du collectionneur, analysé de 1840 à la fin du siècle dans un large choix de textes littéraires et non littéraires, passe de l'excentrique monomane reclus dans sa demeure à l'amateur mondain, qui exhibe ses possessions. Cette évolution de la représentation témoigne d'une spectaculaire réévaluation de la pratique, mais aussi de la mutation des valeurs associées à la collection: valeurs aristocratiques traditionnelles de l'art et de l'art de vivre, valeurs républicaines nouvelles du savoir et de la science. Les collections privées, jadis sources de délectation personnelle, participent désormais au devoir de préservation du patrimoine national

    Portrait du romancier en collectionneur

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    Nous évoquerons essentiellement deux romanciers, Balzac et Champfleury, qui furent eux-mêmes collectionneurs, et qui ont chacun explicitement transposé en un roman leur pratique (Le Cousin Pons, 1847 ; Le Violon de faïence, 1862). Dans ces mises en scène fictionnelles, qui ressemblent par certains aspects à des autoportraits déguisés, la collection n’est pas seulement thématisée ; elle apparaît aussi comme la métaphore de l’écriture romanesque. Elle s’impose d’abord comme un art subtil du reg..

    Introduction [à Patrimoine littéraire en ligne : la renaissance du lecteur ?].

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    International audienceVarious communities specialising in the one-line editing of literary heritage are contributing to reconfigure textuality and reading practices as well as literary history and theory. Following theoreticians of literary reception on the one hand, and those of hypertext on the other, it is necessary to reconsider the concept of Eco's "Open Work" and to determine which reading practices it involves and how it can encourage the reader to cooperate in the making of the text, in both its hermeneutical and editorial dimensions.Une reconfiguration de la textualité et de la lecture, mais aussi de l'histoire et de la théorie littéraires, est actuellement à l'oeuvre dans les différentes entreprises d'édition en ligne du patrimoine littéraire. Dans la lignée des théoriciens de la réception d'une part, et de l'hypertexte d'autre part, il faut revenir sur la notion d'oeuvre ouverte, et voir quelles pratiques de la lecture elle appelle désormais, en invitant le lecteur à la co-construction du texte, dans sa dimension herméneutique et éditoriale

    De la collection au prix Goncourt

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    Les collections d’objets d’art des frères Goncourt sont financièrement à l’origine du prix. Elles sont vendues aux enchères en 1897, après la mort d’Edmond de Goncourt en 1896, et la somme obtenue fournira les rentes destinées au traitement annuel des Académiciens et au prix. Au-delà de cette dimension financière, qu’il faudra analyser de plus près, on peut s’interroger sur le sens de ce transfert d’une collection d’objets à une institution littéraire, surtout quand on sait l’importance de ce..
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