32 research outputs found
Self-other asymmetry
In this paper, I present a non standard objection to moral impartialism. My idea is that moral
impartialism is questionable when it is committed to a principle we have reasons to reject: the
principle of self-other symmetry. According to the utilitarian version of the principle, the benefits
and harms to the agent are exactly as relevant to the global evaluation of the goodness of his
action as the benefits and harms to any other agent. But this view sits badly with the “Harm
principle” which stresses the difference between harm to others and harm to the self. According
to the deontological version, we have moral duties to ourselves which are exactly symmetrical
to our duties to others. But there are reasons to believe that the idea of a duty to the self is not
coherent.Dans cet article, je présente une objection non standard à l’impartialisme moral. Ma thèse est
que l’impartialisme est douteux lorsqu’il admet un principe que nous avons des raisons de rejeter:
le principe de la symétrie soi-autre. Selon la version utilitariste de ce principe, les bienfaits et
les torts faits à l’agent sont d’exactement la même importance à l’évaluation globale du bien
d’une action que les bienfaits ou les torts faits à tout autre agent. Mais cette théorie s’harmonise
mal avec le « principe de non-nuisance » qui insiste sur la diffĂ©rence entre un tort fait Ă
autrui et à soi-même. Selon la version déontologique, nous avons des devoirs moraux envers nousmêmes
exactement symétriques à nos devoirs envers autrui. Mais il y a des raisons de croire que
l’idée d’un devoir envers soi-même n’est pas cohérente
Extension du domaine de l’éthique
Certaines recherches rĂ©centes sur l’universalitĂ© morale partent de l’idĂ©e que nos jugements moraux sont composĂ©s d’intuitions morales (rĂ©actions immĂ©diates, non rĂ©flĂ©chies) et de rationalisations morales (constructions intellectuelles destinĂ©es Ă donner des justifications socialement acceptables Ă nos actions). Elles aboutissent Ă la conclusion que l’universalitĂ© morale existe seulement au niveau intuitif. Dans cet article, L’objectif est de montrer que cette hypothèse n’est pas justifiĂ©e, en concentrant mon attention sur le problème des intuitions relatives Ă l’extension du domaine de l’éthique. Dans l’état prĂ©sent du dĂ©bat, il n’y a aucun argument dĂ©cisif en faveur de l’universalitĂ© de ces intuitions morales, ni mĂŞme en faveur de la distinction entre intuitions et rationalisations morales qui est Ă la base de ces analyses empiriques de l’universalitĂ© morale. En conclusion, l’universalitĂ© morale n’est pas empirique mais normative.Recent research on universal morality starts from the idea that our moral judgments are made of moral intuitions (immediate, non reflexive, reactions) and moral rationalizations (intellectual constructs built in order to produce socially acceptable justifications for our actions). They end up claiming that universal morality exists only at the intuitive level. In this paper, my aim is to show that this assumption is not grounded, by focusing on the problem of our intuitions concerning the extension of the ethical domain. In the present state of the debate, there are no good reasons to believe that these intuitions are universal. Even the dichotomy between moral intuitions and rationalizations, which grounds these empirical analyses of universal morality, might be questioned. My general conclusion is that moral universality is normative, not empirical.Algunas investigaciones recientes sobre la universalidad moral parten de la idea que nuestros juicios morales están compuestos por intuiciones morales (reacciones inmediatas, sin reflexionar) y de racionalizaciones morales (construcciones intelectuales que ofrecen justificaciones socialmente aceptables de nuestras acciones). Dichas investigaciones llegan a la conclusiĂłn de que la universalidad moral existe solamente a un nivel intuitivo. En este artĂculo, nuestro objetivo es mostrar que Ă©sta hipĂłtesis no se justifica, y concentramos nuestra atenciĂłn en el problema de las intuiciones relacionadas con la ampliaciĂłn del campo de Ă©tica. En el estado actual del debate, no hay ningĂşn argumento decisivo en favor de la universalidad de esas intuiciones morales, ni siquiera en favor de la distinciĂłn entre intuiciones y racionalizaciones morales, que constituye la base de los análisis empĂricos de la universalidad moral. Nuestra conclusiĂłn general es que la universalidad moral no es empĂrica sino normativa
Les Concepts de l'Ă©thique
Qu’est-ce qui justifie des normes comme « Tu ne tueras point » ou «Nul ne peut être soumis à la torture »?
C’est autour de cette question fondamentale que se sont constituées les trois grandes théories morales : l’éthique des vertus (inspirée d’Aristote), l’éthique des devoirs (mise en forme par Kant) et l’éthique des conséquences (matrice de l’utilitarisme). Qu’est-ce qui distingue ces trois approches ? Y a-t-il des raisons décisives d’en préférer une ?
Dans ce livre, Ruwen Ogien et Christine Tappolet montrent que, pour trancher ce débat, il faut clarifier les deux concepts-clés de l’éthique et analyser leurs relations : les normes (qui posent des obligations, des interdictions, des permissions) et les valeurs (qui disent ce qui est bien ou désirable).
Ils proposent une hypothèse simple, mais iconoclaste : si pour justifier les normes, il faut nécessairement faire appel à des valeurs, c’est que, contre Kant et Aristote, il faut être conséquentialiste
Sanctions diffuses. Sarcasmes, rires, mépris
Ruwen Ogien : Diffuse Bestrafung, Sarkasmus, Lachen, Verachtung, ...
Durkheim verdanken wir die Unterscheidung zwischen diffusen und organisierten Sanktionen. Durkheim begrenzt jedoch die Tragweite seiner Entdeckung, indem er die diffusen Sanktionen als abgeschwächte Kopien von gesetzlichen Sanktionen darstellt. Es ist nich unmöglich darzustellen, dass nicht umgehbare Unterschiede bestehen zwischen diesen beiden Sanktionsarten. Hieraus folgt, dass man die Durkheimsche Trennung selbst gegen Durkheim verteidigen kann, allerdings zu einem sehr hohem Preis, da die Zutagelegung der spezifischen Eigenschaften dieser diffusen Sanktionen ein Paradox nach sich zieht. Es ist uns nicht einfach zu erklären, was wir durch die diffusen Sanktionen identifizieren und charakterisieren können, namlich die informelle soziale Ordnung (die sogenannte « Interaktionsordnung »).Ruwen Ogien : Diffuse sanctions. Sarcasm, laughter and contempt...
The division made between diffuse and organized sanctions can be attributed to Durkheim. However, Durkheim limited the scope of his discovery by presenting diffuse sanctions as attenuated copies of legal sanctions. It is not impossible to show that between these two types of sanctions there exist irreducible differences. It therefore follows that Durkheim's division can be saved from Durkheim, despite the high cost involved, as placing the specific properties of diffuse sanctions in the fore, entails a paradox. It is difficult to explain precisely what diffuse sanctions enable us to identify or to characterize : informal social order (the alleged « order of interaction »).C'est à Durkheim que l'on doit la division entre sanctions diffuses et sanctions organisées. Cependant, Durkheim a limité la portée de sa découverte en présentant les sanctions diffuses comme des copies atténuées des sanctions légales. Il n'est pas impossible de montrer qu'il existe des différences irréductibles entre ces deux modes de sanctions. Il s'ensuit que l'on peut sauver la division de Durkheim contre Durkheim, bien que le coût de ce sauvetage soit très élevé, dans la mesure où la mise en évidence des propriétés spécifiques des sanctions diffuses entraîne un paradoxe. Nous aurons du mal à expliquer ce que les sanctions diffuses nous permettent d'identifier ou de caractériser : l'ordre social informel (le prétendu « ordre de l'interaction »).Ruwen Ogien : Sanciones difusas. Sarcasmos, risas, desprecio, ...
Es a Durkheim a quien se le debe la división entre las sanciones difusas y sanciones organizadas. Sin embargo, Durkheim a limitado el alcance de su descubrimiento presentando las sanciones difusas como copias atenuantes de las sanciones legales. No es imposible de probar, que existen diferencias irreductibles entre estos dos modos de sanciones. Esto implica, que podemos preservar la division de Durkheim contra Durkheim, aunque el costo de este rescate sea muy elevado, en la medida que la evidencia de las propiedades especificas de las sanciones difusas ocasione una paradoja. Tendremos dificultad en explicar lo que las sanciones difusas nos permiten caracterizar о identificar : el orden social informal (el pretendido « orden de la interacción »).Ogien Ruwen. Sanctions diffuses. Sarcasmes, rires, mépris. In: Revue française de sociologie, 1990, 31-4. pp. 591-607
Pourquoi il est si difficile d’être purement matérialiste
L’ontologie peut-elle servir de critère de sélection des théories dans les sciences humaines et sociales ? Plus précisément, doit-on rejeter une théorie lorsqu'elle est incompatible avec le matérialisme non réductionniste, qui est la meilleure ontologie pour les sciences humaines et sociales ? Dans cet article, j’essaie de montrer que le matérialisme non réductionniste ne peut pas servir de critère de sélection des théories dans les sciences humaines et sociales, car c’est une ontologie compatible avec tous les types de théories, qu'elles soient holistes ou individualistes.Can ontology be used, in the human and social sciences, as a selection standard ? More precisely, should we reject a theory, in the human and social sciences, if it is incompatible with non reductive materialism, our best ontology for these sciences ? In this paper, I argue that non reductive materialism can't be used as a selection standard, since it is compatible with any type of theory, holist or individualist
Que fait la police morale ?
L’article s’intéresse aux contributions possibles de la philosophie morale à la recherche dans les sciences empiriques. Il soutient que le couple de concepts minimalisme / maximalisme moral, qui vient de l’éthique normative, pourrait permettre de donner un cadre plus clair aux études comparatives de systèmes et de jugements moraux. Pour illustrer son propos, l’auteur examine certaines études psychologiques relatives au développement moral de l’enfant, certaines enquêtes anthropologiques sur les morales sexuelles, et propose une reformulation de l’» hypothèse de Mill », d’après laquelle il existerait un « penchant naturel » au maximalisme moral.Where is the moral police?How can the philosophy of ethics contribute to research in the empirical sciences? Moral minimalism/maximalism, a pair of concepts from normative ethics, help clarify comparative studies of moral judgments and systems of morality. To illustrate this, psychological studies of the development of ethics in children and anthropological studies drawn from field work on sexual morals are examined; and John Stuart Mill’s hypothesis of a natural inclination toward moral maximalism is reformulated