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    La nature de la complémentarité entre le raisonnable et le rationnel chez Rawls

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    Rawls symbolise les niveaux de raisonnement moral public et non public par l'utilisation des notions de raisonnable et de rationnel. Dans le contexte du pluralisme raisonnable qui caractérise les sociétés démocratiques libérales, il propose une articulation de ces notions qui doit permettre aux citoyens d'adhérer à leurs propres conceptions générales du bien sans pour autant compromettre l'existence d'une conception commune de la justice. R vise à articuler doctrines particulières et conception commune de façon à laisser la place à l'expression des convictions personnelles des individus sans par ailleurs donner une signification égoïste à l'association politique. Cependant, lorsque Rawls précise le contenu de cette conception commune de la justice et la motivation des individus à y adhérer, il menace dangereusement la spécificité morale qu'il accorde en principe à la notion de raisonnable, symbole de cette raison publique, commune, partagée par les citoyens. Après avoir démontré cette difficulté, je souligne en conclusion deux raisons qui y contribuent, soit d'une part la prétention de Rawls de définir un libéralisme strictement politique et d'autre part la difficulté (présente chez la plupart des théoriciens du libéralisme contemporain) d'articuler une conception cohérente et acceptable de la motivation morale.Rawls uses the notions of the reasonable et the rational to symbolise two levels of moral reasoning : a public (common) one and a non-public one. Reasonable pluralism characterizes liberal democratic societies ; in this context, Rawls looks for a specific articulation of public reason and non- public reasons (the reasonable and the rational) which could allow citizens to pursue their own conception of the good without compromising the adoption of a common standpoint. Rawls thus wants to link the common point of view of public reason with the comprehensive doctrines citizens defend so as to let them free to build on their own conception, without the political association being reduced to a mere modus Vivendi of egoist people

    Un individu « éclaté » à la dérive sur une mer de « sens » ? Une critique du concept d’identité

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    Ce texte propose une réflexion historiographique et épistémologique sur le concept d’identité, dont la pénétration dans le champ des recherches historiques prend de l’ampleur. Porté par des thèses mal étayées de l’éclatement du sujet contemporain et le recul des récits structuro-marxistes, le concept d’identité prend aussi appui sur des positions constructivistes, discursives et culturelles qui valorisent à l’extrême le point de vue de l’acteur, la « fluidité » de ce dernier et le « sens » tiré de son environnement. Par ailleurs, une étude des principales définitions de l’identité fait ressortir l’application tous azimuts qui peut en être faite. Cette possibilité d’usage fourre-tout en diminue la pertinence heuristique. De surcroît, la vogue identitaire, bien souvent, marginalise les processus institutionnels, les structures et les conflits qui ont joué un rôle majeur dans l’évolution des sociétés du passé. Or, insister à outrance sur la « construction » et la « fluidité » conduit étrangement à une forme débridée d’empowerment de l’acteur, doublée d’un réductionnisme qui s’ignore, alors qu’un nouvel essentialisme identitaire vient remplacer l’objectivisme reproché aux anciennes catégories du social comme la « classe ». Enfin, s’il existe ça et là des usages efficients de la notion, lorsque l’analyse mise sur les pratiques institutionnalisées visant l’autocréation d’un groupe, le potentiel scientifique de l’identité, à tout prendre, semble assez faible, alors que des notions moins floues comme la subjectivité et la citoyenneté conservent a contrarioune efficacité heuristique supérieure.This article proposes a historiographical and epistemological reflection on the concept of identity, which is increasingly present in the field of historical research. Encouraged by poorly supported theses regarding the fragmentation of the contemporary individual and by the decline of structural-Marxist discourses, the concept of identity is also supported by constructionist, discursive and cultural approaches which attribute extreme importance to the viewpoint of the actor, to the latter’s « fluidity », and to the « meaning » drawn from his or her environment. Furthermore, a study of the principal definitions of identity highlights how the concept can be applied in an almost infinite number of ways, its catch-all nature diminishing its heuristic relevance. Moreover, the popularity of identity-based analysis often marginalizes those institutional processes, structures, and conflicts which played a major role in the evolution of societies throughout history. Strangely, this excessive insistence on « construction » and « fluidity » gives way to an unbridled form of empowerment of the actor, combined with an unconscious reductionism. Meanwhile, a new identity-based essentialism has come to replace the objectivity for which the old social categories like « class » were criticized. Finally, if the notion is occasionally applied in an efficient manner, when the analysis focuses on the institutionalized practices leading to the self-creation of a group, the scientific potential of identity, all things considered, seems rather weak, while by contrast, less vague notions like subjectivity and citizenship retain a superior heuristic effectiveness

    Le concept d’identité : Réplique aux professeurs Beauchemin et Létourneau

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    « Nous ne voulons pas que nos héritiers soient à la merci des tiens » : Famille, patrimoine et entreprise chez les Rolland, 1880-1980

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    Cet article analyse la trajectoire des Rolland, dynastie d’entrepreneurs francophones oeuvrant dans l’industrie papetière. Les interactions réunissant trois logiques institutionnelles, celles de la famille, de la transmission des biens et de l’entreprise capitaliste, sont au centre de l’attention. L’histoire familiale des Rolland montre autant des périodes de cohérence entre rapports familiaux, héritages et activités entrepreneuriales que des moments où ces trois données clés de leur existence entrent en contradiction. D’où la survenance de conflits parfois exacerbés. Tout en rappelant de fructueuses collaborations père-fils, le testament de Jean-Baptiste Rolland (1885) prévoit de manière précise la poursuite de ses entreprises, auxquelles ses héritiers mâles devront consacrer leurs efforts. Toutefois, les années qui suivent son décès sont les témoins de l’éclatement de la symbiose entre famille et affaires voulue par le patriarche. Cela à l’occasion des litiges mettant en scène un de ses fils, Donatien, dont l’éthique de travail est jugée déficiente. Le début du xxe siècle montre à son tour une désagrégation relative de la lignée. L’apparition d’héritiers moins liés aux affaires familiales fait sentir ses effets, alors que certaines clauses complexes et contraignantes du testament de Jean-Baptiste finissent par poser de sérieux problèmes à cette même époque. Au milieu du XXe siècle, on assiste à une nouvelle intégration entre famille et monde des affaires, à la suite des efforts menés en commun par une fratrie spécifique de successeurs. Par contre, à la fin des années 1970, deux membres de cette fratrie connaissent des difficultés financières et désirent retirer leurs actifs investis dans l’entreprise, pour planifier à leur convenance leur propre succession. Le conflit les opposant alors à leur frère, figure dominante des entreprises Rolland, sera profond. Les disputes observées, en somme, empruntent deux formes. La première est interpersonnelle (ou intrafamiliale) et met en jeu principalement la compétence ou l’incompétence postulée des individus. La seconde, moins éclatante, est de nature diachronique et renvoie à l’entrechoquement des temporalités différenciées des parcours individuels, des testaments et des aléas du capitalisme.This article analyzes the trajectory followed by the Rolland family, a dynasty of francophone entrepreneurs of the pulp and paper industry. Central to the analysis are the interactions between three different institutional logics, those of the family, the transmission of wealth and capitalist industry. The family history of the Rollands includes periods of coherence between family relationships, inheritance and entrepreneurial activities. But it also exposes just as many moments where these three key aspects of the family’s development were in contradiction. These contradictions were the source of sometimes serious conflicts. While evoking fruitful father-son collaborations, the will of Jean-Baptiste Rolland (1885) set out precisely how his businesses were to be operated by his male heirs after his death. However, the years following his death bore witness to the disintegration of the symbiotic relationship between business and family which the latter’s patriarch hoped would be maintained. This occurred when disputes erupted regarding the questionable work ethic of one of the sons, Donatien. Later, at the beginning of the 20th century, there was a certain disruption of the family line. On the one hand, heirs who were less associated with the family businesses came onto the scene. On the other, certain restrictive and complex clauses of Jean-Baptiste’s will came to pose serious problems. But by the middle of the 20th century, there was a renewed coherence between the family and the business world, following the common efforts of a particular group of heirs. However, by the end of the 1970s, two members of this group were facing financial difficulties and sought to extricate themselves from the family business, in the hopes of using the proceeds to better organize their personal estates. The resulting conflict with the remaining brother, who was the dominant figure within the Rolland businesses, would be profound. Overall, the disputes described in the article fall into two categories. The first is interpersonal (or intra-familial), putting in play the supposed competence or incompetence of individuals. The second category is diachronic, related to collisions caused by the differing trajectories of individual lives, wills and the vagaries of capitalism

    État et nation : fin d’un isomorphisme?

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    L’article examine la possibilité de remettre en cause l’isomorphisme État/nation en questionnant leur nécessaire conjonction sous le principe de territorialité. Il rappelle d’abord les relations étroites établies entre citoyenneté, nationalité, et souveraineté, pour ensuite souligner que le libéralisme contemporain reste étroitement lié au principe organisationnel de l’État unifié et ne remet pas en cause l’État territorialisé comme principe d’organisation politique. L’auteure suggère qu’une piste féconde de réflexion à cet égard se trouve dans certaines propositions des sociaux-démocrates autrichiens Karl Renner et Otto Bauer qui prônaient la dissociation de la nation d’avec l’État sur la base d’un système axé sur l’autonomie personnelle constituant dès lors de la nation non comme corporation territoriale mais comme association de personnes.The paper focuses on the modem isomorphism of state and nation and challenges their conjunction through the principle of territoriality. It firstly recalls the close relationship between citizenship, nationality, and sovereignty which characterizes political modernity. It then argues that contemporary liberalism remains closely linked to the organizational of the unified state, and does not challenge the territorial state as a principle of political organization. The author suggests that it may be fruitful, in this respect, to reexamine some arguments of Karl Renner and Otto Brauer, who suggested to break this isomorphism by introducing a political system centered rather on personal autonomy, and in which the nation is an association of persons, not territorial corporation

    L’identité postnationale : itinéraire(s) de la citoyenneté dans la modernité avancée

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    Certains processus actuels concourent à la transformation de la nature de l’État national, notamment du point de vue de la territorialité. Ils interpellent par le fait même notre conception de la citoyenneté, étroitement liée à l’avènement de l’État national territorialisé. Le texte vise à souligner certains de ces processus, qui modifient le rôle de l’État et l’allégeance citoyenne, contribuant par le fait même à redéfinir les identités politiques. Une brève présentation de la thèse habermassienne sur l’identité postnationale permet de soulever certaines considérations reliées à l’émergence et l’articulation d’identités postnationales dans ce contexte.This study examines the emergence of new political identities resulting from the transformation of the role of the Nation State. The author suggests the role of the Nation State is being transformed especially at the level of territoriality thereby producing new forms of citizenship. A presentation of Habermas' theory of postnational identity focuses the article on these new forms of citizenship

    « Je crains fort que mon pauvre Henri ne fasse pas grand chose… » : Les héritiers « manqués » et les querelles de la succession Masson, 1850-1930

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    Nous proposons ici une lecture particulière de l’expérience bourgeoise, en mettant l’accent sur les effets sociologiques et relationnels du patrimoine familial. Les archives privées d’une des plus riches lignées canadiennes-françaises du xixe siècle, les Masson, montrent qu’une succession importante était susceptible d’influencer de manière déterminante le rang social et l’occupation d’héritiers mâles, ainsi que les rapports intrafamiliaux. Cette trajectoire spécifique est marquée, du milieu du xixe siècle aux premières décennies du xxe siècle, par la présence d’héritiers « ratés », successeurs oisifs, endettés ou aux destins marquant un sensible déclassement social. Aussi, la gestion et les profits à tirer de l’opulente succession de Joseph Masson ont suscité de fortes tensions interpersonnelles et des poursuites judiciaires entre apparentés. Certains héritiers ont notamment été marginalisés, puisque leurs proches les jugeaient peu compétents en regard d’un univers financier de plus en plus complexe au début du xxe siècle.Cette étude financière de la vie privée montre en fin de compte que des rapports familiaux pouvaient se dérouler à une distance sensible de certaines données essentielles de la transition au capitalisme comme la valorisation de l’individu entrepreneur et de l’idéologie contractuelle. Et, surtout, à la différence de la perspective « stratégique », elle met en lumière les tensions, blocages et éventuelles défaites des acteurs du passé, sans miser implicitement sur la cohérence, la spontanéité des réponses fournies par ces mêmes acteurs à la situation qui était la leur.This article offers a particular reading of the bourgeois experience by focusing on the sociological effects of a family inheritance, as well as its impact on relationships. The private archives of one of the richest French Canadian lineages of the 19th Century, the Massons, demonstrates that a substantial inheritance was likely to have a determining influence on the social rank and occupation of male heirs, as well as on relationships among family members. This particular trajectory was marked, from the mid-19th Century up until the first few decades of the 20th Century, by the presence of heirs who were « failures », idle or indebted, or who met with a noticeable drop in social status. Also, deciding who was to manage and gain from the rich inheritance of Joseph Masson gave rise to great interpersonal tensions and legal proceedings among relatives. In particular, some heirs were marginalized because their closest relatives deemed them to be poorly qualified to deal with an increasingly complex financial world at the beginning of the 20th Century.This financial study of private life shows that family relationships could be noticeably removed from important aspects of the transition to capitalism, such as the celebration of te businessman and the emphasis on contractual ideology. Above all, these relationships were not always of the « strategic » kind, which finding pushes the observer to bring to light the tensions and possible failures of actors of the past, contrary to a literature that implicitly takes for granted the coherence and adaptation of the same actors in regard to their situation

    La personne en fin de vie : le regard du droit civil du Québec

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    Les décisions de fin de vie font l’objet d’un vaste débat social dans plusieurs pays occidentaux. Le présent texte porte sur les décisions relevant du seul droit civil du Québec et ne traite donc pas de l’euthanasie ou de l’aide au suicide. Après un rappel du cadre normatif général touchant à l’inviolabilité de la personne et au consentement aux soins médicaux, est abordée la situation spécifique du patient en fin de vie. S’impose alors, à l’égard de la poursuite ou de l’arrêt de traitement, le respect de la volonté de la personne majeure apte. Celle-ci peut également exprimer son autonomie par le biais de directives de fin de vie, dont les avantages et les limites sont analysées. Si la personne est mineure ou majeure inapte, la recherche de son meilleur intérêt doit guider le tiers habilité à décider pour elle et, s’il y a lieu, le tribunal. Abordant ensuite les soins palliatifs, l’auteure souligne leur portée, les ressources extrêmes qu’ils peuvent offrir en toute légalité et la richesse humaine unique qui les caractérise. Elle se demande s’il faut vraiment aller plus loin et légitimer l’acte de donner la mort.Abstract : There is an ongoing debate in many Western countries concerning endof- life decisions. The article deals with this type of decision in the context of Quebec civil law and does not discuss issues of euthanasia or of assisted suicide. After presenting an overview of the normative framework pertaining to the inviolability of the person and consent to medical treatment, the text deals with the specific situation of persons at the end-of-life. Decisions made by capable adults concerning the continuation or the cessation of treatment must be respected. These decisions may be expressed by means of end-of-life directives, the advantages and limits of which are then analyzed. If the person is a minor or an incapable adult, the deciding factor for those authorized to decide on his or her behalf, including the courts, must be the best interests of the individual. Dealing next with palliative care, emphasis is placed on the scope of treatments available, the vast resources which may be legally offered while ensuring that the dignity of the person is respected. The writer questions whether it is truly necessary to go further and to legalize certain forms of euthanasia or assisted suicide

    Chronique de droit de la santé

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    «Malgré des statistiques plus encourageantes pour certaines d'entre elles, les maladies transmises sexuellement (MTS) demeurent un fléau humain et social. Considérant les moyens légaux dont disposent actuellement les pouvoirs publics au Québec pour les combattre, nous ne pouvons qu'en déplorer les lacunes. Nous aborderons tout d'abord la Loi et le règlement sur la protection de la Santé publique dans leur schème général, mais sans toucher aux structures administratives. À titre de comparaison ponctuelle, quant aux obligations individuelles, nous ferons ensuite une brève incursion dans d'autres législations, au Canada et en France. Nous mettrons enfin en présence les droits individuels et les impératifs de protection de la santé publique. […]
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