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Chapitre 6 : La leçon d’écriture des classes populaires
Je voudrais revenir un instant en arrière à l’époque de la renaissance de la démocratie en Argentine, au milieu des années 1980, au moment où je démarrais ma première enquête ethnographique dans un espace populaire et où je faisais pour la première fois l’expérience d’écrire sur les classes populaires. Il y a dans cette expérience quelque chose qui fait écho, de près et de loin, à celle des classes populaires dans la France du XXIe siècle. Nous traversons aujourd’hui une conjoncture difficile..
Introduction
Peu de personnes savent qu’en France on brûle des bibliothèques, des incendies ignorés du public et des spécialistes jusqu’à une date récente. Nous avons répertorié 70 bibliothèques incendiées entre 1996 et 2013, et nous savons que d’autres ont subi ce type d’attaque depuis le début des années 1980. Pourquoi brûle-t-on des bibliothèques ? Le fait est suffisamment énigmatique pour qu’on se pose la question avec toute sa force. Le fait est suffisamment grave et significatif aussi pour qu’on acc..
Chapitre 2 : Dedans et dehors, la bibliothèque, l’école et la presse
« Si Sarko passe, on vous brûle la bibliothèque. » J’interroge donc ces conflits observés dans le cadre des bibliothèques et ces incendies qui nous interpellent en reprenant à mon compte la question de la place que le livre et, plus généralement, l’écrit occupent au sein de la culture populaire. Le cas des bibliothèques de quartier ne permet évidemment de considérer ce problème que très partiellement. Mais inversement, enquêter sur les rapports conflictuels que les bibliothèques entretiennent..
Chapitre 3 : Littératie et révolte populaire
« Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?– Oui.J'ai mis le feu là . » Peu de temps après avoir commencé à enquêter, les interlocuteurs que je rencontrais me donnaient à lire le poème de Victor Hugo « À qui la faute ? ». Ce texte se présente sous forme d’un dialogue entre le poète et un « misérable » ayant brûlé une bibliothèque au cours des révoltes de la Commune de Paris. La première chose qui frappe à la lecture est le déséquilibre entre les deux hommes. Tandis que le poète prononce 472 mots ..
Ce que les bibliothécaires disent de leur quartier
Ce rapport contient les principaux éléments d’une enquête menée dans le réseau de la lecture publique de Plaine commune. Il résulte principalement de l’analyse de 75 entretiens approfondis - d’une durée d’entre 1h30 et 2h - réalisés auprès de bibliothécaires. La plupart de ces entretiens ont été réalisés entre le mois d’octobre 2008 et le mois de juin 2009 dans les locaux des 23 bibliothèques du réseau et dans les 8 villes qui composent la communauté d’agglomérations. Cette enquête fait partie d’un projet de recherche plus vaste mis en oeuvre par une équipe d’étudiants et de chercheurs du Centre de sociologie des pratiques et des représentations politiques (CSPRP, Université Paris Diderot – Paris 7) et de l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS, Ecole des hautes études en sciences sociales). Les analyses et les interprétations auxquels les entretiens ont donné lieu sont également le résultat des observations de terrain, des entretiens et du travail documentaire réalisé dans le cadre de cette recherche plus vaste. L’objet de cette recherche plus large est de comprendre les rapports entre les bibliothèques et leurs quartiers et, en arrière plan, d’éclairer le rapport des classes populaires à l’écrit. Dans ce cadre, l’enquête auprès des bibliothécaires de Plaine Commune dont nous présentons ici les principaux résultats vise plus précisément à décrire les représentations que les personnels des bibliothèques se font de leurs missions et des quartiers dans lesquels ils travaillent
Chapitre 1Â : Les territoires du conflit
Pendant les événements d’octobre et novembre 2005 que la presse et la sociologie ont qualifiés d’« émeutes urbaines », j’ai reçu une invitation de la revue Mouvements à écrire « à chaud » sur ce qui se passait. J’ai accepté et rédigé un article à contre-courant de la plupart des réactions visibles à ce moment-là . Mes travaux sur l’émergence d’une nouvelle « politicité » des classes populaires en Argentine et les observations que je systématisais déjà depuis quelques années en France m’amenaie..
La casa como un nido. PresentaciĂłn
This text presents the monographic issue "The house as a nest". The purpose of this issue is to encourage reflection on the house from a sociological and anthropological perspective. The starting point for this reflection is Gaston Bachelard's now classic proposal to consider the house "as a nest" (La poĂ©tique de l'espace, 1957). A proposal, however, almost always quoted as an exergue, as an epigraph, but almost never followed in its consequences. Such a programme brings us closer to life as much as it distances us from the way urban sociology, urban planning and architecture consider the problem, closer to the concept of "housing" or “dwelling” (vivienda, logement) than to the poetics of the "house" (casa, maison). Such a project only finds here a set of approaches that invite us to continue exploring a subject that, thus posed, is evidently inexhaustible. The issue begins in the Fundamental section with Roberto DaMatta's classic text "Space. House, street and another world: the case of Brazil", translated into Spanish for the occasion. After this, the issue features contributions by Denis Merklen, Pablo Semán, Claudia Girola, Gabriel Gatti and Elixabete Imaz, Sebastián Aguiar, Natalia Montealegre and Marcelo Rossal, an Eva Sotomayor, to which are added -in the Critical Papers section- the work of Iñaki Robles Elong, and MaĂŻwenn Raoul.; Con este texto presentamos el nĂşmero monográfico “La casa como un nido”. El propĂłsito de este nĂşmero es alimentar una reflexiĂłn sobre la casa en clave sociolĂłgica y antropolĂłgica. El punto de partida de esa reflexiĂłn es la ya clásica propuesta de Gaston Bachelard de considerar la casa “como un nido” (La poĂ©tique de l’espace, 1957). Una propuesta, sin embargo, casi siempre citada como en exergue, como epĂgrafe, pero casi nunca seguida en sus consecuencias. Tal programa nos acerca de la vida tanto como nos aleja del modo en que la sociologĂa urbana, el urbanismo y la arquitectura consideran el problema, más cerca al concepto de “vivienda” que a la poĂ©tica de la “casa”. Tal proyecto no encuentra aquĂ sino un conjunto de aproximaciones que invitan a continuar explorando un tema que, asĂ planteado, es evidentemente inagotable. El nĂşmero inicia en la secciĂłn Fundamentales con el clásico texto de Roberto DaMatta “Espacio. Casa, calle y otro mundo: el caso de Brasil”, traducido al castellano para la ocasiĂłn. Tras este, el nĂşmero cuenta con las contribuciones de Denis Merklen, Pablo Semán, Claudia Girola, Gabriel Gatti y Elixabete Imaz, Sebastián Aguiar, Natalia Montealegre y Marcelo Rossal, y Eva Sotomayor, a las que se suman -en la secciĂłn Papeles CrĂticos- el trabajo de Iñaki Robles y el de MaĂŻwenn Raoul
Pourquoi brûle-t-on des bibliothèques ?
70 bibliothèques ont été incendiées en France entre 1996 et 2013. Denis Merklen, sociologue, a enquêté durant cinq ans pour tenter d’en comprendre les raisons, esquisser quelques réflexions. L’objectif n’est pas seulement de donner à voir un phénomène passé inaperçu. Il s’agit aussi d’abandonner l’idée selon laquelle ce type d’événement relève de conduites insensées, voire nihilistes. Et pour cela, le premier pas consiste à sortir les élus, les bibliothécaires et les journalistes de leur état de perplexité dès lors qu’une bibliothèque est prise pour cible : nulle recette, donc, simplement des descriptions et des analyses pertinentes sur des conflits dont la nature et la signification ne sont pas évidentes
Chapitre 5 : La bibliothèque au cœur du politique
Dicere etiam solebat nullum esse librum tam malum,ut non aliqua parte prodesset. Nous avons déjà évoqué les clivages socioculturels qui agissent sur la conjoncture actuelle à travers la parole écrite. Afin de comprendre le lien entre les violences et les bibliothèques de quartier, j’ai essayé de prendre les pierres et les cocktails Molotov lancés contre les premières comme étant des messages. Il n’y a pas que les livres pour abriter des productions de sens. Les quartiers parlent à travers des..
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