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Le classicisme et le progressisme dans la pensĂ©e juridique aux Ătats-Unis selon l'analyse historique de Morton J. Horwitz
Dans son dernier ouvrage, The Transformation of American Law, 1870-1960 : The Crisis of Legal Orthodoxy, Morton J. Horwitz, professeur Ă la Harvard Law School et membre fondateur de l'analyse critique du droit, propose une analyse originale et provocante de l'histoire de la pensĂ©e juridique aux Ătats-Unis. Le classicisme juridique de la fin du XIXe siĂšcle reposait sur une vision apolitique et neutre d'un systĂšme juridique conçu comme une science autonome des valeurs morales et politiques de la sociĂ©tĂ©. Deux vagues de critique progressiste, la thĂ©orie sociologique du droit et le rĂ©alisme juridique, dĂ©noncĂšrent les procĂ©dĂ©s de dissimulation et de lĂ©gitimation de la construction juridique classiciste. Ces deux Ă©coles de pensĂ©e exerceront une influence dĂ©terminante sur la thĂ©orie du droit aux Etats-Unis dont deux mouvements contemporains, l'analyse Ă©conomique du droit et l'analyse critique du droit, disent en ĂȘtre les hĂ©ritiers lĂ©gitimes. L'auteure trace le portrait de la thĂšse de Horwitz Ă partir de thĂšmes d'intĂ©rĂȘt pour les juristes du QuĂ©bec.In his latest book, The Transformation of American Law, 1870-1960 : The Crisis of Legal Orthodoxy, Morton J. Horwitz, professor at Harvard Law School and founding member of Critical Legal Studies, proposes an original and provocative analysis of the history of American legal thought. At the end of the 19th century, Classical Legal Thought was based on an apolitical and neutral vision of a legal system conceived as a science autonomous from the moral and political values of society. Two waves of progressive critique, Sociological Jurisprudence and Legal Realism, denounced the concealing and legitimating processes of classical legal constructions. These two schools of thought greatly influenced American legal theory; two contemporary movements, Law and Economics and Critical Legal Studies, claim to be their legitimate successors. The author of this essay draws a portrait of Horwitz's thesis through themes of interest to Quebec jurists
La dichotomie droit privé/droit public dans le contexte québécois et canadien et l'intersectionnalité identitaire
Les juristes inquiets : classicisme juridique et critique du droit au début du XXe siÚcle en France
L'article remet en question le « classicisme juridique », une vision communĂ©ment partagĂ©e selon laquelle le droit civil français demeure, comme depuis la codification, un systĂšme purement et profondĂ©ment formaliste et positiviste, c'est-Ă -dire cohĂ©rent, complet et autonome de mĂȘme que caractĂ©risĂ© par un raisonnement objectif neutre et rationnel. L'auteure dĂ©montre l'existence d'une tradition critique vigoureuse dans la communautĂ© juridique française, laquelle chercha Ă dĂ©manteler l'emprise du classicisme juridique. Ce courant critique a Ă©tĂ© Ă©clipsĂ© par l'histoire et le contexte culturel du xxe siĂšcle. Plus prĂ©cisĂ©ment, l'article est consacrĂ© Ă l'analyse des travaux de deux auteurs, soit le pragmatiste Raymond Saleilles et le thĂ©oricien de la mĂ©thode François GĂ©ny. L'auteure avance l'hypothĂšse que, avec plusieurs autres juristes de la fin du XIXe siĂšcle, ils formĂšrent une Ă©cole de pensĂ©e critique en matiĂšre de droit privĂ© qu'elle a choisi d'appeler les « juristes inquiets ». Elle examine la critique interne et externe des juristes inquiets, ainsi que la vision innovatrice qu'ils proposĂšrent pour renouveler la tradition juridique.This paper calls into question the notion of « legal classicism », a widely shared vision in which French civil law has been considered to be âsince the time of codification âa purely and profoundly formalistic and positivist system, i.e. coherent, complete and autonomous as well as being characterized by objective, neutral and rational reasoning. The author presents the existence of a vibrant critical tradition in the French legal community, which has sought to dislodge the influence of legal classicism. This critical line of thinking was eclipsed by history and the cultural context of the xxth century. More specifically, the paper presents an analysis of the works of two authors, viz. the pragmatist Raymond Saleilles and the theoretician underpinning the method, François GĂ©ny. The author proposes the hypothesis that, along with several other legal scholars toward the end of the xixth century, they were members of a school of critical thought in the area of private law that she has chosen to call the « juristes inquiets » (Anxious Jurists). She proceeds to analyze the external and internal criticisms of the « juristes inquiets », plus the innovative vision that they proposed to usher in a renewal of legal tradition
Judging gender : difference and dissent at the Supreme Court of Canada
Over 25 years ago, Justice Bertha Wilson asked âWill women judges really make a difference?â Taking up her question, we consider the place of difference in gender and judging. Our focus is on those âdifferences of opinionâ between judges that take the form of written and published judicial dissent. We present and interrogate recent statistics about practices of dissent on the Supreme Court of Canada in relation to gender. The statistics are provocative, but do not provide straightforward answers about gender and judging. They do, however, pose new questions, and suggest the importance of better theorizing and exploring the space of dissent
Les femmes juges feront-elles vĂ©ritablement une diffĂ©rence? : rĂ©flexion sur leur prĂ©sence depuis vingt ans Ă la Cour suprĂȘme du Canada
Les auteures reprennent la célÚbre question de Madame la juge Bertha Wilson « Est-ce
que les femmes juges feront une différence ? » afin de présenter quelques pistes de
réflexion au sujet de la répartition des opinions judiciaires des femmes qui siÚgent à la
Cour suprĂȘme depuis les vingt derniĂšres annĂ©es. PremiĂšrement, elles analysent des
statistiques afin de démontrer que celles qui portent le titre de juge ont occupé une position
unique au sein de la plus haute instance judiciaire du Canada en Ă©crivant une trĂšs large
proportion des opinions dissidentes. En second lieu, elles posent une série de questions
afin de guider une étude plus approfondie permettant d'indiquer plus précisément la
nature véritable de la « différence » des femmes juges et, potentiellement, d'autres
groupes sociaux historiquement sous-représentés au sein du corps judiciaire canadien.The authors ask the notorious question posed by Justice Bertha Wilson "will women
judges make a difference?" to present some reflections about the judicial voting patterns
of the women who sat at the Supreme Court of Canada in the last twenty years. First, they
analyze the statistics to demonstrate that women judges have occupied a unique position
within the highest judicial institution of Canada by writing a very large proportion of
dissenting opinions. Second, they ask a number of questions to guide a deeper study
about the true nature of the "difference" that women judges make and, potentially, of
members of groups historically underrepresented among the Canadian judiciar
Féminisme juridique "distinct"? : comparaison entre le Québec et le ROC ("Rest of Canada")
L'article propose une analyse comparative entre les féminismes juridiques québécois
et canadien. Il utilise la notion dâ "intersectionnalitĂ© stratĂ©gique" entre le fĂ©minisme et
les luttes politiques d'identité nationale et culturelle comme concept opérationnel pour
décrire les conséquences des interactions multiples et compliquées qui se jouent entre
ces deux luttes émancipatrices au Québec et dans le ROC. Il vise à remplacer le cliché
de fĂ©minismes juridiques "distincts" par lâ "intersectionnalitĂ© stratĂ©gique" pour identifier
et pour expliquer la spécificité du féminisme québécois par rapport au féminisme
canadien parce qu'ils émergent de contextes et de luttes politiques séparés.This article proposes a comparative analysis between the legal feminisms prevalent in
the province of Québec and the ROC. It uses the notion of "strategic intersectionality"
between feminism and political struggles surrounding national and cultural identity as
the operational concept to describe consequences of the complex and multiple
interactions at play between these two emancipatory struggles in Québec and the ROC.
It aims at replacing the cliché of "distinct" legal feminisms by "strategic intersectionality"
to identify and explain the specificity of Quebec feminism in relation to Canadian
feminism because they arise out of separate contexts and political struggles
Pouvoir judiciaire et codification : perspective historique
L'article relate l'histoire du Livre préliminaire du Code de Napoléon, lequel témoignait
de la philosophie des codificateurs au sujet de la codification et de la fonction judiciaire.
Avant son adoption, le projet du Code de Napoléon avait été distribué aux juges des
tribunaux d'appel et du Tribunal de cassation pour commentaires, lesquels mettaient en
relief les divergences fondamentales qui séparaient les juges et les codificateurs. Les
juges idéalisaient l'effet du Code de Napoléon, alors que les codificateurs en mesuraient
les limites et les insuffisances. Cependant, quand il s'agissait de l'expression de la loi,
les juges demandaient l'élimination des principes abstraits et généraux proposés par
les codificateurs et réclamaient des dispositions concrÚtes et précises. De plus, pour
les codificateurs, la jurisprudence formait une science, alors que pour les tribunaux, elle
constituait une véritable plaie. Résultat du débat : un Projet de Livre préliminaire de 39
dispositions réduit à un Titre préliminaire qui n'en compte plus que six.
Lors de l'adoption du nouveau Code civil du Québec, le législateur de 1991, à l'instar
des codificateurs du Code de Napoléon, a opté pour un pouvoir discrétionnaire
judiciaire accru. Dans le contexte contemporain, le débat presque bicentenaire entre
les codificateurs et les juges français prend une signification actuelle et soulÚve la
question de savoir quelles auraient été les réactions et les opinions de la magistrature
québécoise si elle avait été consultée spécifiquement, comme le furent les juges
français au début du 19iÚme siÚcle.The article recounts the history of the Preliminary Book of the Napoleonic Code, which
set out the philosophy animating the codifiers with regards to codification and the judicial
function. Prior to its adoption, a draft of the projected Code Napoléon was circulated for
comment amongst members of the French Courts of Appeal and the Tribunal de
cassation. This revealed the fundamental philosophical differences between the judges
and the codifiers. The judges tended to idealise the impact of the Code Napoléon while
the codifiers were more aware of its shortcomings. However, on the question of how the
law should be expressed, the magistracy demanded the elimination of general abstract
principles and their replacement by more specific, concrete rules. Moreover, for the
codifiers, jurisprudence constituted a science whereas for the judiciary, it was to be
execrated. As a result, instead of a Preliminary Book including 39 provisions, the
codification contained a mere six provisions set out in a Preliminary Title.
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With the adoption of the new Québec Civil Code in 1991, the legislator clearly opted for
increasing the discretionary powers of the judiciary. In the contemporary context, the
nearly two hundred year ongoing debate between the codifiers and the French courts
takes on a new significance and raises the question as to what indeed would have been
the reactions and opinions of the Quebec judiciary if it had been specifically consulted
prior to adoption of the Code, as had been the French judges at the beginning of the
19th century
Droit, cinéma et doute : Rapport minoritaire
Le mouvement Law and Film est pratiquement inexistant dans la culture juridique quĂ©bĂ©coise. Pourtant, lâapproche Law and Film, reliĂ©e au mouvement droit et sociĂ©tĂ©, gagne en popularitĂ© dans le monde juridique anglosaxon. Par ailleurs, si le mouvement prĂ©dĂ©cesseur Droit et littĂ©rature existe depuis bon nombre dâannĂ©es dans le milieu de la common law, il commence Ă peine Ă acquĂ©rir ses lettres de noblesse dans la francophonie. Or, les Ćuvres cinĂ©matographiques et tĂ©lĂ©visuelles, plus que toute autre forme de manifestation culturelle, projettent les images populaires du droit. Elles constituent souvent, pour la plupart des citoyens, le seul contact avec le monde juridique. En ce sens, le cinĂ©ma, entendu dans son sens large, façonne lâidĂ©e que se font les justiciables du droit. Dans ce contexte, les reprĂ©sentations populaires du droit font office de lieu dâĂ©ducation et socialisent Ă leur insu les citoyens sur le juridique. Par ailleurs, dans les sociĂ©tĂ©s occidentales, le discours du droit occupe une place de plus en plus importante. Il est donc dâintĂ©rĂȘt de mettre en rapport ces deux discours dominants que sont celui du droit et celui du cinĂ©ma. Dans la premiĂšre partie de cet article, nous dĂ©crivons gĂ©nĂ©ralement les diffĂ©rents types dâĂ©tudes que permet lâanalyse du droit par le cinĂ©ma afin dâintroduire un public non initiĂ© Ă cette approche. Dans la deuxiĂšme partie, nous procĂ©dons Ă lâanalyse de Rapport minoritaire pour dĂ©montrer que le film remet en question lâinfaillibilitĂ© du systĂšme de justice, une brĂšche produite par lâintervention humaine et la possibilitĂ© du doute
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