4 research outputs found

    Synthèse entre cure et care : les sages-femmes déboussolent le genre

    No full text
    Les sages-femmes en France incarnent une subtile synthèse du cure et du care, entretenant une ambiguïté qui fonde une partie de leur identité professionnelle et qui brouille les pistes des stéréotypes de genre. En fonction du contexte social et politique qui conditionne leur mode d’exercice, ces professionnel.le.s développent spontanément des stratégies pour équilibrer les tensions qui existent entre ces deux pôles. Elles/ils vont ainsi promouvoir tantôt leurs compétences dans le care comme valeur ajoutée par rapport aux autres acteurs médicaux, tantôt leur expertise médico-technique et leur autonomie de pratique, affirmant ainsi leur appartenance au monde médical et scientifique. Cet article s’inscrit dans une double approche d’analyse en sciences sociales et d’expérience professionnelle de trente années en tant que sage-femme.The professional work of midwives in France classically involves a subtle synthesis of cure and care, maintaining an ambiguity that forms part of their professional identity and blurs the lines of gender stereotypes. Depending on the social and political context that determines their mode of practice, these professionals have spontaneously developed strategies to balance the tensions that exist between these two poles. As a result, at times they have promoted their caring skills as an added value compared to other medical actors, while at other times they have insisted on their medical-technical expertise and their autonomy of practice, thus affirming their place in the medical and scientific world. This paper combines an approach through social sciences with 30 years’ professional experience as a midwife

    The healing touch : the traditional healer the physician and the osteopath : an infant in good hands

    No full text
    Cette recherche traite de l’évolution, en France, depuis les années 1950, durapport au toucher des corps dans le soin aux nourrissons. Elle est réalisée à partird’une enquête de terrain menée auprès de plusieurs centaines de jeunes mères et denombreux praticiens : guérisseurs traditionnels, ostéopathes et médecins.Notre société est marquée par l’accentuation régulière du processusd’individuation interdisant progressivement le toucher des corps y compris dansl’univers médical. Dans notre analyse nous distinguons deux formes de toucherrépondant à des attentes différentes et aux enjeux nettement distincts. Le premier estun toucher « manipulation », intrusif, enjeu de domination entre soignant et soigné.Le second est un toucher « affectif », mêlant contact corporel et affect, impliquant lamaîtrise des pulsions au sein d'une civilisation de plus en plus régie par un fortautocontrôle libidinal.Dans le cas du soin au bébé, ces deux facettes du toucher ont évolué selon unetrajectoire inversée : le toucher manipulatoire, longtemps jugé indispensable, a étéprogressivement discrédité à partir des années 1970 jusqu’à être condamné à partirde la décennie 90. Dans le même temps, le toucher contact, selon une dynamiqueexactement inverse, est passé de la stigmatisation à la valorisation.Dans ce contexte, l’ostéopathie apparaît comme une voie de compromis entre desinjonctions sociétales contradictoires : toucher mais sans entrer, être efficace maisavec douceur, agir rapidement mais en prenant le temps de l’écoute des mots et desmaux, s’impliquer personnellement tout en gardant une distance professionnelle, et,par-dessus tout, s’adapter à l’individualité du patient en tenant compte de soncontexte global familial, économique et émotionnel. Le succès de cette pratique et dece type de toucher met en lumière des attentes sociales complexes et sophistiquées etau-delà d’elles, un ensemble de représentations du corps de la personne à« accompagner ».4The purpose of this research is to study how caregivers in France have evolvedsince the 1950s in the way they touch a patient’s body, especially in the case ofinfants. It is based on a multi-centred field survey of young mothers andpractitioners: traditional healers, osteopaths and physicians.Our society is marked by the steady rise in the process of individuation whichincreasingly forbids us from touching one another, even in the medical environment.To analyse this process, we distinguish two forms of physical manipulation thatrespond to different expectations with regard to distinctly different issues. The first isan intrusive "manipulative" touch, whereby a relationship of domination between thecaregiver and his/her patient is established. The second is an "affective" touchmixing body contact and warmth, implying control of the drives within a civilizationwhich is increasingly governed by a strong libidinal self-control.In the case of baby care, these two facets of touch have evolved in Francefollowing a reverse trajectory: the manipulative touch, long considered essential, hasbeen progressively discredited since the 1970s leading to its condemnation in the1990s. At the same time, the contact touch, following an exactly opposite dynamic,has gone from stigma to valorization.In this context, osteopathy appears to be a way achieving a compromise betweencontradictory societal injunctions: touching without penetrating, being effectivewhile being gentle, acting quickly while taking time to listen to the patients’ claims,getting involved personally while maintaining a professional distance and, above all,adjusting to the individuality of the patient, while taking into account the overallfamily, economic and emotional contexts. The success of this approach highlights aseries of complex and sophisticated popular expectations and, beyond them, a set ofrepresentations regarding of the body and the patient’s identity

    NALBB de Jean Le DĂ» en ligne

    No full text
    En collaboration avec les étudiants de M2 CCS 2022-2023Programme de rechercheLe projet de réalisation d’un nouvel atlas linguistique du breton, suite à l’Atlas Linguistique de Basse-Bretagne (ALBB, 1924-1963) réalisé par Pierre Le Roux au début du XXe siècle, est né au milieu des années 1960 et a été lancé en 1968. Alors nommé à la section de celtique de l’Université de Brest, Jean Le Dû (1938-2020) souhaite alors réaliser un atlas au maillage plus serré (187 points d’enquête, pour 77 dans l’ALBB), élargissant le lexique exploré par son prédécesseur, tout en collectant des données similaires pour permettre la comparaison et estimer les évolutions linguistiques sur un siècle, et transcrit en Alphabet Phonétique International (Pierre Le Roux utilise l’alphabet phonétique des romanistes). Cet approfondissement de la recherche est rendu possible grâce à deux points de méthode. Le premier est technique : quand Pierre Le Roux devait prendre des notes sous la dictée, à défaut d’enregistreur, Jean Le Dû s’équipe d’un matériel d’enregistrement sonore moderne et de l’outil informatique. Le deuxième est humain : Jean Le Dû n’a pas réalisé les enquêtes seul, mais s’est entouré d’une équipe de spécialistes du breton de telle ou telle région pour pouvoir couvrir l’ensemble des 187 localités de manière efficace et pertinente, puis il centralisait les enregistrements sonores pour procéder seul à la transcription phonétique et assurer une cohérence dans les résultats finaux. Le NALBB a été publié en 2001 par le CRBC (UBO), sous la forme de deux grands volumes contenant en tout 601 cartes
    corecore