35 research outputs found
Bringing the State back in the study of professions. Some peculiarities of the French model of professionalization
The French sociology of professions has focused mainly on professional groups organized around a common status, whether it be in the public sector (civil servants) or in private practice ("les cadres"). Yet, another dimension of professionalism has been seldom explored : the fact that professionals belong to "disciplinary communities", sharing the same training and the same expert knowledge. This article draws on an empirical case, the professionalization of psychology in France between 1945 and 1985, to explore the tensions between these two conflicting logics, potentially at work in any professionalization process. The crystallization of this profession into a variety of statuses within the state administration has long hindered a "horizontal" development of the psychological profession, each field of practice trying to advance its own interests through separate professional organizations. The adoption of a law protecting the title ‘psychologist' in 1985 was an attempt to unify the statuses of psychologists in all fields of practice, but eventually failed, since derogatory statuses were granted to certain categories of psychologists employed in the public sector. This situation, however, might change in the future, under the pressure of European regulations that seem to push towards a greater homogeneity within the professions
Le dispositif français de formation professionnelle à l'épreuve des modèles allemands et britanniques
Rapport rédigé à la demande de M. Bernard Decomps sous la conduite d'Eric VerdierL'objectif de cette contribution est de fournir des éléments de compréhension du dispositif français de formation professionnelle, à la lumière des expériences allemande et britannique en la matière. Afin de mieux saisir les enjeux qui sous-tendent la réforme du système français, un rapide détour par les succès, échecs et interrogations de nos voisins peut s'avérer fort utile et instructif. D'autre part, dans la perspective de l'ouverture d'un dialogue européen autour des questions de formation professionnelle, il est indispensable de « parler la même langue » que nos voisins. Or, la comparaison internationale en matière de systèmes de formation est particulièrement délicate. Non pas que nous manquions de « glossaires » permettant la mise en équivalence des trois systèmes, mais au sens où il faut disposer d'outils d'intelligibilité des trois systèmes plus larges qu'une simple traduction, souvent peu satisfaisante. On sait la difficulté qu'il y a à faire saisir à un étranger le sens de catégories produites dans un contexte sociétal donné, car elles engagent souvent toute une représentation du monde social. La catégorie de cadre, spécifiquement française, en fournit un excellent exemple : elle renvoie en effet à des spécificités propres à notre histoire nationale, au rapport de force entre certains groupes à un moment donné du XXème siècle et transporte avec elle un ensemble de représentations sociales qu'il serait difficile d'expliciter de manière exhaustive. Un autre exemple, plus proche de nos préoccupations, est l'usage fait du terme même de « diplôme professionnel » qui renvoie à une réalité typiquement française. Il semble plus approprié dans le cas allemand de parler de « brevets », réservant le terme de diplôme aux filières générales et universitaires. Dans le cas britannique, le terme de « certificat », semble plus opératoire, avec la dimension plurielle que ce dernier terme comporte. Pour des raisons de commodité, nous ne respecterons pas toujours ces conventions langagières et adopterons le terme plus général de «certifications », qui englobe tout à la fois les diplômes, les brevets et les certificats. Diplôme, brevet, certificat : il apparaît clairement que les questions de formation et de qualification, précisément parce qu'elles sont un enjeu de luttes de pouvoir et qu'elles prétendent mesurer d'une manière ou d'une autre la « valeur sociale » des individus, ne peuvent se satisfaire d'une simple traduction, au sens restreint du terme. L'explicitation détaillée des contextes et représentations qui accompagnent les catégories devient alors nécessaire pour établir des comparaisons et de véritables « conventions de passage » d'un univers sociétal à l'autre. Nous nous efforcerons donc ici de donner à l'observateur quelques « outils » facilitant la lecture des systèmes allemand et britannique. Pour cela, nous procéderons en trois étapes, en privilégiant des angles d'attaque transversaux qui, chaque fois, tentent de rendre compte de la diversité des situations nationales. Dans un premier temps, nous nous attacherons à décrire les dispositifs institutionnels de formation professionnelle (initiale (1) et continue (2)) en France, Allemagne et Grande-Bretagne. Ensuite, nous montrerons que ces dispositifs institutionnels engagent des conceptions sous-jacentes de la compétence profondément différentes dans les trois pays. On touche là un point particulièrement important, puisque ce sont ces représentations qui fondent dans chaque pays, le compromis social autour d'un dispositif particulier de formation professionnelle. Enfin, nous aborderons, plus brièvement, la question de la reconnaissance formelle des formations professionnelles dans les conventions collectives et plus généralement sur le marché du travail
Laurent Duclos, Guy Groux et Olivier Mériaux (dir.), Les nouvelles dimensions du politique. Relations professionnelles et régulations sociales
Les relations professionnelles ont longtemps été considérées en France comme un domaine d'étude spécialisé, situé au croisement de plusieurs sous-disciplines, en particulier la sociologie du travail, l'économie industrielle ou le droit du travail. Ce courant de recherche s'intéressant à des acteurs considérés avant tout comme « économiques », il est longtemps resté à l'écart des réflexions plus classiques de la science politique sur les systèmes politiques, les transformations des régimes dém..
Armand Imbert (1850-1922), la science du travail et la paix sociale
Le souci de décrire les conditions du travail ouvrier, pour les faire évoluer, a fait partie des préoccupations du ministère du Travail dès sa création, et cela dans le sillage de l’Office du travail qui l’a précédé. Nous examinons dans cet article la figure de l’un des précurseurs de la physiologie du travail en France : Armand Imbert (1850-1922), qui a collaboré avec l’administration du travail dans les années 1890-1920, soit dans la période qui précède la création du ministère du Travail et dans celle qui lui succède immédiatement. Nous montrons l’originalité et l’actualité de cette œuvre, tout à la fois scientifique et sociale. Dans ses nombreux ouvrages, articles scientifiques et communications auprès des publics les plus divers, Imbert articule d’une façon originale et stimulante les méthodes de laboratoire, la statistique sociale et la clinique du travail sur les lieux mêmes du travail, afin de fournir des éléments positifs pour le dialogue social, tant sur les conditions de travail que sur la forme et le montant des rémunérations. Chez Imbert, le projet d’un arbitrage scientifique des conflits du travail ne s’oppose ainsi pas à la logique de la négociation sociale, mais, au contraire, se combine étroitement avec elle.The scientific observation of the working conditions of industrial labour, in order to improve them, has been an early concern of the French Ministry of Labour since its creation in 1906. In this article, we examine the works of a precursor of the psychophysiology of labour in France : Armand Imbert (1850-1922), who collaborated with the French labour administration between 1890 and 1920. We show the originality and the continuing topicality of his works, both from a social and scientific standpoint. In his numerous books, articles and conferences, addressed to the widest public Imbert combinates in a stimulating and original way the methods of the laboratory with social statistics and a clinical approach to work situations in work settings themselves. These scientific methods are intended to provide management and labour with positive elements on working conditions, wages, industrial accidents and so on. In Imbert’s views, the ambition to arbitrate scientifically the labour conflicts is not opposed to a logic of dialogue between employers and trade unions but, on the contrary, is intimately integrated to it
New public management and professionals in the public sector:What new patterns beyond opposition?
The proliferation of reforms in public administration based on the principles and instruments of the " New Public Management" (NPM) have triggered protest from and collective action by many professional groups in various sectors (healthcare, education, justice, social work, research...) and raised questions about the future of professionals working in the public service, particularly as concerns their autonomy. However, after analyzing the situation, it seems that the opposition between NPM and certain professional groups is not the last word in the debate. Should changes be seen as the decline of professional groups and of their autonomy or as a transformation of professional models, an overhaul of professionalism, etc.? Such questions, which current events in France and Europe have brought to the fore, are food for ongoing sociological thought. They are broached here empirically, from the field, applying varied levels of analysis and research. The contributors to this dossier explore the different forms of tension existing between professional groups and NPM. © 2012 Elsevier Masso
Le sens de la MESURE: Manifeste pour l’Économie en Sociologie : Usage de soi, Rationalisation et Esthétique au travail (chantier)
La notion d’économie est une notion ancienne aux contours conceptuels riches. « Art de bien gérer la maison » nous diront les dictionnaires étymologiques en rappelant le sens des deux racines grecques : oikos (maison) et nomos (loi). L’ « économie politique », expression apparue au début du XVIIème siècle chez Antoine de Montchrétien, n’est en ce sens qu’un dérivé : l’art de bien gérer la maison du Prince, la maison commune, la Cité (polis). Cette expression ne s’est véritablement imposée qu’au cours du XIXème siècle. Parallèlement à l’ « économie politique », on a continué durant ce siècle à s’intéresser à « l’économie domestique » (curieux pléonasme gréco-latin), à « l’économie rurale », à « l’économie manufacturière », à « l’économie commerciale », à « l’économie industrielle » qui coiffait les trois précédentes… [Premier paragraphe
L'inaptitude au travail : une construction sociale ?
L'inaptitude semble toujours liée à un événement singulier dans la carrière d'un travailleur (accident, maladie…), dessinant une frontière quasi-naturelle entre "aptes" et "inaptes". Cette frontière, pourtant, n'est pas aussi rigide qu'il y paraît. Tout dépend du degré de tolérance du marché du travail à l'égard des différences individuelles et des efforts de reclassement faits par les employeurs. Plus qu'une qualité individuelle, l'inaptitude désigne le lien entre des caractéristiques personnelles et un environnement social de travail. La notion d'inaptitude, telle qu'elle fonctionne actuellement en médecine du travail, n'est donc pas exempte de danger puisqu'elle tend à enfermer le médecin dans son rôle d'expert (chargé de constater une "déficience" individuelle) plus que de conseiller (participant au reclassement et à l'aménagement des postes).Unfitness for work is generally regarded as the outcome of a singular event in a worker's carreer (accident, disease…), drawing an almost "natural" borderline between the "fit" and the "unfit". This borderline, however, is not so rigid as it seems. It depends on the labor market's tolerance towards individual differences. It is also function of the efforts made by the employers to redeploy these workers to other jobs. More than a personal attribute, unfitness for work designates the link between individual characteristics and the social environment of work. The purpose of this paper is to show the range of political, economic and social factors that contribute to the construction of unfitness for work.ou
Eliot Freidson, Professionalism, the Third Logic: on the Practice of Knowledge
La sociologie du travail et la sociologie des professions ont trop rarement l’occasion de dialoguer en France. L’une des raisons du relatif cloisonnement de ces deux domaines de recherche réside dans le fait que l’un s’est constitué autour de l’étude du monde industriel, alors que l’autre a plutôt porté ses efforts en direction de groupes au statut privilégié — médecins, avocats, ou plus récemment, architectes. Les questions traditionnelles de la sociologie du travail, telles que l’étude des ..
La construction sociale de l’inaptitude au travail. Colloque organisé à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines par l’ACI « Travail » et l'IDHE, 8 et 9 novembre 2001
Le Bianic Thomas. La construction sociale de l’inaptitude au travail. Colloque organisé à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines par l’ACI « Travail » et l'IDHE, 8 et 9 novembre 2001. In: Bulletin de psychologie, tome 55 n°457, 2002. Architecture cognitive et connexionnisme. Le débat. pp. 89-94