4 research outputs found
La comparaison comme méthode et objet : L’apport d’un parcours transdisciplinaire pour réfléchir au franco-allemand
peer reviewedDoctorant.e.s en SHS, travaillant sur des questions franco-allemandes, nous proposons ici une approche réflexive et critique de la comparaison, appuyée sur la transdisciplinarité. En partant d’exemples tirés de nos travaux respectifs, cet article fait état de nos réflexions collectives sur l’utilisation de l’approche comparative dans nos recherches doctorales en montrant les atouts du partage de savoirs et d’instruments méthodologiques entre nos disciplines : la sociologie, l’histoire, la science politique et la psychologie. Nous retenons deux dimensions centrales que
nous proposons de développer ici. En considérant la comparaison comme une méthode, nous nous questionnons d’abord sur la place de la variable nationale dans la construction d’une recherche comparative franco-allemande. Ensuite, en considérant cette fois la comparaison comme un objet d'étude en elle-même, nous montrons l’importance de la contextualisation des points de vue de celui/celle qui compare, qu’il/elle soit chercheur.e ou profane
More than nutrition education : food education through audiovisuals in France and in the Federal Republic of Germany (1950-1980)
A partir d’une approche méthodologique prenant les audiovisuels comme sources et espaces éducatifs, cette thèse propose une histoire de l’éducation au manger des enfants entre les années 1950 et le début des années 1980, en France et en République fédérale d’Allemagne (RFA). Alors que l’éducation alimentaire et son histoire se sont surtout intéressées à la valeur nutritionnelle et sanitaire des aliments, ce travail vise à élargir le spectre d’analyse en prenant en compte des messages éducatifs concernant la production, la transformation et la consommation des aliments, adressés aux enfants et aux adultes. Dans les années 1950 et 1960, les films commandités par les industries agricoles et diffusés dans les écoles qui font la présentation élogieuse de la filière de traitement mécanisée participent à une éducation-promotion autour des produits. À partir de la fin des années 1950, les émissions culinaires pour enfants encouragent à faire à manger à la maison en valorisant la transformation manuelle des aliments et le plaisir gustatif, tout en diffusant des messages alimentaires indirects (France) ou directs (RFA). À partir des années 1970, les émissions d’éducation sanitaire resserrent le sens du manger sur une unique fonction nutritionnelle, dans le cadre de la prévention des maladies liées au poids qui fait de l’alimentation des enfants un enjeu de santé publique. Ces audiovisuels éducatifs montrent et participent à une construction progressive des enfants comme individus spécifiques, passant de symboles du collectif national et consommateurs indirects à des destinataires directs considérés comme des acteurs rationnels. L’analyse films amateurs de famille révèle une forme de réception nuancée des messages éducatifs dans la sphère privée, mettant en lumière l’importance du manger dans la socialisation des enfants construite autour de rituels alimentaires et culinaires.Based on a methodological approach using audiovisuals as sources and educational spaces, this thesis proposes a broader history of children’s food education between the 1950s and the early 1980s, in France and the Federal Republic of Germany (FRG). While food education and its history have mainly focused on the nutritional and health value of food, this work aims to broaden the spectrum of analysis by taking into account educational messages about food production, processing and consumption, addressed to children and adults. In the 1950s and 1960s, films commissioned by the agricultural industries and shown in schools were part of food products ‘education-promotion’ by praising the mechanised processing chain. From the late 1950s, children's cooking shows encouraged children to cook at home by emphasizing the manual processing of food and the pleasure of eating, while at the same time conveying indirect (France) or direct (FRG) food messages. From the 1970s onwards, children's diet was considered as a public health issue, and in order to prevent weight-related illnesses, health education programmes established that the function of eating was a single nutritional one. Educational audiovisuals show and contribute to the gradual construction of children as specific individuals, from national symbols and indirect consumers to target audiences addressed as rational actors. Analysis of amateur family films reveals a nuanced reception of educational messages in the private sphere, highlighting the importance of eating in the socialisation of children built around food and culinary rituals
Plaisirs sucrés des enfants, entre prévention sanitaire et valorisation familiale en République fédérale d’Allemagne dans les années 1970
Cet article montre comment les plaisirs sucrés des enfants deviennent objets de régulation sanitaire en RFA dans les années 1970 à travers des audiovisuels d’éducation alimentaire, puis met en perspective le nouveau discours de prévention à la lumière de représentations audiovisuelles familiales d’enfant qui mange du sucre. L’Agence fédérale d’éducation sanitaire présente le « surpoids » des enfants comme un problème nutritionnel lié à l’excès de sucre, et moralise l’éducation alimentaire et émotionnelle des mères. Si la série culinaire pour enfants Lirum, Larum, Löffelstiel reprend ce discours de prévention des plaisirs sucrés, elle souligne en même temps leurs dimensions organoleptiques et sociales. L’analyse d’un corpus de films amateurs de famille révèle que le sucre n’est pas diabolisé dans la famille, mais que sa consommation est régulée par l’intermédiaire de la caméra parentale.In diesem Beitrag wird gezeigt, wie der Genuss von Süßspeisen bei Kindern ab den 1970er Jahren in westdeutschen audiovisuellen Medien zur Ernährungserziehung zum Gegenstand einer gesundheitlichen Regulierung wurde, und wie dieser neue Präventionsdiskurs im Lichte von Amateurfilmen diskutiert werden kann. Die Bundeszentrale für gesundheitliche Aufklärung stellte „Übergewicht“ bei Kindern in ihren Präventionsfilmen als eine ernährungsbedingte Dysfunktion dar, die auf einen exzessiven Zuckerkonsum zurückgeführt wurde, und machte die Ernährungserziehung in der Familie und den mütterlichen Umgang mit den Emotionen dafür verantwortlich. Die Kinderkochserie Lirum, Larum, Löffelstiel schließt an diesen Präventionsdiskurs an. Diese Fernsehsendung mahnte unter Verweis auf die gesundheitlichen Auswirkungen dazu, den Genuss von Süßspeisen zu begrenzen, betonte aber zugleich die organoleptischen und sozialen Dimensionen des Zuckerkonsums. Die Amateurfilme zeigen, dass Zucker in der Familie nicht verteufelt wird, weil sie die Geschmacks- und Sozialisationsfunktionen in den Fokus nehmen, sondern dass der Konsum von Süßspeisen über die elterliche Kamera reguliert wird.This article shows that children’s sweet pleasures become objects of health regulation from the 1970s onwards in West German food education audiovisuals and discusses the prevention discourse in the light of home movies. The Federal Agency for Health Education presents children’s ‘overweight’ in its prevention films as a nutritional disorder linked to sugar excess, and moralizes about mothers‘ food and emotional education. This prevention discourse is repeated in the children’s cooking series Lirum, Larum, Löffelstiel. While this television programme conveys health messages about regulating sweet pleasures, it also highlights the organoleptic and social dimensions of sugar consumption. Home movies reveal that sugar is not demonised in the family, because they highlight its gustatory and socialising functions, but that children’s sweet pleasures are regulated through the parental camera
Au-delà de l’éducation nutritionnelle : l’éducation au manger des enfants à travers les audiovisuels en France et en République fédérale d’Allemagne (1950-1980)
Based on a methodological approach using audiovisuals as sources and educational spaces, this thesis proposes a broader history of children’s food education between the 1950s and the early 1980s, in France and the Federal Republic of Germany (FRG). While food education and its history have mainly focused on the nutritional and health value of food, this work aims to broaden the spectrum of analysis by taking into account educational messages about food production, processing and consumption, addressed to children and adults. In the 1950s and 1960s, films commissioned by the agricultural industries and shown in schools were part of food products ‘education-promotion’ by praising the mechanised processing chain. From the late 1950s, children's cooking shows encouraged children to cook at home by emphasizing the manual processing of food and the pleasure of eating, while at the same time conveying indirect (France) or direct (FRG) food messages. From the 1970s onwards, children's diet was considered as a public health issue, and in order to prevent weight-related illnesses, health education programmes established that the function of eating was a single nutritional one. Educational audiovisuals show and contribute to the gradual construction of children as specific individuals, from national symbols and indirect consumers to target audiences addressed as rational actors. Analysis of amateur family films reveals a nuanced reception of educational messages in the private sphere, highlighting the importance of eating in the socialisation of children built around food and culinary rituals.A partir d’une approche méthodologique prenant les audiovisuels comme sources et espaces éducatifs, cette thèse propose une histoire de l’éducation au manger des enfants entre les années 1950 et le début des années 1980, en France et en République fédérale d’Allemagne (RFA). Alors que l’éducation alimentaire et son histoire se sont surtout intéressées à la valeur nutritionnelle et sanitaire des aliments, ce travail vise à élargir le spectre d’analyse en prenant en compte des messages éducatifs concernant la production, la transformation et la consommation des aliments, adressés aux enfants et aux adultes. Dans les années 1950 et 1960, les films commandités par les industries agricoles et diffusés dans les écoles qui font la présentation élogieuse de la filière de traitement mécanisée participent à une éducation-promotion autour des produits. À partir de la fin des années 1950, les émissions culinaires pour enfants encouragent à faire à manger à la maison en valorisant la transformation manuelle des aliments et le plaisir gustatif, tout en diffusant des messages alimentaires indirects (France) ou directs (RFA). À partir des années 1970, les émissions d’éducation sanitaire resserrent le sens du manger sur une unique fonction nutritionnelle, dans le cadre de la prévention des maladies liées au poids qui fait de l’alimentation des enfants un enjeu de santé publique. Ces audiovisuels éducatifs montrent et participent à une construction progressive des enfants comme individus spécifiques, passant de symboles du collectif national et consommateurs indirects à des destinataires directs considérés comme des acteurs rationnels. L’analyse films amateurs de famille révèle une forme de réception nuancée des messages éducatifs dans la sphère privée, mettant en lumière l’importance du manger dans la socialisation des enfants construite autour de rituels alimentaires et culinaires