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Argumentation et narration
À travers des contributions de diverses disciplines, cette enquête montre très concrètement que la puissance heuristique de la narration est un levier indispensable à toute pratique de l’argumentation. Elle montre aussi que si les deux registres concourent ensemble à une rationalité pleinement incarnée, ils ne se confondent jamais totalement
Mimèsis
Entrée "Mimèsis" du dictionnaire philosophique d'herméneutique "L'interprétation
L’invention de la Justice d’après l’ekphrasis du bouclier d’Achille (Iliade, XVIII) : mise en scène publique d’un différend privé
La célèbre scène d’ekphrasis du bouclier d'Achille dans l'Iliade d’Homère décrit deux cités : l’une en paix, l’autre en guerre. La représentation de la cité en paix, qu’on peut supposer décrire une situation idéale ou à tout le moins prescriptive, se concentre à son tour sur deux choses : un cortège de mariage et la première scène de justice de l'histoire occidentale. Alors que le mariage pourrait sembler ne concerner que la sphère privée de la famille (oikos), sa mise en parallèle avec la scène de justice pourrait bien laisser penser qu’il constitue en réalité l’institution la plus fondamentale de la société décrite. Quant à la scène de justice, qui pourrait sembler ne concerner que la sphère publique (polis), puisqu’elle a lieu sur l’agora, centre de la vie politique, elle montre comment une querelle privée entre deux individus, dans le cadre de la pensée archaïque grecque, doit être élaborée et dépassée sur l’agora, donc dans un cadre collectif, grâce à tout un dispositif spécifique, car elle est vue comme étant toujours susceptible de diviser la communauté et de dégénérer en guerre civile. Dans le cadre de cette contribution, je me propose donc d’analyser de manière détaillée ce texte afin de montrer comment la dichotomie public-privé y est tout autant mobilisée que brouillée. Par ce biais, il s’agira aussi de mettre en évidence le rôle structurant de cette dichotomie pour nous permettre de penser aujourd’hui la manière dont les Grecs de la période archaïque ont problématisé la question de la justice, au croisement de notions en apparence très disparates et éloignées de notre propre référentiel, centré sur le tribunal et une forme de justice rétributive: celles de concours, de spectacle et d’arbitrage populaire de dits experts, en vue d’une justice reconstructive
Chapitre II. « La tragédie grecque donne à penser ». À propos de l’instruction éthico-ontologique de la philosophie par le tragique
Tout au long de son œuvre, Paul Ricœur n’a cessé d’être à l’écoute de ce qu’il nomme les « voix de la non-philosophie ». Qu’elles se matérialisent sous la forme de la parole biblique ou de la poésie tragique, ces « voix » constituent pour lui les « sources non philosophiques de la philosophie ». En se situant aux frontières du pensable, ces « voix » dévoilent en effet indirectement au logos philosophique ses propres limites, tout en le forçant par là même à se confronter à ce qui constitue la..
Repenser autrement notre rapport Ă la nature : De quelques Ă©clairages intempestifs des Grecs sur le monde contemporain
S’il n’est plus possible de nos jours de succomber à l’admiration naïve et béate des tenants du « Miracle grec » de jadis , il n’en reste pas moins que le détour par les Grecs permet de réfléchir le monde qui nous entoure sous un jour qui donne encore à penser . Car, pour le dire avec les éditeurs d’un récent ouvrage collectif explorant les schèmes anciens et les usages contemporains de la vie bonne, de la vulnérabilité et des communs, « c’est bien le présent que le détour par les anciens permet de penser, c’est-à -dire d’analyser de façon critique afin d’y trouver les brèches en vue d’un changement possible . » À l’inverse du geste classique qui consiste à projeter de manière anachronique sur les anciens les schèmes de pensée et les attendus qui sont les nôtres, Nietzsche propose donc de placer le présent sous l’éclairage décalé des schèmes de pensée et des attendus des anciens, afin de pouvoir générer des effets de sens intempestifs, c’est-à -dire inattendus et créateurs de nouveaux possibles. Je me propose donc ici de tenter l’exercice par rapport à une question d’une actualité brûlante : celle de notre rapport d’humains à la nature, à l’heure où le dernier rapport du GIEC confirme ses pires prévisions . Depuis Hegel, il est convenu d’opposer les anciens et les modernes d’après le rapport des uns et des autres à la nature et au cosmos . Ainsi, les Grecs auraient fusionné avec la nature au sein d’un cosmos envisagé comme une belle totalité harmonieuse et organique, tandis les modernes, à partir de Descartes, l’auraient transformée en un objet inerte et exploitable à l’infini, le cosmos organisé des anciens cédant la place à un monde désenchanté et asensé. Or, cette opposition quasi-manichéenne doit être fortement nuancée. Qui retourne aux textes grecs y trouvera en effet une multiplicité de représentations diverses, voire antagonistes, du rapport de l’humain à la nature. Je me propose donc d’en présenter trois, particulièrement signifiantes pour mon propos, en suivant un ordre chronologique. Je commencerai par examiner les deux poèmes didactiques d’Hésiode, puis je passerai aux Présocratiques, en me concentrant sur la lignée des Ioniens, et je terminerai avec le chant du chœur le plus célèbre de l’Antigone de Sophocle, à savoir son premier stasimon . Dans un second temps, il s’agira de tenter de décrypter notre présent à la lumière de ces trois sources grecques, en nous inspirant aussi de penseurs contemporains qui ont déjà tenté l’exercice, Édouard Glissant et Emanuele Coccia
Éveiller à la pensée. Au détour des Grecs
Dans ce recueil d’entretiens, Sophie Klimis, répondant aux questions de Frank Pierobon, problématise la philosophie comme praxis à partir d’un détour évident et toutefois singulier par la langue, la culture et la pensée grecques. Pour cette spécialiste de la tragédie attique et de la poétique aristotélicienne, la philosophie a essentiellement à voir avec la vie de la pensée, et donc aussi avec celle des êtres humains et des formes de vie qu’ils ont inventées. Pour repenser et réanimer aujourd’hui la démocratie directe, il lui paraît indispensable de s’intéresser à des dispositifs institutionnels et symboliques tels que l’institution vivante du chœur dans le théâtre attique, qui fonctionnait comme structure d’éducation citoyenne. Une institution qu’il faut faire revivre en la comprenant et en l’expérimentant dans des aventures théâtrales et artistiques telles que celles qu’elle relate ici et dont elle tire certains enseignements aussi émouvants que philosophiques
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