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Brazilian Trade Unions : In (In)Voluntary Confinement of the Corporatist Past
Many analysts of Brazilian industrial relations share a determinist vision of the country’s trade unionism, according to which the unions maintain a paradoxical yet atavistic relationship with the heavy body of laws that provide them with advantages while limiting their freedom. We tested this vision by conducting field enquiries into the daily activities of two Brazilian unions: the ABC Metalworkers Union and the Seamstress Union for the Sao Paulo and Osasco Region. In this article, we present the results of our case studies and what they reveal about Brazilian trade unionism’s relationship with the labour legislation. We also briefly discuss former trade union leader and current President Lula’s recent attempts to reform the country’s labour relations system.Jusqu’aux toutes dernières dĂ©cennies du XXe siècle, la sociĂ©tĂ© brĂ©silienne a vĂ©cu presque continuellement sous le joug d’un rĂ©gime corporatiste autoritaire lequel, Ă force de lois aussi prĂ©cises que contraignantes, a mis le syndicalisme dans un Ă©tat de tutelle, combinant des avantages en faveur des membres des appareils syndicaux, des dispositions sociales relativement gĂ©nĂ©reuses Ă l’égard des salariĂ©s de mĂŞme qu’un contrĂ´le Ă©troit sur l’action syndicale. Le retour de la dĂ©mocratie, une nouvelle constitution (1988), des Ă©lections prĂ©sidentielles dĂ©mocratiques, avec comme dernier prĂ©sident Ă©lu Luis Inacio « Lula » da Silva, lui-mĂŞme ancien chef syndical, auraient pu laisser prĂ©sager l’entrĂ©e du syndicalisme brĂ©silien dans une toute nouvelle Ă©tape de son histoire. Cet article constitue une contribution Ă l’analyse de l’état actuel du syndicalisme brĂ©silien qui, dans le monde syndical international, jouit d’une rĂ©putation enviable pour ce qui est des syndicalismes des Ă©conomies en Ă©mergence. Cet enthousiasme n’est toutefois pas toujours partagĂ© par les chercheurs brĂ©siliens eux-mĂŞmes, souvent plus sceptiques sur la capacitĂ© du syndicalisme brĂ©silien de dĂ©velopper une combativitĂ© dĂ©passant le niveau discursif et de rompre avec des dĂ©cennies de rapports incestueux avec l’État.C’est Ă partir de l’étude du fonctionnement de deux syndicats archĂ©typiques (le Syndicat des MĂ©tallos de la rĂ©gion de ABC de Sao Paulo de la Central Unica dos Trabalhadores et le Syndicat des Costureiras de Sao Paulo et Osasco de la centrale Força Sindical), affiliĂ©s Ă des confĂ©dĂ©rations aux idĂ©ologies opposĂ©es, que la discussion est menĂ©e, et cela sur la base d’une mise en contexte historique. Des mĂ©thodes qualitatives ont Ă©tĂ© utilisĂ©es, Ă savoir l’analyse documentaire, des entretiens et des observations. Il est dĂ©montrĂ© qu’alors que les MĂ©tallos rĂ©ussissent Ă utiliser la loi pour construire un rapport de force, notamment par la mise sur pied de structures syndicales plus participatives, l’action du syndicat des couturières est beaucoup plus Ă la remorque des droits juridiques accordĂ©s aux syndicats. De mĂŞme, alors que les MĂ©tallos ne rĂ©pugnent pas Ă l’action directe, le maĂ®tre-mot du syndicat des couturières est « nĂ©gociation ». Et il appert que l’ensemble des syndicalistes interviewĂ©s, tous des responsables originaires de la base, considèrent plutĂ´t prĂ©caire la situation du syndicalisme brĂ©silien.Les auteures en viennent ainsi Ă une conclusion nuancĂ©e, selon laquelle les diffĂ©rents syndicats usent diffĂ©remment de leurs marges de manoeuvre, certains de façon plus Ă©mancipatrice, aucun d’eux ne pouvant toutefois prĂ©tendre rompre les ponts avec des dĂ©cennies d’un encadrement juridique pesant. Par ailleurs, tous les syndicats du BrĂ©sil n’ont pas le choix que d’inscrire leur activitĂ© dans un encadrement juridique qui fait peu de place aux membres de la base de mĂŞme qu’à la vie syndicale dans les milieux de travail. C’est pourquoi le seul dĂ©sir d’instaurer une vie syndicale dĂ©mocratique (le cas des MĂ©tallos) exige en fait une imagination et une dĂ©termination particulières. Les modalitĂ©s concrètes du fonctionnement de chacun des syndicats autorisent ce constat, et tranchent en outre avec des analyses rĂ©pandues qui assimilent la rĂ©alitĂ© du syndicalisme brĂ©silien au discours militant de certains de ses Ă©lĂ©ments.L’analyse des tentatives de rĂ©forme du rĂ©gime de relations industrielles du gouvernement du PT (Lula) permet d’offrir un Ă©clairage complĂ©mentaire sur la situation du syndicalisme brĂ©silien. FraĂ®chement Ă©lu, Lula mettait sur pied une commission tripartite chargĂ©e de proposer une ambitieuse rĂ©forme des lois du travail susceptible de rompre avec un cadre juridique considĂ©rĂ© de façon gĂ©nĂ©rale comme Ă©tant d’inspiration mussolinienne. Le volumineux document en forme de projet de loi qui Ă©mana de la commission fut dĂ©posĂ© en l’absence de consensus de ses membres et fut rapidement l’objet de nombreuses critiques de la part tant du patronat que de plusieurs syndicats. C’est ainsi que Lula fut amenĂ©, au dĂ©but de son deuxième mandat, Ă renoncer Ă toute rĂ©forme globale et Ă proposer plutĂ´t des modifications moins ambitieuses et ciblant des Ă©lĂ©ments prĂ©cis de fonctionnement, comme la reconnaissance des confĂ©dĂ©rations syndicales ou le prĂ©lèvement des cotisations syndicales. Parallèlement, le gouvernement brĂ©silien actuel tente de mettre sur pied des institutions et une culture tripartite pour mettre en relation État, patronat et syndicats, sur le modèle social-dĂ©mocrate.Tant les Ă©tudes de cas menĂ©es Ă Sao Paulo que la saga de la rĂ©forme avortĂ©e de l’encadrement juridique mettent en relief, Ă leur façon, les paradoxes de la sociĂ©tĂ© brĂ©silienne et de son syndicalisme. L’absence d’une tradition syndicale autonome, des dĂ©cennies de rĂ©pression gouvernementale et Ă©tatique, la prĂ©sence rĂ©currente de syndicats inefficaces dotĂ©s de dirigeants souvent corrompus, une tendance marquĂ©e Ă la politisation des dĂ©bats et au sectarisme sont autant d’élĂ©ments qui rendent difficile une transformation profonde et rapide des fonctionnements syndicaux. La « modernisation » du syndicalisme brĂ©silien apparaĂ®t donc devoir faire l’objet d’un processus lent et d’une politique des petits pas, fondĂ©s sur une appropriation graduelle par les syndicats de la base des objectifs de cette modernisation. Les tentatives du prĂ©sident actuel de mettre sur pied des fonctionnements nĂ©o-corporatistes de type dĂ©mocratique sur les reliefs d’un corporatisme autoritaire s’inscrit aussi dans ce processus.Muchos analistas brasileños de relaciones industriales comparten la visiĂłn determinista del sindicalismo de paĂs, en concordancia con lo cual los sindicatos todavĂa mantienen una relaciĂłn atávica paradoxal con el cargado conjunto de leyes que les procuran ventajas y al mismo tiempo limitan su libertad. Nosotros examinamos esta visiĂłn mediante encuestas de terreno durante la actividad cotidiana de dos sindicatos brasileños : el Sindicato de metalĂşrgicos ABC y el Sindicato Seamstress de las regiones de Sao Paolo y Osasco. En este artĂculo, nosotros presentamos los resultados de nuestros estudios de caso y lo que ello revela respecto a la relaciĂłn de los sindicatos brasileños con la legislaciĂłn laboral. Discutimos brevemente los intentos del antiguo lĂder sindical y actual presidente Lula por reformar el sistema de relaciones laborales del paĂs
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