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Fonctions et formes de la synagogue : refus et tentation de la sacralisation
La synagogue est une fonction et non un type architectural dĂ©fini par une tradition ; aussi sâest-elle trouvĂ©e tiraillĂ©e entre deux modĂšles, le Temple de Salomon et lâĂ©glise, qui ont tendu Ă lui imposer un caractĂšre sacrĂ©, quâelle nâavait pas originellement. Lieu dâassemblĂ©e dâune plasticitĂ© Ă©tonnante, la synagogue a empruntĂ© les formes les plus variĂ©es aux cultures au sein desquelles elle sâest implantĂ©e. Avec lâĂ©mancipation, elle devient un « temple israĂ©lite » et le cadre dâune rĂ©forme qui se sert des formes inspirĂ©es des autres cultes pour imposer de nouveaux comportements aux fidĂšles, sĂ©parant surtout les espaces de culte et dâassistance, et magnifier sa fonction cultuelle. Il faut attendre lâadoption des esthĂ©tiques modernistes pour que la synagogue, intĂ©grĂ©e dans un centre communautaire, retrouve sa simplicitĂ© initiale.The synagogueâs nature is functional. It is not an architectural design determined by tradition. It has therefore been torn between two models: Solomonâs temple and the church, both leading on to a character sacred that did not exist originally. Places of gathering, surprisingly plastic, synagogues borrowed a multitude of forms from the cultures within which they had been implanted. When emancipation took place, the synagogue became an âIsraelite templeâ and the frame for a reform using forms inspired by other worships to impose new behaviours to the faithfuls, mostly setting apart spaces devoted to worship and those devoted to welfare, and magnifying its cultual function. It is only with the adoption of modernist aesthetics that the synagogue, integrated in a community center does recover its initial simplicity
Leçon dâintroduction au sĂ©minaire doctoral dâHistoire de lâart appliquĂ©e aux collections 2012-2013 : la qualification de lâobjet
De lâobjet Ă lâobjet dâĂ©tude « Notre problĂšme est de classement », comme lâĂ©crivait Jean-Claude Lebensztejn en 1967 dans un cĂ©lĂšbre article refusĂ©. Cette fois nĂ©anmoins, ce nâest pas aux seules catĂ©gories que la rĂ©flexion menĂ©e dans ce sĂ©minaire doctoral est consacrĂ©e, mais aux objets eux-mĂȘmes dont le statut nâa cessĂ© de varier au grĂ© des dĂ©finitions, des typologies et des taxinomies. En plaçant la « qualification » au centre du propos en introduction Ă ce sĂ©minaire, je souhaite rendre sensi..
Douze fenĂȘtres de synagogue. Usages de la lumiĂšre, du Sud tunisien Ă JĂ©rusalem
Les Juifs du Sud tunisien (Djerba et GabĂšs), Ă partir dâune banale structure de lâarchitecture coloniale, un lanterneau carrĂ©, ont inventĂ© une des compositions spatiales symboliques les plus subtiles qui rĂ©pondent Ă la spiritualisation juive de la lumiĂšre, tout en offrant une dimension pratique. Il est mĂȘme devenu une sorte de symbole identitaire en contexte musulman. Nous en trouvons une vingtaine dans le Sud tunisien des XIXe et XXe siĂšcles. Est-ce un hasard que la synagogue la plus extraordinaire pour ses vitraux, celle de lâHĂŽpital Hadassah Ă JĂ©rusalem (1961), ait Ă©tĂ© construite sur le mĂȘme principe, un lanterneau qui pĂ»t recevoir les Douze tribus de Chagall ? Car, non seulement la majoritĂ© de ces lanterneaux comportent douze fenĂȘtres, chiffre Ă valeur symbolique, mais ils rĂ©pondent Ă une nĂ©cessitĂ© fonctionnelle dâĂ©clairage de lâestrade de lecture (teba), crĂ©ant un contraste entre la zone dâombre oĂč sont les arches saintes contenant les rouleaux de la Tora (elle-mĂȘme lumiĂšre) et lâespace de lâofficiant. La fonctionnalitĂ© de ce type de synagogue Ă lanterneau, associĂ©e Ă une interprĂ©tation parfaitement traditionnelle, a favorisĂ© sa diffusion
Dans collection, il y a collecteâŠ
Dans une journĂ©e dâĂ©tudes qui concluait le sĂ©minaire doctoral 2012-2013 sur la qualification de lâobjet, des chercheurs se sont rĂ©unis pour mener une rĂ©flexion sur les processus qui dĂ©finissent lâobjet non pas tant dans sa nature quâĂ travers les mutations de son statut. Il Ă©tait apparu pertinent de se pencher sur ce moment crucial de la biographie des objets quâest la collecte : nous empruntons sciemment cette notion Ă lâanthropologie, plutĂŽt quâĂ lâhistoire de lâart pour dĂ©caler la percepti..
Trois gouttes dâart nĂšgre. Gobinisme et mĂ©tissage en histoire de lâart
FrĂ©quemment invoquĂ© comme facteur explicatif, le mĂ©tissage suit en histoire de lâart un parcours Ă©trange depuis le gobinisme, qui a pu servir de mode opĂ©ratoire pour une discipline Ă©prise de mythes ethniques comme celle de Viollet-le-Duc ou de Louis Courajod, qui fait une large place Ă lâaryanisme, jusquâaux rĂȘves de rĂ©gĂ©nĂ©ration de lâart contemporain par une hybriditĂ© nourrie de rĂ©fĂ©rences primitivistes. Pour restreindre le champ dâinvestigation de cette approche dâune mythologie du mĂ©tissage, nous emprunterons nos exemples au discours sur lâ« art nĂšgre » en suivant les avatars dâune suggestion de Gobineau (Essai sur lâinĂ©galitĂ© des races humaines, 1853-1855), le « sang noir » nĂ©cessaire Ă lâapparition de lâart. Le « triomphe de lâart nĂšgre » ou lâ« ethnographie esthĂ©tique » exposĂ©e dans Les trois gouttes de sang dâĂlie Faure attestent la persistance de cette croyance en lâapport lyrique et rythmique du « sang noir », en sa capacitĂ© de rĂ©gĂ©nĂ©ration, parallĂšle Ă celle du « barbare ». Il semblerait dĂšs lors nĂ©cessaire de repasser par lâanthropologie, comme le montrent les rĂ©flexions critiques de Jean-Loup Amselle sur les usages actuels de lâart africain (Lâart de la friche, 2005), pour dĂ©barrasser lâhistoire de lâart des sĂ©quelles qui encombrent encore ses catĂ©gories
Les arts mĂ©connus. HistoricitĂ© et ethnicitĂ© dans lâhistoire de lâart au xixe siĂšcle
Lâhistoire de lâart est-elle capable de penser lâart de lâautre ? Quâils soient orientaux, extrĂȘme-orientaux, amĂ©rindiens ou ocĂ©aniens, les arts exotiques ont Ă©tĂ© « mĂ©connus » au xixe siĂšcle, mĂȘme si lâon a commencĂ© Ă les collectionner, Ă les exposer et Ă les Ă©tudier. Ces « arts mĂ©connus », formule empruntĂ©e Ă Ămile Soldi, lâont Ă©tĂ© en raison de lâincapacitĂ© du regard occidental non pas tant Ă se laisser fasciner quâĂ leur concĂ©der une dimension historique et, Ă travers elle, une Ă©galitĂ© de f..
La importancia del termalismo en el nacimiento y desarrollo del turismo en Europa en el siglo XIX
La prĂĄctica termal ha precedido al turismo, aunque fue desde sus orĂgenes una actividad que engendrĂł una actitud turĂstica. Conviene, pues, poner de relieve la relaciĂłn de estas dos actividades que, sobre todo en el siglo XIX, conocieron su desarrollo en uniĂłn con la sensibilidad romĂĄntica y la avidez burguesa por las distracciones de "distinciĂłn ". La ciudad de las aguas pudo contribuir al descubrimiento del territorio, pero pronto se convirtiĂł en un lugar de atracciĂłn por sĂ misma gracias a sus monumentos, sus fiestas y sus actividades de recreo. NaciĂł entonces un verdadero turismo termal. Las guĂas turĂsticas y termales dan cuenta de la confusiĂłn que se estableciĂł entre estos espacios cuyo estatus administrativo es el mismo. Incluso si la actividad medical se mantuvo, la parte turĂstica de las ciudades de las aguas llegĂł a ser preponderante, hasta que en la mayor parte de los paĂses de la Europa occidental se produjo un declive de la medicalizaciĂłn
Art nouveau ou art congolais à Tervuren ? Le musée colonial comme synthÚse des arts
Lors de lâExposition universelle de Bruxelles en 1897, le roi LĂ©opold II installe une section congolaise Ă Tervuren dans un bĂątiment qui deviendra le musĂ©e colonial. AmĂ©nagĂ©e par des architectes Art nouveau, comme Paul Hankar ou Henry van de Velde, elle regroupait des collections ethnographiques, des produits dâimportation et dâexportation, des animaux vivants, mais aussi un salon dâhonneur prĂ©sentant des statuettes dâivoire produites par des artistes belges. Lâivoire sây trouvait dĂ©clinĂ© sous toutes les formes, « Ćuvres dâart » belges, « objets ethnographiques » congolais, dĂ©fenses animales Ă lâĂ©tat naturel intĂ©grĂ©es au dĂ©cor et Ă des mises en scĂšne des peuples congolais. VĂ©ritable Ćuvre dâart totale, lâexposition devait sa cohĂ©rence au lien profond entre lâArt nouveau, qualifiĂ© de « style Congo » pour son usage vitaliste de matĂ©riaux exotiques et de formes primitivistes, et lâidĂ©ologie coloniale des commanditaires.During the Brussels Worldâs Fair in 1897, King Leopold II set up a Congolese section in Tervuren in a building that was to become the colonial museum. Fitted out by Art Nouveau architects, like Paul Hankar and Henry van de Velde, it brought together ethnographic collections, imported and exported products and live animals. It also had a reception room housing ivory statuettes produced by Belgian artists. Ivory was displayed in all its forms at the exhibition, including the Belgian ivory artworks, Congolese ethnographic objects and even tusks and teeth incorporated into both the decor and the staged Congolese scenes involving real Congolese people. A true total work of art, the exhibition owed its coherence to a profound connection between Art Nouveau â referred to as âCongo styleâ for its vitalistic use of exotic materials and primitivistic forms â and the sponsorsâ colonial ideology
Le musée de Sculpture comparée au prisme de la collection de cartes postales éditées par les frÚres Neurdein (1904-1915)
En Ă©laborant une collection qui atteindra 1 606 cartes postales, les frĂšres Neurdein rĂ©pondent Ă une demande du MusĂ©e de sculpture comparĂ©e qui atteste, quâau-delĂ de la fonction touristique, la carte postale est envisagĂ©e par le directeur, Camille Enlart, comme un vĂ©ritable instrument de diffusion de savoir et de gestion de la collection des moulages, voire comme une encyclopĂ©die miniature de lâhistoire de la sculpture. Les auteurs reconstituent, Ă travers les archives, les tractations qui donnent naissance Ă cette collection et en examinent les implications : une nouvelle culture visuelle se construit, chaque carte offrant un point de vue spĂ©cifique (vues dâensemble, Ćuvres dĂ©taillĂ©es ou dĂ©tourĂ©es, jeux des lĂ©gendes, mais aussi erreursâŠ). Au-delĂ de la patrimonialisation de cet ensemble assez exceptionnel, lâarticle privilĂ©gie la premiĂšre sĂ©rie de 486 cartes organisĂ©e chronologiquement et propose une analyse de lâintrusion de ce mĂ©dium, au moment de son « ùge dâor », dans lâatelier de lâhistorien de lâart.In putting together a collection that would comprise 1,606 postcards, the Neurdein brothers were responding to a request by the MusĂ©e de Sculpture ComparĂ©e which attested that, beyond its tourist function, the postcard was envisaged by the director, Camille Enlart, as a real instrument for the diffusion of knowledge and the management of the cast collection, or even as a miniature encyclopedia of the history of sculpture. Using archival materials, the authors reconstitute the negotiations that gave rise to this collection and examine its implications: a new visual culture was being built, each card offering a specific point of view (general views, detailed or cut-out works, clever captions, as well as errors). Beyond the patrimonialisation of this exceptional collection, the article focuses on the first series of 486 cards organised chronologically and proposes an analysis of the intrusion of this medium, during its âgolden ageâ, into the art historianâs studio
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